OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 09 décembre 1974

 

ENCORE UN BONUS QUI S'ENVOLE

O.M. : victoire méritée mais dans le désordre

Pour la faible équipe de Lille, le venin olympien était dans la queue. Deux buts marqués in extremis alors que, contre toute logique, le public commençait à redouter un nouveau 0 à 0.

La victoire de l'O.M., même si elle fut laborieuse, et laissa un goût de franchement inachevé, fut absolument indiscutable. 15 corners à 4 et un nombre d'occasions de buts très supérieurs à celui de Lille.

Mais le football n'est pas la boxe, les décisions aux points n'existent pas et, une fois de plus, l'O.M. a démontré ses insuffisances générales dans la conduite offensive du jeu.

Noguès ne s'est pas imposé comme avant-centre. Le poste d'ailier gauche fut constamment inoccupé, ou mal occupé, ce qui revient au même. Quant à Paulo Cezar, il ne commença à se manifester vraiment que tout a fait en fin de rencontre.

Pour le reste de l'équipe, si la bonne volonté ne fait jamais défaut, les passes laissent trop souvent à désirer et la relance du jeu de l'arrière vers l'avant est toujours assez approximative. Et le plus souvent, trop lente, ce qui permet à l'équipe adverse de se regrouper devant son gardien.

LILLE SANS INSPIRATION

Toutes ces constatations, peu agréable, furent d'autant plus faciles à faire que le Lille, vu hier au Stade Vélodrome, était un adversaire extrêmement vulnérable.

En France, comme à l'étranger d'ailleurs, les équipes ont leurs bons et leurs mauvais jours. Hier, le LOSC n'était pas habité par l'inspiration, tant s'en faut.

Son milieu de terrain, exception faite de quelques jaillissements du vétéran Fouilloux, en première mi-temps, ne dépassa jamais le niveau ordinaire d'une équipe de 2e division.

La défense lilloise, trop vite affolée et renvoyant le ballon au petit bonheur la chance, c'est-à-dire loin et fort, commit un nombre de fautes considérables, même si le gardien Duse n'a absolument rien à se reprocher.

Tant et si bien que l'attaque visiteuse se résuma, 80 minutes sur 90, aux seuls Coste et Karasi, ce dernier jouant, par-dessus le marché, très au-dessous de sa valeur.

En fait, en deuxième mi-temps, plus grand danger pour l'O.M. vint de plusieurs débordements de l'athlétique et rapide et ailier droit Gauthier, que Bracci commit l'erreur de laisser trop libre de ses mouvements.

Mais enfin, tout cela ne constituait pas une véritable équipe de premières divisions, et l'on peut croire que l'O.M. a laissé échapper une occasion facile de bonus.

UNE PREMIÈRE MI-TEMPS MÉDIOCRE

La première mi-temps fut au-dessous du médiocre. Depuis longtemps, nous n'avions pas assisté, entre deux équipes de première division, à un pareil festival de passes à l'adversaires.

La qualité des passes est un test indiscutable pour juger de la qualité du jeu. On veut bien être indulgent, tenir compte de l'engagement réciproque, de l'importance de l'enjeu, mais il est quand même inadmissible que des joueurs "pros" n'ayant rien d'autre à faire une en semaine que s'entraîner, puissent laisser apparaître de pareilles lacunes techniques devant des spectateurs ayant payé le prix fort.

Au milieu des concerts d'éloges que l'on entend régulièrement, il est bon, au moins de temps en temps, de dire la vérité. Ce n'est pas en se cachant la tête dans le sable, comme l'autruche, que l'on contribuera à l'amélioration du football en France.

En voulait voir et mieux juger Coste qui sera peut-être un jour olympien.

Dans des conditions épouvantables pour un avant-centre (aucun centre, aucune passe direct en 90 minutes), il montra de réelles qualités.

Elles n'étaient sans doute visibles qu'en filigrane, dans le conteste de cette partie, mais elles ne sont pas une simple légende.

Pour être plus précis, Christian Coste ne nous a pas déçus hier, et nous continuons à lui faire confiance.

On se demandait aussi qui de Paulo Cezar ou de Karasi serait la vedette de la rencontre. Tous deux ont joué comme des pâtissiers : c'est-à-dire en faisant un éclair de temps en temps.

