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Résumé Le Provencal

du 22 janvier 1978

C'EST PAS LA JOIE !

BASTIA l'emporte logiquement sur

des Marseillais timides et maladroits

BASTIA - Nous l'écrivions hier, ce match Bastia - O.M. pouvait être lourd de conséquences pour la suite des événements, c'est-à-dire pour la dernière partie du championnat de France de football, en fonction du résultat qui le sanctionnerait.

D'un côté, un S.E.C.B. à la dimension européenne mais n'ayant pas perdu, loin de s'en faut, tout espoir de terminer dans les cinq premiers de la compétition nationale.

De l'autre, un O.M. que l'on croyait désireux de se rapprocher de ses deux récentes contre-performances, en signant un exploit dans l'antre des "démons bleus" du grand sorcier Pierre Cahuzac. Un O.M. que l'on espérait d'autant plus motiver qu'il avait appris avant le coup d'envoi que le rival voisin niçois s'était fait battre à Troyes et qu'en conséquence une victoire dans l'île de beauté le propulserait une nouvelle fois dans le fauteuil de leader.

De la furia bastiaise ou de l'ambition marseillaise, qu'est-ce qui allait en définitive prévaloir ? Avant de tirer des conclusions "à chaud" de cette rencontre, entrons un peu dans les détails pour savoir quel en furent les péripéties.

LA PREMIÈRE MI-TEMPS

Dès le coup d'envoi, comme prévu, les Bastiais allaient se ruer à l'attaque. L'O.M. pendant un instant, fit front avec courage, voire avec un certain panache, essayant de calmer le jeu. Cette réplique marseillaise n'allait être qu'un feu de paille. On se rendit compte bientôt que les hommes de Markovic n'étaient sans doute pas au mieux de leur forme. On se rendit compte aussi et surtout que leurs adversaires pratiquaient un excellent football collectif, à la vitesse grand V. Et c'est le trio Lacuesta - Papi - Larios qui tirait les ficelles et utilisait au mieux leurs ailiers Rep à droite De Zerbi à gauche, deux joueurs étonnants de virtuosité dans leurs dribbles, leurs centres, leurs remises et leurs tirs au but.

LA MAIN DE KRIMAU

Ce qui devait arriver arriva à la 20e minute. Un centre de De Zerbi, une remise de Krimau vers Papi, dont le tir d'une quinzaine de mètres un faisait mouche. Un but admirable que nous aurions salué comme tel si, au passage, Krimau ne s'était manifestement servi de sa main pour donner la balle au stratège bastiais. 1 - 0, le but était contestable, mais l'avance méritée. La supériorité bastiaise allait durer encore une bonne dizaine de minutes avant que la physionomie du match ne se modifie quelque peu. En effet, dans le dernier quart d'heure, l'O.M. sembla reprendre du poil de la bête et, organisant son pressing, obligea alors la défense bastiaise à commettre quelques erreurs, erreurs dont Boubacar (qui rata une reprise apparemment facile) et Emon (en dépit d'une fort belle reprise de volée) ne purent tirer profit.

À l'ultime seconde de cette mi-temps, Krimau marquait même un deuxième but, refusé cette fois par M. Martin pour une faute demain préalable. Ainsi, au repos, tout était possible. De quel côté allait pencher la balance ? Bastia allait-il réussir le break ou l'O.M., confirmant sa bonne fin de première mi-temps, parviendrait-il à égaliser.

En 2e mi-temps, on crut bien que les Phocéens allaient parvenir à leurs fins car, contrairement à ce qui s'était passé dans la première période, ce sont eux qui se montrèrent alors les plus dangereux. Qu'on en juge : 47e, Emon, sur coup franc, oblige Weller à mettre en corner. 51e, Boubacar tout seul à six mètres rate son tir. 55e, but de Berdoll refusé pour hors jeu. 57e, centre lifté de Baulier, Berdoll, tout seul à un mètre de la ligne, met au-dessus. 58e, tir puissant de Linderoth à côté.

LE COUP DE POIGNARD REP-KRIMAU

Hélas, on le sait, en football dominer n'est pas gagner. Les Phocéens allaient en faire une nouvelle fois la triste expérience, à la 67e minute. Alors que Berdoll se présentait seul devant Weller, le gardien de but corse réussit à contrer l'avant-centre phocéen ; la balle alla jusqu'à Rep, qui plaça une accélération foudroyante, laissant sur place les défenseurs de l'O.M. et donna une merveilleuse balle à Krimau, qui n'eut pratiquement plus qu'à la mettre hors de portée de Migeon. 2 à 0, la cause était entendue.

