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Résumé Le Provencal

du 16 septembre 1976

SOUTHAMPTON PAR K.O.

L'O.M. s'est bien battu, mais... (4-0)

(d'un de nos envoyés spéciaux Maurice FABREGUETTES)

SOUTHEMPTON - Contrairement à ce que pourrait faire croire le résultat l'O.M. n'a été ni écrasé ni ridicule hier soir à Southampton.

Avec les moyens qui sont les siens, en ce moment, et qui ne dépassent pas la moyenne française, il s'est fort courageusement battu et sa large défaite concédée pour l'essentiel en 6 minutes, fut celle d'un boxeur mis K.O. par trois terribles "punch" il est vrai.

Il faut aussi objectivement reconnaître que même sans ces coups terribles, les Anglais auraient tout de même gagné aux points.

Leur individuelle supériorité se manifesta surtout dans trois domaines du football : le jeu de tête, l'engagement et les tacles, plus la puissance de frappe.

En outre, cette équipe anglaise mal classée en 2ème division et dont on nous avait dit qu'elle était "balourde" s'était signalée également par la qualité de son jeu.

Un jeu simple d'accord, sans fioritures, mais très efficace et ne manquant pas de finesse, lorsque le ballon passe par les pieds d'Osgood, de Channon ou d'Holmes. Dans ces conditions cette équipe britannique qui aurait certainement sa place dans notre première division a servi de révélateur à l'O.M.

On s'est aperçu hier soir de façon très cruelle que cette équipe olympienne fort sympathique et qui fait de son mieux, répétons le, n'avait pas encore la valeur européenne, en dépit de la classe de certains de ses joueurs et de la rentrée fort encourageante d'Alonso.

Mais ne le savions-nous pas déjà ?

LA FOUDRE TOMBE EN 6 MINUTES

Le début de la 1re mi-temps avait tenu ses promesses. Nous assistions à un bon match de coupe européenne entre deux équipes totalement différentes. C'est d'ailleurs le charme principal des coupes européennes.

Jusqu'à la 30e l'O.M. pensait bien tenir son pari : une courte défaite ou un match nul.

Face à un adversaire très athlétique, mais jouant beaucoup mieux qu'on ne nous l'avait dit, les Olympiens s'étaient bien battus avec calme et une pertinente certaine.

Mais en 6 minutes exactement les canons de la vieille Albion allaient tonner, que disons-nous, rugir très fort.

Un bolide de Blyth venu de l'arrière et repris de plein fouet, une balle déviée par la tête de d'Osgood puis presque immédiatement le numéro de tête des deux grands Channon d'abord, Osgood ensuite.

Deux buts de toute beauté d'ailleurs.

3 à 0 pour Southampton, qui l'eut imaginé 5 minutes plus tôt.

L'INCIDENT DU PENALTY

Là-dessus va se dresser l'incident du penalty. En un premier temps, Alonso prit à contre pied Turner. Mais l'un de ses camarades, Emon pour ne pas le citer, commis l'irréparable sottise d'entrer dans la surface de réparation avant l'exécution du coup de pied. Une faute aussi rarissime que stupide, d'autant plus regrettable que jusque-là Emon avait été l'un des meilleurs olympiens.

Alonso recommença et cette fois Turner (un gardien averti en vaut deux) dévia le ballon en corner.

Ce fut là un fait de la partie très important car avec un but marqué sur terrain adverse, l'O.M. aurait vu ses chances de qualification s'il en reste encore, sensiblement augmentées.

Au cours de cette première mi-temps très animée, l'O.M. avait tout de même eu une satisfaction : la bonne tenue d'Alonso dont on parlera plus longuement par ailleurs.

LORSQUE TOUT EST FINI

En deuxième mi-temps, l'O.M. n'ayant plus rien à perdre et tout à gagner, essaya de jouer l'offensive. Mais il ne réussit pas par manque de vitesse et de puissance de pénétration de ses attaquants de pointe. Une fois de plus Alonso se distingua par quelques passes très subtiles et une bonne couverture du ballon.

Mais ce sont les Britanniques qui devaient avoir le dernier mot.

