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Résumé Le Provencal

du 15 novembre 1971

 

O.M. : C'EST REPARTI !

Après le A majuscule d'Ajax

le A minuscule d'Angoulême

Eh ! bien l'O.M. est reparti.

Il a déjà repris le maillot jaune et semble avoir les moyens de conserver son titre.

Ce dont, au demeurant, personne n'avait douté.

Chacun a retrouvé ses bonnes habitudes hexagonales :

Magnusson, son inimitable numéro de dribbles et attrapes, Skoblar ses frappes sous tous les angles, Bosquier son "impérialisme" défensif... et le public son cri de guerre préféré "l'arbitre au poteau".

Il est tout de même sage et objectif d'ajouter que les hasards du calendrier avaient particulièrement avantagé l'O.M. en faisant succéder au A majuscule d'Ajax, le A minuscule d'Angoulême.

Pour rendre le moral à un convalescent, il ne saurait y avoir meilleur remède.

Il ne faut donc pas demander à cette rencontre plus qu'elle ne pouvait donner.

L'O.M. avait besoin d'une victoire, même facile, pour croire à nouveau en lui.

Ne chicanons pas trop sur la qualité de cette partie, l'important est que les Olympiens aient retrouvé, d'un seul coup, leur première place et le goût du succès.

Le reste viendra plus tard.

Du moins l'espérons-nous.

QUAND IL N'Y A PAS DE

"SUSPENSE"

Pour en revenir au match, disons - et ce n'est pas très original - qu'il fut sans problème et par suite insipide.

Il ne fallut pas longtemps pour s'apercevoir qu'il y avait une bonne classe d'écart entre les deux équipes.

Dans ces conditions, la victoire de l'O.M. était tellement prévisible que le débat ne pouvait être passionnant.

En sport, l'élément spectaculaire numéro un et l'indécision de la lutte.

Quand il n'y a pas de "suspense", pour écrire comme un amateur de romans policiers, l'intérêt devient purement esthétique.

On applaudit à la perfection d'une passe, à la beauté d'un dribble, à la force d'un tir, etc.

C'est bien joli, mais ça ne vaut pas un "choc" discuté de bout en bout, avec rebondissements, accrochages... et joueurs sortant du terrain le maillot collé au corps par la sueur.

Ce ne fut pas le cas hier et nous n'en tiendrons pour responsable aucune des deux équipes.

ANGOULÊME : UNE CERTAINE

GENTILLESSE

L'A.S. Angoulême cuvée 1971-1972, n'a ni le pétillement, ni le tonus de ses devancières.

Au temps de ses grandes performances en coupe, l'équipe de Goujon pouvait, sur un match, inquiéter et parfois battre les meilleurs.

Ses généralement, vieux joueurs avaient, dans les grandes occasions, une âme de corsaire. Laquelle, ajoutée à une technique certaine, a pu permettre la réalisation de véritables miracles.

Le seul fait d'avoir pu hisser en première division l'équipe d'une petite ville isolée dans le fief du rugby, sans mécènes, sans prince ou industrie importante... en est un.

Sur ce que nous avons vu hier, on peut craindre la chute en division II, sans grand espoir de retour, de l'A.S. Angoulême.

Elle est faite de gentils footballeurs, tous assez bons, animés d'un esprit sportif très louable, mais dont la conjonction ne saurait faire qu'une équipe du bas de tableau en première division.

C'est dommage pour la poésie du sport, mais comment espérer mieux ?

O.M. : UNE VICTOIRE TROP

AISÉE.

L'O.M. s'est trouvé dans la situation contraire.

Inconsciemment peut-être, ses joueurs se sont rendus compte que la victoire ne saurait leur échapper.

Dès qu'ils appuyèrent sur l'accélérateur, c'était la panique dans le camp angoumoisin.

Quand ils relâchèrent leur action, les attaques d'Angoulême étaient d'une telle timidité, qu'elles ne pouvaient guère inquiéter Carnus.

Dans de telles conditions, il est presque impossible que l'équipe trop supérieure à l'autre joue à fond de train, pendant 90 minutes.

