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Résumé Le Provencal

du 30 septembre 1971

 

HEROIQUE VICTOIRE

Les Marseillais en réussissant le match nul (1-1), éliminent GORNIK DE ZABRZE

Et font une entrée remarquable dans la COUPE D'EUROPE

CHORZOW - M. Pintado, l'arbitre espagnol, à la calvitie prononcée, siffla la fin... les Olympiens, fou de joie, s'embrassèrent sur la pelouse gorgée d'eau tandis qu'autour de nous le choeur d'une centaine de supporters marseillais imposait son champ d'allégresse à une foule de 100.000 personnes soudain muettes.

Nous venions de vivre un moment inoubliable de l'histoire olympienne. Voir l'équipe marseillaise entrée dans sa carrière européenne par une grande et belle victoire au terme d'une longue et dure bataille de 180 minutes.

Prendre l'avantage d'un but à Marseille n'était finalement rien, le conserver sur le stade de Chorzow devant 70.000 supporters encourageant constamment leur équipe, et par un temps épouvantable, fut une aventure indécise et exaltante.

Ce succès fou celui de la volonté et de la classe.

L'O.M. a réussi hier soir, sur cette pelouse glissante, sous une puis lancinante et un éclairage fantomatique, une performance de classe européenne. Il fallait, non seulement avoir la volonté bien trempée, un esprit de corps exemplaire pour contenir l'équipe polonaise pendant les longs moments où elle fit ce que l'on appelle au basket le pressing, mais, en outre, une classe certaine était nécessaire pour calmer et relancer le jeu, et obligé Gomola a autant d'arrêts difficiles que Carnus.

L'O.M. approuvé, hier soir, dans des conditions répétons-le extrêmement difficile, contre une équipe de bonne classe, qu'il avait désormais la pointure européenne.

Mais revenons en arrière.

Un excellent départ olympien. Pour la première fois depuis toujours, O.M. représentait la France à l'étranger. Comme nos 35 confrères venus de Marseille et de Paris, nous étions curieux d'assister à cet événement et, pourquoi ne pas le dire, un peu inquiets.

Vu à travers une armée de parapluies - plutôt mal que bien - le début de la rencontre nous fit franchement plaisir.

On pensait que pendant le premier quart d'heure l'O.M. allait jouer replié sur son but. Tête ne fut pas le cas, presque au contraire.

Marquant une certaine domination au milieu du terrain les Olympiens, avec pourtant un Magnusson assez passif se montrèrent dangereux les premiers.

Un tir de Novi sur coup franc pas contrôlé par Gomola alla heurter la transversale.

Nous vous l'avons déjà dit, hier sur une pelouse glissante les tirs de loin sans toujours dangereux. On allait s'en apercevoir un peu plus tard.

La défense de l'O.M.

fait bonne garde.

Après cette période initiale favorable à un O.M. offensif suivit une longue pression de Gornik, encouragé par les incessantes acclamations de son public.

Au sujet de ce public en fera une remarque : le stade s'est complètement rempli bien après le coup d'envoi et à la mi-temps il y avait environ 70.000 spectateurs.

70.000 spectateurs en plein air, par un temps pareil, il faut le faire.

Revenons au jeu caractérisé pendant une bonne vingtaine de minutes par l'excellente tenue de la défense de l'O.M.

On put croire alors que le 0 à 0 qu'il visait au départ pourrait être obtenu tellement Bosquier, Zwunka, Lopez et Kula faisaient bonne et vigilante garde.

Vous savez déjà qu'un tir au moins 25 mètres de l'arrière Anczok vint troubler ce plan initial.

Carnus et le ballon

fusant.

Autour de nous on s'est demandé si Carnus était responsable de ce but inattendu. Dans une certaine mesure oui, mais il ne faut pas oublier que sur une pelouse mouillée, une balle touchant le sol devient fusant et de ce fait, très difficile à arrêter.

Après ce but donnant l'avantage à Gornik sur les deux matches, changement de scénario comme prévu.