RÉSIGNATION

Elle était d'autant plus entendue même que les Marseillais, alors qui restait pratiquement vingt minutes à jouer, firent preuve d'une résignation coupable, laissant à leurs rivaux l'initiative des opérations. Celui-ci faillirent d'ailleurs bien en profiter et sans Migeon qui devait intervenir avec brio et à-propos sur des tentatives de Papi, Rep, Larios, Krimau et autre De Zerbi, à la sortie la note aurait pu être beaucoup plus salée.

LE POURQUOI ET LE COMMENT ?

Essayons maintenant, comme nous l'indiquions plus haut, de tirer à chaud les conclusions (conclusions fragiles, il va sans dire) de cette rencontre. Bien sur, ce qui vient naturellement à l'esprit dans un premier temps, c'est que perdre à Bastia n'a rien de déshonorant. Parodiant La Palisse, on pourrait aussi écrire que les Corses l'ont emporté simplement pour la bonne raison qu'ils étaient les meilleurs. Que l'on nous permette cependant de faire quatre remarque à notre avis essentielles.

La première c'est que la condition physique des Olympiens n'est plus, ou si vous préférez n'est pas encore, celle qui était la leur avant la trêve. En conséquence, le milieu de terrain marseillais, notamment, répugna à faire jouer l'adversaire en organisant un pressing soutenu, ce qui, en règle générale, a pour conséquence de faire commettre des erreurs à ceux qui sont en face de vous.

La deuxième, c'est que les attaquants marseillais semblent souffrir d'une maladresse chronique qui devient inquiétante. On s'en est rendu compte contre Monaco, où ils avaient raté pratiquement une dizaine de fort belles occasions ; on s'en est encore rendu compte hier soir lorsque Boubacar et Berdoll, deux fois chacun, se présentèrent devant Weller et ne parvinrent point à conclure.

Lacune d'autant plus regrettable que, sur le contre qui suivit une de ces occasions manquées, Bastia prit définitivement le large.

La troisième c'est que Trésor et ses équipiers semblaient avoir pris la fâcheuse manie de baisser les bras alors même que tout n'est pas encore joué.

La quatrième, enfin, c'est que l'absence de Florès est en train de compte plus préjudiciable qu'on ne croit à l'équipe phocéenne. Emon ne mérite pas de sévères critiques ; il a sa manière à lui, mais il n'y a pas la précision et l'instantanéité de la passe qui font la force du jeune Hervé, deux qualités qui incontestablement vont bien dans le cadre de la tactique préconisée par Markovic.

L'O.M. a perdu hier, Nice aussi c'est vrai. Mais il ne durera plus longtemps le temps où les mauvaises performances des autres permettent de "sauver la baraque". Pour la bande à Skoblar, il est temps de réagir.

André DE ROCCA

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Le prix de la maladresse

Rarement décevants sont les Bastia-O.M. Celui-là n'a pas fait exception à la règle. Et l'on n'hésitera pas à dire que les joueurs y ont un certain mérite.

Sans être aussi inondée que celle du stade vélodrome, voici huit jours, lors de la venue de Monaco, la pelouse de Furiani était hier soir, en effet dans un triste état.

À tel point que l'on ne fut vraiment certain, qu'en fin d'après-midi, que la rencontre se jouerait, et que le match d'ouverture avait été prudemment déplacé en baisser de rideau.

Le déluge s'était enfin arrêté sur Bastia, mais pas sur les régions avoisinantes, ce qui explique le succès populaire seulement moyen, remporté par ce derby d'ordinaire beaucoup plus prisé du public insulaire. Nombreux furent ceux qui, dans le doute, préférèrent s'abstenir.

Comme à Laval, une bonne nouvelle attendait les olympiens sur le stade : l'annonce de la défaite niçoise, qui pouvait leur permettre de reconquérir, et plus solidement même, le poste de leader. Hélas, ce stimulant inespéré n'eut pas plus d'effet en Corse qu'en Mayenne !

Appliqués, mais trop timorés en première mi-temps, les Marseillais contestèrent bien timidement l'avantage bastiais concrétisé par Papi à la 20e minute.

Les choses changèrent pourtant du tout au tout à la reprise, et l'on vit un O.M. enfin entreprenant venir sérieusement menacer la cage de Weller.

Après un peu plus d'adresse et un peu moins de précipitation, les hommes de Skoblar auraient pu même redresser la situation à leur avantage.

Hélas, dans le domaine de la concrétisation, ce n'était ni le soir de Berdoll ni celui de Boubacar.

On le vit bien lorsque, après plusieurs occasions gâchées, l'Angevin mis en position d'idéal, à la suite d'un contre de Bracci, trouva une fois de plus son ex-coéquipier Weller sur sa route. Sur le renvoi, Rep, enfin libéré du marquage très strict dont l'avait gratifié Bracci jusque-là, s'envolait sur la droite et offrait le K.O. à Krimau.