C'est pourquoi on a vu, la plupart du temps, les Olympiens jouer par petits groupes, comme s'il s'agissait d'une course de relais.

Pendant que les uns s'engageaient à fond, les autres les regardaient faire, en attendant leur tour.

Voilà pourquoi, cette rencontre disputée à un rythme assez lent, put apparaître très décousue aux yeux des observateurs neutres.

TOUJOURS L'ARBITRE

On a encore fait le procès de l'arbitre.

La chose, parce que trop répétée, finit par devenir agaçante.

Quant un arbitre de touche lève franchement son drapeau, pour signaler un hors-jeu, pourquoi ne pas lui faire confiance ?

Cette manie, où plutôt cette maladie, qu'ont les joueurs, les dirigeants et les spectateurs de contester toutes les décisions arbitrales devient lassante.

Et même si l'arbitre se trompe parfois, n'est-ce pas son droit ?

Un joueur, même de la classe de Skoblar, rate parfois des passes faciles sans pour autant être voué "au poteau".

Il faut accepter les erreurs de l'arbitre, elles sont inévitables et font ainsi parti du jeu.

Que celui qui ne s'est jamais trompé voue l'arbitre à l'enfer fédéral.

Ce n'est pas notre cas.

M. FABREGUETTES 

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3 à 0 pour l'O.M. : mission accomplie

En arrivant à Marseille, samedi soir, Angelo Grizzetti nour avait dit : "Angoulême s'efforcera de limiter les dégâts".

Nous avons retrouvé l'entraîneur d'Angoulême après la rencontre. Il nous a confirmé que, malgré les trois buts encaissés, son équipe avait, somme toute, concédé une défaite honorable.

On serait tenté de conclure que le match a donc satisfait vainqueur et vaincu. Le seul réticent dans l'affaire, fut peut-être le public qui ne trouva pas souvent l'occasion de vibrer, au tout au long des 90 minutes.

En un mot, les spectateurs étaient tout disposés à applaudir au succès de l'O.M. si, précisément la manière avait été à leur goût.

Or, les visiteurs du jour n'étaient pas, à proprement parler, un adversaire des plus brillants. Les Marseillais de leur côté, n'étaient pas, non plus, dans une forme exceptionnelle.

Le tout ne pouvait donner qu'un spectacle moyen.

On se consolera, en l'occurrence avec la première place du championnat, retrouvée par les hommes de Leduc. C'était, en fait, le but de cette rencontre. Comme le dit souvent Mario Zatelli : "Qu'importe le flacon..."

UNE FAILLE LONGUE

À TROUVER

Impression première fut pourtant favorable à l'O.M.

En quelques touches de balle Couecou confirmait ces bonnes dispositions actuelles. Magnusson semblait aussi avoir retrouvé toute l'efficacité de son dribble.

Bref, les Marseillais paraissaient s'acheminer vers une partie sans histoire. Angoulême avait bien renforcé sa défense, mais de l'avis général, les Charentais allaient avoir pas mal de difficultés pour conserver leur cage inviolée.

Un tir de Prou, arrêté par Carnus, dès la 8me minute, déclencha, si on peut dire, un festival olympien qui, hélas, ne mis guère à contribution le préposé au tableau d'affichage.

Un long centre tir de Magnusson surprit tout d'abord toute la défense d'Angoulême, Kouba y compris. Mais la balle vint frapper sur la transversale avant de sortir.

C'était la première alerte sérieuse. La seconde vint de Bonnel qui servit encore Magnusson. L'ailier suédois s'enfonça une nouvelle fois sur son aile droite avant d'adresser un centre impeccable que Madronnet parvint, on ne sait comment, à détourner dans les mains de son gardien (13me mn).

On ne savait trop, alors qu'il s'agissait d'un excellent réflexe de la part des deux défenseurs. Toujours est-il que l'O.M. avait été à deux doigts d'ouvrir la marque. Mais il fallait bien se rendre à l'évidence, la faille été difficile à trouver.

