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Résumé Le Provencal

du 27 janvier 1975

 

MISSION ACCOMPLIE A ANGERS

MAIS ON ATTENDAIT UNE VICTOIRE PLUS PROBANTE (2-1)

ANGERS - Si l'on s'en réfère au seul résultat, O.M., vainqueur sur terrain adverse, a apparemment rempli son contrat. L'équipe marseillaise renoue avec la victoire et après la période de doute que nous avons connu depuis la reprise, il serait sans doute mal venu de faire la fine bouche.

Mais il faudrait aussi se garder de tomber dans l'excès contraire en affirmant que tout, désormais, baigne dans l'huile. Et sans vouloir dire des choses désagréables simplement par plaisir, il est de notre devoir, tout de même, de signaler que cet O.M. vainqueur ne nous a guère rassuré sur son avenir immédiat.

Il suffisait d'ailleurs de voir le visage mi-figue mi-raisin des dirigeants, à l'issue de la rencontre, pour se persuader qu'ils n'étaient pas non plus tellement convaincus.

DES ANGEVINS MALCHANCEUX

Alors, pour quelles raisons émettre toutes ses réserves ? Eh bien, tout simplement parce que l'O.M. avait hier le pain et le couteau, comme on dit vulgairement, pour frapper un grand coup. Au lieu du banquet attendu, il s'est contenté d'un casse-croûte à la sauvette et nous ne sommes pas sûr que l'équipe, pour continuer la comparaison, ne se soit pas levée de table sur sa faim.

C'est, en tout cas, l'impression que nous avons ressentie du haut de notre tribune de presse ; car enfin, cette équipe angevine, pratiquement à la dérive, au bord de la crise, jouait hier avec deux remplaçants, dont le jeune gardien Janin. Ses meilleurs titulaires, comme Guillou et Berdoll, étaient de plus diminués à tel point que l'un et l'autre avaient été un moment incertains.

Ajoutons à cet ensemble de petits malheurs un arbitrage qui ne fut pas à proprement parler favorable. Autant de conditions qu'un O.M. sûr de lui-même aurait dû exploiter sans bavures. En un mot, sur leur réputation, les Olympiens n'auraient dû faire qu'une bouchée de leurs malheureux adversaires. Et là, bien entendu, nous sommes loin du compte.

Angers a joué comme une lanterne rouge, c'est certain. Il n'empêche que les Marseillais, sur la physionomie de ce match, n'ont jamais donné l'impression non plus d'une équipe irrésistible. Ils ont en quelque sorte opéré comme un 13e du classement qu'ils étaient jusqu'à ce jour. Reste à savoir si tout cela sera suffisant, dimanche prochain, pour inquiéter les Nantais.

En matière de football, on le sait, il ne faut jamais anticiper et, encore une fois, nous aurions mauvaise grâce à nous montrer pessimiste, surtout au soir d'une victoire. Ajoutons simplement qu'à Bordeaux, et pour le compte de la coupe de France, ce sera certainement une autre paire de manches.

UN MANQUE D'AMBITION

Pour nous, la réussite en sport, si l'on veut bien laisser de côté la chance, dépend de trois facteurs essentiels. Il faut, bien sûr, un rien de talent, beaucoup de courage, de volonté, de détermination et, enfin, un maximum d'audace, dernière qualité sans laquelle il n'est pas de grandes entreprises.

Du talent, l'O.M. en a, c'est indiscutable. Il suffit de considérer la carte de visite de ses vedettes. Rien à dire, non plus, sur le courage de la majorité de ses joueurs : tout le monde est bien d'accord là-dessus. Mais sur la question de l'audace, nous ne serons pas aussi affirmatif. Un O.M. ambitieux, disons-le franchement, ne se serait pas contenté d'une victoire aussi étriquée devant un tel rival. C'est un premier point.

Et puis, le fait de jouer sans avant-centre, ne nous a pas paru, non plus, une méthode tellement audacieuse. On nous avait dit que le moment était mal choisi de prendre des risques, mais bon sang ! Quel danger pouvait-on craindre en modifiant une attaque qui, depuis quelque rencontre, marchait à une moyenne pour le moins inquiétante.

Avant le match de coupe, précisément, il nous paraissait intéressant d'essayer autre chose. C'est pourquoi la présence de Jairzinho semblait s'imposer, ne serait-ce que pour faire le point. Peut-être, le Brésilien n'aurait-il pas changé grand-chose. Mais du moins serait-il fixé sur son cas, une fois pour toutes.

