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Résumé Le Provencal

du 08 mai 1976

 

  MARIUS TRESOR A SAUVE L'O.M.

  Les Marseillais ont du longtemps attendre

pour éliminer un excellent Angers

C'est ça la Coupe !

On ne peut s'empêcher de l'aimer pour toutes les émotions fortes qu'elle a procurées à des générations de spectateurs.

Vaincre ou disparaître. Et l'on regrettera que de nombreux amateurs provençaux de football soient restés sur la touche, au lieu de venir remplir à ras bord le Stade Vélodrome. Sans doute n'ont-ils pas cru qu'Angers pouvait être un rival de la taille de l'O.M. ?

Ce fut une erreur, car les Angevins, comprenant que l'offensive était leur meilleure arme, contribuèrent grandement à donner au match une allure endiablée et, partant spectaculaire.

La deuxième mi-temps fut d'une intensité dramatique, très au-dessous de la moyenne. Cardiaques s'abstenir !

Les deux capitaines donnèrent le ton. Au début de cette mi-temps, Berdoll parti à une quarantaine de mètres des buts de Migeon, et face à toute la défense de l'O.M. avec un extraordinaire slalom. Seul, à quelques mètres de la cage olympienne, il voulut à la manière de Blokhin faire un dribble de trop. Trésor qui se trouvait par là put dégager la balle en corner. La chasse chance d'Angers venait de passer. Mais quelle merveilleuse action !

Pas plus merveilleuse, en tout cas que le bond de Trésor sur un corner tiré par Bereta a la 60e minute. On le vit s'envoler très haut au-dessus de la mêlée, formée de partenaires et d'adversaires et, d'un coup de tête, catapulter la balle dans la cage d'Angers : un à zéro.

Marius Trésor avait sauvé Marseille.

Le but de Buigues, à cinq minutes de la fin qui fin au suspense, n'était que la conséquence du premier. Car, il est bien certain que s'ils avaient mené par un à zéro à ce moment-là, les Angevins eussent joué de façon totalement différente.

UNE PREMIERE MI-TEMPS EQUILIBREE

C'est à la 45e minute que s'était situé le sommet de la première mi-temps. Lancé en contre-attaque, Boubacar avait réussi un excellent centre en direction de Yazalde. But ? Non, l'avant-centre argentin tira au-dessus.

Et pendant ce temps-là, de l'autre bout du terrain, l'excellent Cassan se roulait au sol et il fallut l'emporter sur une civière. Il reprit sa place en deuxième mi-temps, mais fut très handicapé durant tout le restant de la partie.

À ce moment-là, Angers était toujours qualifié pour les demi-finales. La parité à la mi-temps reflétait assez bien ce que l'on avait pu voir.

L'O.M. avait généralement dominé, mais les Angevins surprenant agréablement par leur esprit résolument offensif, avaient construit de très dangereuses attaques, obligeant même Migeon à deux arrêts en catastrophe.

Bereta s'était montrée très actif et même combatif, bien soutenu par l'inusable Fernandez. En nota encore que Boubacar, sur un coup franc pour son équipe avait percuté le ballon contre la transversale.

Dans l'équipe d'Angers, Berdoll, Guillon, Augustin, en fin de mi-temps, et Edwige, avaient donné quelques sueurs froides à la défense de l'O.M.

Bref, jusqu'à la, un match beaucoup plus équilibré qu'on ne l'aurait supposé à tort.

CHAPEAU AUX ANGEVINS.

On vous a déjà dit combien la deuxième mi-temps avait été passionnante, disputée et riche en exploits individuels. Il faut tirer un grand coup de chapeau aux joueurs Angevins.

On prétendait avant la rencontre que pensant seulement au championnat, ils allaient laisser l'O.M. gagner facilement. Il n'en fut rien. Heureusement, pour l'intérêt de la partie. Et l'on peut dire que devant la foule marseillaise, les Angevins de vert vêtus comme les Stéphanois, réussirent à se surpasser.

On notera dans cette équipe l'excellente partie du jeune gardien Janin. Le grand match également, du jeune stoppeur Ferri, que l'on vit partout en défense et à la pointe du combat. Mais c'est surtout devant et au milieu du terrain que se situe la force d'Angers.

Berdoll a prouvé à ceux qui commençaient peut-être à l'oublier qu'il était encore un des grands avants-centres français. A côté de lui, Edwige, Augustin, quand il eut le ballon et le jeune Guillon, se montrèrent également très dangereux. Sans oublier Bernard Lèche, le technicien auteur de deux ou trois buts qui faillirent surprendre Migeon.