Pour des vedettes internationales, grassement payées, c'est un minimum et si Paulo Cezar a pris finalement l'avantage en exploitant adroitement une nouvelle période d'affolement de la défense lilloise, son match ne sera pas qualifié d'inoubliable.

M. VAUTROT ET LE JEU DANGEREUX

L'arbitre M. VAUTROT, a certainement joué au football dans un patronage.

Il est inquiétant pour l'anatomie des footballeurs qu'un arbitre puisse laisser passer, avec le sourire, autant de charges qui, à quelques centimètres près, pourraient être meurtrières.

En fin de match, il n'a pas accordé à Lille un penalty visible à un kilomètre de distance quand Bracci, en pleine surface de réparation, et par derrière, accrocha de la main le maillot de Prieto.

La vérité, il faut le dire, même si elle fâche, c'est la raison d'être de notre métier.

Maurice FABREGUETTES

----------------------------------------------

Un buteur S.V.P. !

De pour l'O.M., l'essentiel a été fait.

En prenant le meilleur sur Lille, pendant que Reims et Saint-Étienne se faisaient malmener à Paris et à Monaco, les Phocéens ont fait d'une pierre deux coups.

Ils se sont reclassés dans la course au titre (mais oui) et ont psychologiquement réalisé une très bonne opération.

Nous savons bien que l'histoire du football ne s'écrit pas avec des si, mais on imagine sans mal la crise que n'aurait pas manqué de provoquer une défaite, voire un résultat nul, et il ne viendrait pas à l'idée de personne de contester le succès de l'olympien.

Il est de ceux qu'on ne discute pas.

Certes l'adversaire n'avait rien d'un épouvantail, c'est évidence même, mais ne faisons pas la fine bouche.

Nous avons déjà vu, et il n'y a pas si longtemps que ça, les protégés du président Meric faire nettement moins bien face à des formations guère plus saignantes que ne fut celle des "Dogues".

L'erreur serait maintenant de croire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes olympiens.

Avant que Paulo Cezar puis Albaladejo ne parviennent par deux fois à trouver la vigilance de Duse, la grande faiblesse de l'équipe était apparue au grand jour. Elle était visible comme le nez au milieu de la figure, à savoir l'absence d'un buteur.

L'absence d'un garçon capable d'exploiter avec bonheur quelques-unes des quinze ou vingt occasions que, cahin-caha, les hommes au maillot blanc s'étaient créés quatre-vingts minutes durant.

Nous enfonçons là une porte ouverte, c'est vrai.

Mais ce qui est tout aussi vrai, c'est que dans ce Championnat de France "balourd" que nous sommes en train de vivre, il suffirait (si l'on peut dire) d'un centre avant efficace pour que toute puisse arriver.

Hier, l'O.M. a joué 2 points à son capital. Le drame, c'est qu'il se soit montré incapable d'en ajouter un troisième en obtenant un bonus mille fois à sa portée.

Mais ce n'est pas la première fois qu'une telle mésaventure arrive.

Faites un simple rapide calcul et vous constaterez comme nous, sans qu'il soit pour autant besoin de sortir de Polytechnique, que la bande à Zvunka, avec ses hauts et ses bas, devrait aujourd'hui pour le moins être sur la même ligne que Saint-Étienne

Comme quoi, un seul être vous manque...

André de ROCCA

----------------------------------------------

Ils disent

"un ouf de soulagement"...

Quelle peut être la réaction de braves gens qui ont longtemps souffert avant d'entrevoir enfin le salut ?

Ils ne peuvent, bien entendu, retenir un ouf de soulagement et c'est exactement celui qu'ont poussé les dirigeants marseillais à la fin d'une rencontre pour le moins crispante.

M. Meric, comme à son habitude, n'avait plus de voix une fois retourné aux vestiaires.

"Je pense, nous dit-il tout de même, que nous aurions pu marquer un 3me but. Le bonus était, en effet, à notre portée devant cette équipe lilloise, hélas mais, hélas, il nous a manqué un réalisateur pour concrétiser vraiment notre nette domination".

- Ce buteur, avons nous alors demandé, ou pensez-vous le trouver ?

- Eh bien, nous a répondu le président, nous avions misé sur Jairzinho. Il est certain que, sur sa forme d'international, le Brésilien aurait pu être l'homme de ce match. En attendant sa complète guérison, il faudra bien s'accommoder de solutions intermédiaires. Celle d'aujourd'hui, nous a valu la victoire. À mon avis, il faut savoir se contenter de ce résultat.

