OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 28 octobre 1973

 

SERIEUX COUP DE SEMONCE APRES LES PROMESSES DE LA COUPE D'EUROPE

O.M. UN SURPRENANT NAUFRAGE !

BASTIA, irrésistible empoche le bonus (4-0) 

 

Les commentaires

BASTIA - Certes, on savait que l'O.M., qui n'était pas parvenu à gagner un seul match à l'extérieur cette saison, ne serait pas à la fête à Bastia, invaincu sur son terrain depuis vingt-cinq mois. Mais, enfin, l'équipe marseillaise avait donné depuis son nul de Lyon des signes très nets de redressement. On était loin de s'attendre à pareille déroute.

Pour beaucoup, alors que le stade Armand Cesari se garnissait confortablement, il y avait du nul, et même du 0 à 0 dans l'air.

On sait ce qu'il advint de ce prnostic. Résultat : quatre buts bastiais, un but refusé, deux tirs sur la barre..., triomphe pour les hommes de Pierre Cahuzac, la Bérésina pour l'O.M.

Comment pareille catastrophe a-t-elle pu se produire ?

BASTIA À L'ABORDAGE

On avait présenté, en se référant aux statistiques, la rencontre comme un duel entre l'attaque de l'O.M. - la première de France (mais qui ne présentait sans Skoblar) et la défense de Bastia, classée seconde.

Pourtant, le football a souvent de ces paradoxes ! Les premières passes d'armes nous montraient la "petite" attaque bastiaise menant l'assaut d'un bastion marseillais, dont les défenseurs à l'exemple de Bracci face à Giordani, devaient parer au plus pressé pour éviter le pire.

Le pire il survenait justement à la fin du premier quart d'heure, tout à l'avantage des locaux, sous la forme d'un petit coup de tête de Broissard prolongeant un coup franc accordé à la suite des 'nombreuses fautes de Bracci. Cela situe alors les limites de l'attaque bastiaise qui, tout en remuant beaucoup, avait déjà laissé à ce même Broissard le soin d'inquiéter Carnus par un tir appuyé des 25 mètres bien détourné par le gardien marseillais.

PAPI COMME SKOBLAR !

Après avoir récolté le fruit de ses efforts, Bastia soufflait un peu, et inquiétait même ses supporters, car l'O.M. refaisait surface. Pas pour longtemps, car Papi réalisait alors un véritable exploit technique : il lobait Le Boedec, son garde du corps, en pleine course et reprenez la balle au bond, décochait un tir terrible repoussé par Carnus, mais repris de la tête par le petit Zimako, plus vif que les défenseurs marseillais.

Pour Bastia, follement encouragé par son public, c'était désormais la course au bonus. Un véritable bombardement du but marseillais, après un peu plus d'une demi-heure de jeu, était parachevé, à la suite d'un trop faible renvoi, par un tir en biais à ras de terre de Papi qui trompait Carnus pour la troisième fois.

Le jeu du stratège bastiais, à la suite des deux prouesses techniques dignes de Skoblar, avait bien mérité de donner le fameux troisième point à ses couleurs.

Le reste n'était plus qu'une formalité.

SANS COMMENTAIRE

Cette énumération des faits suffit à faire comprendre, sans commentaire superflu, que l'O.M. fut hier soir pris de court, pris de vitesse, pris à la gorge, taillé en pièces par un adversaire qui en voulait terriblement et qui ne le lui laissait pas, en dehors d'un bref temps de récupération, sortir la tête de l'eau, tant qu'il n'a pas atteint son but.

Course fole, grande chevauchée dans de vastes espaces vides, engagement permanent des défenseurs, telles furent les armes du S.E.C.B., qui pratiqua un très beau football, rapide, vif, inspiré, digne de la tête du classement, car jamais l'O.M. ne paru autant à la peine qu'hier soir à Furiani.

UNE DÉFENSE INQUIÉTANTE

Après avoir chanté comme il convenait les louanges de l'équipe drivée par Pierre Cahuzac, il nous faut maintenant faire le procès de l'O.M., ou plutôt de sa défense, qui accumula les fautes.