Après que Migeon eut arrêté par miracle un centre d'Osgood repris de plein fouet par Channon il devait se montrer moins heureux un peu plus tard : Channon s'étant envolé, Victor Zvunka n'eut que la ressource de lui faire un croc-en-jambe dans la surface de réparation, une faute visible à l'oeil nu du haut de notre lointaine tribune. Channon ne laissa aucune chance à Migeon, bien que ce dernier ait légèrement touché le ballon au passage.

4 à 0. C'est un peu lourd, mais pas tout à fait immérité, car les Anglais méritaient bien hier et largement leur victoire.

UNE SATISFACTION : ALONSO

L'O.M. nous ne faisons que nous répéter, a montré hier soir ses limites.

Que peut-on reprocher à une équipe dont un certain nombre de joueurs n'ont visiblement pas la classe internationale et se trouvent de ce fait dépassés dans un pareil débat.

Mais, répétons-nous encore, un grand sujet de satisfaction : Alonso. Écopant d'un carton jaune dès la 10e minute du match, le jeune argentin démontra qui savait se battre, qu'il avait du coup d'oeil, de la présence et un remarquable sens du jeu.

On n'eut pas l'occasion d'apprécier la puissance de son tir, ni sa vitesse de démarrage. En fait, il ne tenta jamais franchement sa chance, sauf en première mi-temps ou il plaça deux bons tirs, mais pas assez puissants pour tromper Turner.

Dans l'équipe anglaise qui forme un ensemble puissant et très efficace, les deux joueurs de pointe furent bien sûrs Channon et Osgood.

Channon est un avant-centre qui ferait le bonheur de tous les clubs français de Première division. Quant à Osgood, s'il est âgé, il a encore de très bons restes et il le montra à plusieurs reprises. Quel merveilleux joueur a-t-il dû être il y a une dizaine d'années.

Mais ils ne sont pas les seuls dans l'équipe : la défense apparut très sur, très athlétique avec des joueurs très remuants et très offensifs.

Bref, une fort belle équipe que l'on verra avec plaisir dans quatorze jours au stade vélodrome.

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ALONSO :

l'avenir est à lui !

Après la peut reluisante défaite de l'O.M. à Laval, alors que nous faisions part à José Arribas de nos inquiétudes avant l'aventure européenne, il nous confiait qu'il comptait beaucoup sur la triplette argentine dont il avait apprécié la bonne entente lors des matchs de préparation et, évidemment, sur la rentrée d'Alonso dont la classe et la précision pouvaient mettre de l'ordre dans une maison qui en avait bien besoin.

Yazalde n'a jamais été en mesure d'inquiéter réellement la défense britannique. Noguès n'a pas tellement paru à son affaire et n'a pas tenu le rôle qu'on espérait. Mais Alonso n'a vraiment rien à se reprocher et justifia la confiance placée en lui par son entraîneur.

Pour notre part, dans un à une rencontre qui promettait d'être durement disputée, nous n'en attendions pas moins monts et merveilles et il aurait eu, en cas de mauvaises performances, autant d'excuses à faire valoir que lors de son entrée en scène à Valenciennes.

Le jeune Sud-Américain ne se présentait-il pas à court de compétition aussi bien que l'entraînement et affaibli par plusieurs jours de chambre à et un énergique traitement aux antibiotiques ?

Il fut cependant l'un des rares Marseillais à traiter d'égal à égal avec ses adversaires, non seulement sur le plan technique, mais aussi sur celui de la combativité et le frêle Argentin, malgré un manque de condition physique évidemment, ne rechigna pas à la besogne et, souvent malmené, répondit du tac au tac, rendant coup pour coup, au point d'écoper d'un avertissement dès la 10e minute, pour avoir attaqué trop vigoureusement son garde du corps qui l'avait abattu quelques secondes plus tôt.

Et là, on pourrait reprocher à l'impeccable arbitre espagnol de s'être montré trop sévère.

Si nous revenons à la partie, disons qu'Alonso fut avec Emon en début de première mi-temps, le seul marseillais à poser un problème à la défense britannique, non seulement par ses dribbles, ses feintes et ses remises rapides et précises, mais aussi par ses tentatives de tir. En outre, il obtient de nombreux corners pour son équipe.

On ne peut l'incriminer de figurer, c'est l'envers de la médaille, parmi les héros marseillais malheureux de la partie.

Quand l'O.M. obtient un penalty, à la 37e minute, il réussit tout d'abord un contre-pied parfait et ce n'est assurément par de sa faute si Emon, rentrant trop vite dans la surface de réparation, contraignit l'arbitre à annuler celui qui venait au bon moment.

