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Résumé Le Provencal

du 12 avril 1975

 

CONTRAT A MOITIE REMPLI

Deux buts d'avance avant le retour à Lille

2 à 0 ! C'est évidemment un avantage appréciable dans la mesure où les buts pris ne sont plus apprendre. Reste à savoir si ces deux buts seront suffisants pour donner à l'O.M. la qualification pour les quarts de finale. Car, on a beau tourné le problème dans tous les sens, c'est bien là que réside la question principale.

Que le réponse peut-on apporter au soir de match qui, de toute évidence, n'a jamais atteint les sommets ? Il nous semble tout d'abord que Lille devra montrer un tout autre visage chez lui s'il veut inverser le résultat et créer la surprise au stade Henri Jooris Nice. Les Lillois, en effet, nous sont apparus bien timorés, cherchant davantage à préserver leur but qu'à menacer ceux de l'adversaire.

Nous n'en voulons pour preuve que la position sur le terrain d'un joueur comme Coste qui fut plus souvent dans son camp que dans celui de l'O.M. Un peu à la manière de Gerd Muller face à Saint-Étienne. Mais ne nous faites pas dire que le vieux LOSC a les mêmes arguments que le Bayern. C'est là d'ailleurs où se situe la meilleure chance de l'O.M.

Il lui suffira mardi prochain d'être à la hauteur de sa réputation pour enlever le dernier mot. Mais n'anticipons pas. Contentons-nous pour l'instant d'écrire que les Olympiens, au jeu un peu plus laborieux qu'à l'ordinaire ont néanmoins posé de sérieux jalons sur la route du succès.

Bien entendu on aura souvent souhaité un but de plus. Il n'en reste pas moins que le contrat du jour est rempli. Ce n'est déjà pas si mal.

EMPRUNTES

Une première mi-temps crispante ! Voilà quel était le sentiment des spectateurs au moment ou M. Bacou avait renvoyé tout son monde au vestiaire. 45 minutes qui avaient été aussi éprouvantes pour les nerfs que celles vécues quelques jours plus tôt devant Nîmes. Mais cette fois, pas question de se lamenter sur les occasions perdues par l'O.M. brillant, possédant bien son sujet et dont le seul but d'avance récompensait mal les efforts méritoires. Non, pas du tout ! Le public, hier soir, en était même à se demander quelle mouche avait piqué cette équipe marseillaise qui à l'aise depuis quelques rencontres. Le fait est que, face à une formation lilloise pourtant loin d'atteindre au génie, O.M. piétinait, cherchait sa voie sans jamais la trouver vraiment.

Bref, les Olympiens, animés certes de la meilleure volonté, ne parvenaient pas à jouer un ton au-dessus de l'adversaire. Appelons cela un manque d'inspiration, et vous aurez la raison principale du score vierge à la pause.

LE GRAIN DE SABLE

Alors que s'était-il passé exactement dans cette équipe olympienne, quel était donc le grain de sable qui avait déréglé la machine ? Et bien aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est un peu à cause de ses vedettes que l'O.M. n'arrivait pas à s'exprimer. On voyait Paulo Cezar et Jairzinho rater de "une-deux" qu'ils auraient réussis les yeux fermés à l'entraînement. Les deux joueurs manquaient des contrôles et des passes faciles. Bereta, lui-même, qui ne l'oublions pas revenait de blessure, avait du mal à se mettre en train. Et bien sur, l'équipe toute entière, privée de ses habituels chefs d'orchestre, ne parvenait que très rarement à jouer en musique.

Heureusement l'O.M. pouvait alors compter sur d'autres atouts.

Trésor, par exemple, souverain dans sa zone, annihilait les quelques offensives lilloises. Albaladejo lui aussi, très à l'aise au milieu du terrain, alors que Emon, tirait pour sa part son épingle du jeu en attaque. Mais vous conviendrez que tout cela n'était pas suffisant pour surprendre un excellent Dusé et la défense renforcée des Lillois.

ENFIN L'ÉTINCELLE

Contrairement au match devant Nîmes, l'étincelle allait jaillir sans jeu de mots, au cours de la seconde période. L'O.M. donnait un peu plus de mordant à ses attaques, les vedettes, enfin, retrouvaient toute leur assurance.

Et, c'est justement grâce à leurs actions conjuguées que l'équipe marseillaise allait parvenir à ouvrir la marque. Centre de Bereta de la droite, déviation de Jair pour Cezar, amorti et tir de Paulo. La balle, contrée par Prieto, n'en terminait pas moins sa course au fond des filets.