Une autre opinion qui ne ralliera peut-être pas l'unanimité. Elle concerne la position de Bereta sur le terrain. L'O.M. aujourd'hui sans attaque, cherche depuis des années un grand ailier gauche. Il a eu la chance de recruter Bereta, le titulaire du poste en équipe de France et, pour notre part avouons-le, nous sommes surpris de voir l'ex-capitaine stéphanois au milieu du terrain. Certes, il est excellent dans ce compartiment du jeu. Cependant, ne serait-il pas plus utile aux avant-postes ? La question reste posée.

Qu'ajouter d'autre en conclusion ? À chaque jour suffit sa peine, dit-on. L'O.M. a gagné et, pour le moment, c'est le principal. Des dirigeants aux entraîneurs, en passant évidemment par les joueurs, tous dans le club travaillent d'arrache-pied pour placer l'O.M. à la place qu'il mérite. C'est pour cette raison qu'il désarme la critique. Mais c'est pour cela aussi que les uns et les autres méritaient beaucoup mieux...

Jean FERRARA

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LA BARAKA ?

Le fait le plus marquant d'une rencontre aussi crispante que médiocre, et qui ne donna lieu à aucun exploit ni action de réelle envergure, fut certainement le but marquer dès la 10e minute par l'O.M. et qui conditionna le déroulement du match.

En effet, il plongea son adversaire, qui opérait déjà la peur au ventre, dans le plus grand désarroi tout en permettant aux Marseillais, eux-mêmes dans leurs petits souliers, de manoeuvrer avec plus d'assurance et de sérénité.

Il s'agissait en outre d'un but particulièrement heureux, ce qui nous permet d'affirmer, même si beaucoup ne partagent pas cet avis, que l'O.M. avait hier "la baraka".

On vit miraculeusement Victor Zvunka et Albaladejo se présentaient seuls face au jeune gardien angevin, alors que le juge de touche chargé de surveiller la ligne d'attaque marseillaise faisait signe de continuer à jouer.

Victor glissa latéralement la balle à son camarade, qui contourna avec calme le malheureux Janin et marqua facilement.

M. Verbeke ne pouvait que suivre son collègue, M. Sauvage, et valida le but, malgré les vociférations du public.

Au début de la seconde période, nouveau coup de pouce du destin avec un bon centre classique de Buigues depuis la droite, arrivant tout droit sur le pied gauche d'Emon, complètement démarqué à moins de 5 mètres de la cage mais bien curieusement laissée libre de ses mouvements par ses adverses.

Et de deux !

Enfin, arrivons-en à la 76e minute, lorsque Berdoll s'infiltrait, tirait sèchement depuis la gauche, voyait la balle, déviée au passage par Victor Zvunka, échouer au fond des filets de l'éclopé Charrier. Mais, en même temps, le fanion de l'autre juge de touche s'agitait inexorablement pour annuler son but.

Évidemment, n'importe quel joueur marseillais pourrait réfuter facilement nos arguments et évoquer la balle poussée sur le côté des filets par Paulo Cezar, le sauvetage de Barot et aussi cette action peu commune qui vit le gardien Janin dégager droit sur Albaladejo, puis se racheter en s'opposant au tir du demi marseillais qui se présentait seul devant lui.

"Baraka ! diront les Olympiens, vous en avez de belles... Cet échec de notre camarade nous a certainement privés du bonus."

C'est évidemment exact, mais avouez que ce troisième but marseillais aurait découlé d'une monstrueuse erreur de défense et se serait inscrit, répétons-le, dans la ligne d'une rencontre marquée par un nombre incalculable de passes à l'adversaire, d'erreurs et toutes sortes, et, comme si ce n'était pas suffisant, hachée par les coups de sifflet de M. Verbeke, mal aidé par ses assesseurs. Une rencontre dont il ne faudra retenir que le résultat. !

L.D.

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Ils disent

Jules Zvunka fondant en larmes :

"Quel métier d'enfer !"

