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Résumé Le Provencal

du 17 mars 1976

 

  O.M. TOUJOURS PAS DE BONUS !

 

Mais une victoire encourageante

des Marseillais sur Lille (2-0)

Brassens a beau dire que le temps ne fait rien à l'affaire, la pluie d'hier incontestablement n'a pas arrangé les finances olympiennes. Mais enfin, à défaut d'une grande assistance, et partant d'une bonne recette, nous avons vu une équipe marseillaise beaucoup mieux inspirée qu'elle ne fut par exemple, au cours des dernières rencontres jouées au stade vélodrome. L'O.M. a tellement fait languir ses supporters depuis l'ouverture de la saison qu'il ne faut pas manquer l'occasion de lui rendre hommage quand il le mérite. C'était le cas hier soir et nous sommes persuadés que personne parmi les quelque 8.000 intrépides de la soirée ne viendrait nous soutenir le contraire.

Certes, tout ne fut pas parfait, mais le renouveau amorcé à Troyes s'est confirmé à Marseille. À partir du moment où la progression se poursuit, nous aurions mauvaise grâce à vouloir couper les cheveux en quatre. Même si elle n'a pu enlever le point du bonus, la formation marseillaise, par son allant, son dynamisme, sa volonté de vaincre, échappe par la même à toute critique.

DES EFFORTS MAL

RÉCOMPENSÉS

Sur un terrain à peine jouable, la première mi-temps nous avait montré un O.M. des plus entreprenants. Comme il l'avait fait à Troyes, les Olympiens avaient attaqué le match à la vitesse grand V. Malheureusement la pelouse gorgée d'eau à l'approche des buts lillois n'était pas faite pour leur faciliter la tâche. Le flanc gauche du terrain notamment eut certainement fait le bonheur d'une équipe de water-polo mais les footballeurs marseillais visiblement, n'y étaient guère à l'aise. Tant et si bien que toutes les actions passant par là, prenaient l'allure de véritables gags. L'O.M. eut sans doute le tort de s'embourber, c'est le cas de le dire, dans ce marécage.

Mais les spectateurs s'amusaient bien tout de même et pas seulement à ce ballet aquatique inattendu. L'O.M. nous avons dit, s'appliquait à conduire le jeu tambour battant. Et son mérite était d'autant plus remarquable que les conditions, répétons-le, n'étaient pas indiquées du tout pour la pratique du beau football.

Vous savez pourtant que les 45 premières minutes se passèrent sans le moindre petit but marseillais. À cela deux raisons essentielles à notre sens. Nous vous avons déjà parlé de la première, n'y revenons plus, sinon pour rappeler que la plupart des offensives olympiennes - et elles furent nombreuses - furent davantage stoppées par les flaques d'eau que par les défenseurs Lillois. Quant à la deuxième, soyons objectif, elle est à mettre sur le compte de Duse. Le gardien Lillois s'opposa en effet, avec un réel bonheur à un tir boulet de canon de Yazalde, un autre moins tendu mais tout aussi dangereux de Emon. Et enfin, il arrêta du pied une reprise d'Albaladejo, que l'on voyait déjà au fond des filets.

Vous le remarquerez, l'O.M. n'avait pas manqué d'occasions tranchantes dans cette première mi-temps. Une période au cours de laquelle d'ailleurs on avait noté le net retour en forme de Yazalde, et également celui de Bereta. Quant à Lemee, et Albaladejo, ces deux joueurs qui venaient de regagner leur place, ils confirmaient une fois de plus que leur présence était pour le moins bénéfique.

Mais le plus encourageant dans cette victoire n'était pas la seule réussite individuelle des Marseillais. Bien plus appréciable était au contraire le jeu collectif de cet O.M. que l'on retrouvait enfin avec sa joie de jouer. Bref 0 à 0 à la mi-temps les efforts olympiens avaient été assez mal récompensés.

LE COUP DE POUCE

Malchanceuse dans ses entreprises, tout au long de la première période, l'équipe phocéenne allait faire la différence en seconde. Grâce il faut le préciser à un petit coup de pouce du destin.