Disons tout de suite que l'arbitre, de M. Debroas refusa la bagatelle de 4 buts aux olympiens. Une sorte de record, en quelque sorte, qu'il ne nous appartient pas de commenter. Le directeur du jeu, chacun le sait, étant le seul maître sur le terrain, et payé de surcroît pour officier en toute objectivité.

Quatre buts ! Cela fait toutefois une bonne somme et les Olympiens dans les vestiaires, ne se sont pas privés, eux, de trouver quelques peu à redire.

Reprenons le fil des événements. Di Caro s'échappe sur son aile gauche, centre pour Skoblar dont la reprise de la tête s'écrase sur le poteau. Kouba et assez heureux pour s'emparer de la balle, mais Josip, toujours à l'affût, surprend le gardien angoumoisin et marque dans la cage vide. M. Debroas estime que la charge sur Kouba est répréhensible et annule le point (14me).

Un corner de Magnusson arrive ensuite dans les pieds de Couecou. Didier reprend dans la foulée, mais le ballon frôle le montant (17me). Dans l'intervalle Kracke qui n'est pas remis d'un récent claquage laisse sa place à Ansaldo.

Ce changement n'empêche pas Magnusson échapper encore à Gester. Roger centre pour Couecou dont la reprise s'écrase sur le poteau. Skoblar surgit et marque. Hors jeu de position, dit cette fois l'arbitre et voilà le deuxième but refusé (20me).

BONNEL, ENFIN !

L'O.M. essaie de ne pas se décourager, en remettant l'ouvrage sur le métier. Kouba intervint sur une tentative de Di Caro (22me), puis il se saisit encore de la balle alors que Magnusson avait créé un début de panique dans son arrière défense (27me).

On assistait ainsi à une domination stérile que le public ne semblait guère apprécier, comme nous le disions plus haut.

C'est une montée offensive de Jean-Louis Hodoul qui allait enfin libérer l'équipe olympienne et par la même occasion, ses supporters.

L'arrière marseillais avant d'entrer dans les 18 mètres voit Skoblar démarqué sur sa gauche. Il lui transmet la balle. Josip, dans son style particulier remet au centre. Magnusson est à la réception. Une déviation pour Bonnel qui accourait à toutes jambes. Cette fois Kouba est obligée de s'incliner. Il ne pouvait rien sur la reprise à bout portant du numéro 6 marseillais (32me).

L'O.M. a désormais pris l'avantage. Couecou, sur un nouveau centre de Magnusson, trouve une deuxième fois le chemin des filets (35me). Mais l'arbitre avait levé son drapeau. Tant et si bien qu'à la mi-temps, Angoulême, mené par un tout petit but, avait, comment dit sauvé les meubles.

UNE TÊTE DE COUECOU...

La reprise débuta par un tir de Skoblar, nettement à côté (46me), puis Lasalette obligea Carnus à se dégourdir un peu les jambes en tirant dans le coin des buts marseillais (51me).

Sur le renvoi, Kula allait donner à Couecou l'occasion d'un deuxième point qui, pour ainsi dire mettait fin au suspense. Il faut ajouter que Kouba porte une grande part de responsabilité sur ce 2me but. Le gardien en effet, rata complètement son intervention sur le centre de l'arrière gauche olympien. Couecou ne laissa pas passer sa chance et d'un magistral coup de tête rappela à l'ordre le gardien d'Angoulême (52me).

...ET EXPLOIT DE SKOBLAR

Fort de ses deux buts d'avance, l'O.M. se tira sans dommage de la réaction adverse. Carnus n'eut pas à intervenir sur un titre de Lasalette, mal dirigé (44e). En revanche, il s'opposa avec brio à un retourné de Castellan dans la même minute.

Angoulême, un peu par maladresse, il faut le préciser, ratait toutes les bonnes occasions de sauver l'honneur. Un exploit technique de Skoblar lui coûta un troisième et dernier but, que le public en la circonstance sut apprécier à sa juste valeur.

Josip, seul entre Madronnet et Glyczinski, amortit d'abord la balle de la poitrine, jongla tour à tour avec ses deux gardes du corps et s'en vint fusiller Kouba pourtant bien placé, mais sans réaction (65me).