Jules Zvunka, joueur, ne passait pas pour un tendre, il passe aujourd'hui pour un entraîneur sévère. Mais il s'agit certainement du genre costaud sentimental puisque après avoir répondu de bonne grâce aux questions qu'on lui posait sur l'aspect purement technique de la rencontre, il s'effondrait en larmes dans un coin du vestiaire en disant :

"Jamais, je n'ai vécu un pareil match, un match plus crispant bien. Je crois que c'est dû aux conditions de jeu, à l'énervement, à la tristesse de l'ambiance : la pluie, le froid, l'attitude du public, la façon dangereuse dont les arbitres jouaient avec le hors-jeu. Une pelouse épouvantable, la blessure de René Charrier, cette fin de match difficile. Il y avait de quoi ébranler les nerfs les plus solides.

Je crois bien que j'ai choisi un métier d'enfer. Pourtant nous avons eu en main les cartes suffisantes après le second but pour arracher le bonus.

Dommage qu'Albaladejo n'ait pu venir à bout du gardien angevin. Sans cela, notre adversaire s'effondrait.

Pour moi, ce qui est positif, c'est évidemment le résultat pour lequel nous aurions signé des deux mains, sans hésiter, avant le match et la combativité de l'ensemble de cette équipe.

Ce qui est moins rassurant, c'est le nombre trop élevé de ballons perdus, ce qui est bien notre péché mignon. Encore que nous ayons aujourd'hui des excuses, la principale étant l'état du terrain gras, voire collant, ce qui explique que nos adversaires, comme nous, aient raté un maximum de passes."

Pour l'O.M., selon Jules, on l'a compris, le résultat apportait plus que la manière.

Brièvement, le président Meric nous avait confié :

"Ouf ! C'était évidemment le match, non seulement à ne pas perdre, mais qu'il convenait de gagner. Alors pour aujourd'hui, contentons-nous du résultat et oublions la manière. Des détails, nous aurons bien le temps de reparler".

C'est aussi l'avis de la majorité des joueurs marseillais et de gros travailleurs comme Bereta ou Buigues nous ayant confié de concert :

"Il ne faut tout de même être trop gourmands. Il est bien possible que le bonus ait été à notre portée, mais une victoire a laisse arrière, c'est toujours bon à prendre et je ne comprends guère que certains fassent la fine bouche" nous disait Robert, alors que Georges ajoutait :

"D'autant plus que, à certains moments, Angers amorçait des actions qui rappelaient le jeu brillant de l'équipe qui tenait le haut du pavé, il n'y a pas si longtemps".

Paulo Cezar qui avait opéré par à-coups, selon son habitude, n'en avouait pas moins que la lourdeur du terrain avait gêné énormément "fatigué". Mais il se satisfaisait du résultat.

Quant aux défenseurs, comme Marius Trésors et Victor Zvunka, ils reconnaissaient avoir été fort inquiets après la blessure de Charrier.

"René pouvait à peine bouger nous confiait-t-il, et cela explique notre fin de match pénible et incertaine. Bon nombre d'erreurs n'auraient pas été commises si notre gardien avait été valide et il est probable que nous aurions évité le but angevin.

"Enfin sa blessure a remit nos adversaires en confiance et comme Angers a tout de même conservé des ressources techniques certaines, cela explique beaucoup de choses."

Enfin Jacky Lemée, pour son retour à Angers, était particulièrement heureux et excusait volontiers tout le monde.

Pour "Bouboule" tout le monde il était beau, tout le monde il était gentil.

C'est toujours comme cela quand on gagne !

CHARRIER COUP VIOLENT À LA CUISSE

A la 74e minute, Roger Le Boedec, en voulant lober Charrier, le heurta violemment à la cuisse. Le gardien marseillais, après une interruption de jeu, conserva sa place, mais joua le dernier quart d'heure sur une jambe.. Il souffre de l'écrasement du muscle de la cuisse droite et nous avoua avoir souffert le martyre.

Ajoutons que Jules Zvunka n'envisagea jamais de le remplacer et que Roger Le Boedec son adversaire malheureux, après la rencontre vint s'excuser et prendre de ses nouvelles.

René Charrier est tout à fait douteux pour le match de dimanche prochain contre Nantes.

KOPA : "CEZAR, C'EST LA

GRANDE CLASSE !"

Raymond Kopa assistait à la rencontre depuis la tribune de presse et nous gratifia, comme il aime toujours autant le football, d'un véritable reportage. Pour lui, le malheur s'abat sur le pauvre monde, tout comme, paraît-il, l'argent va à l'argent.

