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Résumé Le Provencal

du 02 décembre 1974

 

Inquiétant : toujours pas d'attaque à l'O.M.

La défense marseillaise intraitable devant le Red-Star (0-0)

SAINT-OUEN - Brossons un rapide tableau de la situation. Avant le coup d'envoi de ce Red Star - O.M., la situation était simple à défaut d'être claire.

Les Olympiens restaient sur deux défaites dans la dernière au stade vélodrome. On pouvait donc se poser la question suivante : les hommes de Zvunka seraient-ils et pourraient-ils réagir après ce double échec ?

Ou, si vous préférez, étant bien entendu qu'il ne fallait pas compter sur un jeu collectif de rêve, Trésor et ses équipiers allaient-ils ou non se laisser aller au découragement ?

Force nous est de reconnaître que si, aujourd'hui, il y a des reproches à faire aux Marseillais, ce ne sera sûrement pas dans le domaine de la vaillance et de la combativité.

S'ils ont ajouté un point dans leur escarcelle (le 5me depuis le début de la saison pris à l'extérieur), c'est justement parce que, jamais, même au plus fort de la domination des Parisiens, ils n'ont baissé les bras. Et il est bien entendu que ces compliments vont à la défense, au milieu du terrain. Ce sont les Charrier, Vannucci, Trésor, Zvunka, Bracci, Eo, Lemée et Buigues qui surent faire front avec bonheur durant les 45 premières minutes avant de prendre en main la direction du jeu pratiquement tout au long de la deuxième mi-temps.

Il ne s'agit pas, ici, de distribuer allègrement les couronnes de laurier, mais de reconnaître objectivement les mérites de chacun.

UN PROBLÈME DIFFICILE À RÉSOUDRE

Ceci précisé, il faut bien avouer que nous avons assisté, pour au moins deux raisons, à une partie bien médiocre, techniquement parlant.

D'abord, parce qu'il ne fallait pas attendre de miracles d'une équipe qui tremble déjà pour son avenir et d'une autre qui est toujours à la recherche de son homogénéité, vous l'avez reconnu respectivement le Red Star et l'O.M.

Ensuite, parce que le terrain lourd et boueux n'était pas fait pour arranger les choses.

Il n'en est pas moins vrai que, si le match nul reflète fidèlement la physionomie du match - chaque équipe ayant eu sa mi-temps - on aurait constaté que ce qui fait le plus défaut à l'O.M. pour l'heure c'est une ligne d'attaque percutante en général et un buteur en particulier.

Ce fut bien une fois de plus évident, puisque Fouche, le gardien de but audonien, ne fut pratiquement jamais en difficulté, même au plus fort de la domination phocéenne. Voilà un problème difficile à résoudre pour les dirigeants marseillais, d'autant plus difficile que Paulo Cezar, celui qui devrait faire la différence, semble avoir perdu de sa virtuosité puisqu'il ne fut guère plus brillant hier devant Guillolet qu'il ne le fut voici huit jours face à Janvion.

On sait bien que, lorsque Paulo tousse, toute l'attaque olympienne est malade.

L'ennui, c'est qu'on ne semble pas trouver de remettre à cette toux-là...

Ce qui n'incite guère à l'optimisme.

À moins que, dans les jours à venir...

André DE ROCCA

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Vite un avant centre

On a souvent reproché à l'O.M. de jouer sans ailiers. C'était une remarque que l'on faisait, au stade-vélodrome ou ailleurs, quand l'équipe marseillaise avait dans ses rangs des joueurs comme Skoblar et Magnusson, dont on cherchait vainement le pendant à l'aile gauche. En somme, c'était un regret plus qu'une réelle critique.

Aujourd'hui, à la lumière des récentes rencontres et notamment celle disputait hier sur le terrain de Saint-Ouen - on se rend compte que cette petite carence d'alors n'était que simple peccadille. Car, désormais, c'est une attaque toute entière qu'il faut constituer.

Nous sommes bien d'accord pour l'admettre, les Marseillais, comme d'ailleurs les Parisiens, pouvaient invoquer à juste titre l'état lamentable de la pelouse pour expliquer la tâche difficile des avants de pointe. Nous reconnaissons volontiers, également, que Jules Zvunka, par la force des choses, avait dû puiser dans les moyens du bord pour constituer une ligne offensive.

Et une expérience, tout le monde le sait, ne réussit pas toujours du premier coup. Cependant, les responsables olympiens en étaien les premiers conscients, il est apparu assez vite que Paulo Cezar, Emon et Troisi n'avaient pas les qualités requises d'ensemble pour ce poser en trio de pointe digne de ce nom. Les trois joueurs, dont les capacités individuelles ne sont pas en cause, ne parviennent pas à former un bloc complémentaire. Ils ont pourtant tout essayé, dans la plus grande partie de ce match, pour se mettre en position. Leurs constantes permutations, ajoutées à leur bonne volonté, n'ont jamais réussi à prendre en défaut la défense parisienne. Et Noguès, remplaçant Troisi, est resté trop peu de temps sur le terrain pour le juger et déduire qu'il serait l'homme de la situation.

