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Résumé Le Provencal

du 16 mars 1972

 

L'O.M. continue, mais...

Les olympiens, qui ont frôlé l'élimination

et le ridicule, battus par MONTLUCON : 0-2 !

MONTLUCON - Nous avons trouvé le printemps à Montluçon sur un stade archicomble une heure et demie avant le coup d'envoi 11.000 spectateurs pour suivre cette agréable compétition sur l'équivalent de 150.000 à Marseille. Pour accueillir ce public inhabituel (le record du stade était de 5.400 personnes) on a dressé des petites tribunes provisoires un peu partout ; l'ensemble donne un cachet champêtre et bon enfant. On est venu pour voir du bon football et une brillante exhibition des champions de France.

C'est certain, la délégation olympienne qui a séjourné en campagne, à 15 km. de la ville, nous a paru très détendue et confiante.

Mais l'équipe ne sera pas tout à fait celle que l'on nous avait annoncé le jour du départ.

Au dernier moment, le numéro 12 été confié à Bonnel, ce qui fait : Carnus, Lopez, Hodoul, Bosquier, Kula, Novi, Le Boedec, Di Caro, Gress, Skoblar, Verdonk.

Douzième homme : Bonnel

L'arbitre M. Peauchet.

À Montluçon, aucun changement.

Ajoutons, alors que les deux équipes entrent sur le terrain, que l'éclairage inauguré aujourd'hui est fort bon et la pelouse très sèche

 ET LA LUMIÈRE NE FUT PAS...

Première constatation tactique : le rôle dit de "libéro" est tenu par Hodoul, Bosquier jouant comme stoppeur.

Les dix premières minutes sont nettement à l'avantage des amateurs, qui débutent plus vite que les "pros" et s'imposent dans la lutte pour la possession du ballon.

Carnus doit donc intercepter un centre dangereux de Drochon et arrêter un tir tendu du petit Villa.

Mais le plus grand danger pour le gardien olympien se situe à la 7me minute, quand Yoboue, seul devant lui, à quelques mètres, rate un centre de d'ailier gauche.

L'O.M. - la chose est banale - a du mal à harmoniser son jeu pour cause de renouvellement de l'équipe.

Mais le premier à craquer est l'éclairage : un pylône déclare forfait à la 12e minute et la partie est interrompue. On demandait l'électricien de service, à défaut de chandelles, pour éclairer le jeu.

 L'O.M. EN CONTRE ATTAQUE

L'interruption n'aura duré que dix minutes. On repart avec un éclairage diminué, mais ce n'est tout de même pas le crépuscule.

Bon, résumons-nous : à la 15e minute le jeu, le gardien de Montluçon, Caruel, n'a pas eu encore un tir à arrêter. Il nous faudra donc attendre trois minutes de plus pour voir le Caruel dégager du poing devant Skoblar... et, agréable surprise, éclairage revenir totalement.

Montluçon fête à sa manière cet heureux événement, en amorçant une excellente attaque, terminée par un centre de la droite, qui va droit dans les mains de Carnus.

Pour résumer la situation, vers la 25me minute, l'O.M. dominé largement au centre du terrain, procède par contre-attaques, mais avec des ailiers jusqu'à présent assez malheureux dans leurs entreprises.

 DEUX RAIDS SOLITAIRES DE DI CARO

Alors que débute le dernier quart d'heure de cette mi-temps et que le scénario n'a pas changé, deux raids solitaires de Di Caro mettent la défense de Montluçon en grand péril. Les deux fois le jeune et véloce ailier olympien rate la conclusion.

À ces deux tentatives répondre un tir de Perigaud, arrêté par Carnus.

Indiscutablement Montluçon joue mieux, même si l'on peut prévoir que l'O.M. finira par marquer l'un de ces buts-surprises habituels en cas pareil.

 43me MINUTE : YOBOUE MARQUE

Eh bien, la surprise, nous avons failli l'avoir (35e minute) mais de l'autre côté.

Sur un centre de Grigolo, parti et passé en position d'ailier droit, Drochon rate la reprise à un mètre à peine de Carnus.

