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Résumé Le Provencal

du 27 avril 1969

 

UN "NUL" PRECIEUX

POUR LES MARSEILLAIS DOMINES (0-0)

ANGERS - On aime voir le jamais vu. Pour la première fois en France on voit offrir une demi-finale de la Coupe à chaud et à domicile aux supporters de l'une des deux équipes. Le succès populaire de pareille entreprise ne faisait a priori aucun doute.

Pourtant, le spectacle qui nous est proposé ce soir à Angers dépasse les prévisions les plus optimistes. Nous le résumerons en une seule phrase : "C'est le 14 juillet du football en avril". Mais un 14 juillet très sage, à l'image d'une région qui de tout temps à été celle de la mesure et de la douceur.

La foule entassée, nous aurions presque envie d'écrire empilée, aux places populaires, attend calmement le début du feu d'artifice promis, en souhaitant toutefois que la meilleure pyrotechnie soit signée Dogliani, Deloffre ou Margottin, plutôt que de Magnusson, Joseph au Bonnel.

Le record d'affluence - de l'avis de nos amis Angevins - sera certain battu plus de 20 000 spectateurs en tout cas.

Le ciel est dégagé, la température douce avec un peu de vent et la pelouse que nous venons de fouler en compagnie de M. Leclerc, en parfait état.

Les deux entraîneurs, Louis Hon et Mario Zatelli, nous ont confirmé, il y a quelques minutes qu'aucun bobo n'était venu perturber les dernières heures d'avant match.

Ce sont donc les deux équipes annoncées dans notre journal qui vont pénétrer sur la pelouse.

Les supporters marseillais ne sont pas très nombreux mais leur présence ne passera pas inaperçu tout à l'heure.

Au cours d'après-midi ont les a vus défiler dans les principales artères d'Angers en cortège, précédés d'une énorme banderole : "Le S.C.O. en deuil".

Mais il n'est plus temps de se supputer, d'ergoter. Voici l'O.M., Djorkaeff en tête qui pénètre sur la pelouse. Place au football et à la coupe.

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Grâce à une grande performance de la défense marseillaise

Ce n'est qu'un au revoir !

ANGERS - Un vrai match de coupe. Apre, tendu, une sorte de Milan - Manchester à l'échelle de notre pays. Les Angevins étaient entrés sur le terrain avec la ferme intention d'obtenir une substantielle avance en prévision du match retour.

Aux cris répétés de "Allez le S.C.O. !" chanté tout autant que crié par le coeur puissant de leurs 20.000 supporters, ils passèrent aussitôt la vitesse supérieure.

Les 5 premières minutes furent inquiétantes pour l'O.M. refoulé dans sa zone de défense par le déferlement des vagues rouges succédant aux vagues rouges.

Mais on s'aperçut assez vite que les olympiens tenait à leur coupe et qu'ils étaient animés d'un esprit de détermination exemplaire.

Contre une équipe angevine dont le jeu tout en finesse et en vitesse d'exécution faisait merveille, ils plièrent d'abord mais ne rompirent jamais.

Autour de Hodoul, le remarquable couvreur, la défense fit tout son devoir et c'est essentiellement grâce à elle, à sa formation, à sa cohésion, à son calme aussi que l'O.M. put parvenir à la mi-temps sans avoir encaissé le moindre but.

Escale contre Dogliani

Mais les arrières ne furent pas les seuls à soutenir cet incroyable combat marqué de chocs incessants et de luttes au couteau pour la possession du ballon. Destrumelle, Novi et Bonnel omni-présent, essuyèrent eux aussi une part importante et précieuse de travail.

Le héros olympien de cette mi-temps fut cependant Escale. Son arrêt plongé, balle saisie du bout des doigts en plein vol sur un tir du gauche de son ami Dogliani aura été le haut fait de la première mi-temps.

Le duel Magnusson - Perreau

Curieusement pendant cette première mi-temps à dominante angevine, les chances de l'O.M. d'ouvrir la marque furent aussi grandes que celle de son adversaire.

Magnusson, l'une des rares fois où il put passer faillit faire marquer Joseph et ce dernier eut le but au bout du pied sur l'une des rares fautes de Chlosta.

On pense aussi dans ce domaine des occasions manquées à un centre de Djorkaeff à la suite duquel le ballon passa devant la ligne de but angevine sans que personne pu le reprendre.

Une des caractéristiques de cette première mi-temps fut aussi le duel Perreau - Magnusson qui tourna assez souvent à l'avantage de l'Angevin.