À sa nouvelle tentative, Alonso eut sans doute le tort de modifier sa façon de tirer et Turner se détendit du bon côté, parvenant à se coucher sur une balle précise, mais donner trop mollement.

En conclusion, même si Alonso faiblit logiquement en fin de partie, on doit le créditer d'une rentrée plus qu'honorable. Il sera en tout cas, en fonction de l'avenir, l'une des rares satisfactions marseillaises de cette bien triste soirée.

Louis DUPIC

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Les réponses aux questions que vous vous posez

- POURQUOI L'ARBITRE A-T-IL REFUSÉ LE PREMIER PENALTY VICTORIEUX D'ALONSO ?

- C'est après avoir consulté son arbitre de touche que M. Urrestarazu a décidé d'annuler le but marseillais. Emon, contrairement à ce que dit le règlement, était entré trop tôt dans la surface de réparation britannique. C'est la raison pour laquelle M. Urrestarazu a finalement décidé d'annuler le but olympien. Pour la petite histoire, disons qu'Alonso était parvenu à battre Turner en logeant la balle dans le coin droit. Pour sa deuxième tentative, il voulut malheureusement changer de côté, mais le gardien britannique qui avait senti le coup, se précipita à l'endroit opportun et put détourner le tir en corner. Une belle chance marseillaise qui s'envolait.

- À QUOI EST DU L'EFFONDREMENT MARSEILLAIS ?

- Il nous a semblé pour notre part que l'O.M., sur le plan pur du football, pouvait rivaliser avec son adversaire anglais. En revanche, où les Marseillais ont été impitoyablement battus, c'est dans l'engagement. À notre sens, c'est la force physique des Anglais qui a fait la différence. Les joueurs de Southampton ont imposé l'épreuve de force et nous sommes bien obligés de reconnaître qu'ils en sont sortis vainqueurs.

- QUE DIRE SUR ALONSO ?

- On vous parle longuement par ailleurs, et dans le détail de la rentrée de l'Argentin. Pour notre part, nous estimons que Norberto a fait une rentrée disons honorable. Sa grande malchance évidemment fut de manquer le penalty qui aurait permis à l'O.M. de réduire le score à un moment ou rien n'était encore perdu.

Les conditions étaient donc extrêmement défavorables pour la nouvelle recrue olympienne, mais à notre avis Alonso devrait pouvoir confirmer la confiance de ses nouveaux dirigeants.

- QUE DIRE SUR L'ARBITRE ?

M. Urrestarazu, semble-t-il, dirigé la rencontre à la satisfaction générale. Il a donné un avertissement à chaque équipe et a même accordé un penalty à chaque adversaire. C'est dire qu'il s'est acquitté de sa tâche avec une parfaite honnêteté.

J.F.

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Cette nuit qu'ils n'oublieront pas

(d'un de nos envoyés spéciaux Lucien D'APO)

Cette pelouse grasse, dense, dont chaque brin d'herbe semble avoir été coupé à la main, ce stade vieillot, gris, mais ordonné et propre avec ses étages de spectateurs bien rangés, ses footballeurs bardés de muscles, aux chaussures bien lacées, au maillot bien ajusté, et ce lancinant bruit de fond d'un public qui murmure avant de crier, qui redoute ataviquement toutes les défaites qui peuvent venir du continent, défaites païennes, presque hors la religion de leur football spécifique. Oui, nous sommes bien dans un stade anglais, austère puis hurlant qui montre ses emblèmes comme une église montre sa croix.

On respecte les Anglais parce qu'ils sont respectables.

On admire leur football parce que, logiquement même du football, il est admirable, mais l'on aime moins les footballeurs anglais, parce qu'au bout de leur talent, et quelquefois de leur génie, il y a toujours une pointe de suffisance, d'autant plus désagréable qu'elle est discrète.

L'Anglais n'aime pas perdre balle au pied, par qu'il sait que la religion de ce jeu qu'il a divulgué et exporté à travers le monde, et avant toute chose son bien, sa propriété et sa création.

Et rien n'est plus désobligeant que le fidèle constatant le prophète.

Il ne pouvait donc en être autrement en ce début de match.