Skoblar, après ce tour de passe-passe, adressa encore un tir brossé que le gardien d'Angoulême arrêta au prix d'une belle détente (68me).

Prou, de son côté, ne sut pas exploiter deux actions successives pour réduire l'écart. La première, il échappa à Novi mais ne trouva pas l'encadrement des filets (71e). La deuxième, il tira une nouvelle fois à côté, alors que Carnus semblait en mauvaise posture (75me).

Tout à fait en fin de rencontre, un centre de Skoblar fut repris victorieusement par Couecou (84me). Ce but, lui non plus ne restera pas sur la feuille de match, car l'arbitre jugea bon de ne pas le valider.

L'O.M., au petit trot, dut par conséquent se contenter de succès par 3 à 0. Ce résultat acquis centre de panache, permettait, nous l'avons dit, de s'emparer de la première place.

En peut conclure alors que la mission a été accomplie...

Jean FERRARA 

 

 

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Marcel LECLERC :

"Nos nouveaux joueurs... ce sont

GILI, COURBIS, BRACCI, CHAUMETON

Nous avons demandé au président Leclerc ou il en était des projets de recrutement qui défraient régulièrement et copieusement la chronique.

"Je puis vous dire que nous nous dirigeons résolument vers une politique de formation des jeunes, de détection de jeunes talents. Je crois maintenant que les bons joueurs, et même les moins bons, sont hors de prix. Angers se vante de nous avoir demandé 80 millions pour Guillou ! Eh bien qu'Angers garde soigneusement un joueur qui vaut cette fortune... qui n'a pas de prix...

"En revanche, il est vrai qu'il y aura bientôt de nouveaux joueurs à l'O.M., et je puis vous citer après celui de Di Caro, qui fait parfaitement notre affaire, les noms de Courbis, Gili, Chaumeton, Emon et Bracci.

"Retenez bien ce dernier, il sera peut-être bientôt le Facchetti marseillais.

"Vous savez nous avons fait nos comptes avec Mario Zatelli. Il est inutile de chercher bien loin ce que nous avons sans doute sou la main en ce moment..."

C'est donc une orientation vers une sérieuse politique des jeunes que le président préconisera officiellement devant le Comité directeur du club siégeant dimanche prochain au Stade-Vélodrome, à l'issue du match que l'on jouera contre Sochaux.

Il ajoutera :

"Nous réaliserons, en investissant l'argent dont nous disposons dans une amélioration des installations du club et de ses structures, une meilleure opération qu'en misant sur la facilité !"

Marcel Leclerc conclut ainsi :

"Après la première vague dont j'ai fait état, il y en aura une autre dont feront parti par exemple, les frères Green et d'autres joueurs. Je ne serai satisfait que lorsque six joueurs sur les douze figurants sur la feuille de match seront issus de nos sections amateurs !"

Tout un programme donc, qui recueillera beaucoup d'adhésion.

L.D

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Jules Zvunka, spectateur :

"On est mieux sur le terrain !"

Une partie aussi exempte de suspense ne pouvait provoquer des commentaires passionnés. Dans un vestiaire comme dans l'autre, on avait la nette impression qu'Angoulême venait d'échapper de justesse à une véritable déroute.

Jules Zwunka, pour une fois, avait troqué le maillot blanc pour l'imperméable du spectateur automnal.

"Franchement je ne trouve pas qu'on soit mieux au bord de la touche que sur la pelouse. Je n'ai pas l'habitude d'assister aux matches, et aujourd'hui, je me suis certainement plus énervé à suivre les efforts de mes camarades, avec tous ses buts refusés, et un seul petit point d'avance pendant près d'une heure.

"Finalement je n'ai pas une âme de spectateurs..."

Lucien Leduc nous disait :

"Je crois que le Stade Vélodrome est un très bon terrain pour les visiteurs... et pour les arbitres. En connaissez-vous un autre où l'on pourrait refuser 4 buts à l'équipe locale sans faire éclater une émeute ?

