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Résumé Le Provencal

du 09 novembre 1975

 

  O.M. : EST TOUJOURS MALADE

 

De plus en plus inquiétant après

sa défaite logique devant V.A.

VALENCIENNES - Si ce n'était faire injure à un célèbre et infortuné aviateur, on pourrait dire que le football a volé assez bas, hier soir, au stade Nungesser.

Une partie confuse, ponctuée d'innombrables coups de sifflet, entre deux équipes dont la bonne volonté n'est nullement en cause, mais qui ne réussirent presque jamais à élever le débat.

En deuxième mi-temps, on atteignit le sommet du médiocre. Des dégagements en chandelle, des passes en touche pour l'adversaire, au son d'une musique belge s'efforçant de mettre une ambiance musicale, ce qui, au demeurant, est parfaitement interdit, un coup de clairon intempestif pour empêcher d'entendre le sifflet de l'arbitre.

Dans ces conditions, n'importe qui aurait pu gagner et n'importe qui aurait pu perdre. Simple question de chance, encore que la victoire de Valenciennes soit logique.

On peut porter au crédit de l'O.M. le fait d'avoir prouvé que le moral de l'équipe était intact.

Mais s'il suffisait de bien se battre pour faire du bon jeu, le football serait trop simple, et il n'y aurait qu'à recruter des athlètes pour avoir une grande équipe, ce qui n'est évidemment pas le cas.

Car les faits sont là, et ils sont cruels : en 90 minutes, notre brave Jean-Paul Escale n'a eu qu'un seul tir à arrêter ; celui de Bereta à la 70e minute.

1ère MI-TEMPS : ENCORE UN

PENALTY

Nous avions assisté à une drôle de première mi-temps, ni bonne ni mauvaise, moyenne sans plus. L'essentiel devait se passer au niveau du terrain, car les deux gardiens eurent vraiment peu à faire. Escale à peu près rien Migeon deux ou trois interventions relativement faciles pour un gardien professionnel.

La différence en faveur de V.A. fut faite par un penalty. Autour de nous, l'unanimité s'était faite au sujet de la sanction de M. Bancourt ; elle était estimée sévère, ce qui ne veut réglementairement rien dire.

En fait, il y avait bien faute sur Six dans la surface, mais le pied d'appui déroutant ailier valenciennois avait-il été accroché par Baulier ou est-ce Six lui-même qui avait accroché au passage la jambe de Baulier ? On peut en discuter à perte de vue.

En tout cas, M. Bancourt qui, par la suite, devait prendre toute une série de décisions très difficiles à comprendre, avait désigné le point de penalty sans hésiter une seconde.

Au cours de cette première mi-temps, Bereta avait manifesté un certain retour en forme, tandis qu'en face deux joueurs se mettaient en vedette : Six et le petit ailier gauche Gareran, extrêmement véloce et percutant. Le public l'appelle d'ailleurs "Mobylette". Ce Garceran en question est de Béziers : on va parfois chercher bien loin...

PAUVRE O.M.

Bien que V.A. ait perdu à la 60e minute son précieux chef de défense le Polonais Wrazyk, l'O.M. ne réussit pas à remonter son handicap.

Mieux, même c'est pur miracle que V.A. n'ait pas réussi à marquer un but supplémentaire surtout à quelques minutes de la fin quand Trésor sauva sur sa ligne une balle tirée par Zaremba alors que ce dernier venait de dribbler Migeon.

En fait, il faut dire que Valenciennes, sur l'ensemble de la partie, a tout de même mérité sa victoire et qu'elle aurait été peut-être plus nette si ses joueurs n'avaient pas été impressionnés par la réputation des Marseillais.

Ils auraient pu sans doute écouter leurs spectateurs car, au cours de la première mi-temps, nous avons entendu un grand cri venu des places populaires : " Allez V.A., ils ne sont pas bons ce soir".

Pour aussi pénible que la chose soit à écrire pour un journaliste marseillais, il faut objectivement reconnaître que l'O.M. n'a pas été bon, hier soir.

Il reste encore énormément à faire pour transformer cette équipe. Le plus grave et qu'on n'a pu relever aucune mauvaise volonté de la part des joueurs. Ils se sont battus avec énormément de conviction, mais ils ne réussirent, sous les yeux d'un public visiblement déçu, qu'à pratiquer un football indigne de la réputation du grand O.M.

OU ÉTAIENT LES

INTERNATIONAUX ?

En théorie, l'O.M. est l'équipe de 5 ou 6 internationaux.

Hier, à part peut-être Bereta, qui a sans doute été le moins décevant de l'équipe dans la partie offensive, on a cherché les internationaux avec des jumelles.

