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Résumé Le Provencal

du 23 septembre 1971

 

O.M. - LILLE : heureusement SKOBLAR !

Avec un ciel bas de plat pays, une (fausse) nouvelle attendait l'équipe lilloise à son arrivée à Marseille : Skoblar ne serait pas de la partie !

Juste le temps à l'entraîneur de penser : "Une épine de moins. Mettez-vous à sa place !"

Mais le soulagement fut de courte durée, Josip, finalement, tient sa place et la présence du roi des buteurs ne fait rien pour équilibrer les forces en présence.

C'est, du moins, l'opinion générale à quelques minutes du coup d'envoi. Les observateurs se disent : "Où sont les O.M. - Lille d'antan, à la captivante indécision ?"

Mieux ! On se demande même à quelle sauce marseillaise les "Dogues" du L.O.S.C. vont être mangés, et certains pince-sans-rire ont déjà fait le rapprochement avec une soirée glacée, sous le signe de la protection des animaux.

Bref, tout cela pour en venir à un fait évident : Lille n'a guère les faveurs du pronostic.

Reste à savoir si l'extrême outsider, en dépit des commentaires plus ou moins flatteurs (nous allions dire les sarcasmes), n'a pas dans l'esprit des désirs de grosses cotes... C'est fort possible, après tout.

Quoi qu'il en soit, Lucien Leduc a mis ses hommes en garde : surtout pas excès de confiance !

C'était, ma foi, une sage recommandation. La rentrée de Skoblar a lieu, par ailleurs, une autre conséquence : Ange Di Caro est le 12me homme de la formation olympienne. Pas de changement en ce qui concerne celle de Lille.

O.M. - Carnus, Lopez, Bosquier, Zwunka, Kula, Novi, Gress, Magnusson, Bonnel, Skoblar, Couecou. 12me homme : Di Caro.

LILLE - Duse, Cauvin, Lafont, Le Roux, Housselstein, Dubaele, Vervhoere, Bajic, Levavasseur, Van Kooten, Cope. 12me homme : Albaladejo.

Arbitre, M. Petit. Assistance à peine moins dense qu'à l'ordinaire.

En trombe, il n'y a pas d'autres mots que décrire le départ des Marseillais : échappée sur l'aile gauche de Couecou pour la tête de Gress, dont la reprise passe de peu à côté : quelques centimètres de moins et l'O.M. ouvrait le score dans la première seconde.

À peine cette chaude alerte étaient-elles passées que Magnusson, à son tour, fait des siennes sur l'aile droite cette fois : dans son style particulier, il élimine deux adversaires et centre pour la tête de Skoblar. La balle frôle la transversale (5ème).

Lille essaie de répliquer, notamment par Veroeve, qui fait admirer sa belle technique, le tir du N.7 lillois se perd dans la nature.

Est-ce une impression ? Le jeu a maintenant ralenti de façon sensible, et les Lillois ne font pas mauvaise figure du tout. Le premier quart d'heure s'est en tout cas déroulée sans dommage pour eux. L'ailier Bajic a même une excellente occasion d'ouvrir le score, mais il tire sur le poteau (17e) tout ce qu'il faut en somme pour obliger l'O.M. à se méfier.

Gress, lui aussi, parvient à se mettre en position sans plus de résultats, car la trajectoire a été mal calculée.

Il n'empêche que l'O.M. semble quelque peu forcer l'allure, une série de coup franc devant la cage lilloise, donne pas mal de souci à Dusé, mais le gardien lillois se sort véritablement d'une situation dangereuse sur un centre de Magnusson, que Cauvin dégage sous le nez de Skoblar (21ème).

Le plus drôle dans l'histoire, et que cette équipe nordiste, vouée aux pires ennuis au départ, surprend agréablement par la bonne opposition qu'elle donne au leader marseillais.

UNE MI-TEMPS SANS BUT

Novi a pourtant une action remarquable au terme de laquelle Duse est obligé de dégager en corner (32ème). Puis, une tête de Couecou, consécutive à un nouveau centre de Magnusson, s'écrase sur le poteau (33e).

Mais, nous l'avons dit, les Dogues sont loin de se laisser abattre et Dubaele, à son tour, à la malchance de voir son tir heurter le poteau de Carnus (34e).

Comme quoi l'O.M. (en petite forme il est vrai) ne fait pas encore la loi.

Carnus doit encore effectuer un arrêt opportun sur un tir de Cope, alors que son vis-à-vis Duse est tout heureux en fin de mi-temps de voir passer un retourner au-dessus de sa cage.