Ouf !

Mais à deux minutes de la mi-temps, sur une attaque collective de toute la ligne d'avants de Montluçon, Yoboue, placé à deux ou trois mètres de Carnus, légèrement sur la droite, conclu un tir foudroyant et inarrêtable.

Montluçon 1 - O.M. 0.

Bien joué et bien marqué.

Pendant cette première mi-temps, nous n'avons vu qu'une pâle caricature de l'O.M. et il est encore heureux que dans les rangs de l'équipe amateur il n'y ait pas eu au moins un tireur inspiré.

 50e MINUTE : UN AUTRE BUT DE GRIGOLO

Nous n'étions pas dans les vestiaires de l'O.M., mais nous devinions ce que Mario Zatelli devait dire à ses joueurs :

" Les petits, si vous continuez à regarder le ballon au lieu de l'attaquer, vous allez vous faire manger tout cru par ces amateurs. Il est temps de réagir".

Voilà sans doute pourquoi l'O.M. reprit le match avec un engagement nettement amélioré.

Petit changement tactique : Bosquier et Novi forment le centre de la défense olympienne, Hodoul devenant le milieu du terrain.

Mais Montluçon va être récompensé de son esprit d'entreprise.

Une nouvelle et foudroyante accélération de son attaque avec Yoboué - Drochon aux commandes prend la défense olympienne de vitesse et Grigolo marque à bout portant.

Montluçon 2 - O.M. 0.

Là-dessus, Desnoy est touché à la jambe par Skoblar. Petite interruption assez houleuse et Bonnel entre à la place de Le Boedec.

 LE TRAVAIL DE BONNEL

L'affaire se complique, maintenant nous sommes à un but de l'égalisation sur les deux matches. L'O.M., à qui cette pénible éventualité n'a pas échappé, semble réagir sur l'impulsion de Bonnel dont la rentrée a été un véritable ballon d'oxygènes, mais ce n'est pas encore le grand O.M. tant s'en faut.

On note tout de même un tir de Novi, qui aurait pu faire mouche s'il avait été dans l'encadrement, et un de Verdonk.

Vingt minutes déjà !

Enfin, l'O.M. refait surface, ne subit plus la terrible pression de son adversaire, et un tir de Bonnel, sur un mauvais renvoi de Carnuel, passe de peu à côté.

Cependant, nous commençons à nous inquiéter pour Skoblar, car s'il continue à faire preuve de mauvais caractère, il finira par écoper un avertissement de plus.

 SKOBLAR SE BLESSE

Mais à la 66e minute, l'égalisation n'aura tenu vraiment qu'à quelques centimètres. Sur coup franc à la limite de la surface de réparation pour Montluçon, le tir de Romier est repoussé par la transversale.

C'est un peu plus tard (75e minute) que Skoblar, en tentant une reprise de volée, frappe le sol et s'effondre. Moment de stupeur dans le stade. On emporte Skoblar derrière le but de Montluçon pour le soigner.

Est-ce grave ou pas ? Nous ne pouvons encore vous le dire.

En tout cas, O.M. joue à dix alors que débute le dernier quart d'heure. Mais Josip revient sur le terrain en boitant. Rien de cassé donc.

 UNE FIN PÉNIBLE

A dix minutes de la fin, alors que Skoblar vient de ressortir définitivement, l'O.M. a une assez belle occasion de sauver l'honneur.

Romier ayant commis une imprudence, vole dans la surface de réparation. Di Caro a le but au bout du pied, mais Carnuel sort et repousse le ballon.

Pendant les dernières minutes, on voit Montluçon tirer ses dernières cartouches devant un O.M. groupé dans sa surface de réparation, pour éviter le pire.

Le pire aura finalement été évité. L'O.M. est qualifié pour les quarts de finale, mais on peut dire qu'hier soir, à Montluçon, Il a joué avec le feu et frôlait le ridicule.

Montluçon 2 - O.M. 0.