Du coup, les spectateurs oubliaient tous leurs ressentiments : "Allez l'O.M., Allez l'O.M." entendait-on sur les gradins. Et Jairzinho, toujours nerveux, un peu trop même, devait cependant, sur un centre impeccable d'Albert Emon combler de joie tous ces milliers de supporters par un formidable coup de tête. 2 à 0 donc ! Les spectateurs pouvaient respirer et, avec eux, tout l'état-major olympien. Est-ce à dire que le suspense et, une fois pour toute dissipé ? Loin de nous cette pensée. La Coupe ne serait plus la Coupe sans ce brin d'incertitude.

Mais, à tout prendre, mieux vaut avoir la première manche dans sa poche.

Ce sera pour aujourd'hui la conclusion.

Jean FERRARA

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Marge suffisante ?

2 à 0. Le plus dur a-t-il été fait, ou le plus dur reste-il à faire ? Epineuse question en vérité, et il faudra attendre mardi soir 22 heures pour en avoir la réponse.

2 buts d'avance pour les Olympiens, c'est une conclusion logique, en quelque sorte le reflet exact de la partie que nous avons suivie hier soir.

2 buts marqués, il faut le souligner, en deuxième mi-temps. C'est dire qu'au repos, rien n'était joué. Mieux, au moment où les deux équipes rentèrent aux vestiaires sous un concert de sifflets au terme des 45 premières minutes, les actions des Nordistes étaient en très nette hausse. C'est que, jusque là, les joueurs aux maillots blancs n'avaient pas fait une très grande impression ? Lents, mal inspirés, manquant visiblement de ressort, ils donnaient la pénible impression d'être incapables de trouver la faille dans cette défense lilloise renforcée.

Au tableau d'affichage, une immense pendule flambant neuve égrenait les minutes pour la première fois, mais visiblement les Phocéens ne parvenaient pas à se mettre à l'heure. Leur ardeur semblait être tombée en même temps que le mistral.

Il y eut heureusement la deuxième mi-temps. Ce fut un peu le contraire de ce que nous avions vu quelques jours plus tôt devant Nîmes. Elle ne fut certes pas d'un très grand niveau, cette deuxième période, mais devant des attaquants un peu plus hargneux, la défense lilloise à force de plier, devrait finir par rompre. Une première fois, à la suite d'un tir de Paulo Cezar, dévié au passage par Prieto qui prit ainsi son gardien de but totalement à contre-pied. Une deuxième fois grace à a une superbe tête de Jairzinho convertissant remarquablement en but un centre d'Albert Emon, ce joueur mal-aimé du public marseillais qui trouvait ainsi une juste récompense à des méritoires efforts déployés tout au long du match.

2 à 0 : rien n'est encore gagné ; il faudra que les joueurs de Jules Zvunka s'en souviennent mardi soir en rentrant sur la pelouse du stade Jorris. Il serait dommage que ce 15e match sans défaite n'ait, en fin de compte, servi à pas grand-chose. C'est une éventualité que nous refusons à envisager et nous sommes prêts à parier que les Olympiens reviendront de leur expédition nordiste avec leurs moustaches.

André de ROCCA

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Ils disent

Jules Zvunka :

"Une sérieuse option !"

Une victoire longue à se dessiner, mais parfaitement méritée telle était, avec la satisfaction du devoir accompli, le sentiment dominant dans un le camp olympien.

JULES ZVUNKA : "UNE HEURE

POUR CONVAINCRE"

Tout au long de la 1re mi-temps nous avons eu du mal à trouver l'ouverture. Sans doute avons-nous joué trop facile et pas assez en mouvement.

J'estime toutefois que 2 à 0 à l'issue de la première manche constitue un bon résultat : car il est toujours très délicat de recevoir d'abord son adversaire. Lille est une bonne équipe, qui joue de façon très sérieuse, qui nous a posé, je le reconnais volontiers, certains problèmes.

Ce n'est qu'au bout d'une heure que mon équipe a retrouvé son véritable rythme. Je lui avais demandé à la mi-temps d'essayer de passer beaucoup plus par l'extérieur afin de contourner la défense lilloise massée devant son but. Cette tactique finalement s'est avérée payante et c'est à nous de conserver maintenant cet avantage de deux buts. J'ai bon espoir".

BUIGUES : "IL FERA CHAUD

À LILLE"

Je pense que deux buts devraient nous suffire au stade Henri Jooris Nice, mais si j'en juge par le match que nous avons perdu là-bas en championnat, c'est une soirée chaude que nous vivrons mardi prochain.