Ceci dit, nous avons joué, sans réussite, une bonne première mi-temps, et nous nous sommes désunir en seconde. Quand nous avons eu deux buts d'avance..."

- Pouvez-vous nous relever pourquoi Couecou a fait mine de quitter le terrain ?

- Sa belle-mère l'appelait au téléphone, mais nous avons du lui réponde que Didier était occupé et ne pouvait venir à l'appareil..."

Tous les joueurs échangent sur le terrain des paroles qui dépassent leur pensée. Ceux de l'O.M. qui demandèrent à ce que la porte reste un peu plus longtemps fermée aux journalistes, avaient eu, quand nous sommes entrés, le temps de se calmer et de laver, le cas échéant, leur linge sale en famille.

Nous avions eu l'impression très nette, par exemple, que Roger Magnusson, avait été nettement "oublié" en seconde mi-temps par ses coéquipiers. Bien sûr, nous lui avons posé la question.

"Je suis content. J'ai l'impression que ça revient bien pour moi. Aujourd'hui je me sentais bien.

- Ne regrettez-vous pas, dans ces conditions, de n'avoir pas vu beaucoup la balle, après le repos ?

- Oui, je le regrette. En première mi-temps le jeu s'était déroulé sur la droite et cela n'avait pas mal marché. En seconde, Bonnel et moi n'avons pratiquement plus touché la balle, mais ça ne fait rien. L'essentiel est d'avoir gagné..."

Ainsi le penser également Skoblar qui aurait pu regretter de se voir refuser deux buts.

"Seule compte la victoire... nous répondit Josip. Peu importe le nombre de buts que je peux marquer, si les camarades se montrent efficaces. Et puis, de n'être pas en tête du classement des buteurs, ce n'est pas un mal pour moi. Je me sens plus tranquille.

"C'est bon d'être une saison le meilleur buteur européen. Après il faut plus y penser !"

Louis DUPIC

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Angelo Grizzetti :

"L'O.M. trop fort pour nous"

L'entraîneur charentais Angelo Grizzetti, ancien coéquipier de Lucien Leduc au Racing a accueilli la défaite de son équipe avec philosophie.

"Que pouvions-nous faire, en vérité face à une telle équipe marseillaise ? Elle était décidément trop forte et inaccessible. Je ne suis pas mécontent de mes garçons. Ils se sont bien battus et ne méritent des éloges.

"Ne pensons plus maintenant qu'à notre match de mercredi à domicile contre Rennes et oublions bien vite celui d'aujourd'hui !"

L.D.

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ENCORE L'ARBITRE

 LES PERTES ANGOUMOISINES

Avant le coup de sifflet initial, comme pour se rassurer l'un de nos amis faisait des comptes... Non seulement, Angoulême est mal classé en championnat, mais il a subi de lourdes pertes après les départs de Leonetti, Péri, Solas, les disparitions de Deloffre, Margottin, Grizetti, blessé.

 MANU N'EST PAS MAGNU...

Le langage est un domaine en continuelle évolution, nous nous en sommes encore aperçus, hier après-midi au stade vélodrome. Il y a des supporters qui n'encouragent plus Magnu mais Manu, ils ont fait sauter le "G" et naturalisé marseillais, le blond suédois.

 DES GALONS DE JOSIP...

Jules Zwunka suspendu, il fallait un nouveau capitaine à l'O.M., et ce fut Skoblar, mais Josip ne portait pas de brassard histoire de demeurer anonyme ; malgré ce, il a pu fêter ses nouveaux galons en marquant un but et en menant ses hommes au succès !

 UNE FIGURE DE PROU...

Nous n'avons pas de faible marqué pour les "blagues" du genre de l'Almanach Vermont, mais dans la grisaille de la première mi-temps, nous n'avons pas vu pu nous empêcher de nous écrier, en voyant Prou exécuter un magnifique vol plané : "Tiens, voilà un drôle de figure de proue".

 À QUELLE HEURE ?