À propos de Jairzinho, ouvrons une parenthèse pour signaler que l'avant centre olympien, dont la blessure paraît évoluer vers le mieux, doit voir aujourd'hui un spécialiste. S'il a le feu vert de la Faculté, il pourrait très bientôt reprendre un entraînement progressif et ce dès cette semaine.

ZVUNKA : LA MEILLEURE

FORMULE ACTUELLE

Voyons maintenant l'opinion des responsables techniques. Jules Zvunka, après avoir douté pendant de longues minutes, n'était pas mécontent, lui non plus, de la tournure des événements.

- Nous avons manqué beaucoup d'occasions en première mi-temps, nous dit-il. Dommage ! Car, si nous avions fait la différence à ce moment-là, nous aurions connu beaucoup moins de problèmes par la suite.

"Le match par lui-même, évidemment, a été plutôt moyen. Mais j'en ai malgré tout retiré quelques satisfactions. Ce ne fut peut-être pas évident aux yeux de tous les spectateurs mais j'ai trouvé, pour ma part, une certaine amélioration dans l'orientation du jeu.

"Je trouve aussi que la rentrée de Troisi a été bénéfique. Voilà un joueur qui devrait nous apporter bientôt un meilleur rendement sur le plan offensif.

- Justement, vous aviez fait aujourd'hui une expérience dans la ligne d'attaque. Allez-vous continuer à miser sur les mêmes joueurs ?

- Oui, je crois qu'à l'heure actuelle la formule appliquée cet après-midi était encore la meilleure.

Claudio Coutinho, quant à lui, ne voulait retenir que les 10 dernières minutes.

"C'est vrai, nous confiait-t-il, j'ai eu peur, pendant un long moment, que la défense lilloise tienne bon jusqu'au bout. Heureusement, O.M. a suffisamment réagi en fin de rencontre pour forcer la victoire. Nous avons deux points supplémentaires c'est avant tout le principal".

JAIRZINHO :

TROP DE PRÉCIPITATION

Terminons par le point de vue des joueurs. En commençant par celui de Jairzinho, qui avait suivi le match depuis la tribune d'honneur.

"L'O.M. a sans doute péché par excès de précipitation à l'approche des buts, nous dit-il. Je crois qu'avec un peu moins d'énervement, nous aurions pu l'emporter par 3 ou 4 buts d'écart".

Paulo Cezar se faisait soigner une légère entorse au pouce de la main gauche, tout en regrettant cette reprise qu'il avait mise dans les mains de Duse.

" Nous avions l'occasion, nous déclarait-il, en hochant la tête, de remporter une victoire à 3 points. Tous les premiers ou presque ont aujourd'hui perdu du terrain. Mais, enfin, nous avons renoué avec la victoire et pour le moment c'est l'essentiel".

Albert Emon, qui avait été l'attaquant le plus en vue, était satisfait de sa partie.

"Je crois, nous dit-il avec un léger sourire, que le public aujourd'hui n'a pas à m'en vouloir. Avec un peu plus de réussite, j'aurais pu inscrire un but si la balle n'avait pas heurté le poteau. Les efforts de toute l'équipe, en tout cas, ont fini par être payants".

Laissons le mot de la fin à René Charrier :

"Ce fut un match laborieux, nous déclarait le gardien. L'O.M. a lutte pas mal de malchance avant de trouver le chemin des filets. Je suis rassuré par cette victoire. Mais je vous l'avoue, sur ma ligne de but, j'ai cru longtemps que la rencontre allait se terminer par 0 à 0.

"Alors, ne soyons pas trop exigeant. Notre équipe cherchait sa voix depuis quelques rencontres. J'espère que ce succès contribuera à lui redonner confiance".

Jean FERRARA

----------------------------------------------

----------------------------------------------

Les Lillois : "Une grossière erreur a fait basculer le match"

On n'ouvre pas facilement les vestiaires des Lillois, et pourtant ils ne détiennent aucun secret d'État footbalistique !

L'entraîneur Peyroche a analysé la rencontre avec une indiscutable impartialité : "Ce résultat est pour nous une grosse déception ! Le score ne reflète pas la physionomie du match ! Nous avons pourtant bien contre l'équipe de l'O.M. ! Le premier but encaissé fut consécutif à une grossière erreur de notre défense. Ensuite, le match bascula complètement ! C'est dire de perdre dans de telles conditions, indiscutablement le départ de Fouilloux, à la mi-temps, la blessure de Giaquinto ont influencé notre tenue d'ensemble.