Un Rep qui, devant les caméras de télévision hollandaise se rappelait, en l'occurrence, au bon souvenir de son sélectionneur.

Le match, ainsi, basculait en une poignée de secondes au grand dam des Marseillais qui ne pouvaient, pourtant, s'en prendre qu'à eux-mêmes.

Le manque de réalisme pardonne rarement en football et jamais devant un adversaire comme le S.E.C.B.

Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions que vous vous posez

DANS QUELLES CONDITIONS S'EST JOUÉ CE BASTIA-O.M. ?

- Côté ambiance, ce n'était pas la grande fête du football annoncée et espérée. Pour une bonne et simple raison, c'est que de nombreux supporters "lointains" du S.E.C.B., c'est-à-dire ceux qui viennent habituellement d'Ajaccio, Porto-Vecchio, Calvi où Ile Rousse, avaient préféré rester à la maison devant la menace du temps. En effet, la pluie ne s'était arrêtée que le matin du match et longtemps en crut que la rencontre n'aura pas lieu. C'est sans doute pourquoi il n'y avait pas 5.000 spectateurs pour ce match qui, en principe, fait recette. Comme 1on s'en doute, la pelouse était grasse et glissante mais beaucoup plus acceptable que celle qui avait vu Monégasques et Marseillais s'affronter, dimanche dernier, au stade vélodrome. Ce n'était pourtant pas une pelouse qui devait permettre un très grand football. Le mérite des Bastiais, excellents en première mi-temps, n'en est que plus grand.

 QUELLE A ÉTÉ LA SURPRISE ET LA RÉVÉLATION DU MATCH ?

- La surprise pour les supporters marseillais, mauvaise surprise s'entend, a été la résignation avec laquelle leurs favoris ont accepté la défaite a 20 minutes de la fin. Par ailleurs, pour les Bastiais, encore qu'on ne puisse parler ici de véritable surprise, c'est la très grande partie de Larios qui leur a été le plus sensible.

COMMENT EXPLIQUER LA MALADRESSE DE BERDOLL ?

- Marc, qui, en d'autres occasions, a prouvé qu'il savait être efficace et opportuniste, doit sans aucun doute avoir des problèmes du côté du psychisme. On sait, en effet, que pour un avant-centre le plus important est de croire en ses chances et de tenter cette chance justement au moment ou l'adversaire s'y attend le moins. Or, actuellement, Berdoll à l'évidence, essaye toujours d'assurer le coup, ce qui donne le temps à ceux qui se trouvent en face de se ressaisir et d'éviter le pire. Entre le Berdoll de Monaco, début septembre, et celui de Furiani, hier, il y a un monde.

A. DE R.

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Skoblar : "Je regrette le point

mais pas la première place..."

Pas d'exubérance bien sûr dans le vestiaire des marseillais. Devant la porte de celui-ci, Francis Martinenghi et Josip Skoblar répondaient aux premières questions des nombreux journalistes.

"C'est le match des occasions ratées disait en premier lieu le président et c'est vraiment dommage, car il y avait la place ce soir pour faire un bon résultat. Mais à l'extérieur lorsqu'on ne concrétise pas les occasions que l'on se crée, il est bien difficile de ne pas perdre".

"N'avons pas su profiter de ce qui s'offrait à nous, disait de son côté Josip Skoblar, et c'est d'autant plus regrettable que je pense sincèrement que ce match était à notre portée. Nous avons souvent mis les Bastiais en difficulté sans aller vraiment au bout de nos actions".

"Hormis cela, l'équipe a bien tournée surtout à partir du moment où nous avons été menés 1 à 0.

"L'équipe s'est alors regroupée, a accéléré la cadence et nous aurions dû logiquement égaliser avant la mi-temps".

"À la reprise, nous avons encore accéléré et c'est au moment où tout le monde sentait que nous allions revenir à la marque que nous avons définitivement perdu la partie. En l'occurrence, ce n'est pas tant la première place que je regrette mais ce point perdu une fois de plus assez bêtement".

"Certes, nous savions que Bastia état un adversaire redoutable, mais précisément nos regrets sont d'autant plus important que nous avons plus d'une fois poussé les Corses dans leurs derniers retranchements".

Regrets aussi du côté des joueurs.

"Un contre malheureux et tout s'effondre nous disait ainsi François Bracci. L'important pour nous ce soir était avant tout le résultat. Et nous n'avons pas su l'obtenir".