Toute la puissance du football anglais sous les couleurs rouges et blanches du Southampton Football Club déferlant comme la marée sur ce pauvre O.M. asphyxié, quasi étouffé après vingt minutes, et s'accrochant à toutes les épaves du jeu pour échapper à la noyade.

Pendant toute une première mi-temps, nous avons vu l'O.M. torturé, haché, écrasé.

Un Migeon extraordinaire, décidé à relever tous les affronts, seul à se battre dans la cage ou sa main bouchait tous les trous, ou ses sauts étaient ceux que l'on doit faire sur le gril de l'enfer, seul, tout seul, héroïquement seul.

Et cela malgré l'appui désespéré de Marius Trésor, aussi admirable qu'il peut l'être dans des moments pareils, mais impuissant devant ce jeu qui est ce qui est probablement la leçon sportive la mieux apprise dans ce monde.

L'O.M. ne pouvait démontrer ce précieux mécanisme, ce jeu imagé dans le dixième de seconde, mais qui est l'application d'une règle, une figure étudiée, préparée, élaborée.

La percussion arrive au bon moment, la faille se crée où il faut, l'attaque fuse à l'instant précis.

Fulgurante équipe qui donne une valeur assez coups finals. Channon, Osgood, Waldron, William, des hommes si prompt, si alerte, qu'ils permettent une peinture qui exprime tout le football.

C'est cet O.M. dépassé, qui était hier soir, en face de ces "Saints" comme offert en holocauste.

On vous décrit par ailleurs ces trois buts qui, à bout portant, fusilla Migeon comme l'aurait été n'importe quel goal au monde. En quelques minutes trois buts d'un tel tranchant qu'ils impressionnèrent et fascinèrent.

Et, pourtant, on vit une équipe marseillaise qui après avoir obtenu, marqué et s'être vu annuler cette réduction de score sur une répétition d'un penalty, ne pas céder à la puissante supériorité des Britanniques.

C'était le début d'un long baroud, qu'Alonso essaya de conduire le mieux possible, que Trésor anima avec ferveur, et qui semblait si mièvre, si opaque en réplique à la limpidité des Anglais, qu'il était comme inutile et désespéré.

Rien ne se retranche dans un tel match. Tout s'additionne pour le vainqueur. L'O.M. a perdu trop physiquement et trop techniquement pour croire en son avenir européen cette saison.

Il n'en reste pas moins que le pronostic pessimiste que l'on pouvait faire en accordant deux buts d'écart aux Britanniques est si largement franchi qu'il limite les commentaires. Les Olympiens peuvent se demander aujourd'hui ce que sera le second match.

Ou plus exactement ne plus se poser la question avant d'avoir trouvé tous leurs esprits.

Tant il est vrai que le prochain combat ne sera pas une source de réflexion, mais plus sûrement d'inquiétude.

Ce fut la nuit qu'ils n'oublieront pas.

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Un arbitre très impartial

Dans l'équipe anglaise les meilleurs furent Channon, Osgood qui ont, ou ont eu, la grande classe.

Excellente partie également d'Holmes, de l'arrière central Blith et de toute l'équipe en général.

Car cette victoire est aussi une victoire collective.

Ajoutons pour terminer que l'arbitre espagnol se montra très impartiaL. Il siffla toutes les fautes et on ne saurait dire qu'il ait avantagé l'équipe anglaise.

M.F.

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LE MATCH EN BREF

6me minute : Corner de Bereta, reprise de la tête de Emon au dessus.

20ème minute : Tête de Stokes, Migeon, bien placé, arrête.

23ème minute : Alonso obtient un triple corner. Au terme du troisième, Emon tente sa chance de 20 mètres, mais Turner est bien placé.

31ème minute : centre de Williams, déviation de Channon pour Waldron. Ce dernier presque à bout portant, fusille littéralement Migeon :1 à 0.

34ème minute : centre de Steele, tête de Channon. Les Anglais mènent 2 à 0.

35ème minute : centre de Williams, tête de Osgood. Migeon pour la troisième fois est battu : 3 à 0.

38ème : Pour une faute de main de Waldron dans la surface de réparation, l'arbitre sans hésiter, indique le point de penalty.

Alonso prend une première fois Turner à contre pied, mais le directeur de jeu oblige l'Argentin à retirer car Emon était entré trop dans la surface de réparation. La deuxième tentative sera beaucoup moins heureuse puisque Turner dégage son tir en corner.