L'O.M. eut une réaction brutale, Gress eut le but de l'égalisation au bout du pied et Gomola stoppa une seconde un second bolide de Novi avant de mettre en point final à cette belle flambée olympienne.

Mais à la mi-temps rien n'était joué, tant s'en faut et tout ce que l'on pourrait dire est que Gomola avait primé Carnus.

On a gagné !

On ne comptait plus que sur un but de Skoblar pour sauver la situation. Il arriva comme prévu alors que l'O.M. recommençait d'attaquer après avoir été dangereusement menacé au début de cette seconde mi-temps.

Autour de nous, nous étions entourés des quelques supporters olympiens présents en Pologne, ce fut vieillir.

"On a gagné ! on a gagné !" et certains d'entre eux voulant sans doute invoquer la bonne mère de façon originale se mirent à chanter l'Ave Maria, cher aux supporters bretons du Stade de Rennes. Mais hier, n'oublions pas, l'O.M. représentait Marseille, mais aussi la France et donc la Bretagne également.

La fin du match ressembla au dernier round d'un combat de boxe quand le champion s'efforce de remonter son retard devant un adversaire mis en confiance et devenu indiscutablement le plus fort. Bref, malgré quelques corners et plusieurs cafouillages, nous n'avons pas tellement souffert et les cinq dernières minutes ne constituèrent pas un suspense insoutenable.

On se rendait compte de notre place que Gornik avait mis un genou à terre devant l'O.M., et les clameurs de l'immense stade s'éteignaient progressivement comme un feu de forêt quand le mistral est tombé.

Ce fut même l'O.M. qui eut les meilleures occasions d'ajouter un nouveau but.

Un grand match

de la défense.

Nous avons déjà écrit que cette victoire fut celle de la volonté et de la classe. Il faut que vous cachiez encore que le match fut le grand combat bien dans le style des épreuves européennes et mondiales au sommet, ce qui veut dire que la lutte pour la possession de balle fut souvent plus importante que les tactiques.

C'est dans ce domaine que l'O.M. a construit le plus efficacement son succès.

Devant Carnus, Bosquier, Zwunka, Lopez, Kula et Novi formant bloc le plus souvent, furent absolument irréprochables et infranchissables.

Que la défense dans son ensemble ait été à la base de cette victoire et une vérité élémentaire.

Bonnel, Gress, Hodoul

et M. Cent pour Cent.

Mais pour avoir rendu à la défense l'hommage qu'elle méritait, il ne faut pas oublier les autres qui comme Bonnel, le meilleur, sans doute, Gress et Hodoul couvrirent un terrain extraordinaire pour être à la fois défensifs et offensifs.

Le cas de Skoblar était particulier. Dans le cadre d'une telle tactique, Josip est le joueur sacrifié, le kamikaze s'il réussit un but ô ! combien capital à une seule véritable occasion franche est la meilleure preuve de son extraordinaire efficacité. Il était, hier, M. Cent pour cent.

On peut toujours compter sur Skoblar dans les grandes occasions. Entré après la blessure de Magnusson, Di Caro prit de l'audace au fil des minutes. Contrairement à ce qui a été dit autour de nous, Gornik ne nous a pas déçu. Ce serait minimisé le succès olympien. En fait, équipe polonaise, sans posséder la super classe européenne, en s'en serait aperçu déjà, forme un très bon l'ensemble qui, hier, n'a eu que le tort d'être contré par son adversaire. Muselé d'abord et dominé ensuite.

Mais gardons-nous de critiquer cette équipe qui somme toute, sur la distance de 90 minutes ne s'est incliné que par un but d'écart.

Un but, vous savez, c'est énorme pour le vainqueur, mais c'est tout de même peu.

Maurice FABREGUETTES

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Le Président LECLERC : "J'avais raison d'être optimiste"

CHORZOW - Nous n'avions jamais assisté, dans les vestiaires de l'O.M., à des scènes de joie aussi délirantes.

Les joueurs, dirigeants et supporters tombaient dans les bras les uns des autres, s'embrassaient et hurlaient des paroles sans suite.

