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Résumé Le Provencal

du 29 janvier 1978

CONTRAT REMPLI

Comme prévu les Marseillais

ont souffert devant Brest (1-0)

RENNES - Dans des conditions beaucoup moins favorables qu'on avait pu le croire, sur une pelouse bien lourde et enfin devant une très bonne équipe de deuxième division, encouragée comme il fallait s'y attendre par un nombreux public, l'O.M. est parvenu à éliminer le Stade Brestois de la Coupe de France.

Résultat normal penseront sans doute les supporters marseillais.

Certes rien de plus logique au demeurant d'assister à la victoire de l'un des ténors de division nationale sur un adversaire hiérarchiquement inférieur. Mais tous ceux qui ont suivi la rencontre hier soir, et qui connaissent bien l'équipe olympienne, avaient peut-être une optique quelque peu différente. En un mot, c'est un O.M. totalement retrouvé pour mettre à la raison un rival brestois emmené par d'anciens pros de première division et conduit de main de maître par son capitaine entraîneur de Martigny.

Bien sûr nous nous garderons de parler d'exploit, mais compte tenu de tout ce qui avait précédé la rencontre, et nous pensons notamment à Paris, Monaco et Bastia, en étant conscient également de toutes les conséquences fâcheuses d'une nouvelle contre-performance, on peut estimer que l'O.M. a rempli son contrat. Et, n'ayons pas peur de nous répéter, ce ne fut pas hier soir son moindre mérite.

LE GAUCHE DE LINDEROTH

La meilleure des preuves c'est que les dirigeants olympiens, Josip Skoblar y compris, avaient abordé ce match avec une certaine nervosité qui ressemblait fort d'ailleurs à un réflexe d'anxiété.

Heureusement l'équipe marseillaise ne tarda guère à rassurer son monde sur son état à la fois physique et morale.

On s'apercevait par exemple que Florès, après une assez longue absence, avait repris sa baguette de chef d'orchestre sans trop de problèmes. Et ses ballons, distillés avec toujours autant d'intelligence, permettaient à son équipe de se donner de l'air, comme on dit, et de dominer les débats dans le fameux entre-jeu.

D'autre part, on notait avec autant de satisfaction, sinon de soulagement, que Linderoth, plus ou moins effacé depuis la reprise, était redevenu l'insaisissable petit lutin des matches "aller". Au total donc une équipe qui avait donné somme toute impression de se retrouver après quelques mésaventures.

Cela nous valut un début de match tout à l'avantage de l'O.M. Les Olympiens, faisant circuler rapidement le ballon sur une pelouse rendue glissante par les récentes pluies, semblaient, comme l'avait annoncé Skoblar, prendre la mesure de leurs adversaires. Et lorsque Linderoth au terme d'un slalom savamment orchestré, s'en va battre Thomin, à la 24ème minute, on pensait généralement que l'O.M. allait confirmer le pronostic sans aucune difficulté.

BEAUCOUP D'OCCASIONS MANQUÉES

On ne savait pas encore que cette équipe marseillaise s'acheminait vers une fin de partie pour le moins difficile.

À quoi cela était-il du ? Et bien, pour ne pas perdre ses "mauvaises habitudes", la formation phocéenne avait, une fois de plus, gaspillé un nombre considérable d'occasions. Tant et si bien comment fut tout heureux, au bout du compte, de se contenter de ce petit but du Suédois pour avoir le dernier mot sur l'adversaire du soir.

Il est certain que les Olympiens, comme nous le signalons plus haut, avaient abordé cette rencontre les nerfs à fleur de peau. Mais, tout de même, il est assez exceptionnel de voir une équipe manquer à ce point autant d'occasions.

Berdoll, pour son compte, en rata au moins trois qui semblaient autant de buts acquis. À chaque fois : un pied adverse, un dernier réflexe et enfin les poteaux enrayèrent ses différentes actions. Sans compter toutes les autres tentatives qu'une équipe sûre d'elle même aurait certainement transformées sans problème.

UNE DEUXIÈME MI-TEMPS DIFFICILE

En fait, toutes ces occasions ratées ne seraient rien si l'O.M. n'avait pas dû, en quelque sorte, payer la note en deuxième mi-temps, car, tant va la cruche à l'eau... comme on dit populairement.