"Auparavant, le S.C.O. Angers était le type même de l'équipe opérant sans complexe et presque à la fleur au fusil. Maintenant, elle joue la peur au ventre et le résultat est que plus rien ne lui réussit. Aujourd'hui, sur une pelouse indigne de ce nom, nous avons assisté à un véritable match de rugby, dont le seul résultat logique aurait du être un nul, puisqu'il était nul."

Que pensez-vous de Paulo Cezar ?"

C'est la super classe. Un homme qui sait apparemment tout faire et dont le registre est extrêmement complet. J'ai surtout admiré ses accélérations foudroyantes. Il est seulement dommage qu'il ne joue pas particulièrement pour l'équipe et qu'il soit aussi économe de ses efforts. Quand un homme possède autant de possibilités, il n'a pas le droit de laisser les connaisseurs sur leur faim."

"O qu'en termes galants, ces choses-là sont dites !

Louis DUPIC

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Les réponses aux questions que l'on se pose

De Paulo à Johann

Question : quel est donc le mal qui frappe Paulo Cezar ?

Il est certain, et nous l'avions dit avant le départ, le Brésilien n'a plus le moral. Pour quelle raison précise ?

- C'est bien entendu un petit mystère qu'il faudrait élucider. Toujours est-il qu'il n'a plus aucune influence, bénéfique s'entend, sur le rendement de son équipe. C'est d'autant plus regrettable que l'O.M. comptait beaucoup sur ses services. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait, et pour cause. Mais il est incontestable que la part actuelle de Paulo Cezar est pratiquement réduite à néant. Il va de soi que M. Meric attendait autre chose en recrutant à prix fort la vedette brésilienne.

Le nom de Cruijff a été prononcé comme recrue éventuelle de l'O.M. la saison prochaine. Que faut-il en déduire ?

- Surtout pas de précipitation. Nous nous sommes bien douté, après avoir appris les démêlés du crack hollandais avec ses dirigeants espagnols qu'on ne manquerait pas de parler de sa venue à l'O.M., si toutefois il quittait Barcelone. La personnalité de l'intéressé nous incite bien entendu à la plus grande prudence. Car vous vous doutez bien qu'il ne s'agirait pas d'une mince affaire. Cependant nous croyons, M. Meric bien capable avec son sens aigu des affaires, de s'intéresser de près à la question. Et puis, comme on le dit, il n'y a jamais de fumée sans feu. Hier, le nom de Cruijff a été évoqué, et M. Meric comme on l'imagine, s'est bien gardé de donner une trop grande publicité à un transfert qui révolutionnerait de toute évidence le football français. Le président est donc resté évasif, mais c'est pour nous une raison suffisante, ô combien ! pour attendre la suite, en essayant, pourquoi pas, de mener une petite enquête. Et bien entendu, pour l'instant, nous publions la nouvelle au seul titre d'information, sans plus.

Pour en revenir à la rencontre, qu'elle a été influence de l'arbitre ?

- Les Angevins, en effet, se plaignaient de l'arbitrage après le match. Disons, pour notre part, que M. Verbecke n'a probablement rien changé au résultat, l'O.M., malgré sa partie quelconque, s'est tout de même montré supérieur à son adversaire, et son succès, tout étriqué qu'il puisse paraître, est somme toute logique. Il n'en reste pas moins que l'arbitre a validé le premier but d'Albaladejo, alors que le milieu de terrain marseillais était en nette position de hors jeu.

M. Verbecke a de plus refusé un but aux Angevins, dans des conditions encore une fois litigieuses. C'est évidemment beaucoup pour une équipe déjà passablement accablée. L'arbitre n'a donc pas changé le cours des choses, mais il ne méritait pas pour autant une bonne note. Ses appréciations sur le hors jeu, ainsi que celle de ses assesseurs, ont laissé notamment beaucoup à désirer.

Dernière question d'actualité : quelles sont les chances de l'O.M. de se qualifier contre Nantes en Coupe de France ?

- Pour répondre sur ce point aux supporters impatients, il faudrait de toute évidence posséder des dons de magicien, qu'hélas nous n'avons pas. Sur la partie d'hier, un fait est certain : l'O.M. aurait bien du mal à se défaire d'un adversaire nantais beaucoup plus incisif et expérimenté que ne pouvaient l'être les infortunés Angevins. Mais un match, c'est bien connu, ne ressemble jamais à un autre, alors d'ici dimanche, bien que des choses peuvent changer, et l'O.M. se retrouver tout à fait sous un visage plus en rapport avec ses moyens.

J.F.

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