C'est ainsi que Broissard, auteur du premier but, ne fit qu'effleurer la balle de la tête seul devant Carnus.

Zimako, pour marquer le second, domina des hommes qui mesurent dix bons centimètres de plus que lui. Une série de renvois "cafouilleux" permit à Papi de marquer le troisième.

Enfin, cette malheureuse défense, découragée, laissant sans opposition Zimako obtenir le quatrième but, comptant plus sur le juge de ligne que sur ses propres moyens pour arrêter le couronnement.

oVilà qui ne manquera pas d'inquiéter fortement l'opinion marseillaise en même temps que l'état-major du club, non seulement en vue de la suite du championnat, mais dans l'optique du match de Coupe d'Europe à Cologne, qui nous effraie de plus en plus.

Louis DUPIC

----------------------------------------------

Ils disent

Joseph BONNEL, déçu :

"Tout est à refaire"

Nous avons trouvé un silence pesant à notre arrivée dans les vestiaires marseillais. Joueurs et dirigeants avaient ressenti jusqu'au plus profond d'eux-mêmes cette nouvelle défaite.

Le président Gallian essayait le premier d'analyser cette contre-performance :

"C'était un jour sans, nous a dit le premier responsable olympien. Je ne vois pas d'autre raison à apporter à ce score vraiment sévère. Tous nos joueurs étaient amorphes, sans jus, sans tonus. Décidément, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Je croyais pourtant que notre équipe avait amorcé son redressement. Eh bien, maintenant, tout est à refaire. Je ne peux pas dire ce soir qu'un seul joueur ait ressorti dans notre formation. Je me demande alors si le match de Cologne n'a pas pesé lourdement dans les jambes. Quoi qu'il en soit, nous n'avons jamais rien tenté pour mettre en difficulté la défense bastiaise.

Quant à notre adversaire, je reconnais qu'il a effectué une première mi-temps extraordinaire, facilité, il est vrai, par notre passivité. Enfin, en seconde période, les Bastiais ont nettement baissé de rythme, mais le résultat pour eux était déjà pratiquement acquis."

BONNEL : "NOUS TÂCHERONS

DE TROUVER LES RAISONS"

Joseph Bonnel, lui aussi, ne cherchait pas à cacher sa profonde déception.

"Je pense, nous disait l'entraîneur, que nous n'avons pas abordé cette rencontre avec la vue du score, on prétendra peut-être que notre défense a mal joué. Mais je tiens à signaler que ces mêmes joueurs s'étaient montrés sous leur meilleur jour lors de leur rencontre avec les Allemands. Alors, je ne comprends pas cette différence de régime. Nous tâcherons de nous expliquer ensemble, de trouver les raisons, et, si possible, de remonter une nouvelle fois le courant. Il est possible, par ailleurs, que les joueurs aient été fatigués, avec les violents efforts de ces derniers temps. Je vous le répète, nous nous efforcerons tous d'analyser cette défaite. Il ne faut tout de même pas se décourager".

Mario Zatelli, lui, apportait son explication à cette large victoire bastiaise :

"Je vois, pour ma part, trois raisons, nous dit-il, à notre contre performance. Tout d'abord, le match de Cologne a laissé des traces dans l'organisme de nos joueurs. Ensuite, la modification de l'équipe n'était pas faite pour arranger nos affaires. L'absence de Skoblar a obligé en effet Franceschetti à jouer à un poste qui n'était pas le sien. Et, comme vous le savez, Georges, notre capitaine, a également beaucoup manqué dans le compartiment intermédiaire. Enfin, il faut bien le reconnaître, nous avons toujours une certaine appréhension en venant à Bastia. Les Corses ont toujours prouvé qu'ils étaient un adversaire difficile. Ce soir, ils viennent de le confirmer de brillante façon. Tout au long de ce match, ils ont donné l'impression de compter dans leurs rangs, deux joueurs de plus. Mais, comme vous l'a déjà signalé Joseph Bonnel, il ne faut pas se laisser aller au découragement."