Quoi qu'il en soit, avec son potentiel offensif actuel, l'O.M. ne peut pas prétendre aux premiers rôles dans le concert de la Division Nationale. On le constate avec d'autant plus de regrets que la défense et le milieu de terrain semblent avoir trouvé une assise.

Nous savons que les dirigeants s'affairent pour amener du renfort. On souhaitera beaucoup de réussite de leur entreprise. Un avant-centre, c'est évident, est indispensable. En attendant son arrivée, il faut bien conclure : "Josip ou es-tu ?".

J.F.

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Ils disent

Les Olympiens mi-figue, mi- raisin

D'ordinaire, quand l'O.M. obtient un point sur terrain adverse, l'ambiance dans les vestiaires après le match est détendue, les visages sont souriants. On discute volontiers, en se donnant des tapes amicales sur l'épaule. Autant d'attitudes et de réactions qui sont le fait de gens heureux. Et c'est après tout bien légitime à l'issue d'une performance que l'on qualifie de méritoire.

À Saint-Ouen, hier, ce n'était pas, à proprement parler, le même genre d'atmosphère. Nous n'irons pas jusqu'à dire que nous avons retrouvé les Olympiens abattus par la tristesse. Mais nous étions loin tout de même, d'une joie délirante.

En un mot, personne, qu'il s'agisse des joueurs ou des dirigeants, n'avait une impression d'avoir accompli un exploit.

"Nous enlevons un point, nous disait pour sa part Jules Zvunka. Ce n'est donc pas le moment de faire la fine bouche, surtout après notre défaite à domicile contre Saint-Étienne, venant après celle de Nantes. Mais enfin, ce match contre le Red Star, nous avons pris en pain en abordant la deuxième mi-temps. Hélas ! malgré notre nette domination, nous avons pu prendre en défaut la défense parisienne. Une fois de plus, c'est notre attaque qui se trouve sur la sellette.

"Tant que l'O.M. ne sera pas en mesure de présenter à potentiel offensif digne de ce nom, nous aurons toujours les mêmes problèmes. Le Red Star était largement à notre portée et nous n'avons pas su en profiter. Voilà pourquoi j'emporte de cette rencontre une certaine déception".

Il était difficile, par ailleurs, de connaître le véritable sentiment de M. Meric. Le président nous a paru préoccupé et en tout cas moins volubile qu'à l'accoutumée.

"Je me contenterais, nous déclarait-il sans enthousiasme, d'obtenir à chaque rencontre le match nul chez adversaire. Pourvu que nous soyons en mesure de l'emporter régulièrement à domicile".

Un point de vu qu'on n'a guère de difficultés à admettre. Mais reflétait-il, rappelons-le, la réelle pensée du premier responsable ?

M. Heuillet, de la même manière, s'efforçait de rester optimiste. "L'O.M., nous confiait-t-il, traverse actuellement une mauvaise passe. Nous devons alors nous satisfaire du moindre résultat positif. Et celui d'aujourd'hui en est un. On ne peut pas demander dans plus à une équipe remaniée à la hâte de trouver tout d'un coup les automatismes indispensables, surtout avec un terrain pareil ou, vous l'avez vu, il était bien difficile pour les joueurs de garder leur équilibre. Pour moi, c'est maintenant une question de moral. Je reste persuadé que nous parviendrons à redresser la barre".

Enfin Trésor, qui reflétait assez bien l'opinion de ses camarades, regrettait un manque de rythme. "Avec davantage d'accélérations en 2ème mi-temps, notre équipe aurait pu enlever la décision. Certes, Paulo Cezar est sévèrement surveillé. Beaucoup plus que d'autres. Mais il faudra bien un jour prochain trouver une solution à ce problème. En exploitant, pourquoi pas, le marquage des adversaires".

Une façon de voir qui peut très bien servir de conclusion...

Jean FERRARA

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TOMAZOVER : "MAGNUSSON

nous a beaucoup manqué"

Dans le camp parisien, on n'était pas mécontent du tout d'avoir retenu l'O.M. en échec.

"Ce fut un bon match, déclarait l'entraîneur Marcel Tomazover, que le nombreux public a certainement apprécié. Il fut aussi éprouvant pour les deux équipes en raison de l'état du terrain.

"Quant au résultat, il me paraît logique sur l'ensemble des deux mi-temps. Maintenant, je ne vous cacherai pas qu'avec Magnusson présent à l'aile droite nous aurions posé pas mal de problèmes supplémentaires à la défense marseillaise. Avant sa maladie, il était en très grande forme. Et c'est un homme de toute façon capable d'apporter six ou sept occasions par rencontre. Aujourd'hui, il aurait été très utile, parexemple, au tandem Di Nallo-Combin. Lui présent, le Red Star, c'est certain, aurait enlevé la victoire. Il nous a beaucoup manqué, comme d'ailleurs devant le Paris-Saint-Germain".

