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Résumé le Provencal

du 29 avril 1978

INEXCUSABLE :

L'O.M. HUMILIE SUR SON TERRAIN

CURIONI donne une victoire inespérée aux Troyens (1-0)

Comment aurait-on pu penser que la saison footbalistique se terminerait à Marseille par un véritable gag ? Et comment pouvait-on s'imaginer que cette équipe troyenne, pratiquement condamnée en venant à Marseille, allait humilier l'O.M. sur son terrain ? Un O.M. qui lui conservait un espoir, guère plus grand peut-être, mais un espoir tout de même, d'arracher une place qualificative à une Coupe européenne. Le match nul concédé par Nantes à Rouen et celui de Sochaux obtenu, celui-là, à Strasbourg, ne feront qu'aviver les regrets des joueurs, de leurs dirigeants et tout à la fois de leurs supporters. Mais il est certain que l'O.M., en nette perte de vitesse au terme de ce championnat, n'a jamais donné l'impression, tout au long des quatre-vingt-dix minutes, de croire d'une part en ses chances européennes et d'être en mesure de l'autre de signer une dernière victoire au stade vélodrome.

Performance qui n'aurait constitué en rien un exploit, face à ce qu'il faut appeler tout de même le modeste adversaire troyen.

Il est temps alors que la saison se termine. Mais il est dommage aussi qu'elle connaisse un tel dénouement pour une équipe olympienne qui, jusque-là, avait fait plutôt bonne contenance dans le cours de ce championnat.

LE COUP DE PATTE "ASSASSIN" de CURIONNI

Que dire donc de ce match, après que l'équipe olympienne eut essuyé les sifflets de son dernier carré de supporters ? On ne peut pas dire, évidemment, que la rencontrer ait été d'un intérêt palpitant. C'est un match de baisser de rideau. Mais ce qui nous chagrine un peu à l'heure de faire les commentaires c'est que l'O.M. jouait encore en ayant la possibilité de devancer son rival strasbourgeois. Et là, il faut bien le dire, sur le plan de la détermination, de la volonté, de l'ambition, l'équipe olympienne n'a pas tout à fait rempli son contrat.

Nous n'avons pas le coeur, sincèrement, d'accabler les joueurs marseillais qui, rappelons-le, ont quand même procuré quelques beaux moments de satisfaction à leurs supporters depuis le début de la saison. Mais comment, d'autre part, leur trouver des excuses, d'autant moins valables que ces malheureux troyens étaient venus à Marseille sans grande illusion et encore moins d'ambitions.

Après le match de Nîmes, où l'O.M. s'était pourtant comporté de belle manière durant la première mi-temps, nous avions mis l'accent sur la fatigue d'ensemble de l'équipe. La lassitude s'est confirmée hier soir. Car nous ne voyons pas personnellement d'autre explication à donner à cette défaite. On ne peut pas dire non plus que la tactique employée hier soir doit être mise en cause. Lendo tout d'abord, et N'Gom ensuite, ont été tour à tour le troisième attaquant que l'on ne plaît parfois à réclamer, surtout pour les matches à domicile. Mais leur présence aux côtés du tandem Berdoll-Boubacar n'a guère contribué à changer la face des choses. Puisque Formici, vous le savez, est resté maître dans la surface de ses buts. Alors ? Puisqu'il s'agit d'un baisser de rideau, il faut surtout songer au prochain spectacle celui de la saison qui s'ouvrira au mois de juillet. Tel qu'il s'est montré hier soir à son public, l'O.M. c'est évident, n'aurait guère de chance de jouer cette fois les premiers rôles.

En fait, il a suffi hier soir d'un raid solitaire du toujours rusé Curioni pour précipiter la défaite olympienne. Tandis que les attaquants, une fois de plus, n'ont pu trouver le chemin des filets adverses. En fait, ce match nous a rappelé celui de triste mémoire vécu contre Sochaux. Il a connu la même conclusion, tout en soulevant la colère et à déception du public. Oui !

C'est dommage que l'O.M. termine ainsi sous les quolibets. Mais, dit-on, à quelque chose malheur est bon. Skoblar sait désormais qu'il aura encore du pain sur la planche pour battre le rappel de ses troupes, mais aussi, il faut bien l'admettre, pour lui procurer quelques renforts.

Ce sera en sorte la conclusion de cette soirée. Étant entendu que nous aurons le temps de reparler plus tard de la question touchant au délicat problème des transferts.

Jean FERRARA

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La débandade

Avant même que ne soit donné le coup d'envoi de cette rencontre officielle du championnat de France 77-78 à Marseille, on savait que l'O.M. n'avait pratiquement plus aucune chance de terminer à une place d'honneur qui lui aurait permis la saison prochaine, de jouer en coupe d'Europe de l'UEFA, cette compétition qui depuis le mois de septembre dernier a fait la gloire du S.E.C. Bastia.

Les quelque 7.000 spectateurs qui s'étaient donnés rendez-vous hier au Stade Vélodrome, n'étaient donc pas venus pour demander l'impossible aux Olympiens.