Lucien Leduc, dont on connaît la réserve, explosait littéralement.

Au cours des semaines précédant le match retour, il avait fait preuve d'un optimisme qui n'était pas entièrement partagé par l'opinion publique. Aussi réagissait-il.

- J'avais bien dit qu'il fallait y croire. Pourtant, notre adversaire était de première qualité. Mais nous nous acheminons progressivement vers le niveau international.

"Aujourd'hui, nous avons débuté avec prudence. Elle était de rigueur, car nous nous attendions à un départ rapide des Polonais. La tactique que j'avais élaborée avec Hodoul, en position de faux ailier gauche, m'a donné relativement satisfaction.

"Nous avons pris la mesure de Gornik au fil des minutes, jusqu'à prendre, dans l'ensemble, le contrôle du jeu. Ce qui me plaît dans notre équipe, c'est son calme, sa sérénité. Je ne crois pas exagérer en prétendant que nous méritions de gagner".

Le président Leclercq abondait dans ce sens :

- N'oubliez pas que je m'étais montré optimisme et persuadé que nous allions éliminer Gornik. Je n'ai qu'un seul regret, c'est que nous n'ayons pas gagné. Mais ce résultat peut nous faire beaucoup de bien. Il est d'une importance considérable. Il s'agit d'une étape de la consécration européenne.

Le capitaine Jules Zwunka rayonnait, cherchait des mots capables d'exprimer son allégresse :

- Je crois vraiment que les avants ont prouvé quelque chose ce soir, dans des conditions difficiles et face à un adversaire de qualité. Il m'est impossible de vous décrire notre joie. Il n'y a pas de mots pour cela. Mais nous sommes heureux aussi d'avoir prouvé qu'une équipe française pouvait faire la loi sur le terrain d'un rival de valeur et devant 80.000 spectateurs !

Bernard Bosquier, dans son coin, très entouré, tenait une petite conférence :

- Nous avons fait un match du tonnerre, sans jamais perdre confiance après le but encaissé bêtement par Georges Carnus.

"En revenant aux vestiaires, j'ai dit aux camarades qu'il ne faudrait pas renoncer, même si nous encaissions un second but. Ce sont des matches où il ne faut pas jamais baisser les bras. Et, notre part, nous avons su serrer les coudes".

Jacky Novi intervenait :

- Tout doucement, nous arrivons à ce degré d'excellence qui nous a manqué parfois dans le passé et que, pour ma part, les matches joués avec l'équipe de France m'ont aidé à acquérir.

Nous n'avons jamais vu Josip Skoblar aussi heureux, bien qu'il ait eu une paupière largement fendue :

- Cette fois, je puis le dire, je suis content, très content. Pas seulement parce que nous avons gagné, mais parce que nous avons joué un très bon match et que nous possédons maintenant une très bonne équipe. Je suis sûr que nous pourrons aller plus loin.

Roger Magnusson avait, en revenant de l'hôpital, appris la qualification de l'O.M. Il félicita chaleureusement ses camarades, et ce fut Skoblar qu'il remercia amicalement :

- Bravo Josip, merci pour la voiture !

On sait que leur exploit vaudra ce cadeau aux joueurs marseillais.

Gilbert Gress nous disait :

- Nous sommes heureux d'avoir obtenu ce résultat, et pas seulement pour nous et pour tous ceux qui se trouvaient là, mais aussi pour tous ceux qui sont là-bas, à Marseille.

Les remplaçants Kraft et Couecou avaient trouvé le temps long. Le premier estimait : "L'O.M. est plus fort que Saint-Étienne. Il n'aurait pas tenu le coup dans cette tempête", alors que le second avouait : "Jamais je n'aurais cru notre équipe capable de jouer aussi bien. Sa seconde mi-temps était merveilleuse".

Ce sera, si vous le voulez bien, le mot de la fin.