Un hommage qui fera certainement plaisir aux toujours nombreux supporters du gentil Suédois.

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Les réponses aux questions que l'on se pose

QUE PEUT ESPERER UNE ÉQUIPE SANS ATTAQUE ?

La première question qui se pose concerne moins, à notre avis, le résultat honorable que l'avenir de l'O.M.

Le président Meric estime que Jairzinho a fait, de son utilité, la preuve par l'absence. Le Brésilien, champion du monde, avait au moins le mérite de fixer l'attention des défenseurs, seraient-ils ceux de Saint-Étienne. Il croit comme tout le monde que, sans lui et sans Skoblar, toutes les données du problème se trouvent modifiées.

D'autre part, en considérant avec une semaine de recul les ennuis de Jair, le président fait un peu son mea culpa, estimant que l'on a lancé un peu trop vite, dans le grand bain, un homme qui n'avait pas joué depuis des mois et qui a fourni de trop gros efforts pour se montrer digne de sa réputation. L'après Jair demeure suspendu au recrutement que pourrait effectuer l'O.M. mais qui, après cette aventure, devra être extrêmement judicieuse.

Un joueur évolué comme René Charrier était satisfait du résultat. Mais surtout du match sérieux joué par ses camarades. Selon lui, l'O.M. sans Skoblar et Jair doit revoir tous ses problèmes et repartir à zéro, tous les espoirs lui étant permis à condition de travailler sérieusement.

QUELS FURENT LE COMPORTEMENTALE ET LE RENDEMENT DE PAULO CEZAR ?

Les mêmes causes produisent presque toujours le même effet. Les entraîneurs français, sur l'impression de la Coupe du Monde, ont mis assez longtemps à prendre le Brésilien vraiment au sérieux. Désormais on lui délègue un garde du corps souple et vigilant. Il y a huit jours c'était Janvion. Hier, il s'agissait de Guillolet dont la "pointure" est nettement en dessous de celle du Stéphanois. Or, Guillolet s'est parfaitement acquitté de sa tâche au prix de quelques coups-francs. Paulo Cezar a été un peu près inexistant dans le jeu en mouvement et ne se montre dangereux que sur les coups de pied, balle arrêtée. On lui reprochait amicalement après le match, de s'être tenu trop en pointe, ce qui avait favorisé le marquage de ses adversaires.

Il répondit que, se fut-il comporté différemment sur le plan tactique, cela n'aurait rien changé au problème, car Guillolet, comme Janvion l'aurait suivi aux quatre coins de la pelouse.

LE SPECTACLE FUT DE QUALITÉ MÉDIOCRE, LES ACTEURS PEUVENT-ILS BÉNÉFICIER DE CIRCONSTANCES ATTÉNUANTES ?

Les observateurs répondront oui à l'unanimité. La pelouse de Saint-Ouen était lourde et grasse et franchement boueuse dans l'axe du terrain et surtout devant les buts. Il était difficile d'y prendre appui et en cette circonstance favorisait évidemment les défenseurs au détriment des attaquants qui ne pouvaient assurer leurs tirs. Ne nous étonnons pas si aucun but n'a été marqué, mais en revanche de nombreuses occasions ratées.

QUE DOIT-ON PENSER DES DÉBUTS DE TROISI ?

Le jeune Argentin avait été préféré à Sikely en raison de moyens techniques supérieurs. Il n'a malheureusement eu aucune occasion de les exprimer. Se signalant seulement par sa nervosité qui lui valut un avertissement justifié avant qu'il ne cède sa place à Noguès. Ne jugeons pas ce jeune joueur dans l'absolu, sur un match de début, même s'il fut des plus modestes.

QUELLE SOLUTION PEUT-ON ENVISAGER POUR REDONNER UNE ATTAQUE À L'O.M. ?

En dehors de Désire Sikely, dont on connaît les qualités et les défauts, il n'y a pas d'avant-centre dans l'effectif de l'O.M. Nous ne croyons guère à la formule Emon - Noguès - Cezar.

La solution ne peut venir que de l'extérieur, si l'O.M. ne veut pas être condamné à jouer les seconds rôles.

UN BUT FUT REFUSÉ À L'O.M. POUR HORS JEU À LA 33e MINUTE, Y AVAIT-IL UN DOUTE À CE SUJET ?

Nous ne le pensons pas. Le juge de touche était bien placé près du poteau de corner, il n'hésita pas une seconde. Personne ne protesta, ni pendant la partie, ni après. Alors, confiance à l'arbitre...

Loic DUPIC

 

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(photos Jacques Fonteneau)

 

 

 

 

 

 

 

 

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