Le penalty accordé par M. Martin pour une faute sur Fernandez nous parut effectivement un peu sévère. Yazalde, le spécialiste maison, ne laissa pas passer quoi qu'il en soit cette excellente occasion. Les Lillois avaient peut-être quelques raisons de se plaindre, mais rendons cette justice à l'O.M. le score de 1 à 0 à ce moment-là était tout à fait logique.

Pour dissiper toute équivoque, Marius Trésor se chargea heureusement par la suite d'ajouter un deuxième but qui était un petit modèle du genre. Sur un centre de la gauche d'Albert Emon, il reprit le ballon d'un formidable coup de tête pour le placer hors de portée de Duse. Un but qui n'aurait pas désavoué Josip Skoblar lui-même. Ceci pour bien précisait que le capitaine olympien, en l'occurrence, c'était comporté comme un grand avant-centre.

2 à 0, vous devinez de là quelles furent les réactions du public.

"Le bonus, le bonus" crièrent les spectateurs comme un seul homme. Mais hélas, il ne restait que 6 minutes à jouer, et l'O.M. malgré son forcing dut se contenter de ce résultat. Pour une fois l'assistance ne donna pas l'impression de s'en plaindre, en quittant le stade vélodrome. C'est que ce match somme toute avait été positif dans bien des domaines. Disons pour notre part que cette victoire est encourageante. L'O.M. jusqu'ici avait rarement fait mieux. Alors c'est l'occasion ou jamais de terminer sur une note optimiste.

Jean FERRARA

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MARIUS TRESOR :

"La machine est partie"

"Une fois de plus nous sommes passés à côté. Mais tout à côté du bonus. Mais ce ne serait être que partie remise. Et c'est tant pis pour Nice qui nous accueillera samedi".

Cette boutade du président Meric pour vous laisser deviner que l'ambiance était à la détente dans le vestiaire olympien. D'ailleurs, c'est extraordinaire, les journalistes n'avaient du patienter qu'une ou deux minutes avant d'être autorisés à rejoindre les joueurs.

"Nous avons vu ce soir un très bon O.M., ajoutait sur un ton plus sérieux cette fois le président Meric. Nos garçons ont accompli un match excellent en dépit un terrain impraticable. Et nous avons confirmé de fort joli façon le renouveau amorcé à Troyes. C'estt, je crois, un fait indéniable. Dommage que nous ne l'ayons pas réalisé devant plus de témoins. Cependant notre retour en forme relance l'intérêt du match de samedi à Nice. Match que, croyez-moi, nous n'aborderons pas résignés le moins du monde".

Jules Zvunka, on le devine aisément, se montrait lui aussi satisfaits du comportement de son équipe.

"Depuis Troyes, nous avons décidément retrouvé tout à la fois le moral et la joie de jouer. Nous avons livré ce soir un match plein, varié, il y a eu un engagement physique ininterrompu, des appels de balle, une recherche perpétuelle d'appui dans le jeu offensif. Oui, j'ai tout lieu d'être satisfait. Mais, attention : il ne suffit pas d'avoir confirmé Troyes, il faut confirmer maintenant, journée après journée. Cette équipe tourne bien. Enfin, j'ajouterais-je, puisqu'elle traduit à peine ce qu'elle laissait entrevoir en début de saison. Dès lors nous n'avons pas encore perdu samedi, ni abdiqué toutes ambitions. Quant à vous dire s'il y aura des changements pour Nice, il est bien trop tôt encore. Mais nous allons penser à ce match dès ce mercredi ou un entraînement aura lieu comme à l'ordinaire".

Félicité pour son remarquable coup de tête victorieux, Marius Trésor restait placide comme toujours :

"En fait, c'est surtout le centre d'Albert qui était parfait, expliquait-il posément. Albert, comme Hector, a encore été très bon ce soir. Et sans ce terrain à la limite du jouable, en première mi-temps surtout, nous aurions enlevé une large victoire et notre premier bonus. Mais, dans de pareilles conditions de jeu, il est toujours beaucoup plus facile de réduire que de construire. C'est égal, je pense que l'on peut dire que cette fois la machine est bien repartie".