Louis DUPIC

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L'O.M. maintenant européen

CHORZOW - Quand on entre dans le stade de Chorzow on a peur ! Oui ! C'est une sensation d'angoisse qui nous étreint à la pensée que l'O.M. va devoir se débattre dans une ambiance dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas favorable.

Il pleut ! Un premier argument qui ne plaide guère en faveur des Olympiens. Et puis ce stade immense, rempli d'une foule impressionnante fait office d'un véritable épouvantail.

BOSQUIER SUR LA BARRE

Comme prévu les Polonais n'ont pas attendu beaucoup de temps pour entrer dans le vif du sujet. Dès la 2e minute l'O.M. doit concéder un corner. Quelques instants plus tard Carnus voit passer une tête de Szoltysik au-dessus de sa cage (3e).

Nous avons alors l'impression d'assister à une réédition de la rencontre du stade-vélodrome. Mais bien entendu dans le sens inverse. Cette fois c'est Gornik qui domine. Un fait est cependant rassurant, la défense olympienne semble être à la hauteur de la situation. Les est certes pressée sur ses buts mais ne s'affole jamais.

L'O.M. a donc misé sur la contre-attaque. Et sur l'une d'elles il va être à deux doigts de surprendre son adversaire.

Skoblar abattu par Gorgon obtient un coup franc à 20 m de la cage polonaise. Bosquier le tire en force et la balle touchée au passage par Gomola va s'écraser sur la barre (4e).

DOMINATION POLONAISE

Le premier quart d'heure passé, la pression polonaise s'accentue encore. Une combinaison Szoltysik - Skowronek fait passer le frisson dans les dos des joueurs marseillais. Mais heureusement la balle trop enlevée passe nettement au-dessus de la cage de Carnus (19e). Le jeu lui aussi s'est nettement durci et Skoblar est touché à l'arcade sourcilière dans un choc avec Gorgon. On craint un moment que l'avant-centre olympien ne doive céder sa place. Non ! On lui applique seulement un sparadrap sur la blessure et Josip continue.

Les Polonais aussi d'ailleurs. Un coup franc tiré par Szoltysik, décidément au départ de toutes les actions, se termine sur la tête de l'immense Gorgon, Carnus n'a pas à intervenir car la reprise n'est pas dans l'encadrement (27e).

ANCZOK OUVRE LA MARQUE

Magnusson à son tour est touché. Et visiblement le Suédois n'est plus en mesure de tenir sa place. Les dirigeants marseillais doivent se résoudre à se séparer de leur ailier que l'on n'avait pas beaucoup vu jusqu'ici. Il faut bien le dire.

Di Caro entre donc sur la pelouse. Mais la physionomie de la partie ne change guère.

Un tir de l'arrière Wrazy passe encore sans danger au-dessus de Carnus.

On pense alors que l'O.M. pourra peut-être tenir ainsi jusqu'à la fin. Il faudrait un miracle, mais sait-on jamais ?

Nous en sommes là de nos espérances quand Anczok, un autre défenseur, file à son tour vers les buts marseillais. De 20 mètres, il déclenche un tir apparemment anodin, car il semble que Carnus est sur la trajectoire. Mais le gardien olympien glisse sur le sol mouillé et ne peut s'emparer de la balle qui ricoche sur le fond de ses filets (33e).

L'O.M. après avoir fait front à de multiples situations dangereuses et donc mené à la marque sur un but qu'on peut qualifier de stupide.

Mais il ne faut pas se laisser aller à déception. Les joueurs le comprennent d'ailleurs fort bien. Et ce but paradoxalement, va nous montrer une équipe marseillaise beaucoup plus offensive.

ÉGALISATION DE SKOBLAR.

La seconde période débute sur un ton aussi rapide que la première. Mais cette fois c'est l'O.M. qui obtient un corner (47e).

Va-t-on assister à un exploit de l'attaque marseillaise ? Non ! Car l'interminable Gomola, comme il l'avait démontré à Marseille, est maître dans l'art de boxer la balle. Il écarte danger, du moins pou l'instant.

Carnus est aussi est obligé de faire étalage de son talent en venant cueillir la balle dans les pieds de Szoltysik (50e).

