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Résumé Le Provencal

du 02 octobre 1977

LA FETE CONTINUE

Menés au score après un penalty injuste,

les Marseillais ont régi avec panache (2-1)

BORDEAUX - Voilà donc une nouvelle victoire qui va faire pas mal de bruit sur la Canebière. On redoutait, à juste titre, cet affrontement avec les Bordelais de Robert Buigues. Un peu comme on avait craint les déplacements à Monaco et à Nancy. Et bien, l'O.M. hier soir, devant les Girondins, a confirmé que sa série sans défaite n'était pas un simple jeu de paille.

Abordant la rencontre avec un état d'esprit et une détermination dignes d'éloges, les joueurs marseillais ont non seulement résisté aux assauts de leurs adversaires, mais en plus, ils ont su réagir avec un brio remarquable lorsque les événements semblaient se précipiter en faveur des Bordelais. D'une façon générale on pensait qu'un match nul sur le Stade Vélodrome de Bordeaux aurait pu constituer une excellente performance. Nous ne dirons pas que la victoire prend aujourd'hui l'allure d'un exploit, car cette équipe bordelaise à laisser apparaître tout de même quelques lacunes. Mais enfin, l'O.M. a eu le mérite, l'immense mérite, d'empocher les deux points de l'enjeu. Alors que dans le passé, dans ce genre de rencontre, nous avions vu souvent les joueurs olympiens se contenter de peu, hier soir, ils ont non seulement influencé le sort de la bataille, mais aussi apporté la preuve qu'ils étaient désormais des concurrents de premier plan dans le concert de la Division Nationale.

UN PENALTY COUP DE POIGNARD

Alors que l'on s'attendait généralement à une rencontre musclée entre deux équipes de tempérament, la première mi-temps avait débuté sur un ton plutôt gentillet. Les quelques supporters marseillais présents dans le stade, avec tout leur attirail, eurent même la surprise de voir l'O.M. attaquer le match plus vite que son adversaire. À tel point qu'une longue balle de Linderoth sur Berdoll mettait dès la première minute l'avant-centre olympien en position de tir. Une reprise d'une rare violence que Bergeroo fut tout heureux de voir passer au-dessus de sa transversale.

Bordeaux, malgré la chaude alerte et peut-être même à cause d'elle, restait toujours dans sa coquille.

À ce jeu, l'O.M. bien organisé, maître de ses nerfs et de son sujet, se mettait à dominer un rival jusqu'à la bien timide. Cette domination se matérialisait par des tentatives de Flores, de Boubacar, tandis que les corners s'accumulaient en faveur des Olympiens.

On était déjà plutôt optimiste sur la suite des opérations quand survint ce que nous appellerons pudiquement un petit incident entre Buigues et Baulier.

L'ancien olympien et nouveau capitaine des Girondins se signalait par un geste d'humeur qui lui valait un avertissement de l'arbitre. Rien de bien grave au demeurant. C'est à partir de ce moment-là que le ton commença à s'énerver quelque peu.

Dans un premier temps, l'O.M. donna l'impression de suivre la mesure. Boubacar, après un échange avec Berdoll, eut même une occasion d'ouvrir la marque. Seul devant Bergeroo, alors que toute la défense bordelaise avait été mise hors de position, le brun attaquant marchait malencontreusement sur le ballon et laissait partir sa chance.

Et puis, sans trop savoir ni pourquoi ni comment, l'O.M. se mit à s'endormir un tantinet sur ses lauriers. Ce qui permit à Bordeaux se revenir plus menaçant. Précisons toutefois, que la défense marseillaise se sortait sans trop de problèmes des quelques situations menaçantes. Mais les girondins allaient bénéficier d'un petit coup de pouce de l'arbitre, pour ouvrir la marque.

Le directeur de jeu sanctionnait, en effet, d'un penalty, une intervention tout à fait correcte de Baulier sur Giresse. Le même Giresse se faisait justice lui-même (si on peut employer le terme). Et l'O.M. qui avait fait le plus gros du travail, pendant cette première mi-temps, s'en retournait aux vestiaires, avec un but de retard. Injuste reflet, répétons-le, de ce que nous avions vu sur le terrain.