Par ailleurs, je ne comprends pas très bien ce que nous est arrivé en première mi-temps. Toute l'équipe se cherchait et nous avons commis des fautes impardonnables. Heureusement que nous avons su nous racheter par la suite".

LE PRÉSIDENT MERIC :

"ET DE 15 !"

Que notre victoire était longue à se dessiner, je n'en disconviens pas, mais voilà en tout cas notre 15e match sans défaite. Bien peu d'équipes peuvent en dire autant. Il y avait ce soir chez nos adversaires des garçons comme Coste, Karasi et Parizon, mais je ne les ai pas vus mettre un seul tir dans l'encadrement. Quant à nous, nous aurions pu inscrire facilement deux buts de plus sans que l'on puisse crier au scandale".

"Je n'aime guère m'avancer dans le domaine des pronostics, mais je crois, sur sa lancée, notre équipe a largement les moyens de passer encore ce tour de Coupe. Nos deux buts d'avance devraient s'avérer suffisants pour autant que nous puissions compter sur un arbitrage équitable. Car j'estime que ce soir, par exemple, l'avertissement infligé à Jairzinho est pour le moins sévère puisqu'en définitive c'est lui qui reçoit en ce moment des soins sur le coup qu'il a reçu alors que le Lillois n'a rien.

"Par ailleurs, je vous confirme bien que nous avons déposé une réclamation en ce qui concerne la qualification du nîmois Luizinho, car alors que nous désirions nous attacher les services de ce joueur, on nous a fait savoir que nous ne pouvions l'enrôler ni comme professionnel, ni comme stagiaire.

"Je ne comprends pas donc comment les Nîmois ont pu lui faire signer précisément un contrat de stagiaire...

"On a demandé à l'O.M. en certaine occasion de respecter la charte à la lettre. L'O.M. à son tour demande la stricte application du règlement.

"Ceci sans volonté de nuire nos amis nîmois, mais en fin de parcours un point de plus pourrait peut-être bien arranger nos affaires, soit pour la qualification à la Coupe de l'E.U.F.A., soit, sait-on jamais, pour l'attribution du titre !".

JEAN-PIERRE KLEIN :

"CINQ MINUTES EN MOINS"

Je ne comprends pas pourquoi l'arbitre a refusé de tenir compte des nombreux arrêts de jeu en dépit des protestations véhémentes de nos joueurs. Avec les blessures de Prieto, de Gardon, puis de Jairzinho, il y avait bien cinq minutes d'arrêts de jeu. Or, les Lillois étaient très fatigués, et nous aurions fort bien pu ajouter un troisième but qui nous aurait permis d'aller dans le Nord libérés de tous soucis.

PAULO CEZAR : "PAS DE

PROBLÈME À LILLE"

Je suis certain que nous ne rencontrerons aucun problème à Lille. Nos adversaires, cette fois, seront bien contraints d'attaquer et non plus de rester masser devant leurs bois comme ils l'ont fait ce soir. Ce qui revient à dire que Jaja et moi aurons beaucoup plus d'espace pour nous exprimer".

JACKY LEMEE :

"J'AI SOUFFERT"

Je n'aime décidément pas assister au match depuis le banc de touche ! Et j'étais surtout beaucoup plus énervé car il fallait absolument marquer deux points.

"Nous avons joué la première mi-temps de façon beaucoup trop statique, mais il faut dire que les Lillois se sont très bien défendus statiquement parlants".

C'est égal, je crois que ce n'est pas encore cette fois que nous raserons notre moustache !..."

BRACCI : "LE CONTRE COUP DE NÎMES"

Je crois que nous avons ressenti ce soir le contre coup de Nîmes et de la déception que ce match nul avait engrangée. Nous avions pris un petit coup au moral. C'est pourquoi je pense, l'équipe a était si longue à se trouver. Je tiens tout de même à dire qu'il y avait un penalty flagrant en notre faveur en 1re mi-temps, Gardon ayant ramassé le ballon de la main en pleine surface.

Ces Lillois sont très rapides en attaque, encore qu'ils ne se soient que très peu manifestés, qu'ils aient fait preuve d'une certaine maladresse en "oubliant" parfois le ballon".

BERETA :" UN BON MATCH D'ALBERT"

Il n'est vraiment pas facile de jouer devant une équipe ainsi regroupée en défense avec l'unique souci de détruire. Il n'y a jamais la place pour passer et pour se mettre en position de tir. Heureusement qu'Albert Emon était dans un bon jour : car ce sont ses débordements sur l'aile droite qui nous ont permis d'aérer le jeu et de faire en définitive la décision.

