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Résumé Le Provencal

du 11 décembre 1977

L'O.M. PIEGE DANS L'ETAU DE LAVAL

Le penalty de BOUBACAR n'a pas suffi (2-1)

LAVAL - Quand les joueurs de Marseille se sont présentés hier soir sur la pelouse du stade Francis-Le-Basser, baignée à la fois de lumière et d'une bonne pluie bien de chez nous (comme disent les gens de Mayenne), ils venaient d'apprendre une bonne nouvelle : Nice en effet était allé trébucher à Metz et cette défaite du leader offrait aux Olympiens une bien belle perspective. Celle de se vêtir de jaune, de prendre la tête de la division nationale pour la première fois, de la saison certes, mais aussi et surtout pour la première fois depuis avril 1973 !

Une occasion unique, on le voit, de rappeler Skoblar de bons vieux souvenirs.

Pour cela, il suffisait de faire match nul avec Laval, de ramener un peu tout petit point et le tour était joué !

Une équipe lavalloise, soit dit en passant, qui était pris hier soir d'un bonne demi-douzaine de titulaires et non des moindres, puisque parmi les absents, on relevait les noms de Keruzore, Couje, Laraignée, Coumba entre autres, auxquels était venu s'ajouter en toute dernière minute celui de Leroy obligé de céder sa place à Laurendeau.

Quelque chose qui ressemble fort à une hécatombe, restait à savoir comment l'O.M. allait tirer parti de l'affaire...

LE PENALTY DE L'ESPOIR

La suite vous la devinez. Pourtant, l'O.M. avait tenu le bon bout dans cette rencontre face aux Lavallois qui, comme toujours, se posait comme un adversaire coriace. Dès les premières minutes, les Olympiens déjà s'étaient persuadés que la partie serait difficile. D'une part, bien sûr, parce que les Lavallois, follement encouragés par leur public, lançaient offensive sur offensive. Mais, de l'autre, en raison de l'état du terrain qui, hier soir, était à peine jouable. Sur un véritable bourbier, les défenseurs marseillais essayaient tant bien que mal de faire front. Mais vraiment les conditions n'étaient guère favorables à l'O.M., peu habitué à jouer sur une telle patinoire, d'autant que Flores dut abandonner ses camarades alors que l'on n'avait pas encore atteint le premier quart d'heure.

L'équipe marseillaise était donc dominée. Mais rendons-lui cette justice, elle multipliait les efforts pour poser le jeu, tout en opérant, comme elle le fait depuis le début de la saison, par de rapides contre-attaques. C'est sur l'une d'elle d'ailleurs que les protégés de Markovic allaient ouvrir la marque. Une longue balle de Linderoth pour BERDOLL qui, entré dans la surface de réparation, évitait un adversaire puis un autre, avant de se faire abattre sans ménagement par Roque au moment ou il est s'été ouvert le chemin des buts. Penalty : annonça fort justement M. Leloup, et Boubacar, calmement, sans se laisser émouvoir par les sifflets de la foule, mettez le ballon hors de portée de Rose.

Laval avait encore du temps pour refaire son retard.

Et l'O.M. eut encore de longues minutes à souffrir pour préserver son avantage. Comme l'on n'est jamais trahi que par les siens, c'est d'ailleurs Di Caro qui allait obtenir l'égalisation d'une fort belle reprise de volée, sur un corner donné par Lechantre. Mais enfin, même à 1 partout, le pari olympien tenait toujours à la mi-temps.

MARTINEZ LE BOURREAU

Hélas, les beaux rêves n'allaient pas s'éterniser longtemps au-delà de cette première période.

On pensait dans le camp marseillais que la 2ème mi-temps allait ressembler à la première en ce sens que l'O.M., dominé comme nous le disions plus haut, allait tout de même réussir à contenir les assauts Lavallois. L'espoir en fait dura jusqu'à la 73ème minute lorsque Truqui aux prises avec Martinez laissa échapper son redoutable adversaire. L'avant-centre de Laval, qui s'était ouvert le chemin des buts, s'avança posément vers Migeon pour le battre d'un tir imparable sous la barre.

Le combat, d'une minute à l'autre, venait changer d'âme et Laval, qui décidément ne réussit guère à l'O.M. remportait une légitime victoire.

Quel commentaire peut-on apporter après cette rencontre qui, nous l'avons signalé, aurait pu permettre à l'O.M. de s'installer seul aux commandes de la première division ?