UNE RÉACTION DE PUNCHEUR

Heureusement l'O.M. sut réagir comme il convenait en abordant la deuxième mi-temps. Menés aux points, les Olympiens allaient faire tant et si bien le forcing, qu'ils allaient obtenir une victoire par K.O. Bien dans la manière des puncheurs de la boxe. Ce fut d'ailleurs un centre de Florès, lui-même alerté par Baulier qui parvint sur la tête de Berdoll. L'avant-centre marseillais s'éleva plus haut que ses gardes du corps et catapulta sans rémission la balle au fond des filets girondins. La marque venait donc de se rétablir. Et ce n'était pas fini.

Nous avons parlé plus haut de punch, et c'est Victor Zvunka qui allait lui-même en faire l'illustration en partant comme un bolide, un peu à la manière des rugbymen, pour venir marquer "un essai en force". Victor résistait en effet à la charge de Bergeroo pour enfoncer littéralement la balle dans les buts. 2 à 1 donc et alors que la pluie se mettait à tomber à seaux sur la pelouse du Stade Vélodrome, l'O.M. n'eut plus qu'à préserver ce but d'avance, pendant les quelques minutes qui lui restaient. Il le fit avec la même maîtrise qu'il avait affiché pendant la majeure partie de ce match. Voilà ainsi les Marseillais, auteurs d'une série de six matches sans défaite. 11 points sur un total de 12. Quoi qu'on dise, il faut le faire. Et désormais, c'est semble-t-il de nouvelles ambitions qui se dessinent à l'horizon.

Jean FERRARA

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Berdoll sous l'oeil d'Hidalgo

Marc Berdoll jouait hier soir une carte particulièrement importante après deux saisons pour lui décevante : une en seconde division avec Angers, l'autre à Sarrebruck. Tout en manifestant la combativité qui a fait la conquête du public marseillais, et en mettant sans rechigner au service de la collectivité, le nouvel avant-centre de l'O.M. ne cache pas ses ambitions personnelles : participer à la lutte pour le titre de meilleur buteur, et prendre place dans l'équipe de France à la veille de la coupe du monde.

Des objectivités qui n'ont rien de chimériques. Il y a quelques années, Berdoll, tout jeune, inquiéta jusqu'au bout Carlos Bianchi, bien qu'opérant au sein d'une équipe en difficultés. Aujourd'hui les deux hommes se partagent la même place. Il fut déjà sélectionné à plusieurs reprises par Stéphane Kovacs, mais il ne fut pas un titulaire à part entière.

Beaucoup le considèrent aujourd'hui comme le numéro un français à son poste et pas seulement en raison de son efficacité, encore confirmée hier soir. Moins technique, mais plus agressif et empoisonnant que le Lyonnais Lacombe. Plus expérimenté et moins tendre que les jeunes qui montent, Marc Berdoll pose sa candidature avec des références sérieuses.

Hier soir, le directeur de l'équipe de France, Michel hidalgo, était resté à Bordeaux, sa ville d'adoption alors qu'il avait des d'affiches plus alléchantes à Paris et Monaco, notamment en grande partie pour superviser l'avant-centre marseillais.

Le sélectionneur national n'a certainement pas perdu sa journée. Berdoll, parfaitement à l'aise dans un match houleux, fut, constamment présent aux avant-postes et participa aux actions les plus dangereuses de son équipe, réussissant à tirer son épingle du jeu malgré le marquage sévère et souvent irrégulier de l'ardent Camus.

Un bon tir juste au-dessus en début de partie ; une balle de but parfaitement donnée à Boubacar : un tir appuyé sur le poteau et, en point d'orgue, un fort joli but marqué de la tête : voilà un bilan plus qu'honorable pour un attaquant opérant à l'extérieur et comme on dit, à la mauvaise place. Il défendit sa chance avec tant de conviction qu'il dut quitter sa place à vingt minutes de la fin, les jambes truffées de coups, après avoir bien involontairement blessé Jeandupeux dans le feu de l'action.

Nous ne voulons pas présumer de la décision de Michel hidalgo, mais il prendra certainement en considération la candidature de Marc Berdoll.

Louis DUPIC

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Les réponses aux questions que vous vous posez

LE PENALTY ACCORDÉ PAR L'ARBITRE EST-IL JUSTIFIE ?

- C'est, bien entendu, une première question qui perd beaucoup de son influence sur le sort de la rencontre, puisque l'O.M. a finalement réussi à surmonter ce coup du sort. Mais il est apparu très clairement, du haut des tribunes, que M. Delmer avait infligé à l'O.M. une sanction bien sévère.