"Oui, nous avons pris des risques, estimé de son côté François Bracci. Nous ne sommes pas restés sur la réserve que nous faisons parfois. Je crois que cela a été payant".

Et le mot de la fin nous le laisserons à Jackie Lemée, qui disait en se rendant sous la douche :

"Je ne sais pas quelle impression l'on ressent depuuis des tribunes mais ce que je peux vous dire c'est que, sur le terrain, nous avons tous retrouvé une sacré joie de jouer.

Alain PECHERAL

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Toujours deux sans trois

Il était tristounet, le stade vélodrome hier soir, sur le coup de 20 h. 30.

À peine 7.000 spectateurs, un froid de canard, une pluie glaciale, et une pelouse gorgée d'eau.

De l'avis général, la soirée ne s'annonçait pas particulièrement folichonne.

Eh bien ! On était dans l'erreur. Certes la suite, c'est-à-dire la partie, n'atteignit jamais un très haut niveau, mais le spectacle ne cessa d'être plaisant. Surtout, et il nous plaît à le souligner, grâce aux Phocéens, qui, sur un terrain plus propice au water-polo qu'au football, firent preuve d'entrée d'une dynamisme et d'un jeu collectif dont on les croyait depuis longtemps incapables.

Deux crochets de Yazalde, une charge de Boubacar, une série de dribbles de Bereta, un tir canon de Yazalde, le tout en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, et on vit le public se surprendre à encourager une équipe qu'il croyait à jamais perdue et qu'il retrouvait enfin.

Ce n'était pas du football de rêve, mais c'était gentiment fait et par les temps qui courent il ne faut surtout pas faire la fine bouche. Une seule ombre au tableau à la mi-temps : le score était toujours vierge.

Il y eut alors le penalty réussi par Yazalde, l'Argentin sans tambour ni trompette à jouer à onze journées de la fin Paulo Cézar sur le plan de l'efficacité, et le second but de Trésor, magnifique récompense extraordinaire pour cet athlète ardent du football dont la rage de vaincre n'a d'égale que la facilité.

L'O.M. avait gagné. La fête il faut le dire, aurait été complète si les Olympiens avaient enfin réussi à obtenir un bonus qui les fuit depuis le début de la saison et que 7.000 spectateurs réclamaient sur l'air des lampions.

On l'attendait ce troisième but, jusqu'à l'ultime seconde. On l'attend encore. Jamais deux sans... trois, a-t-on coutume de dire ; pour l'O.M. c'est toujours deux sans trois.

Hier soir, il n'a certainement manqué qu'une chose aux Marseillais pour obtenir ces fameux trois point cent fois mérités : un brin de réussite.

André de ROCCA

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Karasi : "le penalty un scandale !"

Ni cris, ni grincements de dents dans le camp lillois après la défaite. L'entraîneur Gardien analysait avec objectivité ce match et devait nous dire :

"C'est lamentable que le sort de ce match se soit joué sur un penalty très contestable sifflé par l'arbitre ! Le match a basculé à ce moment-là et nous n'avons pas su refaire le terrain perdu par malchance, lorsque un tir de nos avant s'est écrasé sur la barre à la suite d'une belle action. Néanmoins je suis content car nous avons fourni un bon travail match ainsi que nous l'avions fait devant Paris Saint-Germain ; les joueurs ont des qualités et ils sont bons dans le domaine collectif. Lorsque les oppositions s'équilibrent ce sont les individualités qui font la décision !"

Le gardien Duse ne cherchait pas des excuses mais constatait : "Nous n'avons pas été servis par la chance, je ne veux plus parler du penalty mais n'oublions pas que nous étions privés de deux de nos meilleurs éléments, Mezy qui souffre d'un claquage et Coste qui doit subir une opération au début du mois d'avril. Que nous parvenions à nous débrouiller sans eux, c'est réconfortant pour l'avenir".