En clair, les joueurs brestois, s'apercevant que leurs adversaires de Première Division étaient poursuivis par la guigne, se mirent à s'enhardir au fil des minutes. Et on se demande alors avec une petite peur rétrospective, comment ils ne sont pas parvenus à inscrire le but égalisateur. Heureusement, l'O.M. qui avait manqué de réussite en attaque, sut faire front avec bec et ongles pour défendre son mince avantage.

Inutile de dire que les Olympiens connurent alors quelques moments chauds. Mais, finalement, force resta à la loi, si l'on peut s'exprimer ainsi. Il était impossible, en effet, après tout ce que nous avions vu comme gaspillage, que l'O.M. se fasse rejoindre à la marque et donne à son adversaire la possibilité de disputer une prolongation.

En somme, tout est bien qui finit bien pour cette équipe qui avait commencé à faire douter quelques-uns de ses supporters.

Le premier tour de Coupe est passé. On va pouvoir maintenant penser un peu mieux au championnat. À commencer par Nancy qui, vendredi soir, sera un hôte de marque au stade vélodrome

J.F.

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L'essentiel était de gagner

Mission accomplie donc pour les Olympiens qui ont échappé aux traquenards bretons.

Difficilement, il est vrai, mais telle est la règle du jeu d'une épreuve qui, bien que passablement dénaturée par des aménagements discutables, demeure en quelques occasions - et 32e en sont une - fidèle à elle-même.

Certes, pour un prétendant au titre, venir à bout d'un adversaire moyennement classé en seconde division, ne constitue pas à proprement parler d'un exploit.

Mais jouant de cet argument pour minimiser la victoire marseillaise ne serait ni très honnête ni très éloquent, dans la mesure où les critiques l'eussent assailli de toutes parts en cas d'élimination.

Il paraît donc juste de rendre à l'équipe olympienne la part de vérité qui lui revient, car elle avait beaucoup à perdre dans cette partie de poker ou les cartes avaient été distribuées sans l'aide du hasard...

Comme la plupart de ses pairs de Nationale, c'est un véritable piège que l'O.M. avait à déjouer hier soir : une ambiance hostile, bien plus que lors d'un simple match de championnat, un adversaire prêt à tout et bien meilleur qu'on n'avait voulu le dire avec son quatuor de mousquetaires du professionnalisme, sans oublier cette inconfortable position de favori, se faux quitte ou doubles constituant à risquer gros d'un côté pour ne pas gagner grand-chose de l'autre...

Le débat, en définitive, n'était pas aussi déséquilibré que cela dans ce vieux parc des Sports renouant pour un soir, malgré le froid, avec un passé riche de moments glorieux.

Dès lors, les "oui mais" ne sont pas de rigueur et il convient de ne pas s'arrêter à l'étroitesse du score.

Que l'O.M. ait souffert pour gagner le droit d'être au rendez-vous des 16e de finale, cela ne serait se contester, les Brestois ayant accompli un dernier quart d'heure époustouflant malmenant et dominant une équipe marseillaise qui, une fois de plus, n'avait pas su concrétiser son avantage auparavant.

Mais une seule chose comptait hier soir : le résultat.

La manière, les enseignements, les promesses ont, à la rigueur, leur place dans le marathon du championnat. Pas en Couple ou les fautes passent sans recours, n'existent qu'au passé.

Comme le disaient quelques joueurs aux vestiaires, des quatre matches disputés depuis le début de l'année ; il n'y en avait qu'un à ne pas perdre et c'était celui-là.

Puisque cette première victoire 1978 avoir "relancé la mécanique". Le match d'hier soir le laissait entrevoir. On n'en jugera mieux vendredi devant Nancy, adversaire d'une autre dimension.

Mais, chaque chose en son temps.

Le bonheur du jour, c'est cette victoire qui vaut cher à tous points de vue.

A.F.

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Les réponses aux questions que vous vous posez

I- LE SCORE DE 1 À 0 EST-IL LOGIQUE ?

- C'est évidemment la question que vont se poser aujourd'hui les supporters marseillais en prenant connaissance du résultat.

Certains vont peut-être penser qu'une fois de plus leur équipe favorite a dû puiser dans ses réserves pour venir à bout d'un adversaire supposé inférieur. C'est vrai que l'O.M. a eu une fin de partie plutôt pénible. Mais auparavant les Marseillais avaient suffisamment dominé les débats pour que leur victoire s'inscrive dans le cadre de la plus élémentaire logique. Malheureusement ils avaient manqué au moins une bonne demi-douzaine d'occasions. À telle enseigne que ce score de 1 à 0 reflète assez mal la physionomie de la rencontre. Mais en Coupe, on le sait, rien n'est acquis tant que l'arbitre n'a pas donné le coup de sifflet final.