53ème minute : Centre de Osgood, reprise de Channon à bout portant, formidable arrêt de Migeon.

64ème minute : avertissement à Holmes

65ème minute : La tête de Yazalde à coté.

69ème minute : Faute de Zvunka sur Channon dans la surface de réparation : penalty et but du même Channon : 4 à 0.

74ème : tir de Beretta sur la barre.

86ème minute : Channon est remplacé par Earles.

J.F.

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TRESOR : "Nous avons joué comme des gamins !"

(d'un de nos envoyés spéciaux Jean FERRARA)

SOUTHAMPTON - Vous pouvez vous douter que l'ambiance n'était pas à la joie dans les vestiaires marseillais, dès la fin de la rencontre. Comme nous avions coutume de le voir en déplacement, toute la délégation marseillaise baissait la tête et les mines étaient plutôt tristes, comme celle du président Meric, par exemple, qui s'efforçait portant d'oublier ses émotions :

"Je pense, nous dit le président, que le score est tout de même sévère. Je ne discute pas la valeur de l'équipe anglaise, mais avec le penalty manqué et le tir sur la barre de Bereta, nous aurions pu réduire le score.

"Une satisfaction, quand même, poursuivait le président, Alonso, à mon avis, a effectué une bonne rentrée, après tous les petits ennuis qu'il a connus depuis son arrivée à Marseille.

"Bien entendu je suis déçu par ce résultat. Il est évident que l'O.M. n'est pas encore mûr pour jouer les grandes compétitions au niveau international. Je crois que les joueurs ne sont pas assez méchants sur le terrain, je veux dire par là qu'ils ne savent pas employer des arguments comme ceux utilisés par les Anglais.

"Dans un match de cette envergure, il faut, pour avoir quelques chances de qualification, savoir se faire respecter. Malheureusement l'O.M. ne l'a pas su".

ARRIBAS :

"PAS TROP D'ILLUSIONS À SE FAIRE".

José Arribas, lui non plus, ne présentait pas un visage réjoui. Devant les nombreux journalistes qui dut demandaient ses impressions, l'entraîneur marseillais c'est pourtant livré à une petite conférence de presse improvisée :

"Je savais, déclara-t-il, que les Anglais étaient très redoutables quand ils jouaient une compétition face à une équipe étrangère. Leur façon de jouer ne m'a donc pas étonné du tout. Je pensais, cependant, que l'O.M. trouverait les ressources nécessaires pour s'imposer à la furia britannique. Hélas, c'est dans ce domaine que nous avons failli, et je dirais même manqué à notre tâche. Bousculés par leurs adversaires pour la possession du ballon, les Olympiens ne pouvaient pas espérer un résultat positif".

- PENSEZ-VOUS QUE LE PENALTY AURAIT PU CHANGER LA FACE DES CHOSES ?

"Vous savez, il ne faut pas trop se faire d'illusions. Ce serait un peu se mentir à soi-même, en prétendant que l'O.M. aurait pu inverser la physionomie de cette rencontre. Il est possible toutefois qu'en marquant un but, nos joueurs auraient pu retrouver des forces morales. Je tiens tout de même à signaler qu'Alonso avait bien battu Turner, le gardien britannique. À croire que le destin était vraiment contre nous, puisque, vous l'avez vu, ce tir victorieux n'a absolument rien changé".

- CROYEZ-VOUS QUE LE SCORE SOIT DÉSORMAIS IRRÉMÉDIABLE ?

"Vous savez, en football rien n'est jamais perdu temps que le coup de sifflet final n'est pas donné. Il nous reste encore 90 minutes à jouer. J'avais annoncé, avant ce premier match, qu'il fallait un O.M. des grands jours pour espérer obtenir ici un résultat positif. Je dirai maintenant qu'il faudrait un super O.M., lors du match retour, pour forcer les Anglais à jouer ne serait-ce que la prolongation. Bien que l'affaire se présente plutôt mal, rien de nous interdit de croire au miracle. Il faut quand même mettre l'accent sur cette nouvelle et sévère défaite à l'extérieur, ce qui confirme que l'O.M. a vraiment des difficultés lorsqu'il ne joue pas au stade vélodrome, autrement dit nous avons encore pas mal de travail à accomplir pour espérer jouer un rôle non seulement dans les compétitions internationales, mais aussi dans le championnat français".