 L'O.M. A-T-IL CONFIRMÉ SES PRÉCÉDENTES SORTIES ?

- Avant le match, Josip Skoblar nous avait déclaré qu'il craignait un peu une sorte de relâchement de ses hommes à la suite de leur c'est série victorieuse. "Inconsciemment ou non, nous avait dit Josip, j'ai peur que les joueurs se laissent aller à la facilité".

En fait de relâchement, l'O.M. a peut-être commis l'erreur de ne pas appuyer davantage sur l'accélérateur au cours de la première mi-temps. Mais ce passage à vide a été de très courte durée. La preuve : c'est qu'en reprenant la partie, au début de la deuxième mi-temps, les joueurs marseillais ont non seulement rétabli l'équilibre, mais en plus ils ont su inscrire le but de la victoire avec une détermination magnifique illustrée d'ailleurs par le raid solitaire de Victor Zvunka. Pour nous, aucun doute possible : les Olympiens ont confirmé en tous points leurs récentes parties à l'extérieur. Ils ont joué avec le même état d'esprit, la même détermination, pendant la majeure partie des 90 minutes. Et le plus remarquable, dans l'histoire, c'est que cette nouvelle victoire ne doit rien au hasard.

J.F.

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BERDOLL : "Je ne pouvais plus jouer"

Après le match les sentiments, qu'il s'agisse des adversaires, des témoins neutres, des techniciens présents ou des personnalités du football, étaient extrêmement mitigés en ce sens que l'accident survenu à l'excellent attaquant Suisse Daniel Jeandupeux avait été comme un véritable coup de massue. C'est ainsi que dans les vestiaires marseillais ou les joueurs auraient dû être tout à la joie de leur victoire, la plupart faisaient grise mine et pensaient à leur infortunée camarade.

Néanmoins, Josip Skoblar voulut bien nous donner son point de vue sur la rencontre :

"Je pense que notre victoire est tout à fait justifiée par le nombre des occasions que nous avons eues tout au long de la partie et surtout en seconde mi-temps et qui étaient bien supérieures à celles obtenues par nos adversaires. Mais dans de pareilles conditions, on se demande toujours si on parviendra enfin à mettre la balle au fond ! Vous avez vu ce qui est arrivé, c'est Bordeaux qui a marqué peu avant la pause et sur un penalty que je ne jugerai pas, parce qu'une fois qu'il est sifflé, il n'y a plus rien à faire.

Mais cet incident de jeu aurait fort bien pu désorienter complètement notre équipe. Après ce coup du sort, elle a, à mon avis, réagit de la bonne façon : ne pas tomber dans l'énervement alors que la rencontre se durcissait et que les accrochages devenaient nombreux ; elle a été récompensée par les deux buts obtenus en seconde mi-temps.

"Dans l'ensemble, je suis parfaitement satisfait du comportement de mes hommes et je dois dire que lorsque nous sommes revenus sur le terrain, à la mi-temps, je me serais contenté d'un match nul.

"Désormais, nous voilà bien placé au classement car avec cette victoire à l'extérieur, nous sommes une "vraie équipe" du peloton de tête".

M. d'Agostino, le président du Comité de gestion partageait l'avis du manager général et insistait.

"Je crois que nous avons eu beaucoup de mérite parce que beaucoup d'équipes se seraient découragées après le penalty que M. Delmer a cru bon de nous infliger.

Le capitaine Marius trésor était également satisfait aussi bien comportement de ses camarades que du sien :

"L'équipe a très bien joué le coup. Nous avons su attaquer avec suffisamment de conviction sans pour autant nous dégarnir en défense. Je pense que nous avons joué un excellent match à l'extérieur. Quant aux Bordelais, je dois ajouter qu'ils m'ont plutôt déçu.

- Avec un peu plus de réussite nous aurions dû au moins doubler la mise. Pour ma part, je me sentais bien et cela explique que j'ai mené quelques contre-attaques parfaites. Vous savez que l'une d'elles a échoué de justesse, et je le regrette encore, après de très bon relais de mes camarades Boubacar et Berdoll ; mon tir à tout bonnement heurté le genou du gardien bordelais".