II - DANS QUELQUES CONDITIONS S'EST DÉROULÉE CETTE RENCONTRE ?

- Dans les conditions exactes d'une rencontre à l'extérieur. Comme nous devions d'ailleurs nous y attendre.

Comme prévu, les spectateurs rennais ont pris assez vite fait et cause pour l'équipe brestoise. Cela ne les a pas empêchés d'ailleurs d'applaudir lorsque les Marseillais ont développé de bons mouvements. Voilà donc pour l'ambiance.

En ce qui concerne les conditions atmosphériques, la pluie de ces derniers jours avait laissé la place à un temps maussade avec un vent assez violent, mais aussi à une pelouse bien lourde sur laquelle les joueurs des deux camps ont eu pas mal de mérite à offrir finalement un très bon spectacle.

IV - QUELLES CONSÉQUENCES ?

- Maintenant nous pouvons le dire, cette rencontre avait suscité quelques soucis pour la délégation marseillaise.

Il va de soi que la victoire, même acquise par le minimum, a contribué largement à ramener l'optimiste dans le camp marseillais. Même si l'on est sûr de sa condition et de son moral, il est toujours difficile de ne pas envisager le pire quand rien, comme c'était le cas lors des dernières rencontres, de semble vous sourirent.

Qualifié pour le prochain tour de la Coupe de France, l'O.M., semble-t-il, a effectué une excellente opération hier soir.

Ce succès lui permet en effet d'oublier un peu ses récents résultats pour penser au championnat de France.

Cette sérénité d'esprit devrait notamment être appréciée vendredi prochain au stade vélodrome lors de la venue de Nancy et d'un certain Michel Platini.

J.F.

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Les Olympiens : "1-0, c'est suffisant"

Pas de joie débordante dans le camp marseillais, mais la satisfaction du devoir accompli. Josip Skoblar, terriblement tendu avant la rencontre, arborait enfin un timide sourire : "C'est un match qu'il fallait gagner à tout prix nous disait-il, ajoutant comme plusieurs de ses joueurs, vous savez, en Coupe, marquer un but ou cinq buts, c'est la même chose et je bien gagner tous les matches par 1 à 0 jusqu'à la finale.

Évidemment, si l'on considère la physionomie du match, nous n'aurions jamais dû souffrir comme cela sur la fin, car avec toutes les occasions de buts que nous avons su nous créer, nous aurions dû avoir notre victoire bien avant ce dernier quart d'heure qui a failli nous coûter très cher.

- Mais ne trouvez-vous pas que votre équipe rate beaucoup d'occasions depuis quelque temps ?

"Oui. C'est un fait évident. Mais je pense que l'état des terrains sur lesquels nous avons joué depuis la reprise y est peut-être pour quelque chose. Ce soir encore la pelouse était très boueuse et terriblement difficile, pour les attaquants surtout. Un contrôle à demi raté, une déviation un peu imprécise et c'est souvent une occasion de but quand ce n'est pas la victoire qui s'envole. Si bien, je le reconnais, que nous sommes restés jusqu'au bout à la merci d'un but bête".

- Le remplacement de Florès par Emon était-il prévu ?

"Absolument. Florès a fait une excellente partie pour sa rentrée en donnant plusieurs balles de but à ses partenaires. Et ce n'est pas parce que nous ne le trouvions pas bon que nous avons fait sortir, bien au contraire, mais pour le ménager, car après sa longue interruption, il doit reprendre progressivement le contact avec la haute compétition sans brûler les étapes".

Yvan Markovic été lui aussi souriant.

"Et pourtant, nous disait-il, je ne devrais pas être si satisfait que cela car notre maladresse, en attaque, a failli, une fois encore, nous coûter cher. Vous l'avez vu comme moi, c'est un match qu'avec un maximum de réussite nous pouvions gagner par 5 ou 6 buts d'écart. Car nous avons été beaucoup plus dangereux que nos adversaires. Cela dit, un match comme celui-là n'est jamais gagné d'avance et après Laval et Lens, je suis persuadé qu'il va encore y avoir des équipes de premières divisions qui vont "passer par la fenêtre" demain. Dans ces conditions, ne nous plaignons pas trop, l'important était de se qualifier.