Maurice FABREGUETTES

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ZATELLI : "Vous verrez que nous gagnerons la Coupe"

MONTLUCON - Devant un vestiaire olympien ou la plupart des joueurs faisait grise mine, Mario Zatelli avait conservé tout son sang-froid. Il nous dit avec un certain sourire : "Nous ne pouvons pas jouer plus mal que ce soir. A la mi-temps j'ai dit à mes joueurs : "Vous avez été complètement ridicules".

C'est généralement quand on est qualifié en coupe après une partie aussi médiocre que l'on fini par gagner l'épreuve. Je suis superstitieux comme tout le monde. Je voulais faire entrer Bonnel dès la mi-temps mais bien qu'il bouillait littéralement sur le banc des remplaçants, il m'a dit :"Je n'entrerai qu'après le deuxième but. Il est rentré et ce fut pour notre équipe une bonne chose.

Les absences de Magnusson, de Couecou et de Zwunka ont été certes un handicap certain, pour notre équipe, mais pas une excuse.

Avec des joueurs professionnels nous devions tout de même faire beaucoup mieux et je ne m'explique pas le mauvais match presque total de mon équipe.

 SKOBLAR :

"ON VERRA LA RÉACTION DEMAIN"

Bien entendu nous étions préoccupés en premier chef par la blessure de Skoblar. L'avant-centre olympien nous a dit : "On tentait une reprise de volée, je suis tombé et un adversaire m'a piétiné au niveau du genou. Je ne sais pas encore si ce coup aura des conséquences fâcheuses, il faut attendre toujours la réaction qui se produit le lendemain. Attendons donc 24 heures pour savoir si je pourrai tenir ma place dimanche contre Nice.

 YANSANNE :

"JE CROIS QUE JOSIP JOUERA DIMANCHE".

Le masseur olympien l'aimable Yansanne était beaucoup plus optimiste que Skoblar. Il nous a affirmé : "Ce n'est pas aussi grave que l'on aurait pu le croire. Il semble qu'il n'y ait rien de cassé ou de distendu. Certes il faut toujours se montre prudent en pareil cas mais je crois très sincèrement que Josip pourra tenir sa place dimanche contre Nice.

  BOSQUIER :

"CES AMATEURS JOUENT DUR"

Bosquier nous a montré les jambes de ses camarades plus ou moins zébrées de coups et il nous dit "Vous le voyez, ces amateurs eux aussi savent jouer dur et donner des coups".

 M. BODIN (L'ENTRAÎNEUR DE MONTLUÇON) :

"L'O.M. A FAILLI CONNAÎTRE UNE CATASTROPHE".

L'entraîneur de Montluçon, Bodin, était, on le devine, très content de la victoire de son équipe, mais aussi un tantinet déçu par son élimination de la coupe de France.

L'O.M., nous at-il dit, aurait pu connaître hier soir une véritable catastrophe. Avouons-le, il l'aurait largement mérité sur la physionomie de cette seule rencontre. Je suis très satisfait de ce qu'ont fait mes joueurs dans notre style habituel qui est, je le répète, très offensive. Nous n'avons jamais joué ce match pour nous défendre contre des adversaires réputés plus forts, mais pour attaquer et essayer d'arracher la décision. Et vous avouerez que si j'ai été très content de mes joueurs j'ai été très déçu aussi par les professionnels de l'Olympique de Marseille. C'est nous hier soir qui avons donné la leçon de football devant nos 11.000 spectateurs. Je continue à croire que l'avenir du football et dans l'offensive et que certains clubs français commettent une erreur en voulant faire jouer à nos compatriotes un jeu qui devient peut-être à des footballeurs étrangers mais qui ne convient pas aux nôtres.

M.F.

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NOVI et BONNEL, les deux seuls vrais combattants de l'O.M.

MONTLUCON - Quelle belle et horrible première mi-temps ! Belle pour les 11.000 spectateurs et horrible pour les quelques supporters de l'O.M., présents à Montluçon.

Le champion de France, devant une équipe moyennement classée en National, n'a nullement justifié son titre, ni ses prétentions.