Ils espéraient simplement que les blancs mettraient un point d'honneur à remercier leurs fidèles supporters et en tout cas les plus fidèles d'entre eux en leur offrant en guise de revoir une victoire que l'on aurait appréciée d'autant plus qu'elle aurait été remportée, du moins le croyait-on, pour l'honneur.

Déception des déceptions, le spectacle qui fut d'une rare indigence se termina par un échec marseillais.

En 90 minutes, ce fut un festival de maladresse en tout genre, passes ratées, tirs manqués, centres derrière les bois, coups francs dans les nuages ; bref, toute la gamme du mauvais football y passa.

Ce fut pire en un match que cela ne l'avait été au cours des 18 rencontres précédentes.

Certes, les Troyens n'étaient guère plus en verve que les Phocéens mais eux, à l'amorce de la rencontre, n'avaient aucune ambition européenne. Ils s'étaient présentés sur la pelouse pratiquement en victime expiatoire, déjà virtuellement condamnés à jouer la saison prochaine en enfer.

Et c'est pourtant devant ces joueurs de devoir que l'O.M. toucha le fond de l'abîme.

D'abord désagréablement surpris puis inquiets, enfin, véritablement ulcérés par la piètre exhibition de Trésor et ses camarades, les "fidèles" avec une belle unanimité d'applaudir à tout rompre Ugo Curioni lorsque celui-ci, à un petit quart d'heure de la fin, s'en vint tromper Migeon.

C'était en l'occurrence l'hommage mérité à onze qui, faute de beaucoup de panache, avaient au moins faire preuve d'une telle conscience professionnelle. Un à zéro, le score en resta là. Et c'est justice pour ceux qui avaient fait le déplacement sans grande illusion et s'en sont retournés en Champagne sans plus d'espoir.

Quant à l'O.M., en ce triste soir de fin d'avril, sa seule et grande chance et d'avoir joué hier soir son dernier match de championnat de la saison, au Stade Vélodrome.

Le plus drôle ou si vous préférez le plus triste, c'est que pendant que les Marseillais piétinaient, les Strasbourgeois se laissait piéger par Sochaux à la Meinau pour finalement se contenter d'un résultat nul.

Autant dire qu'avec un minimum de concentration et pourquoi pas de l'écrire, un minimum de sérieux, l'équipe de Skoblar et Markovic aurait abordé l'ultime journée de la compétition avec un tout petit point de retard sur les Strasbourgeois et qui sait...

Peut-être en fin de compte a-t-il mieux valu qu'il en soit ainsi. Quoi qu'il en soit, l'O.M. se souviendra longtemps de ce mois d'avril 78. Dans un premier temps à Nantes, il a perdu tout espoir de remporter le titre. Dans un second temps, il s'est fait éliminer de la Coupe de France devant son public.

Dans un troisième temps, il s'est fait humilier par une équipe à quatre sous.

En deux mots, l'O.M., en trois matches, a tout perdu.

Les Olympiens auraient pourtant du savoir qu'en avril, en aucun cas, il ne faut se découvrir d'un fil.

André DE ROCCA

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CEDOLIN : "Un coup

d'épée dans l'eau"

A l'issue de la rencontre les Troyens malgré leur victoire n'étaient pas tellement satisfaits et l'entraineur Cedolin nous a dit : "Cette victoire est un coup d'épée dans l'eau. En effets, tous les autres résultats de la soirée nous sont défavorables. Pour nous, c'est cuit ! Evidemment, quand on songe au match aller contre l'O.M. que nous aurions largement pu gagner on peut dire que ces deux points perdus nous manquent ce soir !"

Differding nous disait de son côté : " Nous avions une petite chance. Nous avons su l'exploiter. Mais finalement notre succès à un goût d'amertume".

Diallo constatait : "Au début de la saison nous avons eu jusqu'à sept ou huit blessés dont nos deux gardiens de but. Je crois que c'est là, la raison principale de nos avatars".

Quant à Formici, il constatait : "Je ne sais pas si l'O.M. est en nette régression, mais son attaque ne m'a pas beaucoup donnée d'inquiétude ce soir.

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions que vous vous posez

 COMMENT EXPLIQUER L'EFFONDREMENT DE L'O.M. EN CE MOIS D'AVRIL ?

Le moins que l'on puisse écrire, c'est que les Phocéens n'ont pas tenu la distance. Reste à savoir pourquoi. Les spécialistes, Markovic en premier, se pencheront sur la chose. À mon avis, la raison principale est que l'O.M. a pratiquement joué toute la saison avec un effectif de 13 joueurs. C'est sans doute trop peu pour pouvoir commencer à 100 à l'heure et terminer à la même vitesse.

Peut-être aussi les qui marseillaise a-t-elle joué quelquefois en dessus de ses moyens, ce qui a laissé grandir un espoir qui, tout compte fait, n'était que chimérique.

Certes aujourd'hui la déception est grande, mais l'O.M. terminera à la 4e place. Soyons honnête, au mois d'août dernier nous ne pensions pas que cet objectif pourrait être atteint. Il est pourtant toujours très difficile d'aller, pour employer une expression populaire, à Rome pour tout compte fait ne pas voir le pape.