Encore Escale

En deuxième mi-temps nous devions assister à une véritable fantasia angevine.

Les "rouges" partout courant, se passant le ballon, virevoltant et il fallut un deuxième exploit d'Escale sur un tir à bout portant de Margottin pour qu'un but ne fut pas marqué dès les premières minutes.

Une fois encore la défense de l'O.M. - dont on ne soulignera jamais assez les mérites en cette circonstance - fit feu de tout bois.

On ne saurait autrement qualifier la tactique de l'O.M. au cours de cette deuxième mi-temps la comparant à celle du hérisson, entrant dans sa coquille mais montrant de temps en temps ses piques, témoin deux tirs consécutifs de Magnusson, la seule fois où la rigueur angevine lui permit de se manifester pleinement.

Mais Dieu ! que de fois ne crûmes-nous pas du haut de notre tribune que l'équipe angevine allait forcer le solide bouclier marseillais.

"Il y a toujours

un Marseillais"

Tout cela nous aura valu une deuxième mi-temps crispante, indécise et passionnante.

Le brio angevin, incapable de s'exprimer complètement grâce à l'extraordinaire volonté de l'équipe marseillaise, à son esprit de corps, à l'ensemble de ses qualités combatives et aussi, il faut bien le dire, à un étonnant Escale.

"Il y a toujours un marseillais ! entendions-nous dire autour de nous par nos voisins visiblement déçus.

L'O.M. semble donc avoir fait ce soit un grand pas vers Colombes.

Ce résultat favorable il le doit, répétons-le encore au grand courage de toute son équipe et surtout à l'organisation et à la sûreté de sa défense. Mais n'anticipons pas trop, la rencontre n'est pas terminée ce n'est qu'un au revoir.

Une excellente équipe

angevine

Dans une excellente équipe angevine à laquelle il ne manqua que la réussite dans le dernier geste, les meilleurs joueurs sur le gardien Gallina, l'arrière gauche Perreau l'arrière central Chlosta et en attaque Dogliani vraiment remarquable et le percutant Margottin. Mais tous ces joueurs constituent une équipe redoutable qui à notre avis n'est pas encore battue dimanche prochain à Marseille.

Maurice FABREGUETTES

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Un match âpre et tendu

(Tony EFFLING décrit le match)

Devancé par un festival de feu d'artifice multicolores dans une ambiance très sud-américaine, le match démarre tout de même suite à 100 à l'heure.

Immédiatement le duel Magnusson - Perreau s'engage. Mais une percée de Dubaele, bien relié par Poli, vaut à Angers de bénéficier de son premier corner, concéder par Djorkaeff alors que la minute de jeu n'est pas encore terminée.

Dans les minutes suivantes, l'O.M. concède coup sur coup deux corners, obtenus successivement par des actions de Dubaele et de Roy qui ne donnent rien en définitif.

La réaction de Marseille ne tarde pas et l'on note qu'il faut trois défenseurs angevins, Perreau, Mouilleron et Chlosta pour arrêter Magnusson, véritablement irrésistible.

Tout cela s'est passé en moins de cinq minutes et l'on se demande si Angers, qui mène le jeu, pourra tenir à cette cadence, d'autant qu'une montée offensive extrêmement dangereuse de Lopez oblige Mouilleron à un sprint effréné, suivi d'une poussée dans le dos pour empêcher le marseillais de tirer (7me minute).

Angers ayant jeté son premier feu, l'O.M. attaque à son tour de façon moins organisée et l'on constate que Zwunka affectionne les montées offensives autant que Lopez.

On assiste alors à une situation extrêmement dangereuse pour l'O.M. : Dubaele puis Margottin tirant au but. Mais la défense marseillaise, très bien organisée, écarte le danger (11e minute).

Aussitôt après, une combinaison Bonnel - Lopez aboutit à Magnusson qui échappe à Perreau et centre devant les buts d'Angers pour Joseph qui se jette sur la balle, mais est devancé par un Angevin.

Le but des Angevins vient de connaître sa première chaude alerte. Alerte très chaude aussi pour l'O.M. dans la minute suivante : Dogliani ayant lancé Dubaele sur l'aile droite, celui-ci centre sur Margottin dont le tir paraissait devoir aboutir dans les buts lorsque Escale réussit un arrêt remarquable.

Ensuite le jeu se calme et Novi obtient le premier corner pour l'O.M. (19me minute).

Angers se déchaîne à nouveau à la 30me minute et Bonnel, qui cherche à faucher Dogliani ne peut l'empêcher de donner la balle à Roy, projette à terre dans la surface de réparation par Zwunka et Hodoul.

