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Résumé le Provencal

du 09 avril 1978

NANTES-O.M. : D'UNE COURTE TETE !

Un seul but signé...

Baronchelli (1-0)

NANTES - 1 à 0. Le dernier mot est donc revenu hier soir à Nantes sur le stade Marcel Saupin. L'O.M. est battu d'une courte encolure avec les honneurs pourrait-on même ajouter. Mais le résultat, au demeurant logique, s'inscrit dans l'ordre normal des choses.

On ne sait pas si Nantes a vraiment tremblé hier soir devant la foule de ses supporters au complet, mais toujours est-il que l'O.M., venu avec des intentions arrêtées de prendre son titre au championnat sortant, a semble-t-il échoué dans son entreprise. Les Olympiens n'ont pu mettre les canaris en cage et, répétons-le, sur le vu de la rencontre n'a pas grand-chose à redire sur cette victoire nantaise.

QUAND LES CONTRES TOMBENT À L'EAU !

Il n'avait d'ailleurs fallu pas bien longtemps pour se rendre compte du haut des tribunes que Michel et tous ses camarades étaient décidés comme un seul homme à défendre leur couronne. Cela valut, comme prévu, un premier quart d'heure plus tôt chaud pour l'O.M. Les Olympiens cependant avaient le mérite de faire front sous l'orage et tant bien que mal, le plus souvent avec honneur répétons-le, les défenseurs marseillais parvenaient à enrayer les vagues d'assauts successives des maillots jaunes. Un terme, qu'hier soir, prenez une double signification.

Devant ses supporters ravis, comme on l'imagine, Nantes faisait donc le jeu. Mais était-ce un signe ? Migeon derrière son arrière défense n'avait pas à multiplier les prouesses pour garder sa cage inviolée. L'O.M. manifestement avait une fois de plus miser sur le contre Pour tenter de signer l'exploit sur la pelouse de la fameuse arène nantaise. Un stade où, vous le savez, aucun visiteur depuis le début de la saison était parvenu à s'imposer.

On eut même l'impression que passé le premier quart d'heure, les Olympiens, sortant comme l'on dit la tête de l'eau, commençaient à trouver un peu mieux leur marque. À telle enseigne que la défense nantaise, pourtant réputée par son imperméabilité, fut mise une fois ou deux hors de position. Hélas ! Quand on joue délibérément le contre, on a au moins deux obligations. La première fait de contenir les arrières latéraux adverses qui n'ont pratiquement jamais personne à marquer et sont ainsi de redoutables contre-attaquants. Le deuxième, eh bien c'est que les quelques balles, ou si vous préférez les quelques occasions de buts, doivent être impérativement utilisées, sous peine de s'exposer à plus ou moins longue échéance à la réussite du rival qui, lui évolue dans des conditions idéales.

C'est à peu près ce qui s'est passé hier soir à Nantes. L'O.M., nous l'avons dit à bel et bien réussi à surprendre selon sa tactique, le rideau passait devant Bertrand Demanes, mais, hélas, Berdoll, pour ne citer que lui, qui s'est présenté au moins à deux reprises tout seul devant le grand gardien international, n'a pu mettre la balle au fond des filets.

La plus belle occasion peut-être s'est située aux alentours de la vingtième minute, ou sur une longue balle de François Bracci, Berdoll est arrivé en excellente position, mais se croyant hors jeu il a marqué un temps d'hésitation donc Bertrand Demanes a bien entendu tiré le meilleur profit. Et là, comme le dit un fameux proverbe de chez nous : en faisant du bien à Bertrand... vous connaissez la suite.

LA TÊTE DE BARONCHELLI

On arrivait tout de même à 0 partout à la pause. Ce qui laissait les espoirs intacts à l'une comme à l'autre des deux équipes. La reprise fut encore difficile pour la défense marseillaise. Cette fois, pourtant, les événements n'allaient pas se dérouler tout à fait comme au début de la rencontre. Un long centre de Michel de la droite trouvait en effet la tête de Baronchelli placé en position d'avant-centre. Et le brave Migeon, jusque-là excellent, était obligé d'aller chercher la balle au fond de ses filets. Passons ici sur la péripétie tragi-comique du penalty accordé par M. Buils pour une faute imaginaire de Baulier sur Lacombe. Mais comme il y a une justice immanente, Rio, chargé de "réparer", trouver devant lui un Migeon en état de grâce. C'était l'exploit à mettre à l'actif du gardien, mais le score était toujours de 1 à 0. Nantes en deux mots avait toujours la partie belle.

