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Résumé Le Provencal

du 17 mars 1974

 

L'O.M. réagit à LENS : victoire et bonus !

Deux buts d'EMON, un de SKOBLAR ont fait la différence

 

LENS - Personne n'y croyait. En quittant Marseille, nous avions dit par plaisanterie, à nos amis de la rédaction : "Préparez un gros titre : l'O.M. prend le bonus à Lens. "Eh bien cette plaisanterie est devenue réalité sur la pelouse extrêmement lourde du stade de Bollaert.

Le moins que l'on puisse dire, à la fin de cette soirée désormais historique, est que si l'O.M. a eu un peu de chance, il a bien mérité de cette chance.

On a rien sans rien et c'est à la révolte de toute une équipe que nous avons assisté hier soir à Lens. Une équipe qui a commencé par se battre de façon exemplaire, sans perdre son sang-froid, et qui a su profiter des moindres occasions pour contre-attaquer et conclure.

Cette équipe saison, équipe lensoise aura valu à l'O.M. ses deux plus belles victoires, toutes les deux avec bonus. La première au Stade Vélodrome par 5 à 2, et la deuxième hier soir.

 EMON ET SKOBLAR ONT

FRAPPÉ LES PREMIERS

Le football n'a jamais été une science exacte. Quand, dès la cinquième minute, un tir d'Elie ricochant sur le dos d'un défenseur olympien, permit à Lens de prendre l'avantage, on se demanda si l'O.M. n'allait pas au devant d'un nouveau désastre extérieur.

Mais ce but ne modifiera en rien les données d'une partie, surtout conditionnés par l'état de la pelouse et le don rare que semble avoir l'arbitre M. Coquerille, d'énerver les joueurs plutôt que de les calmer. Donc dans une partie hachée par les décisions intempestives de l'arbitre, et les multiples glissades ou erreurs des joueurs ayant du mal à conserver leur équilibre, l'O.M. continua à occuper rationnellement le terrain, se laissant légèrement dominer, mais profitant de toutes les occasions pour contre-attaquer.

Et deux fois ses contre-attaques furent payantes. À la 20me minute, Leclercq, dont on voyait la grande carcasse et la chevelure blonde un peu partout, récupéra le ballon sur un contre. Une passe à Skoblar qui appelait le ballon sur la gauche et d'une pichenette donnée au moment idéal, Josip trompait Lannoy en finesse.

C'était une égalisation qui mettait du baume au coeur des quelques supporters olympiens noyés dans la masse des spectateurs lensois.

Dix minutes plus tard, alors que le jeu s'était équilibré, Emon sprinter balle au pied sur la gauche et centrait dans sa foulée. Le ballon prenait en effet curieux au contact de la pelouse et trompait le malheureux Lannoy une deuxième fois. Ce deuxième but olympien était le pendant du premier but lensois.

 À EMON LA CONCLUSION

On s'attendait, en deuxième mi-temps, à une chaude réaction lensois. C'est très exactement ce qui se produisit, mais contrairement à ce que nous avions vu autrefois à Nancy, par exemple, l'O.M., s'il n'avait pas toujours la maîtrise du ballon, ne perdait jamais le nord. Il se défendait de façon très lucide, ne dégageant au petit bonheur la chance que quand la chose était absolument indispensable.

Mais une fois encore on allait s'apercevoir que le football, dans ses résultats, tient souvent à peu de choses.

À la 57e minute, tout le stade debout crut que l'égalisation était assurée. Déjà les applaudissements commençaient à crépiter.

Bousdira, entré à la mi-temps, était seul balle au pied à quatre ou cinq mètres au plus de Carnus, de face. Comment s'y prit-t-il pour faire passer le ballon par-dessus la transversale ? Il doit se le demander encore. Mais une dizaine de minutes plus tard, alors qu'il n'y avait nul danger en la demeure olympienne, un nouveau tir d'Elie ricochait au passage sur la tête de Trésor qui prenait Carnus à contre-pied : 2 à 2. On se prit alors à penser : "A qui le bonus ?"

Eh bien, si ce ne fut pas sans mal, c'est à l'O.M. qu'il revint. Sur un vrai et fulgurant tir d'Emon cette fois, mais à la suite d'un d'une contre-attaque olympienne qui vit le ballon passer par les pieds de Leclercq, de Buigues et puis de Skoblar, dans un mouvement fort bien orchestré. Sans doute s'agissait-il d'une des rares offensives olympiennes de cette mi-temps contre une nette domination lensoise, mais il faut reconnaître que le coup était magnifiquement joué.

 UNE VICTOIRE QUI SAUVE L'O.M.