La foule réclame le penalty, mais l'arbitre laisse jouer.

Exploit d'ESCALE

Ensuite, cette foule exulte, vibre lorsque Margottin prend Hodoul de vitesse, centre sur Dogliani qui décoche un tir terrible que tout le monde voit déjà dans les filets lorsque Escale réussit une parade absolument sensationnelle.

Dans la minute suivante, une erreur de Perreau permet de Joseph et à Magnusson de filer vers les buts d'Angers. Gallina en sort, mais Joseph laisse passer sa chance en tirant à côté (36me minute).

Une minute avant la mi-temps, l'O.M. à une occasion exceptionnelle d'ouvrir le score mais lorsque Djorkaeff monté très en avant, centre devant les buts d'Angers, la balle roule sans que personne ne parvienne à la récupérer.

(Mi-temps : 0-0).

Escale sauve son but

et s'écroule k.o.

À la reprise, on croit que les Angevins vont être handicapés car Mouilleron, qui s'est blessé à la 40me minute, a été remplacé par Stievenart. Mais de la 47me, celui-ci tira de loin et Escale doit repousser ce tir dangereux.

Sur une attaque de Joseph, Chlosta renverse complètement le jeu alors que l'O.M. avait initiative. Il lance Deloffre, à l'autre côté du terrain, et l'intérieur gauche angevin cours en direction de Poli qui amortit la balle, et laisse Margottin, qui arrive en pleine force, tirer au but. Escale effectue un arrêt sensationnel après cela, il reste étendu quelques secondes à terre à demi k.o. par la violence du tir.

Une belle occasion et manquée par les Angevins à la 58me minute, lorsque, Poli servi par Dogliani rata complètement son tir. Après cette domination angevine, Bonnel imité par Magnusson, monte à l'attaque et Magnusson à deux reprises voit son tir repoussé par Gallina (55me).

Le ton monte lorsque l'Angevin Dubaele est fauché par Novi, puis lorsque Hodoul et accusé par Margottin de détourner son tir de la main (65me).

L'arbitre a du mal à tenir les équipes en main, comme Perreau a du mal à tenir Magnusson en échec à la suite d'une percée et d'un changement d'aile de Joseph (65me).

Le temps de respirer un peu et c'est un tir terrible de Stievenart, de 25 mètres qui passe à côté (70me).

Enfin on voit Gueniche à l'oeuvre, mais son tir est arrêté par Gallina (73me). On admire la sûreté défensive de l'O.M. qui fait front à l'attaque d'Angers, car le S.C.O. fait le jeu mais ne réussit pas à concrétiser sa supériorité, à l'instant de Margottin qui, lui aussi rate complètement son tir à la 75me minute.

L'O.M. à des contre-attaques dangereuses et Gueniche décoche une balle de la tête assez dangereuse à la 80e minute. C'est le moment choisi par Zatelli pour faire rentrer Fiawoo à la place de Joseph.

Le temps passe et Angers a beau multiplier ses offensives, O.M. réussit à obtenir le match nul, 0 à 0.

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Marcel LECLERC : "Dimanche nous mettrons

53.000 billets en vente"

 

ANGERS - "Mes avants peuvent dire merci à leurs camarades de la défense. J'espère que, dimanche prochain, à Marseille, ce sera l'inverse". Voilà comment Mario Zatelli résumait la situation après le match Angers - Marseille qui a vu, effectivement, une très nette domination territoriale des Angevins qui ont eu l'initiative durant la plus grande partie de la rencontre.

"Franchement, sans la grande partie fournie par nos défenseurs, nous serions repartis battus", reconnaissait Mario Zatelli. Et préciser d'ailleurs : "Angers a eu quatre occasions de buts et nous en avons eu deux. Escale, disait-il, a sauvé au moins trois buts, mais Hodoul, Zwunka et Djorkaeff l'ont remarquablement protégé".

Le gardien de but marseillais, qui revenait à ce moment-là, montrait d'ailleurs son bas-ventre zébré de rouge, qui témoignait de la violence du tir de Margottin, lorsqu'il avait sauvé ses buts.

Il n'y paraîtra plus dans quelques jours et escale, bien sur, pourra montrer, dimanche prochain le même brio que ce soir.

"Les Angevins ont joué tout en finesse, selon leurs habitudes, et se sont créé des occasions de but qui ont certes, échoué d'extrême justesse, mais bien souvent si celles-ci ont échoué c'est parce que nos défenseurs ne leurs ont pas laissé l'occasion de se mettre en position de tir", déclarait M. Leclerc, confirmant les propos de son entraîneur.