L'O.M., il serait injuste de ne pas de souligner, s'est efforcé alors de rétablir l'équilibre pendant les quarante minutes qui lui restaient encore. Mais était-ce une faute impression, nous avons eu le sentiment, avec d'ailleurs quelques-uns de nos confrères, que l'équipe olympienne, voyant de plus en plus qu'elle ne pouvait tromper la meilleure défense de France, se mettait à accepter son sort. Sans tir bien sûr que l'O.M. avait renoncé, il n'avait plus durant les dernières minutes se mordant qui quelquefois change la face d'une partie. Pourtant, sur un relais Flores-Bracci, un centre tir de ce dernier fut à deux doigts d'être transformé en but par Boubacar. Mais "Bouba" fut court d'un soulier et Bertrand Demanes, encore lui, put écarter le danger.

C'était la dernière occasion. Avec cette défaite, peut-on ajouter dans le même ordre d'idée que c'était aussi la dernière occasion de détrôner le champion en titre ?

Le proche avenir nous le dira. Mais il est certain que Nantes a marqué hier soir deux points de la première importance...

Jean FERRARA

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VIVE LE MARIE !

Histoire du football était éternellement recommencement.

À la fin des années 60 que les "Canaris" dominaient dans l'Hexagone, du côté de la Canebière un slogan fit soudain fureur. Il disait : "Tremble Nantes, l'O.M. arrive".

Dix ans plus tard, le rétro, il est vrai est à la mode, voilà que l'on retrouve une situation identique.

Nantes, champion sortant, Nantes ambitieux, Nantes rêvant de se succéder à lui-même, donner en ce samedi d'avril l'hospitalité à l'O.M. son challenger quasi officiel et en tout cas le plus redoutable de ses rivaux.

Bien avant que M. Buils ne donne le coup d'envoi tout avait été dit et écrit sur ce match présenté par toutes les gazettes spécialisées ou pas, comme chose rarissime, la véritable finale du championnat. En 90 minutes, l'histoire selon les augures, devrait s'écrire. Elle le fut. Et c'est le nom de Nantes qui brillera en lettres d'or. Enfin, on le suppose.

Mais tous comptes faits, ne jurons de rien, car pendant que les "jaunes" prenaient le meilleur sur les "blancs" à domicile, Monaco et Strasbourg, ces promus aux dents longues s'en allaient gagner à Lens et à Rouen.

Ceci dit, il faut l'écrire pour rester objectif, Nantes a mérité sa victoire.

On crut même un instant, avec le concours de M. Buils, elle serait plus large. Heureusement, Migeon, connaît ses classiques et toutes les ficelles du métier.

1 à 0, donc l'O.M. n'a pas à rougir de sa défaite, d'autant qu'après nos confrères de Nice, ceux de Nantes ont été formels : Michel et ses hommes ont fait leur plus beau match depuis longtemps.

Il n'est donc pas catastrophique de perdre à Marcel Saupin d'autres que les Marseillais y ont laissé des plumes et paradoxe, seuls les Rouennais ont réussi à quitter ce temple du football avec un point dans leurs valises. 1 à 0, un petit score, mais une victoire importante. Il avait raison le public Nantais après le match de crier à l'adresse de Bruno Baronchelli, héros du soir et qui lundi dernier, avait convolé en justes noces : "Vive le marié" !

André de ROCCA

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Jean VINCENT :

"Attention à Monaco"

Dans les vestiaires nantais c'était une joie mesurée. Deux déclarations résument l'opinion générale, celle de Vincent, l'entraîneur, et de Michel, le capitaine. Le premier devait dire : "Pour une équipe fatiguée, nous avons prouvé que nous avions des ressources. Il ne nous manque cette saison qu'un peu de réussite pour l'emporter plus largement à chaque rencontre. Est-ce que nous serons champions de France ? C'est possible. Mais dites à Monaco de perdre un match". Le second6 expliquait : "1 à 0, je crois que l'O.M., qui au demeurant a fait une excellente partie défensive, s'en tire bien. Nous avons prouvé que malgré la succession des matches nous avions retrouvé de l'allant et du mordant. Quant au titre, attendez encore un peu, Strasbourg Monaco n'ont pas dit leur dernier mot et les Marseillais ne sont peut-être pas lâchés que temporairement".