Mais l'O.M. qui n'a pas à renoncer au contraire va être magnifiquement récompensé de ses efforts.

Au départ de l'action, une remise en touche qui va dans les pieds de Di Caro. Ange fort adroitement se débarrasse d'Anczok et centre. La balle parvient sur la tête de Bonnel qui a vu Skoblar sur sa gauche complètement démarqué. Une déviation en pleine course et la reprise de Josip qui laisse Gomola sans réaction (52e).

L'O.M. EN GRANDE ÉQUIPE.

Il reste cependant plus de 35 minutes à tenir pour avoir droit au retour triomphal. Et l'O.M. en l'occurrence va apporter la preuve qu'il est digne de l'appellation de grande équipe.

Après un arrêt de Carnus sur un tir de Sckowronek (77e), Gomola doit son tour stopper un tir de Lopez, puis une tête de Di Caro (74e). Le gardien polonais réalise même un arrêt miracle sur une reprise de Skoblar qu'il arrête sur sa ligne (82e).

Plus que quelques minutes, Zwunka, le capitaine héroïque réalise des prouesses, à l'image de toute sa défense. Il enlève le dernier exploit à Lubanski qui allait se mettre en position de tir (85e).

Encore un raid de Di Caro qui donne de l'air ses camarades. Un corner concédé par Lopez devant Gorgon, une tête de Lubanski à côté. Nous vivons les derniers instants et l'O.M. à la balle.

C'est gagné ! L'arbitre siffle la fin. L'Olympique de Marseille a gagné le droit de jouer le second tourde la Coupe d'Europe. Un grand moment pour le football marseillais !...

L.D.

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"Merci JOSIP"

CHORZOW - Combien de fois depuis qui joue à l'O.M., Joseph Skoblar a-t-il délivré de leur angoisse ses supporters marseillais ?

Nous ne serions le dire.

Ce diable d'homme en tout cas est parvenu à marquer pratiquement autant de buts qui n'a discuté de rencontres sous le maillot blanc.

Exploit peu banal ne pouvant que le désigner aux yeux des foules et des spectateurs provençaux qui lui vouent un culte idolâtre.

Hier encore alors que la situation était compromise - l'avantage pris au Stade Vélodrome ayant fondu sous la pluie fine de Chorzow - Josip était là à point nommé pour redonner l'avantage à son club et rendre l'espoir à ses coéquipiers.

Sa reprise de volée, perçant comme une flèche le coeur de 100.000 Polonais était pour autant de marseillais le plus merveilleux des baumes.

Un "but en or" de plus à l'actif de ce joueur ce prestigieux...

Expression trop galvaudée hélas, pour prendre ici toute sa signification.

Oui, c'est bien de l'or qu'à dans les pieds Josip Skoblar, footballeur d'élite et sportif de race.

Qui donc que Marseille pourrait en disconvenir ?

Nous pensons aux milliers de spectateurs qui l'estomac encore noué par ce match crispant et passionnant, ont dû s'exclamer : "Merci Josip !"

M.F.

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Un télégramme de félicitation

de M. Gaston DEFFERRE

Dès qu'il a appris le résultat du match qu'il avait suivi à la télévision, M. Gaston Defferre a adressé un télégraphe au président Marcel Leclerc :

"Bravo ! Vous demande transmettre chaleureusement félicitations à toute équipe - stop - Tous les Marseillais vous ont suivi hier pendant votre match - stop - Sont fiers de vous - stop - Merci.

Amicalement

Gaston DEFFERRE

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TELEVU

Un spectacle exaltant

Si un match méritait d'être télévisé en direct, c'est bien celui que nous avons vécu hier après-midi, devant notre petit écran.

Rarement spectacle dramatique aura atteint une telle dimension.

C'était du grand art, avec une graduation exceptionnelle dans l'intensité où le pathétique côtoyait à tous coups l'imprévu.

Lorsque l'O.M. égalisa, grâce à un nouveau coup de génie de Skoblar, nos voisins hurlèrent leur joie.