Enfin, Michel Baulier dont une action avait bien failli provoquer la perte de son équipe :

"Je dois vous dire que je n'ai absolument rien compris. En effet, je n'ai pas commis la moindre faute. J'étais prêt de Giresse, j'ai étendu la jambe et détourné le ballon en corner. À ce moment-là, Marius m'a dit 'C'est bien Michel' et j'ai été surpris d'entendre le coup de sifflet de l'arbitre. Je dois vous avouer que je n'en suis pas encore revenu".

Marc Berdoll figure parmi les grands héros heureux et malheureux de la soirée. En effet, sous l'oeil du sectionneur, Michel hidalgo, il se montra l'un des plus utile parmi les je joueurs marseillais marquant un but précieux. Mais comme revers de la médaille, il fut l'auteur bien involontaire de l'accident qui envoya Daniel Jeandupeux à l'hôpital avec une fracture ouverte de la jambe.

Berdoll, tout juste après l'action qui provoque la blessure de son adversaire, quitta le terrain en expliquant les raisons :

"Le plus fort, c'est que je me demande encore comment pareil accident a pu survenir. J'ai l'habitude de me replier parfaitement en défense, et j'ai poursuivi Jeandupeux qui venait de reprendre la balle et pénétrer dans l'autre camp. Je l'ai attaqué tout à fait normalement avant la vie. Peut-être ai-je commis une légère faute, mais je n'ai même pas senti le choc.

Dans ces conditions, je me demande encore comment il a pu recevoir une blessure aussi grave".

Marc Berdoll étai visiblement très abattu et malgré toutes les paroles de consolation que lui prodiguer ses partenaires et même certains adversaires et le sélectionneur Michel hidalgo, qui avait apprécié son comportement du point de vue technique, la victoire de l'O.M. pour lui sera une amère victoire.

 

L.D.

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L'opinion de l'arbitre

M. Delmer :

"Berdoll n'a rien à se reprocher"

Nous avons posé deux questions à l'arbitre du match, le nordiste M. Delmer. Il a répondu avec la plus grande amabilité : "Etiez-vous bien placé sur l'action de Berdoll qui a provoqué la grave blessure de Jeandupeux ? Pensez-vous que le Marseillais en soit tenu pour responsable ?

- "Absolument pas, Berdoll a peut-être commis une faute légère qui s'est d'ailleurs traduite par un simple coup franc à son encontre. Mais il n'y a eu de sa part, aucune brutalité délibérée, aucune intention de nuire. J'appellerai cela un coup malheureux. Très malheureux pour Jeandupeux".

- Pouvez-vous nous expliquer la raison du penalty accordé à Bordeaux, et qui nous a paru sévère ?

- Evidemment, de loin, vous avez pu voir que Baulier avait poussé la balle en corner, ce qui a pu entraîner une certaine confusion chez tous ceux qui étaient mal placés. Je peux vous dire que je suivais action de près et que Baulier "a prix" le pied d'appuie de son adversaire. Dans ces conditions, la seule sanction possible était le penalty".

Au sujet de ces deux explications, M. Delmer a été soutenu par le délégué du match, qui n'a pas vu de faute intentionnelle de Berdoll et sur le penalty par son juge de touche, qui lui signala la faute et aurait pris, nous dit-il la même décision.

L.D.

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Consternation dans le camp girondin

Beaucoup plus que de la défaite subie contre l'O.M. et qui ne réjouissait personne, on parlait dans le vestiaire bordelais du fameux accident qui brisera peut-être la carrière de Daniel Jeandupeux, joueur correct s'il en fut.

Didier Couecou, le directeur sportif nous disait :

"Ils se font des illusions s'ils espèrent qu'il rejouera au début de l'année prochaine. On voit qu'ils n'ont pas vu sa jambe. C'était vraiment horrible !

Quant au match lui même, il n'appelle aucun commentaire. Nous avons joué comme d'habitude, c'est-à-dire très mal !"

Robert Buigues, ancien olympien, s'était battu avec beaucoup de courage au point de recevoir un avertissement.

Il partageait l'avis de mon dirigeant :

"Ce soir, l'O.M., était très bien et il continue sur sa lancée. Pour nous c'est la série noire qui se poursuit. Et l'accident arrivé à Jeandupeux n'arrangera pas nos affaires. Pour ma part, l'O.M. m'a heureusement surpris. Je ne vois très bien terminer dans le peloton de tête parmi les trois ou quatre premiers".

 

 

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