Sur l'ensemble de la rencontre, l'équipe olympienne a bien mérité sa qualification, encore qu'elle ait été souvent poussée dans ses derniers retranchements par son adversaire. Il n'échappera à personne que le grand homme de cette rencontre, une fois encore a été Trésor. Impérial derrière et percutant devant.

On soulignera encore le bon match de Bereta. En première mi-temps, jouant en position de milieu du terrain, il se rendit très utile par son activité et la précision de son jeu. En deuxième mi-temps, l'O.M. devant à tout prix marquer au moins un but, il joua franchement ailier gauche et ses centres furent toujours dangereux.

S'il n'a plus le double démarrage qui le caractérisait autant sa grande forme, Bereta, par son métier et sa technique, est toujours un titulaire indispensable.

Il ne reste plus, maintenant à l'O.M. qu'à préparer la demi-finale de la Coupe qui, pour lui, se jouera sans doute au Parc des Princes le 20 mai.

Maurice FABREGUETTES

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EMON : Je suis prêt à quitter l'O.M."

Si en règle générale l'ambiance était pour le moins euphorie qu'hier soir dans les vestiaires marseillais, un seul joueur présentait un joueur mi-figue mi-raisin.

Il s'agit, vous l'avez deviné, d'Albert Emon.

Satisfait que son équipe se soit qualifiée, il l'était beaucoup moins d'être considéré comme un 12e homme.

C'est ce qu'il nous a expliqué.

"Il faut être logique, devait il nous dire, si on estime à l'O.M. que je n'ai pas les qualités requises pour être un titulaire, je suis prêt à émigrer vers d'autres cieux. Il faut que vous sachiez que 12e homme ou pas, je ferai consciencieusement mon travail jusqu'à la fin de la saison pour mon club et aussi pour les joueurs qui sont tous mes amis.

"Ceci dit, vous comprendrez que je ne peux pas sacrifier toute une carrière. On veut à Marseille laisser la place aux jeunes, mais on ne semble pas tout faire pour qu'il en soit ainsi. On me dit que l'équipe a gagné sans moi contre Valenciennes et à Reims par exemple, mais je crois qu'avec moi elle a aussi gagné des matches. En me laissant pratiquement sur la touche, on est en train de briser ma carrière, notamment celle d'international. Ma vie est à Marseille, dans le Midi, mais si on ne fait plus confiance qu'on me le dise, je m'en irai. La mort dans l'âme certes, mais que faire d'autre, on ne me laisse pas le choix".

A. de R.

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  JULES ZVUNKA : "Comme en 1969"

BERETA et TRESOR : "Quand on se fait mal on est récompensé"

C'est par un triple hip-hip-hip hourrah que les représentants de la presse furent accueillis dans les vestiaires marseillais, après la traditionnelle attente devant la porte close.

Le premier que nous avons trouvé sur notre chemin était le capitaine Marius Trésor. Bien entendu, il était radieux, à double titre : d'abord parce qu'il avait marqué un but, ensuite parce que l'équipe s'était qualifiée.

"Quand on se fait mal, expliquait-il, on arrive toujours à de bons résultats. Mais je vous avoue que nous avons tremblé pendant longtemps. Quand nous étions 0 à 0, bien sûr, mais aussi lorsque n'avions qu'un but d'avance. Nous avons raté trop d'occasions, et ainsi nous n'étions pas à l'abri d'un contre. Enfin, l'essentiel est fait".

Le président Meric, tout sourire, était très entouré. "Il y a longtemps que nous n'avions pas vu un match aussi palpitant à Marseille. Je tiens à féliciter tous les joueurs qui sont allés au charbon de la première à la dernière minute. J'ai vu, ce soir, un grand Bracci, un super Trésor et un extraordinaire Nogues. Désormais, en Coupe, nous sommes sur la bonne voie. Nous attendons maintenant Nantes de pied ferme pour le compte du championnat".

Dans son coin, Georges Bereta tenait, à quelque chose près, les thèmes propos que Marius Trésor.

"Il est incontestable que le fait de recevoir en second a été pour nous un avantage. Nous aurions dû marquer plus de buts, mais il ne faudrait pas oublier qu'à Angers nous aurions pu en encaisser pas mal aussi.

En conséquence, je crois qu'il y a lieu d'être satisfait, à la foi du résultat et de la manière dont il a été acquis". Et Bereta de conclure : "Nous nous sommes fait mal, et quand on se fait mal, on est toujours récompensé. La preuve".

Il y a longtemps que Bracci n'avait pas fait une petite partie telle que celle qu'il nous a donnée hier soir. Explication du grand Tchoi : "Vous savez que, pour moi la le côté psychologique à une très grande importance. Ce soir, sans que je sache très notamment pourquoi, j'étais comme délivré. J'ai réussi les choses les plus difficiles. C'est tant mieux. Mais désormais, il va falloir confirmer. C'est pour cette raison que je vais préparer avec beaucoup de sérieux le match contre Nantes".