Pas grand-chose en fait, car les joueurs marseillais dans des conditions épouvantables ont fait le match que l'on pouvait attendre de. Malheureusement, ils ont été constamment enserrés dans l'étau passer intelligemment par les Lavallois. Que ce soit Berdoll et Boubacar, jamais les deux attaquants olympiens n'ont pu desserrer l'étreinte.

La tactique des contre, qui avait bien réussi à cette formation olympienne, à donc échoué hier soir sans que l'on puisse, répétons-le, incriminer qui que ce soit.

Il est certain que sur une pelouse en meilleur état l'O.M. aurait pu davantage inquiéter son adversaire, mais soyons beaux joueurs, Laval n'a pas usurpé son succès. Quant aux Olympiens, eh bien, il lui reste désormais à rattraper le temps perdu à Rouen.

Jean FERRARA

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Le rêve passe encore

Il était bien difficile au départ de ne pas établir un parallèle entre le Stade Lavallois plus que décliné et le Bastia triomphant entré cette semaine dans la légende.

Même petit stade et pourtant mêmes moyens limités, même enthousiasme aussi dans le public comme chez les joueurs, un enthousiasme que naguère encore certains jugeaient presque désuet à l'échelon du club professionnel et dont on semble découvrir les évidentes vertus...

Mêmes étonnants résultats enfin en dépit de malheurs similaires au niveau d'un effectif fondant comme neige au soleil. C'est ainsi que l'on apprenait peu de temps avant la rencontre le forfait de Keruzore, Couge, Laraignée, Coumba, Marette et Desgages venant s'ajouter à celui de Leroy.

Sept joueurs sur la touche ! Voilà qui ne se voient pas tous les jours ! Mais qui ne contribuait pas pour autant à l'optimisme d'un Skoblar terriblement nerveux alors qu'approcher le coup d'envoi. "Qu'il y ait des absents ou pas, ils seront tout de même onze sur le terrain et plus motivés peut-être encore que s'ils étaient au complet" nous disait Josip "la gamberge" que même l'annonce de la défaite niçoise à Metz ne parvenait pas à dérider complètement.

"C'est leur problème. Et si nous perdons aussi cela ne nous avancera à rien..."

Il ne croyait pas si bien dire, hélas, cette nouvelle occasion manquée, après celle de Nîmes, ne pouvant qu'aviver les regrets marseillais. Comme si le titre de leader que l'O.M. n'a plus occupé depuis quatre ans et demi se refusait obstinément à lui.

Pressentiment ou lucidité, Josip ne s'était pas trompé, le gentil Keru non plus, qui sur un ton à demi-plaisantin seulement nous avez dit de son côté avant l'ouverture des hostilités : "C'est dommage pour l'O.M. mais nous allons gagner ce soir".

Et pourtant cela, comme toujours, tint en définitive à peu de choses.

Sur un terrain tenant plus de la cour de ferme que du terrain de football, les Marseillais se sont bien battus devant des adversaires survoltés et qui méritent largement leur victoire.

Ezt c'est au moment où, bien installés dans le match, ils semblaient en mesure de s'emparer de cette première place tant convoitée, et même s'acheminer vers une victoire qu'un contre meurtrier de Martinez vint leur enlever leurs illusions. Il n'y a rien à redire à cela sinon une qu'une fois de plus l'O.M. a de bien peu raté le coche.

En tirer d'autres conclusions définitives ou vouloir par dépit remettre en cause ceci ou cela sur le seul résultat serait aussi vain que ridicule.

Une saison ne s'est jamais jouée sur un match.

Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions que vous vous posez

 QUELLE DIFFÉRENCE ENTRE L'O.M. VU HIER SOIR ET L'ÉQUIPE VICTORIEUSE DE SAINT-ÉTIENNE ?

Il est difficile, bien sûr, de faire un parallèle entre deux rencontres qui ne se sont pas déroulées évidemment dans les mêmes conditions et, notamment, les conditions atmosphériques qui, hier soir, nous le signalons par ailleurs, étaient pour le moins épouvantables. Malgré cela, l'O.M., certes dominé, ne peut pas être crédité d'un bon match. Nous l'avions vu brillant face aux Stéphanois, il nous est apparu hier soir volontaire et s'efforçant de plus à jouer un football posé sur une véritable patinoire.

