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Résumé Le Provencal

du 23 octobre 1977

M. VAUTROT CRUCIFIE L'O.M. !

L'arbitre a donné 3 buts aux Lyonnais (4-2)

LYON - Parce que l'O.M. n'avait plus perdu depuis huit matches, parce que sur le Vieux-Port on commence à y croire et parce que le prochain visiteur attendu au stade Vel n'est autre que l'ogre niçois, la rencontre programmée hier soir au stade de Gerland revêtait une certaine importance, voire une importance certaine.

Rencontre importante pour les Rhodaniens sans doute, mais aussi et surtout pour les Phocéens. Il s'agissait de savoir, en quatre-vingt-dix minutes si l'O.M. avait conservé son dynamisme, son enthousiasme et son efficacité, qualités qui lui permirent voici peu de battre Monaco et Bordeaux chez eux et de faire match nul à Nancy. Il s'agissait en fait d'obtenir la confirmation que Trésor et ses camarades ont leur mot à dire dans ce championnat 77-78.

En tout état de cause, ce match joué dans un le fief même d'une équipe qui avait un besoin urgent de points, était le plus valable des tests.

À la lecture du résultat sec, on pourrait assurément en conclure que les Olympiens n'ont pas passé ce test avec succès. Ce serait aller un peu vite en besogne.

En effet, les Marseillais ont perdu ce match dans des conditions bien particulières, et vous venez plus loin le rôle capital joué par M. Vautrot. M. Vautrot qui a donné littéralement trois buts aux Lyonnais. La série rose en l'occurrence a été stoppée net par l'homme en noir.

Mais voici dans le détail comment s'est déroulée cette rencontre. L'O.M. avait entamé des hostilités avec un certain panache. C'est Chiesa qui avait mis le feu aux poudres en tirant juste au-dessus de la transversale dès la première minute, mais la réplique marseillaise fut plus que séduisante. Un centre de Linderoth sur la tête de Florès faillit aboutit (2'). Deux minutes plus tard, Boubacar se fit piquer la balle in extremis alors qu'il était en excellente position, et à la 13e minute un centre de Boubacar trouva la tête de Berdoll, mais le ballon s'écrasa sur la transversale.

Bref, on pensait que l'O.M. pouvait prendre l'avantage lorsqu'une première fois M. Vautrot donna un sérieux coup de pousse aux Lyonnais. Bracci à la lutte avec Gallice réussissait à subtiliser le ballon à l'ailier lyonnais. Ce dernier se voyant battu joua le coup avec beaucoup de malice et se laissa tomber comme une masse. Penalty, décréta aussitôt M. Vautrot et Lacombe ouvrit le score.

Le deuxième but Lyonnais, parfaitement valable celui-là, s'inscrivant quatre minutes plus tard alors même que les Phocéens n'avaient pas encore récupéré tous leurs esprits. 2 à 0, l'affaire s'annonçait mal.

Heureusement, avec un cran magnifique, sous la houlette d'un Linderoth absolument remarquable, les Olympiens allaient réduire le score. Le Suédois prenant de vitesse la défense lyonnaise, feinta le tir et glissa admirablement en retrait à Boubacar qui, malgré un mauvais contrôle, parvenait à tromper De Rocco.

Berdoll, deux minutes plus tard, fut à deux doigts d'égaliser mais son ballon échoit sur le petit filet.

Bref, les supporters marseillais s'étaient repris à espérer lorsqu'une nouvelle fois l'inévitable M. Vautrot allait précipiter les choses. Gallice partait balle au pied à la limite de la surface de réparation, marchait sur le cuir. Bien entendu, il s'écroulait. Aucun olympien n'avait commis une faute, mais l'arbitre estima le contraire. Il accorda un coup franc à la limite. Spiegel le tira en force et le mur marseillais dévia la balle au passage prenant Migeon à contre pied.

3 à 1 à la mi-temps : l'O.M. ne méritait pas pareil coup du sort.

Il est bien évident qu'à la reprise les Marseillais, qui comptaient un handicap de deux buts, ne pouvaient sérieusement envisager de refaire le retard. C'est ainsi que cette deuxième période fut nettement inférieure à la première puisqu'aussi bien les dés semblaient jetés.

Durant ces 45 dernières minutes, M. Vautrot, décidément mal inspiré allait se mettre encore en évidence.

Nous avons noté au 73e et 84e minute, deux actions qui auraient pu valoir aux Phocéens un penalty, mais en l'occurrence le referee sembla ne pas voir. En effet, une faute de Gallice sur Bracci, une autre de Paillot sur Berdoll méritait la sanction suprême.