Boubacar, lui, riait à gorge déployée : "Ca va, ça va, disait-il. Je ne suis pas du tout fatigué. Je vous avoue que j'aurais joué les prolongations avec un certain plaisir".

L'entraîneur Zvunka commentait : "Ce match n'est pas sans me rappeler celui de 1969 ou nous avions éliminé la même équipe d'Angers grâce à un but de Bonnel dans les dernières minutes. Est-ce à dire que c'est un signe prometteur ? Je ne m'avancerai pas, mais comme vous le savez, je suis superstitieux et, ma foi, laissez-moi être optimiste pour la suite des opérations".

Robert Buigues, une nouvelle fois buteur de service, nous a glissé, avant d'aller sous la douche : "La qualification et un but, c'est pour moi une excellente chose et une un très beau cadeau d'anniversaire que je me suis payé, puisque j'aurai 26 ans dimanche. Mais diable ! que nous avons souffert. A croire que nous avons beaucoup plus de mal contre les équipes de deuxième division que contre celles de première".

Victor, en passant, nous lança : "Nous sommes qualifiés, Berdoll n'a pas marqué. Que voulez-vous que je demande de plus ?"

Nous laisserons le mot de la fin à Fernandez. Toujours aussi peu bavard, Jeannot résuma la situation en deux mots : "Il ne nous reste maintenant plus qu'à nous qualifier pour la finale !".

C'est ce que tout le monde espère, désormais, à Marseille.

André de ROCCA

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Le président Keller : "C'est

finalement mieux comme ça !"

Dans les vestiaires angevins, ni les dirigeants, ni les joueurs ne prenaient l'élimination au tragique.

Le président Keller nous a dit : "C'est mieux comme ça. On aurait dû faire la différence à Angers. Nous n'avons pas été ridicules. Mais pour nous, c'est le championnat qui compte, et la somme prochaine nous avons deux rencontres importantes à Toulouse, et chez nous. Je redoutais que notre équipe soit obligée de jouer les prolongations".

L'entraîneur Vasovic nous a dit de son côté : "Nous payons votre jeunesse. N'oublions pas que c'est la première fois que sept de mes gars opéraient devant un si grand nombre de spectateurs, dans une telle ambiance. Mais je trouve qu'il y a trop de matchs rapprochés, ce qui provoque des blessures, et chez nous, ce soir, nous avons des joueurs éliminés !"

Alphonse le Gall, l'ancien joueur de l'Olympique, redevenu Angevin depuis une vingtaine d'années, a commenté le match en ces termes : "En sifflant une faute imaginaire contre Edwige, qui a été à l'origine du premier but marseillais, l'arbitre à provoquer la petite touche du destin qui nous était défavorable".

L'avant-centre Berdoll était assez déçu : "Nous n'avons pas été avantagés par l'arbitrage, et l'un des buts marseillais était hors-jeu. Quoi qu'il en soit, c'est à Angers que nous avons raté notre chance. Nous aurions dû, au match aller, l'emporter par deux buts d'écart. Dans ces conditions, le match d'aujourd'hui aurait pris une tout autre tournure".

Quant à Cassan, il avait une très large plaie à la jambe droite et pestait contre le mauvais sort :

"À l'heure actuelle j'ai de la déveine., Je n'arrête pas d'être blessé".

Alain DELCROIX

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Un Trésor est caché dedans

Histoire de la Coupe serait-elle un éternel recommencement ? En 1969, on s'en souvient, Joseph Bonnel, devant le même adversaire, avait mis fin au suspense d'un remarquable coup de tête à la dernière minute. Hier soir, ce fut Robert Buigues qui, sur un centre impeccable de Lemee, ôta enfin le gros poids. Installé depuis un moment sur l'estomac des spectateurs. Nous en étions alors à la 84e minute, et l'équipe marseillaise tenait sa qualification à bout de roi. Mais, Dieu, que toute cette attente avait été longue.

Il était donc prouvé, une fois de plus, que la Coupe de France, avant d'accorder ses faveurs à quelque équipe que ce soit, demande d'abord de la patience et surtout de la peine. Le sort, quoi qu'il en soit, fut longtemps indécis. Est-ce à dire que l'O.M. a usurpé sa qualification ? Mais sur que non, du moins sur la rencontre d'hier soir, largement dominée dans l'ensemble par les Olympiens. Maintenant, s'il fallait faire le bilan des deux matches, cette vérité là serait faute certainement remise en cause. Mais ce n'est pas de la faute des Marseillais si Berdoll et ses camarades avaient gaspillé chez eux le plus clair de leurs chances.