Mais, déjà, le président de l'Olympique de Marseille, ravi du résultat qu'il espérait, parlait du match de dimanche prochain : "Pour ce match retour, disait-il nous allons mettre 53.000 billets en vente, car nous allons aménager les pistes d'athlétisme et de cyclisme ou nous logerons 15.000 personnes. De plus, d'autres aménagements sont prévus ou nous pour loger encore 3.000 personnes, ce qui fait que nous arrivons à un total de 53.000.

Djorkaeff en ce qui le concerne, était exténué, mais il avait délivré lui aussi, une grande partie.

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Louis HON : "Je suis déçu"

L'entraîneur d'Angers, Louis Hon, quelque peu déçu du résultat, estimait avec juste raison, il faut le reconnaître que son équipe aurait dû concrétiser sa domination par au moins un but, voire deux buts.

Pour lui, le point culminant du match s'est situé en première mi-temps, lorsque Escale a réussi à parer un tir terrible de Dogliani.

Si Jean-Pierre réussit à ce moment-là, le match est changé et Angers peut l'emporter nettement. En vérité, cela ne s'est pas produit et en seconde mi-temps, les Angevins ont eu beau multiplier leurs offensives, la défense de Marseille a fait merveille et Louis Hon le reconnaissait bien volontiers.

Personne à Angers ne veut croire que le S.C.O. est définitivement éliminé de la course à la finale et l'on croit encore pouvoir renverser la situation dimanche prochain.

Mais le capitaine Pierre Bourdelle, puis le pur marseillais du match Jean Pierre Dogliani reconnaissait que ce serait à extrêmement difficile.

"C'est ce soir qu'il fallait marquer" disait Margottin déçu d'avoir manqué un tir qui aurait pu faire la décision en seconde mi-temps, tout comme Poli d'ailleurs qui se frappait la poitrine en regrettant d'avoir laissé passer peut-être la plus belle occasion du match.

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Le fait du match

ANGERS - Avant la rencontre quelques supporters olympiens promenèrent autour du terrain une large banderole sur laquelle on pouvait lire en grandes lettres bleues :

"Il n'y a aucun danger, l'O.M. aura son Escale à Colombes".

On ne savait pas alors que cette phrase voulue humoristique par ses auteurs avait surtout un sens prophétique : si l'O.M., le 13 mai prochain, fait escale à Colombes, il le devra beaucoup à son gardien de but.

Hier soir, à Angers, notre ami Escale, qui jusqu'à présent n'a bénéficié, à 28 ans, que d'une sélection de faveur dans l'équipe des "Espoirs", a joué un match de grande classe internationale.

Pas une faute, pas une hésitation, de la sûreté, de l'autorité et au moins deux arrêts extraordinaires.

De ces arrêts qui font date dans la carrière de gardien. Le premier en début de match. Margottin, le terrible blondinet angevin, venait pour une fois qui ne fut pas coutume, d'éliminer Hodoul d'une feinte magistrale. Son centre très en retrait trouva Dogliani le dos tourné au but de l'O.M. L'habile Jean-Pierre, à l'issue d'un admirable demi-tour sur place, tira brutalement du gauche. On vit de notre tribune le ballon prendre le chemin des filets vers la droite. C'est alors qu'Escale se détendit, parut voler une courte seconde et se saisit du ballon du bout des doigts.

Nous pensons que cet arrêt a été le grand tournant de la rencontre.

Si la porte de l'O.M., s'était seulement entrouverte on ne sait pas ce qui se serait passé par la suite.

Le deuxième arrêt miracle d'Escale se situe au début de la deuxième mi-temps.

Sur un tir à bout portant, un tir aussi violent que soudain, de Margottin, Escale, une fois encore, au prix d'une sortie opportune sous l'angle idéal, s'interposa entre le ballon et son but. Le choc fut si dur que le gardien marseillais passablement touché bas, reste K.O. pendant quelques minutes. Bravo donc, Escale.

On remarquera encore que cette soirée angevine fut très marseillaise. Il n'y avait que trois joueurs vraiment de Marseille sur le terrain et ils furent tous trois parmi les meilleurs joueurs du match : Escale, Hodoul et Dogliani. Quant à Magnusson, malmené, bousculé, dans une équipe généralement dominée, nous pensons qu'il ne rêve qu'à une chose : prendre dimanche, une éclatante revanche.

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