L'O.M. a perdu, c'est vrai, et de surcroît à la régulière, mais apparemment l'équipe olympienne échappa la critique.

 LES CONSÉQUENCES ?

La première incidence serait bien sûre qu'elle prive l'O.M. d'une place de leader, mais le championnat est encore long et les Olympiens ont encore le temps de voir venir comme l'on dit. Il ne serait pas logique, par exemple, de considérer cet échec comme une catastrophe, du moins sur le plan sportif. Maintenant, c'est bien connu, quand cette équipe ne parvient pas à forcer les résultats, quelques tiraillements se font jour et on se demande bien pourquoi. Hier soir, par exemple, à l'issue de la rencontre quelques joueurs, dont Trésor notamment, remettaient en cause la tactique imposée par Skoblar et Markovic. Du haut de notre tribune, nous a semblé à nous aussi et d'ailleurs nous l'écrivons dans un autre article, que l'O.M. avait son attaque enfermée dans un véritable étau.

Boubacar et Berdoll, d'un bout à l'autre du math, ont plaidé une cause pratiquement impossible, surtout parce que les ballons n'arrivaient pas à parvenir jusqu'à eux ou alors quand ils arrivaient, les défenseurs lavallois, supérieurs en nombre, avaient la partie belle pour étouffer dans l'oeuf ces velléités offensives.

Mais à propos de tactique, il faut également signaler que celle préconisée par les responsables avait aussi donné de forts bons résultats. Alors, il faudra ajouter en guise de conclusion qu'une grande équipe doit avant tout faire preuve de sérénité. Contester telle ou telle méthode chaque fois que le résultat n'est pas positif, ne fera guère avancer l'O.M. dans la voie du progrès.

 COMMENT SE SONT COMPORTÉS LES RÉSERVISTES ?

Nous avons déjà donné notre opinion sur Jean-Pierre Truqui. Il avait une tâche difficile en prenant la relève de Victor Zvunka. Il a peut-être laissé échapper Martinez sur une action qui devait donner la victoire à Laval. Alors, on aura sans doute tendance à se souvenir surtout de cette erreur d'appréciation. Pourtant Truqui jusque là avait justifié la confiance de ses entraîneurs.

Même remarque à propos de Christian Fernandez que nous suivons pour la première fois en équipe première. Sur un terrain détrempé, le jeune joueur a fait preuve de grande qualité technique tant en défense qu'en attaque. Il mérite d'être encouragé.

J.F.

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MARIUS TRESOR :

"UNE ERREUR DE TACTIQUE"

Peu de commentaires, comme on s'en doute, dans le vestiaire marseillais, où les têtes étaient basses. Tandis que Josip Skoblar donnait son point de vue à demi-voix.

"Je pense que Laval a mérité sa victoire et j'adresse mes félicitations à cette équipe vaillante et non dénuée de qualités. J'ajoute que, de notre côté aussi, nous avons fait un bon match dans des conditions très difficile. Laval a peut-être eu un peu plus de rythme, s'est également montré supérieur dans le secteur de l'agressivité (dans le bon sens du terme) et c'est cela qui a fait la différence.

C'est dommage, mais dans la vie on ne fait pas toujours ce que l'on veut. La place de leader nous tendait les bras nous n'avons pas su la conquérir, bien que nous ayons fait le maximum pour cela. Vous avez vu, nous ne nous sommes pas contentés du match nul, mais nous avons défendu nos chances jusqu'au bout avec les qualités qui sont les nôtres.

Cela dit, la trêve sera vraiment la bienvenue, non pas parce que nous éprouvons les excès de la fatigue, mais parce que le football ne s'accorde vraiment pas avec les conditions atmosphériques que nous connaissons actuellement, aussi bien pour les spectateurs qui suivent les matches sous la pluie ou par des températures terribles, que pour les joueurs qui ont des difficultés énormes à s'exprimer sur des terrains gelés ou boueux".

Regrets aussi chez le président Agostino :

"Il est d'autant plus regrettable d'avoir perdu ce match, qu'après avoir prit connaissance du résultat des Niçois, nous espérions bien nous emparer du fauteuil de leader, puisqu'un match nul nous suffisait. Évidemment le terrain très gras ne nous a pas avantagé dans la mesure où notre équipe, plus technique, se serait imposée plus aisément sur un terrain normal. Mais, dans ces conditions un peu particulières, il faut tout de même reconnaître que la victoire lavalloise est assez normale".