Par contre, ce que M. Vautrot vit bien, c'est une faute relativement bénigne de Victor Zvunka sur Spiegel à la limite de la surface de réparation. Une faute qui ne valait peut-être même pas un coup franc, mais que M. Vautrot, sans hésiter, transforma en penalty, permettant à Lacombe de marquer son troisième but personnel, le quatrième pour les Lyonnais : 4 à 1. Bien entendu les carottes étaient bel et bien cuites pour l'O.M. et le but de Trésor, obtenu en fin de match, ne devait en rien changer à l'affaire.

NE PAS DRAMATISER AVANT NICE

Que l'O.M. ait été battu par Lyon, il n'y a rien là de déshonorant, les Gones étant, en s'en doute, sur la voie du renouveau, à l'image de Bertrand Lacombe qui, surtout pendant les 45 premières minutes a paru percutant.

Toutefois, faut bien dire que perdre un match dans des conditions que nous avons relatées plus haut, est pour le moins regrettable. En effet, l'O.M., hier, méritait à tout le moins de partager les points avec son adversaire, car il faut tenir compte que les hommes de Trésor jouaient à l'extérieur, devant un public qui ne ménageait pas ses encouragements aux siens.

La sévérité du score pourrait laisser penser que les Olympiens n'ont pas rempli leur contrat. En effet, la défense à concéder quatre buts, c'est vrai, mais ce qui est tout aussi vrai, c'est que trois de ces quatre buts furent marqués sur des coups de pied arrêtés. On ne peut donc dire qu'elle se soit effondrée.

De toute façon, avant la venue au Stade Vélodrome des Niçois, il n'y a aucune raison de dramatiser : l'O.M. a perdu, hier soir, une bataille, mais n'a sûrement pas perdu la guerre. Et la meilleure façon pour les joueurs de montrer à leur fidèle public que la défaite de Lyon n'était qu'un accident, est justement de faire le maximum, vendredi prochain pour arriver à prendre le meilleur sur des Niçois qui, d'ores et déjà, pour beaucoup, sont les favoris du championnat de France 77-78.

André DE ROCCA

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LACOMBE 3

BERDOLL 0

Mais un duel faussé

C'était le match dans le match par excellence.

Par-delà le résultat proprement dit l'opposition entre Berdoll et Lacombe retenait l'attention à plus d'un titre.

Les deux hommes ne sont-ils pas tous deux candidats au poste d'avant-centre en équipe de France au sein de laquelle - coïncidence qui incite encore au rapprochement - ils débutaient ensemble en septembre 1975 devant la Grèce ?

Un match dont l'Angevin soit dit en passant, se souvient fort bien puisque remplaçant le Lyonnais il transforma en but le premier ballon qu'il toucha.

Un bonheur rare que ne connut pas son adversaire d'un soir au palmarès international cependant plus étoffé : dix sélections et trois buts contre six sélections et deux buts.

Ceci bien que les deux hommes aient pareillement connu une éclipse : une saison en Deuxième division puis un an perdu en Allemagne pour Marco, le gavroche, des blessures à répétition pour "Nanar le lutin", plus vieux de six mois avec ses 25 ans révolus.

On attendait donc avec une certaine curiosité le duel à distance des deux avants-centres de poche. Non que l'on veuille systématiquement les mettre en opposition, mais par simple référence au principe de l'émulation et de la concurrence sportive.

Qui a gagné ? Le Lyonnais sans aucun doute surtout si l'on s'en réfère aux chiffres 3 à 0 la fiche technique en fait foi même si deux penalties figurent dans ce hat-trick. Mais c'est précisément ce qui amène à nuancer un peu la vérité arithmétique.

Car si le Lyonnais a ainsi dépassé les Marseillais au classement des buteurs, c'est un peu à M. Vautrot qui le doit.

Celui-ci pris, en effet, hier soir quelques décisions pour le moins curieuses. Un mauvais match, un arbitre peut, au même titre qu'un joueur en faire parfois.

Et même si pour l'exemple il n'est pas souhaitable de le critiquer on ne saurait non plus passer sous silence ses erreurs d'appréciation surtout lorsqu'elles sont reconnues par tous.

Lacombe, sportivement, en est d'ailleurs convenu, la chance hier soir était du côté de Nanar, pas de Marco.

Dommage pour l'O.M. mais à quoi bon épiloguer ?

Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions que vous vous posez

 M. VAUTROT A-T-IL INFLUENCÉ LE RÉSULTAT DU MATCH ?

- Nous l'avons déjà dit par ailleurs, mais autant le répéter : si l'O.M. a perdu, hier soir, par 4 buts à 2, c'est un peu la faute des Lyonnais, mais surtout de la faute de l'arbitre qui donna littéralement trois buts aux adversaires des Marseillais.