Josip Skoblar, cette saison, n'est pas en passe de conserver le "Soulier d'Or", en France son retard est déjà important et, hier après-midi comme il tardait à scorer son but, un supporter goguenard s'écria : "A quelle heure Josip marque-t-il ?". Quelques instants plus tard, celui-ci réussissait un but incroyable, dans un angle impossible.

 ENCORE AU POTEAU...

C'est devenue une manie, chaque fois qu'un arbitre a des décisions défavorables pour l'O.M., le public, sans procès, l'expédie au poteau. Ce n'est pas nouveau, et ce n'est pas drôle. Et si on changeait un peu la formule, si en l'envoyait sur les roses ?

 LA BELLE-MÈRE DE COUECOU...

À un moment donné de la rencontre, Couecou échangea quelques propos sévères avec Skoblar et fit mine de quitter le terrain. Comme un radio reporters demandait à l'entraîneur Leduc le motif de cet incident, celui-ci répondit :

"C'est sa belle-mère qui le demandait au téléphone !"

 LE SANG CHAUD

Point trop n'en faut, un inconnu, mécontent que l'arbitre ait refusé 4 buts en l'O.M., le pris à partie, dans le tunnel et voulu le frapper, des dirigeants olympiens intervinrent pour protéger le référée, et M. Neumann avait raison de nous dire : "Ces spectateurs trop bouillants nous causent le plus grand tort, car s'il y a des suites, c'est l'O.M. qui paie les pots cassés !" 

Alain DELCROIX 

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Rien que pour l'exploit de Josip

De toute évidence ce "petit" O.M. - Angoulême ne nous a pas appris grand-chose.

Et il serait étonnant que les spectateurs du Stade Vélodrome - toujours fidèle au demeurant - gardent longtemps le souvenir d'un débat manquant vraiment d'envergure.

Il n'est pas dans nos intentions de jeter ici la pierre aux Marseillais.

Pour eux, le contrat est rempli avec une facile victoire à la clé, victoire qui eut pu dans un autre contexte prendre des allures de triomphe.

Et voilà les troupes du président Leclerc à nouveau maillot jaune avec, ce qui ne gâte rien, un match en retard.

Par contre, les Charentais se montrèrent d'une rare timidité, ne donnant jamais l'impression de pouvoir marquer le moindre but.

Leur avenir est sombre et on imagine déjà les pires difficultés qu'ils rencontreront en fin de championnat pour "sauver leur peau"...

Néanmoins nous ne regrettons pas notre après-midi.

Car à côté de longue période de morosité ambiante, quelques éclairs de grand jeu, quelques gestes remarquables enchantèrent les observateurs.

Ici, nous pensons évidemment à l'exploit de la 65me minute signé Skoblar.

Bien sûr, auparavant Bonnel puis Couecou faisant preuve de réalisme avaient déjà poignardé la défense angoumoisine.

Mais il s'agissait plus de conclusions opportunes que d'actions individuelles.

Josip, par contre, construisait et réalisait avec ce sang-froid, cette lucidité des joueurs d'exception.

Cernés par une meute d'adversaire - nous ne savons plus très bien leur nombre, trois, quatre peut-être - le Yougoslave, grâce à quelques jongleries dignes de Rastelli, médusa tout son monde.

Pantois, décontenancé par tant de brio, les autres capitulaires. Et ce fut au bout d'une ultime pirouette ou d'un magnifique petit pont pour parler technique, le tir royal, imparable.

Même pour un Kouba, l'un des meilleurs gardiens de l'hexagone, encore qu'il eut été mieux inspiré en d'autres occasions.

De tels gestes ne s'expliquent pas, ne peuvent s'analyser.

Ils sont le fruit de l'inspiration, la marque du génie.

Ils font parti de l'anthologie du football.

Certes, et nous ne le nions pas, Skoblar n'a plus à l'heure actuelle le rayonnement qui était le sien, la saison dernière, lorsqu'il partait à la conquête de son soulier d'or.

Mais il demeure cependant irremplaçable...

Ne serait-ce que pour ce moment de grand bonheur qui nous a donné hier à l'heure où les projecteurs s'allumaient.