Cette opinion était partagée par Karasi : "Pour moi ce fut un très bon match en dépit des conditions très difficiles du temps et du terrain, Marseille a une bonne équipe, c'est indéniable, mais le penalty que l'on a sifflé contre nous est un scandale". Enfin Denneulin se plaignait de l'arbitrage en d'autres termes : "Chaque fois qu'on fait un tacle glissé en défense, on est sifflé, de cette façon, il n'est plus possible de jouer et de contenir l'adversaire".

Enfin de Martigny concluait : "Si j'avais réussi mon tir la fin de la partie, nous obtenions l'égalisation, cela pouvait changer beaucoup de choses mais je ne pense pas que les Marseillais auraient pu après marquer un second but. Mais enfin, il ne s'agit que de si, et ce n'est pas avec cela que l'on transforme le score final d'un match".

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- LA PELOUSE ÉTAIT-ELLE JOUABLE ?

- Si Monsieur de La Palisse était toujours de ce monde, il expliquerait que la pelouse était jouable, puisque les joueurs ont joué. Et il va sans dire que les arbitres et les délégués du match se rangeraient à l'avis du célèbre personnage. Ceci précisé, il faut bien reconnaître que, par endroits, il était pour le moins bien difficile de pratiquer un football normal. Nous pensons notamment à l'aile gauche, côté tableau d'affichage. À cet endroit, il était quasiment impossible de faire avancer le ballon d'un millimètre, même en tapant comme un sourd. Le match ayant été par ailleurs agréable, il faut féliciter les 22 acteurs, qui, dans des conditions plus que difficiles, ont su tirer leur épingle du jeu avec un certain bonheur.

- QUE PENSER DE L'ARBITRAGE ?

- M. Martin fait partie de cette catégorie que l'on appelle "arbitre maison", à savoir qu'en règle générale il favorise un tantinet l'équipe locale. Cela dit, il faut bien reconnaître que lui et ses assesseurs ont une façon toute particulière de juger les hors-jeu. Déjà, par le passé, nous avions noté une fâcheuse tendance de ce trio à lever le drapeau ou siffler un peu à tort et à travers. Cela s'est confirmé hier, notamment sur plusieurs attaques olympiennes interrompue pour des hors-jeu que nous qualifierons imaginaires. Un mauvais point donc à M. Martin.

- LE PENALTY EST-IL JUSTIFIÉ ?

- Rappelons l'action, Jean Fernandez se précipite à l'intérieur de la surface de réparation balle au pied. Il prend de vitesse la défense lilloise, mais à l'évidence pousse trop loin son ballon. Sur cette pelouse glissante, Fernandez aurait sans doute beaucoup eu de mal à rattraper puis à redresser la course du ballon. C'est à ce moment que Ich et Deneulin le télescopèrent. M. Machin estimant sans doute que la faute était volontaire et ladite faute étant passée à l'intérieur de la surface de réparation, il n'hésita pas à me montrer le point de penalty, puisque l'on sait qu'en pareille circonstance la notion de danger de but n'existe pas. Penalty imaginaire ? Nous n'irons pas jusqu'à la. Mais penalty sévère sûrement.

- L'O.M. A-T-IL CONFIRMÉ LES PROGRÈS ENREGISTRÉS À TROYES ?

- Nous n'hésiterons pas une seconde pour résoudre par l'affirmative. Certes, on peut regretter que les attaquants olympiens aient mis près d'une heure à trouver la faille dans la défense lilloise, mais il faut reconnaître que jusque-là l'équipe jouant, malgré des conditions difficiles, un bon match collectif, avait su nous séduire. Ainsi, donc, à moins de cinq jours du déplacement à Nice, sans vouloir faire preuve d'un optimisme béat, on peut penser que les Marseillais pour peu qu'ils continuent dans cette voie, peuvent enregistrer au stade du Ray une bonne performance.

A. de R.

 

 

 

 

 

 

 

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