Les deux penalties étaient pour le moins contestables, quant au coup franc accordé à la limite à Gallice, il fit éclater de rire tout le stade.

A vrai dire, M. Vautrot non seulement gratifia les Lyonnais de ces trois fautes, mais oublia systématiquement de sanctionner les erreurs des défenseurs lyonnais sur des attaquants marseillais dans la surface de réparation de De Rocco.

En fait, nous n'avons jamais vu un arbitre prend d'aussi bizarres décisions depuis le match que l'O.M. avait pas joué à Lille, voici quelques années, match au cours duquel M. Bacou avait refusé aux Olympiens quatre buts valables pour en accorder au moins deux invraisemblables aux Lillois.

Rappelons que ce jour-là, les Nordistes avaient emporté par 4 buts à 3.

 LA DÉFENSE MARSEILLAISE A-T-ELLE CRAQUÉ ?

À la lecture du score on pourrait le croire, mais il n'en est rien. En effet, nous allons nous répéter, mais il faut le faire pour que soit vraiment clair, les Olympiens n'ont pas volé en éclats sous les coups de butoir de l'attaque lyonnaise, mais sur des coups de pied arrêtés généreusement accordés par M. Vautrot.

Il est certain recyclé les arrières olympiens ont suivi à la lettre les consignes qui leur avaient été données avant le match. En effet, avant le coup d'envoi, Markovic avait précisé qu'il n'y avait aucun joueur en particulier attaché aux basques de Serge Chiesa, mais que chaque défenseur "prendrait" l'attaquant adverse qui se présenterait devant lui.

C'est ainsi que les Phocéens ont joué.

On ne peut dire qu'ils ont échoué puisque Chiesa, notamment considéré comme l'un des meilleurs joueurs du milieu de terrain français, n'eut que rarement l'occasion de se mettre en évidence.

 LE PUBLIC A-T-IL OU NON BOUDÉ LA RENCONTRE ?

Il y avait sûrement plus de spectateurs que n'en attendait les trésoriers de l'Olympique Lyonnais. À cela deux raisons : la récente victoire lyonnaise à Bordeaux et la remarquable série des marseillais. Gerland, bien sur, n'était pas plein, loin s'en faut, mais il y avait plus de 17.000 personnes ce qui n'est pas mal pour une ville où, au cours des derniers matchs, guère plus de 5.000 spectateurs s'étaient pressés au guichet.

A. de R.

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SKOBLAR : "COMME AU COIN DU BOIS... !"

Inutile de préciser que l'arbitre était au centre de toutes les conversations dans le vestiaire olympien. Les traits tirés, Josip Skoblar avait du mal à cacher sa rancoeur : "Je n'ai pas l'habitude de critiquer les arbitres. Mais là, vraiment, M. Vautrot a dépassé la mesure. Deux penalties et un coup franc imaginaires alors que tout le stade a vu que Galice marchait sur le ballon, c'est vraiment énorme. Et jouer dans ces conditions, cela devient impossible.

Je vous dis tout de suite que désormais, nous récuserons systématiquement l'arbitrage de M. Vautrot.

Cela dit, il n'y a pas de honte à perdre ici devant Lyon qui est une bonne équipe. On peut regretter toutefois que nous n'ayons pas pu concrétiser les trois ou quatre occasions qui se sont offertes à nous dans le premier quart d'heure. C'est sans doute là que nous avons commencé à perdre le match. M. Vautrot a fait le reste..."

Yvan Markovic, lui aussi, avait le visage marqué par la colère. "C'est inadmissible, s'écria-t-il, en prenant tout le monde à témoin. Cet arbitre nous avait déjà volé un but à Saint-Étienne. Ce soir, il a carrément offert trois buts aux Lyonnais. De telles erreurs paraissent incroyables tellement elles sont grosses".

M. Gallian, plus calme, essayait de raisonner logiquement. "Je veux bien admettre, nous disait-il, que M. Vautrot apprécie particulièrement les penalties et siffle sans hésiter tout ce qu'il voit de répréhensible dans la surface. Mais alors pourquoi n'a pas sifflé en notre faveur lorsque Bracci et Linderoth ont été accroché dans les six mètres. On a vraiment l'impression que la loi n'était pas la même pour tous et c'est bien désagréable".

Quant à M. d'Agostino, il nous disait, toujours à propos de l'arbitrage : "Deux penalties, un contre-pied heureux et un arbitrage à sens unique, cela fait vraiment le beaucoup. Je ne mets pas en doute l'honnêteté de M. Vautrot et ne prétends pas qu'il a une dent contre nous. Mais c'est à mon avis ce que l'on appelle un arbitre "à domicile" qui a toujours tendance à favoriser l'équipe qui reçoit. Même si parfois ce genre de procédé joue en notre faveur, c'est proprement intolérable".