SKOBLAR, ENFIN

A la rentrée des équipes aux vestiaires, les spectateurs, tout à l'heure, ont sifflé : c'était un peu la preuve tout au moins qui se n'étaient pas contents de la partie de l'O.M.

À la reprise, la grogne ne semble pas avoir disparu pour la bonne raison, vous l'avez deviné, que Lille se défend toujours fort bien tandis que les Olympiens n'ont pas encore trouvé la bonne carburation.

Un bon tir de Levavasseur (49e minute) démontre d'ailleurs que les visiteurs n'ont pas abandonné toute ambition de créer la surprise.

Mais, alors que personne ne s'y attendait, ils vont être refroidis par un but de Skoblar, au terme d'une action plus ou moins confuse.

C'est un ballon qui arrive, on ne sait comment, dans les pieds de Skoblar, au milieu d'une véritable mêlée de joueurs. Josip, comme on l'imagine, ne laisse pas passer une si belle occasion et parvient enfin à trouver le chemin des filets (53e minute).

SKOBLAR TOUJOURS

Un but, répétons-le, que l'on n'attendait pas. Tout au moins sous cette forme, tant les défenseurs nordistes avaient fait preuve d'autorité jusqu'ici.

Mais l'O.M. va prouver qu'il est capable d'autre chose. Au départ de l'action ; Gress qui, de l'aile droite, a vu Skoblar démarqué à la limite de la surface de réparation. Une passe au millimètre et une reprise fulgurante que Josip catapulte littéralement dans la cage de Duse (61e minute).

Cette fois, il n'y a rien à redire, c'est vraiment de la belle ouvrage !

UN TROISIÈME À COUECOU

Fort de son avance de deux buts et maintenant décontractés, l'O.M. pousse alors l'adversaire dans ses retranchements et Lille, bien entendu, commence un peu à s'affoler. Cela va lui coûter le troisième but. Un mauvais renvoi de la défense arrive sur Couecou, absolument seul à 5 mètres de Duse. Didier a le temps d'amortir la balle de la poitrine avant de fusiller infortuné gardien lillois (68e minute).

Inutile de dire que le match est pratiquement terminé.

L'entraîneur lillois avait pourtant fait appel entrer son 12ème homme Albaladejo à la place de Van Kooten qui se plaint d'un coup à la jambe (74e minute).

Mais c'est Bonnel qui a le quatrième but au bout du pied (le gauche aussi, s'il vous plaît), Duse réalisant en l'occurrence un arrêt de grande classe (77e minute).

Dans les dernières minutes, Lille fait des efforts désespérés pour tenter de sauver l'honneur.

Carnus s'oppose un tir de Verhoeve, puis à un autre de Cauvin.

C'étaient les occasions de la dernière chance.

Quand l'arbitre, M. Petit, siffla fin, Skoblar venait juste d'adresser un bolide sur Duse.

Lille ne s'incline donc que par 3 buts à 0.

C'est somme toute honorable.

Jean FERRARA

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Josip : la tête

...et une seule jambe

Il y a eu les "Mystères de Paris", il y aura bientôt les mystères de l'O.M.

Le jour où l'on verra treize joueurs pénétrer sur le terrain pendant que président, directeur sportif, entraîneur, docteur et masseur discuterons encore sur le bord de la touche pour choisir les onze titulaires.

Nous voulons bien croire - et nous en sommes de plus en plus persuadés - que Skoblar, même sur une jambe et le meilleur avant-centre de "l'Ohème", mais on aura pu s'en apercevoir la veille.

Mais pour nous qui aimons bien Josip, il nous a été pénible d'entendre le public sifflait ce footballeur d'exception pour quelques passes ratées et une combativité visiblement diminuée.

Pour des raisons techniques, nous écrivons ces lignes à la mi-temps et espérons encore que Skoblar, après une longue période d'échauffement, va mieux déterminer la partie qu'il ne l'a commencée.

Sinon, il faudrait croire que son genou mérite d'être examiné par un grand spécialiste de la question.

Les tirs sur la barre

Cette première mi-temps fut surtout marquée par deux faits :

1) Le rôle du poteau ;

2) La contestation, par le public, de trois décisions de l'arbitre.

Le poteau renvoya un tir de Couecou, de la tête, sur centre de Magnusson, et aussi deux autres tirs, du pied, de Bajic, et de Bubaele.

Ajoutant que l'O.M., sans les percuter franchement, flirta plusieurs fois avec les trois poteaux lillois.