Alain PECHERAL

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PEYROCHE : "Attention au match retour !"

Dans les vestiaires lillois, chacun tirait les premières conclusions et envisageait avec sérénité le match retour.

Le directeur sportif, M. Samoy, était très flegmatique pour nous dire :

"Nous avons fait à Marseille le match qu'il fallait faire. Malgré leur avance, les Marseillais ne sont pas encore qualifiés pour le tour suivant. Si leur second et beau, par contre premier est heureux !"

L'entraineur Peyroche par contre était très énervé :

"A Lille, je vous l'annonce, ça va barder. Nous allons jouer chez nous, nous serons encouragés par notre public, et nous ne ferons pas plus de cadeaux aux Marseillais qu'ils ne nous en ont fait au Stade Vélodrome.

Les Marseillais dans l'ensemble ont été chanceux, mais ils ne doivent pas s'endormir sur leurs lauriers. En ce qui me concerne, je n'ai pas été impressionné par l'équipe marseillaise, et surtout pas par les Brésiliens, qui sont vraiment trop fantaisistes !"

Le président, M. Delannoy, pour sa part, n'était pas très bavard : "Nous avons encaissé un but de trop, c'est dommage, mais rien n'est encore perdu. En coupe de France, avec du courage, de la volonté et de l'enthousiasme on peut renverser des situations qui paraissent perdues de prime abord".

Enfin le gardien Duse se lamentait : "Le second but marseillais je l'admets, mais je premier vraiment, il n'était pas mérité".

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions que l'on se pose

DEUX BUTS D'ÉCART : LA MARGE SERA-T-ELLE SUFFISANTE POUR LE RETOUR ?

La veille du match, les joueurs olympiens, unanimes, nous avaient dit : "Si nous gagnons la rencontre avec deux buts d'écart ce sera un minimum certes, mais nous irons à Lille l'esprit serein".

On peut donc considérer qu'ils ont atteint leur principal objectif.

Ceci dit, il ne faudrait pas croire que la qualification est dans la poche. Lille a encore son mot à dire mais il faudra que les attaquants nordistes trompent au moins trois fois René Charrier et l'on sait que ce n'est pas une condition facile à remplir. Optimisme donc pour la suite des opérations.

JAIR A ÉCOPÉ D'UN AVERTISSEMENT. POURQUOI ?

Quelques secondes avant que M. Bacou ne sanctionne le joueur brésilien, ce dernier était resté quelques instants sur la touche pour se faire soigner après une sévère charge un défenseur lillois. Rentré sur le terrain, Jair avait, sans doute, des idées de vengeance. C'est pourquoi, il ne se priva pas d'expédier au sol le premier joueur au maillot rouge qui lui fit face. En conséquence, M. Bacou sortit son carton jaune fort justement.

LE MATCH EST-IL DÉROULÉ DANS UNE AMBIANCE DE MATCH DE COUPE ?

Nous l'avons déjà souligné lors des seizièmes de finale, depuis l'instauration de la formule par match aller et retour, le premier de ces deux matches perd beaucoup en intensité.

Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que stade-vel, hier soir, était loin d'être comble.

En effet, nous sommes persuadés que si c'est le match retour qui avait eu lieu à Marseille et que Lille l'eut emportait par 2 à 0 chez lui, on aurait affiché complet au boulevard Michelet. Qu'on le veuille ou non, tout le monde pense au match retour. Les joueurs plus que quiconque : c'est sans doute pourquoi la première mi-temps s'est jouée sur un rythme de sénateur.

LE VENT A-T-IL GÊNÉ LES JOUEURS ?

Pas le moins du monde, et pour une raison qui est assez simple : le mistral qui, déjà hier matin s'était beaucoup atténué par rapport à la veille, avait complètement cessé au moment du coup d'envoi.

C'est dire que, bien que le temps ait été quelque peu frisquet pour la saison, le match s'est déroulé dans des conditions idéales pour la pratique d'un bon football.

M. BACOU A-T-IL ÉTÉ À LA HAUTEUR ?

À vrai dire, il n'eut pas à intervenir souvent au cours d'un match qui ne dépassa que très rarement les limites permises. Il connut quelques moments chauds en début de seconde mi-temps lorsqu'il eut quelques frictions entre les attaquants marseillais et les défenseurs nordistes. En n'hésitant pas à sortir le carton jaune à deux reprises, M. Bacou à calmer les esprits et le match s'est terminé le plus normalement du monde.

A. de R.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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