 LA VICTOIRE TROYENNE EST-ELLE MÉRITÉE ?

À vrai dire, aucune des deux formations ne méritaient hier soir de gagner ce match, mais en considérant qu'il se disputait au stade vélodrome, il serait injuste de reprocher à quoi que ce soit aux joueurs du T.A.F. Ils ont joué avec leurs moyens, qui ne sont pas énormes, mais avec une belle application, et un but inscrit par Ugo Curioni n'est qu'une juste récompense de leurs efforts.

A. de R.

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Josip SKOBLAR : "Une défaite méritée"

Faut-il préciser que le vestiaire olympien ressemblait à un vaste désert silencieux, dans lequel ceux qui étaient présents parlaient à voix basse ?

Josip Skoblar, l'oeil plus noir que jamais, répondait dans un coin aux questions des journalistes : "Cette défaite, nous le méritons, c'est une question de motivation qui était nettement insuffisante. Les joueurs ont cru que ça allait rentrer tout seul. Mais en football, il faut mériter les victoires".

Ne pensez-vous pas que la fatigue a aussi joué un rôle ?

- "Sûrement pas. Dans les matches comme celui-ci ce n'est pas la fatigue qui vous fait perdre. C'est autre chose. Il faut avoir envie de gagner. Nous pouvions encore rattraper notre retard ce soir ou du moins une partie et tout restait encore possible. Mais sans doute ne le méritions-nous pas..."

Plus fataliste, Djalma Markovic faisait allusion aux aléas et aux rebonds imprévisibles d'un ballon de football : "Le milieu a mal joué et l'attaque en a souffert. Mais quand même, on devrait faire mieux que ça. Il y a 4 occasions nettes pour nous et une seule pour eux. À l'arrivée, cela fait 0-1. C'est le football, il y a des choses qui ne s'expliquent pas. Pourquoi par exemple un homme qui est très bon de la tête, a-t-il cette fois repris la balle du crâne au lieu de la frapper du front ? Pourquoi avons-nous manqué d'autres buts que nous aurions dû marquer ? En définitive, c'est encore une leçon qui se dégage de cette soirée : il faut toujours regarder vers l'avenir et pas vers le passé. Or, les joueurs en entrant sur le terrain pensaient encore trop à la déception de Nîmes et pas assez au futur qui pouvait à de nouveaux sourires..."

Tournons-nous maintenant vers les joueurs en un rapide tour de vestiaires.

Migeon : "Pendant 6 mois tout nous a souri. Mais il faut être costaud moralement aussi quand les choses commencent à aller mal : cela n'a pas été le cas pour nous, du moins pas suffisamment. On ne peut pourtant pas dire que nous soyons cuits physiquement puisque nous courons dans tous les sens. Peut-être même trop d'ailleurs et c'est là que nos malheurs viennent peut-être.

Après tout 4e, c'est sans doute notre véritable place. Et nous nous étions peut-être fait quelques illusions ?

Berdoll : "Que dire ? On a mal joué et même très mal : nous avons passé une heure et demie dans leurs 18 mètres sans arriver à marquer un but, ce n'est pas de notre bonheur. Et le fait que les Troyens aient transformé la seule véritable occasion qui se voit offerts à eux ne change rien à l'affaire".

Zvunka : "Josip a raison quand il dit que notre motivation a été insuffisante pour ce match. Nous n'y avons pas assez cru. Après Nîmes, on s'est plus ou moins dit que tout était fini.

Et pourtant, c'était bien vrai que rien n'était perdu. Cette fois, je ne vous dirai pas qu'il faut encore y croire : trois points d'écart avec Strasbourg, c'est fini, nous terminerons 4e. Ce n'est pas si mal notez-bien, mais évidemment quand on a espéré mieux, cela peut vous passer pour une déception.

En fait, ce sont les points perdus en janvier à Paris et Bastia et à domicile qui nous ont surtout manqué, plus que ceux que nous venons de gaspiller maintenant, car si nous avions été dans le coup pour le titre, nous nous serions accrochés autrement".

Baulier : "Et bien voilà les jambes ne répondent plus très bien. Peut-être est-ce la conséquence d'un effectif assez réduit, car il est vraiment difficile de jouer tout un championnat à 13 joueurs ou 14 joueurs. Et mis à part le milieu de terrain, nous avons en définitive assez peu tourné".

Boubacar : "Nous finissons comme nous avions commencé : mal. Pour nous ce championnat aura eu trois semaines de trop. Et dire que ce résultat qui nous a coûté si cher ne servira même pas aux Troyens qui descendent quand même".

Ajoutons pour conclure que l'arbitre M. Vautrot, dont on notera au passage que l'O.M. ne le récuse plus comme cela avait été le cas à la suite du fameux match de Lyon, n'a eu aucune précision à nous apporter sur le comportement des joueurs dans une partie qui pour mauvaise qu'elle ait été n'a été prétexte à aucun incident particulier.

D'ailleurs, M. Vautrot n'a pas eu à distribuer le moindre carton jaune.

Alain PECHERAL

 

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