Et nous même eûmes conscience de nous trouver dans un état second lors des cinq dernières minutes, quand les nôtres accrochés à ce match nul leur ouvrant toutes grandes les portes de la victoire luttaient avec ce courage, cette détermination, qualités propres aux meilleurs.

Tout avait pourtant mal commencé.

Des images approximatives ne nous permettant pas de reconnaître avec exactitude les acteurs, une panne de son obligeant Christian Quittet à commenter le match de Paris et surtout onze marseillais long à trouver leur équilibre.

Puis Michel Dhrey revenu avec nous, l'affaire se présenta mieux.

À la 30e minute, on entendit même, dominant le grondement puissant de la cuvette noyée sous la pluie, une trompette lançant des notes qui scandent les actions olympiennes du stade-vélodrome.

Sur le but marqué par Anczok, il nous parut que Carnus n'était pas totalement irresponsable.

Il est vrai que le terrain ou la balle fusait dangereusement n'avantageait pas les gardiens.

Puis Ange Di Caro apparut sur la petite lucarne. À l'improviste et ne pouvant deviner quel joueur il remplaçait puisse à ce sujet le commentateur demeurait muet.

Plus tard, beaucoup plus tard nous apprîmes enfin que Magnusson blessé était sorti.

À la mi-temps, une nouvelle interruption de son nous priva des confidences de Mario Zatelli. Qui ont le su plus tard, gardait espoir.

Et le bon Mario avait bougrement raison.

La deuxième mi-temps en effet, fut excellente.

Ici nous retrouvions l'O.M. que nous aimions, ces onze braves luttant jusqu'à la limite de leur force et souvent avec un extraordinaire brio pour refaire le terrain perdu.

Et ce fut que justice quand Josip, toujours maître de son sujet trouva enfin l'ouverture.

N'oublions pas que la barre transversale avait déjà tremblé deux fois.

Maître du jeu et de son destin, l'O.M. allait prouver par la suite que sa vocation européenne n'était pas usurpée.

Ah ! quel fastueux dernier quart d'heure.

Et nous garderons longtemps en mémoire les images d'après match, celle de l'immense joie d'une équipe digne de son triomphe.

Un bien bel après-midi, en vérité, pour les téléspectateurs.

Et qui en laisse présager d'autres.

Gérard PUECH

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3' : Les polonais attaquent sans ménagement. Sur ce premier corner, la tête de SZOLTYSIK passe au dessus des cages de CARNUS.

4' : Raid solitaire de SKOBLAR, ce dernier est abattu par le rugueux GORGON, à la limite des 18 mètres. BONNEL tire le coup franc mais sa frappe heurte la barre transversale de GOMOLA.

19' : Bonne combinaison entre SZOLTYSIK et SKOWRONEK, mais la frappe trop enlevée passe largement au dessus des buts marseillais.

27' : Sur un coup franc tiré par SZOLTYSIK, le ballon est déposé sur la tête de l'immense GORGON. CARNUS n'a pas à intervenir car la reprise n'est pas dans l'encadrement.

34' : Tir anodin de ANCZOK, le gardien Olympien CARNUS glisse en voulant capter le ballon. Celui-ci termine sa course au fonds des filets Marseillais.

41' : Nouvelle frappe de LUBANSKI, mais CARNUS veille.

53' : Centre de DI CARO, BONNEL dévie la trajectoire du ballon en direction de SKOBLAR dans la reprise en pleine course ne laisse aucune au gardien Polonais GOMOLA.

77' : Les attaquants ne s'arrêtent pas là, GOMOLA doit arrêter un tir de LOPEZ, puis une tête de DI CARO.

82' : Nouveau arrêt réflexe du gardien polonais sur sa ligne, après une reprise de SKOBLAR.

85': Dernier raid des attaquants polonais, LUBANSKI qui avait armé son tir, se voit subtiliser le ballon par le capitaine marseillais ZVUNKA.

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(photo Jacques Fonteneau)

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