Emon n'a jamais réussi à s'imposer devant l'ancien Sedanais Fugaldi ; Bracci a eu un mal fou à contenir le jeune Jeskoviak.

Au cours de la deuxième mi-temps, nous avons vu Bracci tenter une montée offensive en avant et avant pu constater qu'il revenait à petits pas presque comme un vétéran.

En ce qui concerne Zvunka, qui lui s'est battu comme un lion, il a commis quelques erreurs de passes colossales en défense qui auraient pu donner des buts supplémentaires à Valenciennes.

Il reste trésor qui, à deux ou trois mauvaises passes près, a tout de même été précieux devant la défense.

On ajoutera également au tableau d'honneur Migeon, très autoritaire, qui n'a absolument rien à se reprocher. Quant à Yazalde, il avait toujours, hier soir, ses souliers de plombs.

Maurice FABREGUETTES

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Le président Méric :

"Cela devient décourageant"

Nous n'avons pas besoin de longuement nous étendre pour signaler quelle était l'ambiance hier soir, dans les vestiaires marseillais. C'est même un silence pesant qui nous accueillit, alors que tout le monde baissait la tête, visiblement déçus. Nous avons essayé tout de même de connaître l'avis de M. Meric.

"Il est certain, nous a dit le président, que l'O.M. a été un peu plus hardi que contre Nîmes. Mais, enfin, je ne pense pas qu'il y ait de quoi pavoiser. Nos attaquants, par exemple, n'ont jamais pu se mettre en position de tir, et il est difficile dans ces conditions de vouloir marquer des buts à l'adversaire. En un mot comme en cent, le comportement de l'O.M., commence à devenir décourageant".

- Comment voyez-vous l'avenir désormais ?

- Et bien, je pense que demain il fera jour, comme l'on dit. Pour ne rien vous cacher, je n'entrevois pas dans l'immédiat de solution miracle. Il est évident que l'O.M. possède de bons éléments qui n'arrivent pas ou plutôt qui n'arrivent plus à s'exprimer. Quelque chose ne va pas, c'est sûr, dans cette équipe. Il faut désormais s'efforcer de découvrir où réside le véritable mal et, si possible, y porter remède".

JULES ZVUNKA :

"MANQUE D'EFFICACITÉ"

Jules Zvunka, de son côté, ne parvenait pas à trouver une explication. "Il est évident que le penalty siffle contre nous au tout début du match n'a pas arrangé nos affaires. Mais, de toutes façons, nous n'avons jamais su remonter ce handicap. Sincèrement je ne trouve rien à dire pour expliquer cette nouvelle défaillance collective. Le manque d'efficacité offensive devient chez nous un mal chronique. Je le répète, je suis en train dans tout cela de perdre mon latin".

LES JOUEURS TRÈS ABATTUS

Les joueurs, eux non plus, ne parvenaient pas à comprendre ce qui venait de leur arrêté. Comme Baulier, par exemple, à qui nous demandions des détails sur le fameux penalty.

"J'étais sûr d'avoir le ballon, dit-il, lorsque Six est venu s'accrocher à ma jambe. Le penalty m'a paru pour le moins sévère.

Jacky Lemée estimait lui aussi que la décision de l'arbitre avait grandement influée sur le résultat.

"Je ne pense pas que l'O.M., ce soir, ait fait un bon match, mais ce but entrée nous a coupé les jambes à tous".

Nous avons demandé ensuite l'opinion de Marius Trésor : "L'O.M. en ce moment manque de réalisme, nous a déclaré le capitaine. Valenciennes a eu un relâchement à vingt minutes de la fin et nous n'avons même pas su en profiter. Il est vraiment dommage de perdre des matches comme celui-là".

- Selon vous, quel est le mal dont souffre l'O.M. ?

- Je suis persuadé que les joueurs ont perdu confiance après tous les petits malheurs de ces derniers temps. Heureusement, il nous reste une quinzaine de jours pour préparer notre prochain match. J'espère que nous serons tous en mesure de réagir comme il se doit. Car, sinon...

"J'ai toujours pensé, nous a dit Bereta, que l'O.M. avait les moyens d'égalisé. Malheureusement, nous n'avons pas été assez énergiques pour surprendre notre adversaire. Valenciennes a, certes, montré beaucoup de bonne volonté et d'enthousiasme, mais, à mon avis, c'était un adversaire à notre portée. Il faut dire que ce nouveau penalty, que nous a infligé l'arbitre, ne nous a pas facilité la tâche. Au fait, je voudrais bien connaître le nombre de penalties sifflés contre l'O.M. depuis le début de saison"

On le voit, ce n'est pas cette rencontre à Valenciennes qui pourra ramener la sérénité dans le camp olympien. L'équipe, qui a tout de suite regagné Marseille après le match, sera ce matin au stade vélodrome, comme d'habitude, à l'entraînement. Il est certain que le club marseillais s'achemine vers des jours difficiles. Mais, enfin, l'O.M. en a vu d'autres...