Marcel Pougenc, venu en voiture de Paris, faisait remarquer :

"Curieusement, j'ai observé que nous râtons toujours nos grands rendez-vous. Je ne pense pas portant que la perspective de prendre le maillot jaune ait complexé les joueurs, toujours est-il que nous n'avons pas été très "saignants" ce soir".

Le tour d'horizon des dirigeants ainsi accompli, voyons le point de vue des joueurs.

Marius trésor n'était pas particulièrement heureux : "Nous avons fait, ce soir, une erreur tactique. À 1 à 0 nous ne n'aurions jamais dû défendre. Quand nous avons mené à la marque, j'étais persuadé que nous allions gagner.

C'est pourquoi je regrette d'autant plus qu'Emon ne soit pas rentré plus tôt. Dès les premières minutes, par exemple lorsque Flores a du sortir car, en jouant plus franchement l'attaque, nous aurions pu faire beaucoup mieux que cela. Le terrain, pour moi, ne constitue pas une excuse, puisque les Lavallois, eux, ont su s'y habituer. Notre grand tort n'aura été que de ne pas chercher à poser notre jeu".

Hervé Florès s'expliquait sur les raisons qui l'avaient amené à quitter le terrain dès les premiers instants de la partie.

"Je n'ai rien compris. À l'échauffement, tout allait bien. Et puis, dès le début du match impossible de bouger. J'étais comme paralysé au niveau des reins. François Castellonese m'avait pourtant remis tout cela en place, voilà deux jours, à Marseille et j'avais suivi normalement les séances d'entraînement sans ressentir la moindre douleur. Je me demande vraiment ce qui m'arrive".

Gérard Migeon, de son côté, ne cachait pas son admiration pour l'Argentin Martinez et surtout pour le but que celui-ci lui avait marqué en fin de partie.

"Il m'a mis un sacré coup de canon ! Une balle à la fois vrillée et puissante, sur laquelle je n'ai rien pu faire, bien que je me sois avancé pour boucher l'angle de tir.

Le plus râlant dans tout cela, c'est que nous perdons 2 à 1, alors que je n'ai presque pas eu de travail. Il m'est, plus d'une fois, arrivée à Marseille d'être sollicité dans des proportions beaucoup plus importantes. Ce soir, pas d'arrêts décisifs à faire. N'empêche que j'ai pris deux buts et que c'est Laval qui empoche les deux points".

François Bracci, le philosophe, essayait de tirer une morale autre optimiste de la mésaventure :

"On en perdra d'autres et on en gagnera d'autres aussi. Nous étions invaincus depuis Lyon et il fallait bien se dire que cette série ne durerait pas toujours. Il nous est arrivé aussi, dans le passé récent, de nous imposer de justesse, sans avoir fait un match transcendant. Ce soir, nous avons été moyens et nous avons perdu, peut-être parce que nos adversaires ont marqué à des moments psychologiques peu de temps avant la mi-temps, et à un quart d'heure de la fin, ensuite. Mais cette défaite, somme toute, n'a rien de dramatique."

Alain PECHERAL

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KERUZORE :

"Résultat logique"

Notre vieille connaissance Raymond Keruzore qui, blessé, reprend progressivement l'entraînement, avait bien entendu suivi la rencontre d'un oeil particulièrement intéressé.

"Je pense que nous avons vu, ce soir, un bon match, devait nous dire le capitaine lavallois, joué de surcroît dans des conditions difficiles, car les joueurs ont eu bien du mal à conserver leur équilibre, comme à donner le ballon dans de bonnes conditions.

Il n'y a eu pourtant qu'un minimum de maladresse.

Je crois que la victoire de mes coéquipiers est tout à fait logique tant ils ont fait montre de vaillance et de combativité. Quant aux Marseillais, je les ai trouvés simplement moyens. Il est vrai que leurs derniers résultats et notamment le 3 à 0 qu'ils avaient infligé à Saint-Étienne avait eu beaucoup de retentissement et que l'on ne s'attendait un peu à les voir jouer un match comparable ici.

Son doute n'ont-ils pas joué sur leur vraie valeur, mais ils ont fait bonne impression tout de même. C'est une équipe, je pense, qui finira dans le peloton de tête. En tout cas, je le lui souhaite bien volontiers".

A.P

 

 

 

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