Il est bien évident que les trois points pris hier soir à Lens ont pratiquement sauvé l'O.M. Grâce à cette avance, l'équipe olympienne qui a désormais prit confiance en ses moyens possède un avantage assez important sur ses adversaires.

Cette victoire, qui fera le plus grand plaisir à tous les supporters, marseillais et aux nouveaux dirigeants de l'équipe, s'est manifestée au moment ou elle était le plus utile.

Alors que depuis un certain temps, on parlait des structures nouvelles de l'O.M., c'est un O.M. mieux structuré sur le terrain qui a remporté sa première grande victoire depuis le début des matches retour.

Tous les joueurs ont contribué à ce succès, mais on accordera la part la plus importante à Leclercq qui, dans des conditions très difficiles, se conduisit en stratège clairvoyant : au jeune Emon, qui sut frapper deux fois au moment opportun, et ensuite toute la défense bien groupée autour de Trésor.

Il ne faut rien exagérer. L'O.M. n'est pas redevenu la grande équipe qu'il fut il y a deux saisons, mais cette belle victoire à l'énergie au courage a prouvé que l'équipe actuelle valait sans doute mieux que son mauvais classement.

Il lui suffit de croire en elle, et l'on peut espérer qu'elle fera une fin de saison remarquable.

Au moins à son niveau.

Maurice FABREGUETTES

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Ils disent

ZVUNKA : " Bravo les gars"

Il y avait longtemps que nous n'avions pas vu une telle ambiance dans les vestiaires marseillais.

Cette atmosphère joyeuse, vécue hier soir, nous rappelait un peu ses fameuses soirées où la grande équipe de l'O.M. parvenait à régner en maîtresse sur les terrains adverses. Le premier Olympien que nous avons interrogé était Mario Zatelli qui, curieusement, tenait dans la main un marteau qui avait servi, auparavant, à régler les chaussures des joueurs. L'accompagnateur n'était donc pas belliqueux, un énorme sourire ornait même son visage : "Enfin, nous dit-il, je crois que l'équipe recommence à voir le jour. Cette fois, j'espère que le spectre de la deuxième division a été complètement chassé".

Jules Zvunka, lui aussi, ne trouvait pas grand-chose à dire auprès cette brillante victoire de ses hommes, tant il était encore sous le coup d'une grande émotion.

"Bien sûr, je suis satisfait, nous lança-t-il pour répondre à notre question, mais avant tout je suis content pour les gars, et, bien sûr, pour le club. Cette victoire permettra à la nouvelle équipe dirigeante d'entrer en service dans les meilleures conditions possibles".

"Et dire, poursuivait l'entraîneur, que les buts lensois ont été obtenus un peu avec notre complicité ! Les deux balles que Elie parvint à mettre hors de portée de Carnus avaient été déviées chaque fois par un de nos défenseurs. C'est justement à ce propos que je tiens à féliciter tous les joueurs, ils ne se sont jamais découragés. Ils ont joué un match sérieux, plein, tout en observant les consignes que je leur avais données avant le match.

"Je leur avais demandé notamment de varier la plus possible leurs actions, décidé de passer par les extérieurs pour mettre la défense lensoise hors de position. Tous se sont appuyés sur une défense solide et sur un milieu de terrain qui, cette fois, a rempli son office à merveille. Bosquier, dans l'entre-jeu, a été remarquable. Le Boedec et Leclercq eux aussi ont tenu leur rôle en ne souffrant d'aucun reproche. Quant à attaque, vous l'avez vue, elle est parvenue à marquer trois buts sur terrain adverse. Ce sont autant de bonnes raisons qui me permettent d'espérer. Je pense maintenant que notre club, auquel on vient de donner de nouvelles structures, ne sera pas obligé de partir à zéro la saison prochaine.

L'ANNIVERSAIRE DE SKOBLAR

À RETARDEMENT

On sait que Josip Skoblar a fêté son anniversaire mercredi dernier, au cours du match contre Lyon. Malheureusement, il n'avait pas eu beaucoup de réussite. Hier soir, en revanche, il a donné beaucoup de fil à retordre à la défense lensoise en marquant le premier but et en déviant du bout du pied le centre d'Emon qui permit à l'O.M. de prendre l'avantage.

"J'ai donc fêté mon anniversaire avec quelques jours de retard, plaisantait le Yougoslave. Cette victoire va nous réconforter. Maintenant il s'agit de continuer sur la lancée.

Mais si notre équipe avait des raisons d'être inquiète pour l'avenir, c'est trois pris ce soir sur le terrain de Lens nous autorise toutes les espérances."

Albert Emon, quant à lui, était beaucoup entouré après sa remarquable partie.