J.F.

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Désormais il faut trancher dans le vif

Décidément l'O.M. n'a guère de chance cette saison avec les arbitres. Nous n'allons pas nous amuser, une fois de plus, à dire que M. Bancourt a eu une décision malheureuse ni qu'il a directement influencé sur le résultat de cette rencontre. On n'en finirait pas de discuter ainsi sur le comportement et le point de vue des directeurs de jeu.

Toujours est-il que les joueurs marseillais et, bien sûr, les dirigeants vont encore avoir matière à discuter autour de ce fameux penalty de la neuvième minute. Et, voyez-vous, il serait bien difficile de leur porter la contradiction si les uns et les autres estiment la sanction bien sévère. Pour rester objectif, disons que, du haut de notre tribune, l'intervention de Baulier sur Six ne nous parût pas mériter un tel châtiment. Le défenseur olympien lui-même en était d'ailleurs le premier surpris et désolé. Contentons-nous en ce qui nous concerne d'écrire que l'O.M., dans sa situation actuelle, n'avait pas besoin de ça, ce qui mettra un terme à un chapitre toujours délicat à évoquer.

Ceci précisé, et il fallait tout de même le faire, l'équipe olympienne fut loin, hier soir, de se racheter de son piètre match contre Nîmes. Et, pour bien montrer que nous n'avons nullement l'intention de lui chercher des excuses, nous ajouterons qu'à aucun moment les Marseillais ne donnèrent l'impression de jouer comme un candidat aux premières places. On se souvient que les dirigeants olympiens ont récemment déclaré, au cours d'une conférence de presse, que leur objectif était d'obtenir une qualification dans l'une des coupes européennes. Eh bien, on se demande, après avoir vu à la peine hier soir, comment l'O.M. pourra y parvenir. Il faut même s'empresser d'ajouter pour dissiper toute équivoque que Valenciennes n'était pas ce que qu'il est convenu d'appeler un adversaire irrésistible. V. A. est certes une équipe sympathique, pleine d'enthousiasme et de bonne volonté mais le tour de ses qualités s'arrêtent là. Or l'ami Jean-Paul Escale, toujours fidèle au poste, n'a jamais dû multiplier les prouesses pour garder sa cage intacte et c'est bien le plus grave. Car si l'O.M. n'a pu venir à bout d'un tel adversaire, soyons persuadés qu'il n'aura pas beaucoup plus de facilité à l'avenir.

Le fait est que l'O.M. a amorcé depuis quelque temps une dangereuse désescalade. Ce n'est pas le match d'hier soir qui peut nous laisser espérer une amélioration dans les jours prochains. On parle du moral de l'ensemble, qui serait atteint plus qu'on ne pouvait l'imaginer. On a avancé ainsi la création d'une commission technique. Disons en conclusion que l'O.M. avait besoin jusqu'ici d'un médecin. Maintenant, pour rester dans la comparaison, c'est ni plus ni moins qu'un chirurgien qu'il lui faut.

Souhaitons alors au président Meric une bonne intervention.

Jean FERRARA

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DESTRUMELLE : "Victoire normale"

Dans le vestiaire valenciennois, on l'imagine, le ton n'était pas du tout le même. Chacun se félicitait à qui mieux mieux, et Jean-Pierre Destrumelle ne cherchait pas le moins du monde à cacher sa joie.

"Je suis ravi de cette victoire nous dit l'ancien Marseillais. Notre recrutement en début de saison sans être extraordinaire répondait à nos besoins. Nous avons réussi l'amalgame entre les anciens, Escale, Osim, Wrazy et les jeunes. Le résultat est maintenant payant. Que dire sur l'O.M. ? Je n'ai pas trouvé que l'équipe marseillaise ait si mal joué que cela. Ce qui n'empêche pas notre victoire d'être des plus logiques et voyez-vous, c'est cela qui me réconforte le plus d'avoir battu un adversaire tout de même côté sur le plan national".

Jean-Paul Escale lui aussi été heureux.

"Même voyez-vous ajouta-t-il à notre adresse, si je suis déçu pour les joueurs marseillais".

Ce qui nous fit l'occasion de demander à l'ancien gardien olympien comment il avait trouvé cette équipe de l'O.M.