A. de R.

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Les réponses aux questions que vous vous posez

1. A-t-on assisté hier soir au dernier tournant du championnat ?

- Nous avons écrit avant la rencontre : cette opposition entre Nantes et l'O.M. sur la pelouse du stade Marcel Saupin constituait le moment de vérité de ce championnat, surtout pour Nantes, bien sûr, mais aussi pour l'O.M., qui se présentait à Marcel Saupin en position de challenger.

En enlevant les deux points de l'enjeu, les champions sortants marquent bien entendu un l'avantage appréciable. Mais derrière, Monaco Strasbourg n'ont pas dit leur dernier mot pour autant, aux qui sont allés s'imposer à Rouen et à Lens. Dans l'affaire, c'est peut-être l'O.M. qui a réalisé la moins bonne opération de la soirée. Il reste désormais quatre journées d'ici à la fin de l'épreuve : tout peut être remis en question, mais une chose est sûre : si les Olympiens ont encore une toute petite chance à jouer, ils devront c'est évident, mettre les bouchées doubles.

2. Dans quelles conditions s'est déroulé le match au sommet ?

- Dans le contexte, en fait, que tous les observateurs attendaient. Le Stade Marcel Saupin avait fait le plein de ses supporters qui, bien entendu, ont encouragé comme il se doit leurs favoris ; nous avons vu fleurir ici et la un ou deux drapeaux aux couleurs marseillaises, mais sans contestation possible, la chorale des canaris ne craignait aucune concurrence. Nous ne pensons pas, cependant que le public ait gagné le match à lui tout seul.

L'O.M. a bien résisté dans un premier temps, étant à deux doigts, par la suite, d'ouvrir le score en frappant le premier. Mais, nous le disons par ailleurs, le succès des Nantais est de ceux, qui logiquement, ne doivent pas se contester. Toujours pour rester dans le cadre des conditions, il faisait un temps idéal hier au-dessus de la Loire Atlantique. En somme, tout était réuni pour faire un succès de ce match au sommet.

3. Comment jugeait l'arbitre, M. Buils ?

- C'était M. Wurth qui était prévu initialement pour diriger ce grand événement du championnat en cours, mais, malade, il avait dû céder sa place à M. Buils. Un arbitre, il faut bien le dire, qui n'a pas fait l'unanimité, notamment dans le camp marseillais. Rien à dire sur sa première mi-temps, où tout se passa de façon à peu près normale, mais sur le penalty généralement leur accorder, c'est le moins qu'on puisse dire, pour une faute imaginaire de Baulier sur Lacombe, il fit sourire même les plus chauds supporters nantais. C'est tout dire. À part cette erreur, tout de même assez grossière, il a semblé que le directeur de jeu n'était pas toujours bien servi par ses assesseurs du bord de la touche, qui ont toutefois signalé des hors jeu à contresens. Mais enfin, avec une bonne ou une mauvaise prestation, M. Buils n'a pas grandement influé sur le résultat final de la rencontre, même, ajoutons-le, s'il ne l'a pas fait exprès.

J.F.

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SKOBLAR : "Nantes a mérité sa victoire !"

NANTES - Dans le camp marseillais, on était déçu, certes, mais ce n'était pas le total abattement que l'on pouvait craindre.

Devant la porte du vestiaire, le président d'Agostino, avant que les représentants de la presse puissent entrer, essayait d'analyser objectivement la rencontre. "Ils ont été meilleurs que nous et la première chose qui me vient à l'esprit. Je crois que notre défense a fait un très bon match, peut-être est-ce notre milieu de terrain handicapé par la grippe de Fernandez qui n'a pu se hisser au niveau de son rival. Il nous reste maintenant à gagner les quatre derniers matches pour pouvoir jouer une coupe européenne".

Dans les vestiaires, comme toujours, le premier à répondre aux questions fut Josip Skoblar : "Ce fut un match où les occasions de part et d'autres furent rares. Je pense que les Nantais en ont eu un petit peu plus que nous. En conséquence, je considère qu'ils ont mérité leur victoire. Je crois que nous avons abordé cette rencontre un peu plus contractée qu'à l'ordinaire. De ce fait, nous ne sommes pas arrivés à construire comme il aurait fallu le faire.