Mais enfin les poteaux existent et comme le disait un expert hongrois, tout tir sur eux ou à côté, fut-ce d'un millimètre, est un tir raté.

Et voilà pourquoi les deux équipes retournèrent aux vestiaires à la mi-temps sur 0 à 0 et sous les sifflets du public.

L'arbitre au poteau (vieux refrain)

Le désaccord entre M. Petit et le public ("l'arbitre au poteau !) fut causé par trois chutes spectaculaires de Magnusson, Skoblar et Gress, dans la surface de réparation, lesquelles chutes ne furent pas sanctionnées comme l'exigeait la "vox populi".

Sans doute M. Petit estimait-il qu'une équipe de la classe de l'O.M. n'avait pas besoin de penalties, au demeurant discutables comme ils le sont presque tous, pour marquer des buts à l'avant-dernier du championnat.

Il fallait à cet homme de goût, de vrais buts, dans la meilleure tradition olympienne.

M. Petit avait raison

La deuxième mi-temps allait donner raison à M. Petit.

L'O.M. n'avait nul besoin de ces petits penalties pour battre les "Dogues" lillois n'ayant aucune ressemblance avec leurs glorieux - et coriaces - prédécesseurs.

Cependant, un seul de ces buts, le deuxième de Skoblar, fut de la grande cuvée olympienne.

Les deux autres eurent pour cause principale des bévues assez grossières de la défense lilloise.

Il est curieux de constater que Skoblar, sans se servir de son pied droit, ait quand même réussi à marquer deux buts.

Nous en sommes très heureux pour lui, mais cette performance semble situer assez bas le niveau de la défense de Lille et de la plupart des défenses françaises.

On peut douter que mercredi à Gornik, les défenseurs polonais sont aussi magnanimes et pour lui, et pour Magnusson et pour Couecou.

Maintenant tout pour Gornik

Il reste que, maintenant, l'O.M. possède sur certaines équipes françaises une avance lui permettant de les battre, tout en jouant sur un rythme d'approchant pas le cent à l'heure.

D'où une certaine facilité de caractériser par les fioritures de Bosquier et de Magnusson plus particulièrement et qui réussit à irriter le public, tant que le ballon n'est pas dans la cage.

C'est ainsi que Magnusson fut sifflé en première mi-temps pour quelques tentatives ratées, alors qu'il multiplia les centres dangereux.

Il ne faut pas s'en étonner. Dans tous les pays du monde, un public suit la progression de son équipe, ce qui revient à dire qu'il devient de plus en plus difficile.

Les fidèles du Stade-Vélodrome, à présent, ont dépassé l'Hexagone et le football hexagonal, ils rêvent à l'Europe.

Nous verrons dans quelques jours, si ce rêve peut devenir réalité en 1971-1972.

Inutile d'écrire, pour terminer, que le match que nous venons de voir ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà.

Souhaitons toutefois que Skoblar ait retrouvé mercredi ses deux jambes, sa détente son double démarrage.

Gorgon n'est pas le Roux et Oslizio n'a de commun avec Laffont que le même numéro sur le maillot.

On pourrait même ajouter qu'avec Gomula dans ses buts, Lille n'eut perdu que par 1 à 0.

Pourquoi ces quelques remarques ? Pour remettre les Olympiens devant leurs véritables responsabilités européennes.

M. FABREGUETTES

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L. LEDUC : "Nous irons en Pologne

confiants et sans arrière-pensée !"

Les Marseillais sont revenus au vestiaire animés de sentiments mitigés. Heureux d'une victoire, qui se dessina tardivement, mais conscient de n'avoir pas réalisé une exhibition particulièrement bien brillante Lucien Leduc traduisait cette impression en ces termes :

"Les équipes mal classées ne sont pas toujours faciles à manoeuvrer, et nous en avons eu une nouvelle démonstration. En première mi-temps nous pouvions marquer au moins deux buts qui auraient mis fin à toute incertitude. J'étais persuadé que le premier but obtenu ouvrirait la voie à plusieurs autres et les choses ont évolué de la manière prévue.

"Ainsi, nous pouvons nous rendre à Chorzow sans arrière-pensée, puisque, après avoir rempli notre contrat sur le plan national, nous voilà bons premiers..."

Le président Leclerc se montrait somme toute satisfait, aussi bien de la nouvelle victoire que d'avoir vu se réaliser son pronostic :

"A la mi-temps j'avais annoncé la couleur et prévu le score de 3 à 0. Sans doute avons-nous mis un certain temps à prendre la mesure de notre adversaire, mais après tout, de toute façon, la partie a eu plus d'intérêt avec la longue résistance lilloise.