"Mais le plus embêtant, c'est que nous ne parvenons pas à retrouver le jeu qui faisait notre force il y a pas si longtemps encore. À ce propos, je dirai une fois de plus qu'Hervé Florès nous manque beaucoup surtout à l'extérieur. Que l'on ne se méprenne pas sur mes paroles. Je ne veux pas dire par-là qu'Albert (Emon) n'a pas un rendement satisfaisant et que c'est lui qui doit être mis en balance avec Hervé. Mais indiscutablement, la présence de celui-ci nous fait cruellement défaut".

"Quant on manque cinq occasions de but aussi nettes, on ne peut espérer accrocher un match nul en déplacement, commentait part ailleurs Gérard Migeon. Il ne s'agit pas bien entendu de faire le procès de qui que ce soit et surtout pas des attaquants, car le plus difficile est de parvenir à se créer des occasions de buts. Mais il est bien certain que lorsque l'on gâche autant de balles faciles, on ne peut qu'avoir une mauvaise surprise à l'arrivée".

Pas mal de reproches, par ailleurs, à l'adresse de l'arbitre, M. Martin.

"Nous ne méritions pas vraiment de perdre ce match, nous disait Jean Markovic car le premier but bastiais était entaché par une faute très nette et l'arbitre a également prit quelques décisions plutôt curieuses".

"Ce n'est peut-être pas cela qui nous a fait perdre, estimait de son côté, Victor Zvunka, mais sur ce fameux premier but, Krimau a retenu Marius du bras, l'empêchant ainsi de sauter, avant de toucher le ballon de la main".

Tandis que Fernandez et Emon étaient aussi dépités.

"À Paris, nous n'avions pratiquement pas eu une seule occasion, rappelait le premier. Ici, nous en avons eu cinq très nettes. Malheureusement, nous avons été trop maladroits dans la finition. Il ne reste plus qu'à espérer qu'une amélioration va aussi intervenir dans ce domaine".

Quant à Emon, il reconnaissait avoir fini très éprouvé. "Épuisant, ce terrain boueux. Je n'en pouvais plus. En tout cas, on ne peut pas dire que nous ayons à jouer, car lorsque l'on se montre aussi dangereux à l'extérieur, on est peut-être maladroit, mal inspiré devant la cage, mais sûrement pas dépassé par les événements".

Enfin, Marius Trésor hochait la tête en soliloquant dans son coin : "On dirait presque que nous ne sommes pas concernés par les matches. C'est à peine croyable. On joue pourtant pas pour des prunes..."

Alain PECHERAL

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Pierre CAHUZAC : "L'espoir demeure"

Pour pouvoir regarder le match de 3e division, Bastia-O.M., Pierre Cahuzac, après la victoire de son équipe, a accordé une interview dans un lieu pour le moins inhabituel, à savoir sur le banc de touche : "C'est pour nous la deuxième victoire consécutive, et contre l'O.M. en particulier, que l'on peut considérer comme l'un de nos principaux adversaires pour une place d'honneur.

"L'espoir demeure, en effet, de décrocher cette année encore une place en Coupe européenne. Nous avons nos chances, nous continuerons à les saisir lorsqu'elles se présenteront. Pour en revenir au match de ce soir, je pense que notre victoire est logique".

Charles Orlanducci, le capitaine bastiais : "Ce fut un match difficile qui s'est joué à cent à l'heure. Les Marseillais possèdent vraiment une bonne équipe qu'il aurait pu sérieusement nous inquiéter s'ils avaient su exploiter les occasions qui se sont créées. L'état du terrain était, bien sûr gênant, mais il était le même pour les deux équipes. Je crois en conséquence que le score est logique".

Serge BONIFAY

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L'opinion de l'arbitre

M. Martin :

"Les Marseillais ont eu tort de protester sur le premier but ", nous a dit l'arbitre lyonnais M. Martin qui nous a aimablement à l'issue de la rencontre.

"Pour moi, ce but est tout à fait régulier, cela ne fait aucun doute. D'ailleurs, je ne pense pas que l'on puisse me taxer d'arbitrage à domicile, puisque je n'ai pas hésité à refuser aux Bastiais et à leur infliger un avertissement"

"En outre, par deux fois, les Marseillais ont effleuré le ballon de la main dans leur propre surface. Je n'ai pas était tout à fait involontaire. Mais je pense que ceux qui nous critiquent souvent à tort ou à raison devront convenir qu'en la circonstance, un arbitre manquant de sérénité aurait pu s'appuyer sur le règlement pour siffler".

"Pour le reste, cette rencontre n'a pas été difficile à diriger en dépit du terrain très glissant. Et l'avertissement que j'ai infligé à Larios a calmé les esprits qui n'étaient d'ailleurs pas tellement échauffés."

A.P.

 

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