La déception n'était pas moins grande du côté des joueurs qui ne parlaient eux aussi que des décisions de M. Vautrot.

"Figurez-vous, fulminait Marius Trésor, que M. Vautrot m'a appelé à la mi-temps et m'a demandé : "Que se passe-t-il ? Avez-vous quelque chose à me dire ? Je dois avouer que cela a été plus fort que moi et que je lui ai répondu : oui, j'ai quelque chose à vous dire. J'estime que vous avez été d'une malhonnêteté et j'espère que vous n'arbitrerez jamais plus l'Olympique de Marseille !

Au point où on en était, de toutes façons, cela ne pouvait pas aggraver les choses... car j'ai rarement vu cela de ma carrière. Que Galice se laisse tomber tout seul en jouant la comédie, on ne peut pas lui en vouloir, mais qu'un arbitre s'y laisse prendre, c'est proprement incroyable".

"Cela devait nous arriver un jour, expliquait son côté François Bracci. Nous ne pouvions pas continuer à gagner ainsi jusqu'à la fin des temps. Mais ce soir, nous n'avons pas été battus sur notre valeur et dans des conditions normales. La défaite n'en est plus que difficile à admettre. Je peux vous confirmer, mais tout le monde l'a vu, que j'ai glissé le ballon à Migeon lorsque Gallice s'est écroulé sur le premier penalty. D'ailleurs, Gallice, qui est un copain de l'équipe de France, m'a cligné de l'oeil peu après en me disant : Excuse-moi, François. C'est tout dire !..."

Victor Zvunka, de son côté, expliquait les circonstances qui avaient amené le second penalty : "Là encore, je peux vous assurer que je n'ai pas commis de faute. J'étais à la lutte avec Spiegel et, alors qu'il armait son tir, il a frappé dans ma chaussure et s'est trouvé déséquilibré. Mais je ne l'ai pas touché".

Enfin Boubacar apportait un point final à cette série de malheurs en nous disant : "Et en plus, j'ai écopé d'un avertissement pour n'avoir pas pu m'empêcher d'applaudir à la suite du premier penalty sifflé contre nous".

Alain PECHERAL

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Aimé JACQUET : "Une victoire qui nous relance"

"J'ai assisté ce soir à un excellent match, nous disait de son côté Aimé Jacquet, avec notamment un O.M. très complet, très cohérent, au sein duquel j'ai aussi découvert quelques individualités brillantes, dont le Suédois Linderoth, qui est un merveilleux joueur. D'un autre côté, Alekcic, qui faisait ses débuts, s'est montré à son avantage. D'une façon plus générale, j'ai l'impression rassurante que mon équipe a repris confiance en elle. Nous sortons d'une période très difficile, pénible même, sur le plan des résultats, mais la rentrée de joueurs d'expérience a produit les effets escomptés en rendant à l'équipe une certaine stabilité."

"C'était un match qui ne fallait absolument pas perdre, nous lançait son côté l'ex-olympien Jean-Marc Martinez. Nous étions tous décidés à faire le maximum pour nous imposer, et je crois que dans l'ensemble notre victoire est méritée".

L'opinion que reprenait Bernard Lacombe, le héros de la soirée, avec quelques nuances cependant : "Je pense que nous avons eu plus d'occasions que les Marseillais et que notre victoire est logique. Néanmoins j'estime que le premier penalty à une grande importance sur le résultat final ; il a constitué un sérieux coup dur pour les Marseillais, qui, de surcroît, ont eu le malheur d'encaisser un but quelques instants avant la mi-temps, sur un coup franc sévère. Mais que voulez-vous ? La réussite nous sourit un jour et vous tourne le dos le lendemain. Et, en fait de malheur, nous en avons eu notre part ces derniers temps".

Ajoutons à cela l'opinion de Jean Djorkaeff, venu en voisin : "L'O.M. a eu un excellent premier quart d'heure, puis a paru décontenancé par les deux buts encaissés coup sur coup. La seconde mi-temps, en revanche, a été moins bonne, mais cela peut se comprendre : les Marseillais ayant été énervés par les décisions de M. Vautrot".

A.P.

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L'opinion de l'arbitre

M. Vautrot : "J'ai sifflé tout ce que j'ai vu"

M. Vautrot, on s'en serait douté, s'est refusé à tout commentaire. Simplement à la question : "Pourquoi avoir fait retirer le penalty à Lacombe, il a simplement répondu : "Parce que deux Lyonnais avaient pénétré dans la surface avant que la sentence ne soit exécutée". Pour le reste j'ai sifflé tout ce que j'ai vu".

 

 

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