C'était d'ailleurs le point de vue à peu près unanime des joueurs.

"En Coupe, nous expliquait ainsi Hervé Florès, le match le plus difficile est toujours le premier. Or, nous l'avons gagné. Difficilement, mais gagné tout de même. N'allons pas chercher plus loin.

"En ce qui me concerne j'ai terriblement souffert durant le premier quart d'heure. C'était atroce et j'ai cru que je ne tiendrai pas. Mais par la suite tout s'est arrangé et je pense avoir tiré mon épingle du jeu. Bref, une bonne soirée".

Il fallait gagner, disait encore François Bracci, c'était vraiment, vraiment important. Dans ces cas-là on ne par regarde pas trop à la manière qui, de toute façon, n'a pas été si mauvaise que cela, et je crois exception faite du dernier quart d'heure".

Mais c'est notre faute, nous aurions pu porter l'estocade bien avant, et moi le tout premier j'ai raté une balle qui aurait dû aller au fond".

Et François concluait, en s'adressant à son manager : "Décidément, Josip, tu fais un métier difficile !"

Boubacar, lui, commentait l'action qui avait amené le second but marseillais refusé par M. Verbecke : "J'ai entendu Hervé me crier : "Laisse, je me suis écarté et je l'ai vu arriver de derrière. C'est pourquoi je ne comprends pas très bien comment le juge de touche a pu lever son drapeau. Mais, enfin, cela n'a plus d'importance, puisque nous nous sommes qualifiés".

Quant à Michel Baulier, il expliquait pourquoi ce même M. Verbecke n'avait pas accordé aux Brestois le penalty qu'ils réclamaient : "C'est sans doute vrai que Jean-Pierre (Truqui) a commis une faute sur un attaquant breton dans la surface. Mais comme celui-ci venait juste au départ de l'action de s'aider de la main, M. Verbecke qui avait laissé passer la première faute a également laissé passer la seconde".

Enfin, Victor Zvunka nous donnait le mot de la fin : "On me dit que nous sommes passés par la petite porte. Je ne suis pas tout à fait d'accord, car si nous avons tremblé dans les dernières minutes, cela ne doit pas faire oublier que nous avons dominé les trois quarts de la partie. De toute façon, dans les archives, seul le score demeure".

A.P.

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DE MARTIGNY : "Déçu tout de même"

"Oui, je suis déçu, nous disait l'entraîneur joueur brestois Alain De Martigny, qui avait payé d'exemple en effectuant un match remarquable.

"En première mi-temps, nous n'avons pas vraiment joué notre jeu. Il est vrai que nous ne savions que les Marseillais nous attendaient avec 4 hommes au milieu du terrain, espérant sans doute nous voir nous découvrir pour mieux nous surprendre.

"En seconde période, en revanche, nous avons beaucoup mieux joué et posé, finalement, pas mal de problèmes à l'O.M. si bien qu'à l'arrivée, on ne peut être déçu en ayant le sentiment que cet O.M. là était peut-être pas invincible et, qu'avec un peu de chance, nous aurions pu réussir "un truc".

"Sans Trésor à l'O.M., je pense même que nous y serions parvenus".

Mais que voulez-vous, chaque année il y a la Coupe et chaque année il faut bien se faire éliminer un jour ou l'autre..."

A.P.

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L'opinion de l'arbitre

M. VERBECKE : "Un match sans problème"

Les joueurs marseillais nous avaient dit de ne pas comprendre pourquoi M. Verbecke avait refusé le but marqué par Florès en première mi-temps, nous avons posé la question à M. Verbecke.

"Les joueurs Marseillais estiment que Florès se trouvaient sur l'action, derrière Boubacar ne pouvait être hors jeu. C'est leur opinion. Mais j'estime quant à moi - en même temps d'ailleurs que mon juge de touche - qui a levé le drapeau - que Florès n'était pas derrière, mais devant Boubacar. Dans ces conditions, il y avait bel et bien hors jeu. Pour le reste ce match n'a pas posé de problème particulier et je n'ai même pas eu à distribuer un avertissement.

A.P. 

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(Article Ouest France - Collection personnelle Matthieu Lecharpentier)

 

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