MAGNUSSON :

"L'ARBITRE A ÉTÉ SÉVÈRE "

Nous sommes allés ensuite trouver Roger Magnusson, qui avait eu plusieurs démêlés avec l'arbitre. Le directeur de jeu lui à même donnait un avertissement.

"Je n'avais pourtant pas commis, nous affirma-t-il, une faute bien cette sévère. Je faisais simplement remarquer à M. Coquerille que le ballon était sorti en corner. C'est tout. Quant à la rencontre, et à notre large défaite, elles confirment une fois de plus qu'il est bien difficile de s'imposer à Bastia. Depuis une certaine finale de Coupe de France, les Bastiais mettent un point d'honneur à prendre leur revanche. Le moins qu'on puisse dire est qu'ils y sont parvenus".

Bosquier, d'autre part, avait dû quitter le terrain pour céder sa place au jeune Albert Emon.

"J'avais mal aux jambes, nous a dit Bobosse, et il y a mieux valu que je regagne les vestiaires".

- Mais comment expliquez-vous que l'O.M. ait été dominé à ce point ?

- Nous avons encaissé deux buts d'entrée, nous a répondu Bernard. Bastia a donc été mis tout de suite en confiance et ensuite il nous était impossible de revenir devant un adversaire euphorique.

Bracci estimait pour sa part que l'O.M. avait été trop défensif : "Nous avons trop joué dans notre camp, affirmait-t-il. Dans ces conditions, il était normal d'encaisser des buts. D'autant que ce soir, nous n'étions pas en forme, alors que notre adversaire bastiais était, lui survolté.

C'était un peu l'opinion de Kuszowski : "En jouant la défense à outrance, nous a dit l'ailier gauche, nous n'avons jamais été en mesure de développer une attaque convenable. Nous avons mal occupé le terrain. Cette défaite est surtout la faillite d'une tactique".

Raymond Keruzore nous signalait que le terrain de Bastia ne lui convenait guère :

"J'ai déjà joué deux fois avec Rennes sur cette même pelouse, rappelait-il. Et dans les deux occasions, nous avons encaissé quatre buts Comme ce soir. Je dois ajouter pourtant que si nous avons mal joué, Bastia, de son côté, a eu un maximum de réussite".

L'opinion de Georges Franceschetti qui, on l'imagine, était peut-être le plus déçu de tous :

"Je n'arrive pas à comprendre, nous disait-il, avant de passer sous la douche : Je croyais pourtant que l'O.M. était bien reparti. Mais ce soir Bastia, incontestablement, en voulait plus que nous. Il fallait tenir au moins pendant une demi-heure. Nous n'avons pas réussi à contenir tous nos adversaires. C'est dommage, car il s'agissait bien là d'un match qui ne fallait pas perdre.

"Je suis un peu de l'avis de Bonnel. Après notre victoire sur Cologne, nous nous sommes trop décontractés. Il nous reste maintenant à réagir de la façon qu'il convient".

Jean FERRARA

----------------------------------------------

CAHUZAC : "Un bon match d'ensemble"

Si l'entraîneur bastiais ne s'était pas montré extrêmement satisfait au terme du match que l'équipe avait joué contre Sochaux, qui, devait-il nous dire, n'avait tenu que vingt bonnes minutes, son jugement différait sensiblement hier.

"Si le succès nous comble tous ce soir, je dois surtout mettre à l'actif de mon équipe un bon match d'ensemble. Elle a réussi une première mi-temps étincelante et pris l'O.M. de vitesse. Sans doute le jeu se ralentit-il légèrement en seconde mi-temps, mais les joueurs pensaient déjà au match de mardi à Metz.

"Ainsi Giordani, Zimako, Kanyan et Papi baissèrent-ils de pied, mais ce fut intentionnellement de leur part. Je pense même que, s'ils avaient joué sur le même rythme jusqu'au bout, le score aurait pu être plus lourd pour Marseille, sans qu'on eût à crier au scandale.