Je crois que nous pouvons espérer en des jours meilleurs..."

Le gardien Duse constatait avec amertume : "J'étais persuadé que nous nous acheminons vers un nul, zero à zero, car les tirs olympiens n'avaient pas été transcendants jusqu'au but de Cezar !"

Alain DELCROIX

----------------------------------------------

Les réponses aux questions que l'on se pose

POURQUOI EO, ANNONCE, N'A-T-IL PAS À JOUE ?

Georges Eo s'est donné, jeudi, une légère entorse à l'entraînement. On pensait cependant que sa présence ne serait pas mise en cause. Pourtant, hier, après un ultime test, Eo dut déclarer forfait. C'est ainsi que Zvunka a alors fait appel à Albaladejo.

M. VAUTROT, L'ARBITRE DU MATCH, A-T-IL EU UNE INCIDENCE SUR RÉSULTAT DE LA RENCONTRE ?

L'arbitrage de M. VAUTROT n'a eu aucune incidence sur le déroulement de la partie et sur le résultat. En vérité, si l'on excepte quelques charges sévères de Bracci en fin de match, sur Coste et Gauthier, jamais les 22 acteurs de cette rencontre n'ont dépassé la limite permise.

LE PUBLIC A-T-IL JOUÉ UN RÔLE DANS CETTE RENCONTRE ?

Quarante mille personnes contre Saint-Étienne, onze mille seulement pour voir Lille, inutile de faire un dessin pour expliquer que les supporters marseillais ont quelque peu perdu leur enthousiasme. Les présents ont longtemps "boudé" avant d'encourager à fond leur formation, c'est-à-dire à partir du moment où le score fut ouvert. En effet, si l'on excepte une dizaine de minutes en fin de première période, ou devant la domination marseillaise on s'agita quelque peu dans les tribunes, les spectateurs sont bien souvent restés dans une prudente neutralité, et ont aussi manifesté leur mécontentement par exemple en raccompagnant les deux équipes aux vestiaires sous les sifflets.

QUE PENSER DE COSTE ?

L'avant-centre de l'équipe de France et de Lille a, c'est évident - mais tout le monde le sait déjà - de grandes qualités. Mais pour les juger sur le match d'hier, voilà qui est bien difficile. En effet, dans une équipe archidominée, l'avant-centre lillois passa la plupart de son temps en défense.

Il joua pratiquement dans son camp toute la deuxième mi-temps et il n'eut jamais l'occasion de montrer son savoir-faire, soit par des centres, soit au terme d'actions offensives rondement menées.

LA RENTRÉE DE TROISI S'IMPOSAIT-ELLE ?

Troisi n'a guère eu l'occasion de se mettre en évidence, mais Jules Zvunka, à notre sens, a eu raison de le faire entrer en cours de match. Face à une équipe qui ne songeait qu'à défendre, la position même sur le terrain ne pouvait que compliquer la tâche des défenseurs nordistes. Il n'a pris aucune part aux deux buts marseillais, mais ces derniers ont été marqués alors qu'il était sur le terrain. Ce n'est peut-être pas le fait le plus du seul hasard.

POURQUOI LE PUBLIC A-T-IL SIFFLE ALBALADEJO ?

On s'est longtemps posé la question dans la tribune de presse. Après enquête, il ressort que le jeune Marseillais qui, au demeurant, a fait un très bon match, s'est rendu coupable d'un geste qui voilà, voici deux ans, avait coûté deux matches de suspension a l'ex-Stéphanois Keita. Vous avez compris pour qu'il soit inutile d'insister.

QUEL A ÉTÉ L'ATTAQUANT MARSEILLAIS LE PLUS DANGEREUX ?

Une fois encore, ce n'est pas Paulo Cezar. Le Brésilien, décidément, qui n'arrive pas à trouver sa forme, même lorsqu'il n'est pas victime d'un marquage trop étroit, a dû laisser la vedette à Albert Emon. Le jeune Albert, c'est vrai, n'a pas été très heureux dans ses entreprises, mais finalement c'est lui qui fut à l'origine de la plupart des actions les plus dangereuses.

A. de R.

 

 

 

 

 

 

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.