UN CAPITAINE MÉCONTENT

Voyons maintenant l'opinion des joueurs. Auparavant, laissons la parole à Jules Zvunka, pour connaître son sentiment.

"Ils nous ont eu par leur point fort, nous a déclaré Jules, c'est-à-dire par leur puissance athlétique, mais aussi par leur jeu de tête. En fait, ils ont confirmé le sentiment que j'avais eu après avoir "espionné" cette équipe anglaise. Devant de tels adversaires il fallait tenir le coup et malheureusement nous nous sommes effondrés au terme de la première demi-heure. Une satisfaction toutefois, Alonso a confirmé ce soir tout le bien que l'on pensait de lui".

Sur ce dernier point, Jules Zvunka était tout à fait d'accord avec José Arribas qui nous avait déclaré quelques minutes plus tôt :

"Pour moi, Norberto Alonso a été l'un des seuls joueurs marseillais qui ait pu tirer son épingle du jeu, dans des conditions pour le moins très défavorables. De plus Norberto a su démontrer en dehors de ses qualités propres de footballeur qui savait aussi se battre. Et cela et plus important".

Passons maintenant aux joueurs.

Bracci était catégorique : "Nous avons dû nous mesurer à un véritable rouleau compresseur. Albert Emon n'était pas loin de partager le sentiment de son camarade : "Il nous ont battus à l'anglaise, ce qui à mon sens veut tout dire. Pourtant, ajouté Albert, l'O.M. aurait pu obtenir un meilleur résultat.

"Hélas nous n'avons pas su nous opposer à cette pression constante des Britanniques. Tout notre malheur est venu de là".

Alonso pour sa part était plutôt en colère contre les joueurs britanniques : "Véritablement, nous dit-il avec l'aide de ses compatriotes argentins, les Anglais ne nous on fait aucun cadeau. Je pense que l'O.M. a eu le tort d'être trop tendre avec de tels rivaux. Nous aurions dû nous aussi nous faire respecter en répondant du tac au tac. Malheureusement les Anglais ont pu faire pratiquement ce qu'il voulait tout au long de cette rencontre".

Quant à Marius Trésor il était encore plus désappointé et même aussi virulent en faisant l'analyse du match.

"Nous avons laissé les Anglais faire à leur guise. À ce jeu, les Anglais ne sont pas privés d'en profiter. J'estime pour ma part que nous avons jouée comme de véritables gamins.

"Dès que nous prenions un but, tout le monde se panique, ce qui convenait évidemment à une équipe britannique qui n'attendait que notre désarroi pour mieux nous frapper.

"Je savais moi aussi que les Anglais allaient essayer de nous avoir à l'usure. Mais je pensais aussi que nous aurions les moyens de leur donner une résistance digne d'une équipe française de première division. Je ne veux en rien mésestimer les joueurs de Southampton, mais enfin ce n'est jamais qu'une formation de 2ème division du championnat d'Angleterre.

"À mon sens, l'O.M. n'aurait jamais dû concéder quatre buts devant un tel adversaire. Si nous avions joué en équipe, si nous avions essayé de nous serrer les coudes au lieu de nous disperser sur le terrain, je pense sincèrement que nous aurions pu limiter les dégâts et préserver ainsi de toutes nos chances pour le match retour.

"On nous dit que les Anglais sont très athlétiques, mais je vous rappelle que nos défenseurs ne sont pas des fillettes non plus puisque la plupart dépassent 1m.80."

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M'c Menemi : "Contrat rempli !"

M'c Menemi l'entraîneur britannique a tenu, lui aussi, une conférence de presse à la fin de la rencontre.

Mais on imagine, sans peine, que le ton était beaucoup plus détendu que son collègue Arribas.

"Je pense, devait déclarer le responsable de Southampton, que nos garçons ont fait le nécessaire pour prendre une option sur la victoire finale. Je considère en effet que malgré nos quatre buts rien n'est encore définitivement gagné. Je n'aurais pas été mécontent du tout par exemple si nous avions ajouté deux ou trois buts supplémentaires. Ce ne sont pas les occasions à mon sens qui nous ont manqué. Mais enfin, soyons tout de même logique : quatre buts d'avance ce n'est déjà pas si mal.

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