Pendant toute cette première mi-temps, nous avons eu le spectacle pénible d'une équipe professionnelle de classe, ballottée dans tous les sens, dominée par son adversaire, et se défendant avec les moyens du bord.

Jamais, depuis plusieurs saisons, nous n'avions vu un O.M. aussi déficient, faisant ainsi pâle figure. C'était presque un gag.

Il est encore heureux, durant cette première période, que l'attaque de Montluçon n'ait pas eu dans ses rangs un tireur de classe ou seulement un peu de chance, car l'O.M. aurait pu être purement et simplement éliminé.

À deux reprises, un joueur de Montluçon se trouva absolument seul devant Carnus et rata un tir apparemment facile.

Certes, il manquait dans cette équipe Magnusson, Couecou le capitaine courageux Zwunka, plus Bonnel, qui n'entra qu'en deuxième mi-temps. Mais cela n'explique pas tout. L'O.M. doit une revanche à ses supporters et à ses amis.

 LES NOUVEAUX N'ONT PAS CONVAINCU.

L'O.M. avait offert une chance à Le Boedec, Di Caro, et Verdonk. Des trois, Di Caro fut le moins décevant.

Certes, il ne pose pas, et de très loin, à son adversaire Buffelard, les problèmes que lui avait posé Magnusson le samedi précédent, mais il eut le mérite de se battre, de tenter sa chance, et si l'O.M. faillit marquer un but, ce fut grâce à lui.

À l'aile gauche, Verdonk passa complètement inaperçu. Il fut complètement muselé par son adversaire direct Zaik, et sa participation collective au match fut à peu près inexistante.

Le pauvre Le Boedec manque visiblement de compétition. En première mi-temps, au milieu du terrain, Il fit de son mieux, mais il se fit trop souvent prendre la balle par ses adversaires montluçonnais.

Nous étions certains, à la mi-temps, que Mario Zatelli ferait rentrer Bonnel.

 LE TRAVAIL DE BONNEL ET DE NOVI

Il est encore heureux que l'O.M. ait eu, hier soir, dans ses rangs deux combattants comme Novi et Bonnel. Pourtant toute la première mi-temps, c'est à dire pendant la période la plus difficile de l'O.M., Novi fut le seul à se faire respecter, à récupérer les balles, à relancer le jeu, à jouer vraiment en professionnel et en champion de France.

Bonnel, quand il rentra, relança de son mieux la mécanique olympienne, alors complètement grippée. On le vit partout. Il posa de nombreuses banderilles mais trop esseulé au milieu du terrain, il ne put permettre à son équipe de sauver l'honneur.

Car, retenez bien cette expression "sauver l'honneur". C'est ce que l'on pouvait souhaiter de mieux, hier, à l'équipe champion de France devant l'adversaire amateurs.

 LES CHANCES DE MONTLUCON.

Nous avons vu, hier, une excellente équipe de Montluçon qui, paraît-il, joue tous les dimanches comme ça en championnat de France.

Une équipe vive, alerte, jouant offensif avec d'excellents footballeurs comme Romier, le meilleur joueur sur le terrain sans doute, le petit Villa, Yoboue, Grigolo et tous leurs autres partenaires.

Cette équipe est passée vraiment, hier soir très près d'une grande performance, d'un exploit qui eut secoué la France sportive. Car, à plusieurs reprises, l'égalisation n'a tenu qu'à peu de choses.

En contrepartie, les quelques tirs de l'O.M. peuvent se compter sur les doigts d'une seule main et Skoblar, mal servi, ne put faire preuve, hier soir, que de son mauvais caractère.

Dommage pour un footballeur de cette classe. Il s'est fait huer par le public, pour quelques gestes qui ne s'imposaient pas.

En fin de rencontre, il s'est blessé tout seul en tentant une reprise de volée. Nous allons aller tout à l'heure aux vestiaires pour savoir ce qu'il en était vraiment.

Mais, en guise de conclusion, on peut dire que l'O.M., hier soir, a déçu le public de Montluçon et que, si le public se retirait tout de même satisfait, c'est à cause de la grande performance de son équipe.

M.F.

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