"J'ai tenté ma chance, nous a dit, et je crois que cela ne m'a pas ma réussi. Nous avions pourtant des conditions difficiles au départ de cette rencontre. Le public, vous l'avez vu, était tout acquis à la cause de nos adversaires. Cela ne nous a pas empêchés de croire à notre propre chance. Finalement notre détermination à tous a été payante".

Le Boedec, dans le père avait fait tout exprès le déplacement de Paris pour suivre la partie, participait, bien sûr, à la joie générale.

"Cette fois, dit-il, je crois qu'avec tous mes camarades nous avons enfin eu confiance en nos moyens. C'était un peu ce qui nous avait manqué contre les Lyonnais".

Enfin, M. Vernet, le nouveau secrétaire général de la société olympienne, nous a donné son point de vue de dirigeant.

"Ce qu'il faut dire, je crois, après cette partie, dira-t-il, c'est que tous les joueurs ont montré, ce soir, leur volonté de se sortir d'affaire ; ils ont été en grande équipe où pas beaucoup d'adversaires ont réussi à s'imposer.

"Cette victoire est une excellente affaire pour le club tout entier et notamment pour la nouvelle équipe de dirigeants que je représente ce soir, et qui va sans doute accueillir avec satisfaction ce brillant comportement de tous les joueurs. Lundi, nous devons tenir, avec M. Meric, une réunion pour établir en quelque sorte un nouveau programme et procéder aussi à la passation des pouvoirs avec les anciens dirigeants. Le moins qu'on puisse dire est que cette réunion se fera à mon avis dans l'allégresse générale. L'O.M. est donc reparti du bon pied. Souhaitons que ce premier bonus à extérieur soit pour nous la première pierre d'un édifice solide et durable".

Oui, depuis bien longtemps la délégation olympienne n'avait pas été dans de telles dispositions morales. Même pour l'observateur que nous étions ce climat faisait plaisir à voir.

Jean FERRARA

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M. Fernand MERIC, comblé :

"J'avais la ferme conviction qu'on gagnerait à LENS !"

23 heures, samedi soir. Depuis de longues minutes, le téléphone du domicile de Fernand Meric sonne occupé. Le président du Comité de gestion n'a plus une minute à lui depuis la nuit de vendredi, quand il a été plébiscité par une assemblée extraordinaire enthousiaste.

Au bout de vingt appel, la sonnerie retentit enfin.

- Allô, président, toutes nos félicitations pour cette victoire avec bonus !

- Merci, mais je vais peut-être vous surprendre, j'avais la ferme conviction qu'on gagnerait à Lens ! Pourquoi ? Eh bien parce qu'on a de la veine.

M. Fernand Meric poursuit enthousiasme : "L'autre jour, j'ai eu au bout du fil Jules Zvunka. Vous savez le mot qu'il m'a dit à propos de mon élection. Et je lui ai dit le même au sujet du déplacement à Lens. Ça a marché. C'est ça le pot. Mais depuis des bonds de trois mètres !"

Il faut y croire et y croire encore. Le suspense à été long à l'écoute de la radio. Mais même lorsque les Lensois ont égalisé, j'ai gardé un grand espoir. Avec la foi, on soulève les montagnes. Et cette fois, nous voulons mes amis et moi la communiquer à tous les sportifs marseillais. Tenez, je vous fais le pari que nous saurons 25.000 au stade contre Bastia.

Encore un aveu. Je viens d'entendre passer sous mes fenêtres trois ou quatre voitures klaxonnant comme aux plus beaux jours. Et ça vous fait chaud au coeur. Le championnat à mes yeux et une course d'obstacles. Nous avons franchi le premier en beauté et nous essaierons de sauter les autres avec le même brio.

A Marseille, la passion n'existe plus. Il faut désormais tout mettre en oeuvre pour redonner à tous les supporters leur joie de vivre.

Dimanche, je serai le stade pour féliciter Jules et ses hommes.

Pour moi, ce samedi soir restera comme un des plus beaux moments de ma vie.

Quelques instants plus tard, le président Meric venait sabler le champagne de la victoire avec nos amis typographes. Il ira accueillirent aujourd'hui l'O.M. à Marignane. C'est parti ! Et bien parti.

Gérard PUECH

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

PREMIÈRE QUESTION :

- L'élection d'un nouveau comité de gestion à l'O.M. est-il à l'origine de cette victoire ?

R. - Avant la partie, nous avons posé à Jules Zvunka la question suivante : "Etes-vous content de l'élection de ce nouveau comité et pensez-vous que cela puisse avoir une heureuse influence sur le comportement de l'O.M. ?