"Mais ne soyons pas trop gourmands, car c'est déjà bien ainsi. Je ne m'attendais pas à une victoire aussi aisée, quand bien même j'aurais été confiant avant le match en ce sens. Et, je le souligne en toute objectivité, l'absence de Skoblar a diminué considérant dans la ligne d'attaque marseillaise.

"Il nous reste maintenant à persévérer dans cette voie, car, jusqu'ici, les bonnes performances ont alterné avec des "trous" bien incompréhensibles".

Quant à M. Paul Natali, le président bastiais, il ajoutait :

"Que peut-on demander de plus ? L'équipe a fourni un excellent match sur le plan technique, qui a dû plaire au public, et s'est imposée sans équivoque.

"Un bon résultat à Metz compléterait cette magnifique soirée".

Une soirée que les supporters bastiais ne sont pas près d'oublier !

Dominique FIGARELLA

----------------------------------------------

----------------------------------------------

Le fait du match

La révélation de ZIMAKO

Quand nous écrivons révélation, cela signifie évidemment, pour nous Marseillais. Car les Corses n'ignorent rien, depuis longtemps, des qualités surprenantes du jeune Calédonien.

Souple comme une liane, vif comme la poudre, au jeu tout en finesse et aussi rapide que son ami Kanyan, dont il ne possède pas encore la puissance, cela ne l'empêche pas - les Marseillais l'ont constaté à leurs dépens - de marquer des buts et de se comporter comme son aîné, en véritable poison pour une défense.

Ni plus grand, ni plus lourd que l'Antillais Félix Lendo, Jacques Zimako est âgé de 21 ans. Il paraît évidemment promis à un très bel avenir et sera un redoutable client lorsque, avec un peu plus de poids, il aura acquis la constante qui lui manque encore.

Tel qu'il est, il me paraît avoir facilement sa place dans une sélection des Espoirs, en attendant mieux, si on ne l'oublie pas dans son île comme on le fit à tort de Marc Kanyan dans le passé.

L.D.

----------------------------------------------

Le match en bref

Cavalier seul des Corses

BASTIA - L'O.M. a été sévèrement battu hier soir à Bastia et, à dire vrai, l'équipe marseillaise n'a jamais réussi à sortir de sa coquille, permettant ainsi à son adversaire d'effectuer un véritable cavalier seul.

Le premier but fut marqué sur un coup franc donné par Giordani qui trouva au centre de l'attaque marseillaise la tête de Boissard : Carnus ne put tenter la moindre intervention avant que le ballon secoue, pour la première fois, les filets.

Les Bastiais allaient aggraver le score sur un tir de Papi, repoussé par Carnus. Mais Zimako survint et, de la tête, encore, ajouta un 2e but (24e minute).

Papi, avant la mi-temps, allait ajouter un 3e but sur un mauvais renvoi de la défense marseillaise ; et surgissait en force et trouver encore le coin gauche de la cage marseillaise (33e minute).

Après la mi-temps, on pensait que l'O.M. allait quelque peu réagir : au contraire, ce furent les Bastiais qui continuèrent une folle sarabande.

Une action de Kanyan mit Zimako en excellente position de tir ; la défense marseillaise croyant au hors jeu, marqua un temps d'arrêt. Zimako en profita pour marquer un 4e but, comme à la parade (47e minute).

À signaler encore que Broissard marqua un but refusé pour hors jeu préalable et Zimako, en première mi-temps, avait écrasé un tir sur la barre (41e minute).

On voit donc que la défaite marseillaise ne souffre d'aucune excuse.

L'O.M., hier soir, a été dominé par un adversaire beaucoup plus volontaire, et qui, de toute évidence, a voulu sa victoire. Ainsi donc, après avoir donné beaucoup d'espoir à leurs supporters, les Olympiens, hier soir, ont connu une cruelle déception.

C'est dommage, à un moment où cette équipe marseillaise avait donné l'impression de vouloir remonter la pente.

J.F.

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.