"Et continuant à imiter Mme Soleil, je vous prédis que nous marquerons plusieurs buts en Pologne !...

Josip Skoblar, qui désirait jouer ce match pour faire le point, n'était, ni très satisfait, ni mécontent.

"J'ai ressenti une certaine gêne au genou, sans que ce soit vraiment très douloureux. Cela m'a incité à me tenir sur une certaine réserve, car j'avais peur de subir un nouveau choc.

"Mais je pense qu'avec huit jours pour me soigner, je serais tout à fait rétabli pour affronter Gornik !...

Le capitaine Zwunka estimée :

"Aujourd'hui encore, nous avons joué fatigués. Si nous avons mis aussi longtemps à nous imposer, c'est parce que nous manquions d'influx et d'accélération au moment décisif..."

Jacky Novi ajoutait :

"Pour ma part j'ai beaucoup souffert de la chaleur. Il faisait très lourd et nous avions tous du mal à respirer!..."

Gilbert Gress complétait le "plaidoyer" de ses camarades :

"L'essentiel, aujourd'hui, était de gagner avant d'aller en Pologne. D'ici là, nous aurons huit jours pour récupérer !"

Roger Magnusson descendait de la bascule avec une grimace.

"Depuis les vacances, je traîne deux kilos d'excédents dont je n'arrive pas à me débarrasser. Cela ne m'a pas gêné outre mesure, et je pense avoir réussi, en première mi-temps, assez de centre pour faire la décision.

"Mais, dans l'ensemble, nous n'avions pas récupéré de nos fatigues.

Le calendrier du début de saison est trop chargé. En Italie ou en Allemagne, on joue une fois par semaine, et on a le temps de se préparer et aussi de se soigner et de se reposer. Ici c'est véritablement éprouvant. Il y a trop de clubs dans le championnat. Seize ou dix-huit suffiraient !..."

Édouard Kula n'était pas content :

"Quel mauvais match ! Devant les équipes modestes, tout le monde va de l'avant et nous les défenseurs, nous nous retrouvons souvent en posture délicate !"

Enfin, Didier Couecou, nous confié :

"Je ne sais vraiment pas ce qu'il convient de faire pour être adopté. Il est démoralisant d'être toujours critiqué. Le fait d'avoir marqué un but et joué, je crois une première mi-temps convenable, ne peuvent me le faire oublier.

Quant à Georges Carnus qui se rasait tranquillement, il tirait la conclusion de la soirée.

Trois buts d'écart, cela reflète la différence de classe entre notre équipe et celle de Lille où il y a quelques bons joueurs mais qui aura je crois, du mal à conserver sa place en première division".

C'était également notre impression.

Louis DUPIC

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M. Gaston DEFERRE : "Victoire

intéressante pour l'O.M. !"

M. Gaston Defferre, député-maire de Marseille, avant de quitter la tribune d'honneur, nous déclarait simplement :

" - Victoire intéressante pour l'O.M., un double titre : parce qu'elle renforce sa position classement général du championnat, et parce qu'elle lui donne confiance avant son déplacement en Pologne !"

M. Defferre, qui était accompagné de son épouse, de Mme Germaine Thorre-Patenotre, président national de la S.P.A., et Mme Ripert-Éymery, présidente régionale de la S.P.A., se dirigea ensuite rapidement vers la sortie.

Mme Ripert-Éymery devait nous ajouter : "Je suis réellement contente pour Marseille !"

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René GARDIEN : "Et dire que Skoblar

ne devait pas jouer !"

Dans les vestiaires lillois, joueurs et dirigeants étaient peu prolixes, sauf l'entraîneur René Gardien, qui demeurait confiant : "Et dire que Skoblar ne devait pas jouer ! C'est un diable à la manière d'Andersson. Il surgit là où on ne l'attend pas ! Mes jeunes joueurs ont encore beaucoup de choses à apprendre !"

Dubaele faisait remarquer : "Les trois buts marseillais ne sont pas tellement purs. Sur le premier, Skoblar s'est appuyé sur moi. Sur le troisième, Couecou était hors jeu !"

Verhove soupirait : "Il y a une classe de différence entre nous deux équipes !"

Levavasseur précisait : "Notre équipe se rode peu à peu. En ce qui me concerne, j'ai du mal à me réadapter au rythme de la Division Nationale..."

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(Photos : Collection Pierre Lanfranchi)

 

 

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