"Je crois surtout, nous répondit dit-il, que l'O.M. n'a pas su s'exprimer parce que nos garçons ont fait le nécessaire pour le priver de ballons. Enfin, je me contente ce soir d'enregistrer la victoire de mon équipe. Que voulez-vous, c'est loi du sport".

Quant à Osim que nous avons interrogé en dernier, il rendit hommage à Yazalde. "Surtout nous dit-il, ne dites pas du mal sur ce joueur qui se bat comme un beau diable du début à la fin de la rencontre mais ne reçoit jamais le ballon dans de bonnes conditions. Je l'ai bien suivi ce soir tout au long du match et il ne mérite pas d'être accablé".

J.F.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- QUEL EST LE PRINCIPAL MAL DONT SOUFFRE L'O.M. ?

- Le mal le plus grave est l'imprécision. Passée une certaine vitesse, quand le jeu est dans leur camp, les joueurs olympiens font illusion en multipliant les passes latérales faciles, à 60 mètres du but de l'adversaire. Mais, dès qu'il s'agit d'appuyer sur l'accélérateur, les passes deviennent beaucoup plus trop imprécises. Or, pour mettre une défense hors de position, il faut jouer à la vitesse grand V. Sinon, les arrières d'en face ont le temps de se replacer. On pourra nous faire remarquer que cette façon de mal joué et aussi ce que l'on appelle le manque de classe.

- QU'ARRIVE-T-IL AUX INTERNATIONAUX DE L'O.M. ?

L'O.M., contrairement à Valenciennes, compte dans ses rangs un nombre important d'internationaux "A" ou Espoir, ce qui devrait, s'il y avait une logique dans les sélections, lui conférer un avantage indiscutable.

Or, exception faite de Trésor, la présence dans les rangs olympiens de cette constellation ne se remarqua pas sur le terrain.

Les deux meilleurs ailiers ne furent ni Emon, ni Noguès, mais d'assez loin Six et Jeskoviak.

Quant aux meilleurs arrières, toujours sur la pelouse, ils s'appelèrent Garceran, suivi d'assez près par Fulgaldi. Deux inconnus, bien entendu.

Victor Zvunka, lui aussi internationale "A" ne se montra pas supérieur à cet autre athlète naturel qu'est le Guadeloupéen Coumba.

Enfin, si Bereta amorça un léger redressement, il ne fut pas meilleur que le Valenciennois Vestraete.

Dans ces conditions, il ne sert pas à grand-chose d'avoir dans son équipe des joueurs internationaux, et de ce fait, fort cher payés.

Le mieux qu'il y aurait à dire actuellement serait : "Monsieur Kovacs, oubliez l'O.M.".

Il est en effet curieux de constater que l'O.M., depuis qu'il compte autant de tricolores sous le maillot blanc, ne s'est jamais montré aussi pâle.

Y A-T-IL UN REMÈDE MIRACLE ?

Nous ne le pensons pas. Nous ne croyons pas non plus qu'un entraîneur miracle pourrait rapidement modifier la situation de l'O.M.

Il faut en prendre son parti, l'équipe dont la valeur ne s'élève pas près au-dessus de la moyenne française, traverse actuellement une mauvaise passe, par-dessus le marché, il est important par conséquent, si l'on veut éviter le pire, c'est-à-dire la dégringolade, de se montrer sérieux. Il faut surtout ne pas se lancer dans les histoires marseillaises.

Quand on connaît bien tout l'effectif de l'O.M. penser qu'il n'y a pas grand-chose à faire. Il convient donc de revoir les programmes d'entraînement, de remettre du plomb dans la cervelle de certains joueurs qui paraissent avoir été gâtés par la gloriole tricolore. Mais surtout, il ne faut pas croire que l'on pourra remonter le courant en faisant n'importe quoi.

Si l'on estime que certains jeunes sont meilleurs que les actuels titulaires, il ne faut pas hésiter à les mettre. Toutefois, l'on sait que cette solution reste assez hasardeuse.

On est d'ailleurs de s'en apercevoir, en constatant que le jeune Fernandez, pourtant pétri de qualités, avait du mal à s'adapter au rythme de la première division. En toutes choses, il faut du temps.

Le mal de l'O.M. ne peut pas se guérir en quelques jours et en quelques coups de baguette magique.

Il faut espérer que l'équipe retrouvera une meilleure condition physique et que ses vedettes pourront se mettre au diapason de leur réputation. Mais le plus mauvais serait d'accabler complètement ces joueurs, qui tout de même hier soir ont fait preuve de bonne volonté.

Comme le disait Trésor après la défaite contre Nîmes, la conscience professionnelle des joueurs n'est nullement en cause. Ils n'étaient pas bons hier soir, mais que peut-on y faire, sinon le constater et le déplorer.

M.F.

 

 

 

 

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