Gérard PUECH

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LES QUESTIONS

QUE L'ON SE POSE

 Que faut-il penser de la reconstitution du tandem Novi - Bosquier, habituelle charnière de l'équipe de France ?

Dans l'esprit de Lucien Leduc, cette solution n'a jamais été qu'un palliatif. Contraint de remanier ses lignes défensives du fait de la suspension de Zwunka et de la blessure de Lopez, il a été contraint de s'y résoudre. Mais bien que cette formule ait donné entière satisfaction (le contraire à vrai dire eut été étonnant), il n'est bien sûr pas question de lui donner une suite. Lorsqu'on compte dans son effectif l'un des meilleurs stoppeurs de France, il serait difficile de s'en priver délibérément. D'ailleurs Novi s'est maintenant parfaitement adapté à son poste de milieu de terrain et l'on a remarqué hier son absence dans l'entre-jeu ou les Marseillais n'étaient la plupart du temps que deux.

 Couecou avant-centre ?

Autre conséquence du forfait de Zvunka et du passage de Novi au centre de la défense, Didier Couecou retrouvait son poste de prédilection, celui d'avant-centre : encore qu'il n'était pas encore tout à fait à sa vraie place, celle de buteur en pointe. En fait Didier était une sorte d'agent de liaison, chargé d'épauler Skoblar en attaque et de venir chercher des balles au milieu du terrain, besogne qui effectua la saison dernière tout au long des matches aller.

Didier s'acquitta fort bien de la première partie de sa tâche, se battant généralement sur tous les fronts de l'attaque, obtenant un fort joli but à la 52ème minute et s'en voyant refusé deux pour hors jeu. Il se mit par contre un peu moins en évidence dans son rôle de relayeur, le travail défensif n'ayant jamais constitué l'un de ses points forts.

De ce fait, le milieu de terrain olympien n'eut pas son rendement habituel.

On ne saurait cependant en vouloir à Couecou qui a démontré très bien utilisé, il avait largement sa place dans n'importe quelle formation française.

 M. Debroas a-t-il eu raison d'annuler le but de Skoblar à la 14ème minute ?

Rappelons les faits : à la suite d'une reprise de Josip ayant heurté le poteau, Kouba, le gardien angoumoisin se saisit de la balle. Bousculé par le Yougoslave il relâcha le cuir qui échoua au fond des filets.

M. Debroas était donc parfaitement dans le vrai en sanctionnant la foute de Skoblar (lequel d'ailleurs n'a protesté que pour la forme).

La loi est en effet formelle à ce sujet : si l'on veut peut régulièrement charger le gardien de but alors qu'il n'a pas de ballon (ce qui ne se fait que rarement, pour ne pas dire jamais en France), il est, par contre, tabou dès qu'il s'est saisi de la balle.

 Que faut-il penser des quatre buts refusés à l'O.M. pour par l'arbitre ?

Nous venons de parler du premier. Quant aux trois autres, leur non validé eut toujours le même motif : hors jeu. Tout d'abord sur un centre de Magnusson repris d'une tête plongeante par Couecou sur le poteau, Skoblar poussa la balle au fond des filets.

Puis encore sur un centre du Suédois, Kouba gêné par Skoblar en position de hors-jeu, repoussa sur Couecou qui reprit victorieusement.

Enfin en seconde période, Couecou ajouta un nouveau point sur centre de Skoblar, encore entaché de hors jeu. Sur ces trois actions, nous devons reconnaître que le juge de touche avait chaque fois lever son drapeau au départ de l'action.

Il n'y a que sur le second de ces buts que la sanction pouvait paraître sévère, Skoblar au départ ne faisait pas action de jeu. Nous écrivons bien "au départ", car immédiatement après le Yougoslave disputant une balle haute à Kouba, provoqua la faute de ce dernier qui entraîna le but de Couecou.

Quant au penalty réclamé par certains, pour faute de Kouba sur Skoblar, il semble en fait qu'aucun des deux hommes n'ait bien régulièrement joué le coup et qu'ils se soient tenus mutuellement.

Alain PECHERAL 

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