Le réalisme dont football, et notamment en Coupe, et le seul argument valable en fin de compte. Alors, ce fameux réalisme a-t-il été, hier soir, l'apanage de l'O.M. Et bien, pendant une longue mi-temps ce ne fut pas évident du tout. Que Yazalde ait encore manqué quelques-unes de ces balles dites en or est une chose. Que la formation olympienne ait souffert pour trouver la mesure de son adversaire en est une autre. Tant et si bien que les spectateurs du stade vélodrome en étaient à se demander si cette qualification tant attendue allait enfin survenir.

Josip Skoblar, qui était un invité de marque hier soir, nous avait confié à la mi-temps que l'absence d'Emon dans un tel contexte lui paraissait pour le moins surprenante. Dans cet ordre d'idées peut-on déduire que la rentrée d'Albert et la sortie d'Hector ont modifiée en deuxième mi-temps les données du problème ? Oui, parce qu'Emon a donné tout de même une impulsion nouvelle son attaque.

Oui encore, parce que Boubacar s'est montré beaucoup plus dangereux en position d'avant-centre. Oui, enfin, parce que tout le compartiment offensif avait retrouvé dans l'affaire un regain d'énergie.

De toute façon, le moment est mal choisi pour émettre des critiques. L'O.M. s'est qualifié pour les demi-finales, c'est l'essentiel. Contentons-nous simplement de rentre hommage au capitaine courageux, un Marius déchaîné, qui obtint au bout d'une heure et à force de détermination le but libérateur. Si l'O.M. ne l'avait pas, il faudrait à coup sûr l'inventer. Le relais Lemee - Buigues amena le point de la victoire. Cela prouve à l'évidence que personne dans les rangs olympiens, n'avait renoncé à forcer le destin. La conclusion ? Une équipe pas encore souveraine peut-être, mais donc on pourra dire qu'un Trésor est caché dedans. Une aubaine qui suffira, sait-on jamais, pour retrouver le maillot blanc au Parc des Princes.

Jean FERRARA

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- Y AVAIT-IL LA GRANDE FOULE AU STADE VÉLODROME ?

- Pour un quart de finale de Coupe, franchement non. Certes, 21.231 spectateurs, ce n'est pas si mal du tout, et c'est même sans doute la meilleure affluence des quatre matches d'hier soir. Mais pour une rencontre dont dépendait directement l'accès aux demi-finales, terriblement indécise de surcroît après le résultat de la première manche, on pouvait attendre mieux.

D'autant que les Olympiens restaient au stade-vélodrome sur un bonus, le seul obtenu cette saison et devant 6.000 spectateurs. Et que c'était le dernier match de coupe de l'O.M. au stade vélodrome cette saison.

- QUE PENSER DE LA QUALIFICATION MARSEILLAISE ?

- Qu'elle a été acquise avec une certaine dose de chance. Au match aller bien sur ou, ainsi qu'on l'a déjà dit dans ces mêmes colonnes, Migeon, Trésor et Victor Zvunka avaient littéralement sauvé leur équipe du naufrage.

Mais hier encore, ceux qui se trouvaient au stade n'en disconviendront pas, ces petits Angevins ont donné bien du fil à retordre à leurs adversaires.

N'est-il pas significatif d'ailleurs que ce but libérateur de Buigues n'ait été acquis qu'à 10 minutes de la fin ?

Certes les Marseillais ont largement dominé la partie hier. Mais pas de façon aussi tranchant à notre avis que Berdoll et ses partenaires ne l'avaient fait mardi dernier. Ainsi qu'en témoigne d'ailleurs le nombre relativement restreint d'arrêts difficiles qu'a eu à faire Janin.

- QUAND L'O.M. CONNAÎTRA-T-IL SON PROCHAIN ADVERSAIRE ?

- Mardi prochain 11 mai, à 13 heures, lorsque Brigitte Bardot procédera au tirage au sort des demi-finales. Celle-ci aura lieu le samedi 29 mai sur terrain neutre et sur un seul match. La finale est prévue pour le 12 juin au parc.

- COMMENT À JOUER L'O.M. PAR RAPPORT AU MATCH ALLER ?

- Bien mieux évidemment d'autant par rapport à Angers qu'à Lyon. Mais ce mieux est tout de même relatif.

Sans vouloir faire la fine bouche, alors que l'équipe se trouve qualifiée pour les demi-finales de la Coupe, il nous semble tout de même qu'il faudra jouer d'une autre façon pour pouvoir prétendre enlever l'épreuve.

Alain PECHERAL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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