"J'ai pensé qu'après que Migeon eut arrêté le penalty de Rio, nous allions réagir, il n'en fut, hélas, rien. Pour ce qui est de l'arbitrage, M. Buils a sifflé une faute qui parut peu évidente, mais il était mieux placé que moi. Je tiens toutefois à souligner qu'à la mi-temps Michel l'a "engueulé" comme je n'avais jamais vu un joueur "engueuler" un arbitre.

"Cette altercation a-t-elle influencé le directeur de jeu, je ne saurais l'affirmer, toujours est-il qu'en deuxième mi-temps son arbitrage fut moins bon que durant les 45 premières minutes. Il nous reste maintenant à réagir pour faire le plein de points au cours des quatre derniers matches".

Les joueurs ne cherchaient pas d'excuses quant à leur défaite. Berdoll rendait hommage à défense nantaise : "Tusseau, Rio, Bargas et Bossis sont des garçons de valeur a qui la Coupe d'Europe a donné une grande expérience. Par ailleurs, ils ne font pas de cadeau, à telle enseigne que cette défense est très difficile à manoeuvrer. Je crois pourtant qu'un nul aurait été équitable. Je concède que j'ai raté une belle occasion en première mi-temps. À vrai dire, j'ai été surpris de voir toute la défense nantaise arrêtée. Bertrand Demanes y compris, et lorsque j'ai réalisé que je n'étais pas signalé hors jeu, le ballon avait fusillé hors de ma portée. Dommage !

Fernandez avait au moins 40 degrés de fièvre à la fin du match. "Je suis brisé, j'ai mal partout. Je crois que nous pouvions faire un truc ce soir. Personnellement, en première mi-temps, je voyais les trous dans la défense nantaise, Hervé me disait d'y aller mais il m'était impossible d'accélérer. Vraiment, ces 45 minutes furent pour moi un calvaire !".

Truqui ne cachait pas sa façon de penser : "Ces Nantais, je les ai trouvés hargneux et à la limite d'être méchants. C'est peut-être de notre faute, car nous avons l'habitude de tendre la joue gauche lorsqu'on nous donne une gifle sur la joue droite. Les politesses entre joueurs on se les fait à la fin du match mais pas pendant".

Baulier n'en revenait pas d'avoir était sanctionné d'un penalty : "Je vous donne ma parole que je n'ai même pas effleuré la jambe de Lacombe".

Gérard Migeon expliquait comment il avait stoppé le tir de Rio : "Je savais que Rio marquerait un temps d'arrêt avant de frapper dans la balle pour voir de quel côté j'allais amorcer mon plongeon. En conséquence j'ai fait semblant de partir sur la gauche et je suis lancé à droite, à l'endroit même où il allait placer le ballon. Je pensais que cet arrêt allait nous donner du tonus et un coup au moral de l'adversaire. Il n'en fut rien. Hier soir, nous n'étions pas au mieux".

Trésor, pour sa part, expliquait : "Nous avons manqué un peu de maturité. Les Nantais donnaient l'impression d'avoir plus envie que nous de gagner ce match. Maintenant, pour le titre, ce sera dur, mais il faudra faire le maximum pour arracher une place qualificative à la Coupe de l'U.E.F.A.

Djamal Markovic était furieux : "Je suis sûr que l'intervention de Michel, à la mi-temps, a influencé l'arbitre. Le penalty sifflé contre nous en est la meilleure des preuves. Je suis sûr que M. Wurtz ne l'aurait jamais accordé.

"En fait, c'était au milieu du terrain que Nantes nous a dominé mais, sans chercher d'excuses, il faut bien comprendre que Flores, encore sous le coup de sa grippe, et Fernandez, très malade au coup d'envoi, n'ont pu donnait à Linderoth le coup de main nécessaire. Avec un ensemble de joueurs valides, je suis sur que nous aurions au moins réussi le nul".

Enfin, Prévost confirmait : ce que j'ai vu à la mi-temps est véritablement scandaleux. Michel et Rio ont mis M. Buils plus bas que terre, c'était presque de l'intimidation. Et, à l'évidence, le "coup" a réussi".

La conclusion, nous la laisserons à V. Zvunka : "Nous n'avons pas joué comme d'habitude, c'est vrai. Cela dit, il reste quatre matches. Nous n'avons que deux points de retard et un bon goal average. L'O.M. a perdu une bataille, mais je continue à croire qu'il n'a pas perdu la guerre.

André de ROCCA

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