Il nous a répondu avec le sourire : "Je suis extrêmement heureux et les joueurs aussi que l'O.M. ait enfin trouvé son équilibre et que nous ayons maintenant devant nous un seul interlocuteur valable. Cependant, j'ajouterai que pendant cette période révolutionnaire, on nous a laissé travailler en paix et que, ma foi, nous avons apprécié cette tranquillité. Je ne pense pas, en tout cas, que cette élection puisse avoir sur l'équipe l'effet d'un choc psychologique. Si nous devions gagner ce soir, ou obtenir le match nul, je crois que c'est au sérieux des joueurs et au travail que nous avons fourni pendant toute, cette nouvelle période que nous devrions ce bon résultat".

DEUXIÈME QUESTION :

- Emon a justifié les espoirs que l'on est en lui ?

R. - Pour une fois - qui, nous espérons-le, deviendra coutume - le jeune Emon a fait preuve de culot. Sa classe, son aisance technique étaient bien connues de tous, mais jusqu'à présent on lui reprochait de douter de lui, de ne pas prendre de risques. Hier soir, jouant à la pointe d'une équipe procédant par contre attaque, c'est-à-dire dans des conditions assez difficiles, il sut deux fois tente rsa chance de façon franche et décisive.

Si ce jeune homme pouvait continuer à avoir confiance en ses moyens qui, on le sait, sont grands, le problème d'un futur ailier pour l'O.M. serait d'ores et déjà résolu.

TROISIÈME QUESTION :

- Que faut-il penser de Leclercq ?

R. - Après une excellente période au cours de laquelle on avait même baptisé le "patron" de l'O.M., Leclerc avit connu des basses eaux.

Hier à Lens, se retrouvant sans doute dans le climat de sa jeunesse, il a étonné tous nos voisins. Certains, en cours de match, l'ont même comparé à un autre Nordiste bien connu qui s'appelait Théo. Durant toute la partie, il conserva son calme, ce qui était extrêmement précieux au cours de cette rencontre disputée parfois de façon fort décousue. En tout cas, le meilleur jeu de l'O.M., le seul jeu constructif, passa par ses pieds. Nous pensons que Leclercq devra rester en position de numéro 10 étant donné que Skoblar ne porte ce numéro que par superstition.

Maintenant dernière question :

- Que peut-on penser de l'O.M. après cette victoire ?

R. - Nous téléphonons avant de connaître les autres résultats de la journée, mais il est bien certain que ces trois points sont très précieux pour l'équipe olympienne. Il lui reste encore huit matches à jouer, et nous pensons qu'une dizaine de points en plus - ce qui n'est pas impossible - devrait lui permettre de se tirer complètement d'affaires. En tout cas, c'est un grand pas de fait vers le salut et l'on peut croire que cette équipe a trouvé hier soir à Lens des raisons de croire en son avenir.

M.F.

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Le fait du match

Le bel allant retrouvé

Cette fois, nous ne ferons aucune réserve, et pour cause, sur cette brillante victoire de l'O.M. L'équipe tout entière à jouer hier soir un match sérieux, plein, sans faute. Une partie que nous avons vu souvent réalisée par l'ensemble marseillais du temps de sa gloire. C'est dire si les protégés de Jules Zvunka ont joué leur meilleur match de la saison à l'extérieur, et rassuré les supporters, tout en méritant les plus vifs éloges.

Autant la partie contre Lyon ne nous a pas tellement convaincus, autant celle d'hier soir tout permet aujourd'hui de dire que l'O.M. est en mesure de se faire respecter jusqu'à la fin de la saison, et par la même de conserver sa place parmi l'élite du football français. Tous les joueurs, un à un, de Carnus à Emon, ont joué une partie remarquable. Alors, le fait du match sera bien ce bel allant retrouvé de l'ensemble marseillais. À signaler que la défense, cette fois, ne fut pas seule à tirer son épingle du jeu. Dans le compartiment intermédiaire, Bosquier, Leclercq, Buigues, Le Boedec, ont joué avec une maîtrise digne d'éloges. Quant à l'attaque, on sait qu'elle parvint à marquer trois buts. Le mérite certes, en revient à Skoblar, mais surtout au jeune Albert Emon, qui a produit hier soir une excellente impression sur tous les spectateurs du stade Bollaert.

J.F.

SOWINSKI : "L'ARBITRE NOUS A GUÈRE FAVORISÉS"

Dans le camp lensois, l'ambiance était, bien sûr, tout à fait différente. Les joueurs étaient déçus pour la tournure des événements et accusaient de plus le directeur de jeu de ne leur avoir guère facilité la tâche. L'entraîneur Sowinski, tout en rendant hommage aux adversaires, nous disait :

"C'est vrai que les joueurs marseillais, dont on soulignait plus ou moins la baisse de régime, mon favorablement impressionné ce soir"

 

 

 

 

 

 

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