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Résumé Le Provencal

du 18 décembre 1950

 

L'O.M. DOMINE SANS MARQUER

et se contente d'un match nul (1-1)

contre Rennes solide et volontaire

Par ALAIN DELCROIX

La grande foule des spectateurs marseillais s'était donnée rendez-vous au Stade Vélodrome pour le match O.M.-Rennes.

Les raisons qui la poussaient vers le stade Michelet étaient simples et multiples : 1) Voir en action (officieusement) Andersson ; 2) constater si la nième formule offensive des Marseillais était capable de marquer plus d'un but ; 3) Assister à une partie acharnée étant donné le courage et la volonté légendaires des Bretons.

Lorsque M. Fauquemberghe a sifflé la fin du match, plusieurs coups de sifflet ont retenti dans le Stade.

Les spectateurs n'étaient pas satisfaits : Andersson ne s'était pas imposé et les Olympiens, une fois encore, abandonnaient un point à leurs hôtes.

Acharnement de Coupe

On ne peut pas dire que le choc O.M.-rennes fut spectaculaire,, les phases esthétiques" ont été rarissimes. Mais il fut acharné et par instants nous rappela un épisode de coupe de France. Les deux équipes sacrifièrent la manière au résultat. De part et d'autre nous n'avons pas assiste à de savantes combinaisons, à des montées offensives amples et profondes. Les deux teams ont joué suivant l'inspiration du moment et parfois ils ne se sont pas montrés avares de coups, nous pensons aux duels sans aménité que se sont livrés Johansson et Grumellon, Salem et Lepage.

Domination sans efficacité

Ce n'est pas encore aujourd'hui que nous pourrons écrire "l'O.M. a rompu avec son ère de stérilité". Son attaque n'a scoré qu'une fois. C'est peu, et ce n'est pas très brillant. Dans tous les cas une pareille marque n'est pas de l'efficacité.

Evidemment, nous avons noté dans les rangs des avants des "blancs" une inclinaison plus poussée à shooter aux bois.

Quinze essais ont été tentés et qui se répartissent de la manière suivante : cinq pour Andersson, Quatre pour Ekner, Trois pour Flamion et trois pour Wagner, mais la plupart d'entre eux étaient mal dirigés et ne mirent pas en danger Rouxel.

La domination territoriale des locaux, ne saurait être discutée et se manifesta par un rapport éloquent en corner, sept à deux. Mais au risque de passer pour des rabâcheurs, nous répéterons que dominer n'est pas un gage d'efficacité.

Andersson plutôt décevant

Il serait imprudent de vouloir juger un homme sur un match. Mais Andersson devant Guerin s'est avéré décevant. Gunnard a rarement échappé à la garde sévère du solide breton. Il a semblé lent au démarrage et peu enclin à disputer la balle. A son actif, précisons que son shot est dangereux et puissant. IL a forcé Rouxel à concéder deux corners (65me et 75me). Malgré tout pour 90 minutes s ce n'est pas un bilan des plus flatteurs. Nous pourrons mieux juger contre Besse dimanche.

Ekner en exergue

Le blond Dan Ekner a été à la bagarre avec une tranquille assurance. Il s'est démené comme un beau diable, il a couvert un terrain énorme. Mais ses efforts ont été mal récompensés car il n'a pas été soutenu dans son action inlassable. Nocentini a été trop timoré ; Flamion, dans un mauvais jour ; Andersson pas acclimaté et Wagner finisseur "brouillon". Notons que ce dernier a réussi des percées redoutables mal exploitées par ses camarades.

En défense, un homme a ressorti du lot ; Johansson, il a livré un magnifique combat singulier à Grumellon ; sans lui la défaite était capable de faire son entrée dans les bois phocéens. En particulier, il a sauvé de la tête deux balles capricieuses et peu "sympathiques".

Libérati et Salem ont été satisfaisants ; quant aux autres membres de la défense, ils ont été surpris par la rapidité des Bretons.

Rennes rapide et accrocheur

En dépit de quatre absences (Combat, Nikitis, Mennequin, Prouff), rennes ne s'est pas présenté sur le terrain avec l'âme d'un vaincu. Dès le début de la partie, il a mené la vie dure à l'O.M.

En défense, sous la houlette de Guerin qui fut un policeman impeccable, tous les joueurs ont disputé la balle avec un coeur énorme, en particulier Sorel qui a effectué un travail de "balayeur" extraordinaire. En attaque, les jeunes et frêles avants de Pleyer ont opéré par soudaines contre attaques menées à un rythme très rapide qui ont déconcerté une défense lourde et enfoncée.

Grumellon a joué en virtuose. Il a étalé la gamme de ses connaissances multiples ; dribble, shot, percée inattendue, sens du démarquage. Un feu follet qu'il faut constamment surveiller si l'on désire s'éviter de fâcheuses surprises.

Le jeune Le Dren, décidé et opportuniste a pris le meilleur sur Sboralski peu à son aise. Lepage a tenu devant Salem une mi-temps. Ce n'est pas mal ! Quand a Maiseau il a été loin d'être ridicule devant Rodriguez.

L'Olympique n'a pas su dompter un adversaire handicapé, sauvage et rebelle, mais qui était à sa portée !

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GUERIN : cinq de nos joueurs opéraient chez les amateurs l'an dernier

Tout en buvant avec la joie que l'on devine, un café bouillant, le blond Guerin, capitaine de l'équipe rennaise, nous a parlé de son équipe : "Nous avons entrepris le long déplacement de Marseille avec une certaine circonspection, mais à présent nos craintes se sont envolées. Marseille nous est favorable ! Vous avez vu mes jeunes ? , s'exclame-t-il"

"Ils sont très bien", avons-nous répondu et avec une légitime fierté, il nous dit : "Savez vous que dans l'équipe présentée par nous aujourd'hui il y avait cinq anciens amateurs qui disputaient la saison dernière, le championnat de France amateur avec le Stade Rennais ; Sorel, 20 ans ; Lepage, Marseau, Ledan, 22 ans et Le Dren, 21 ans. Tous ces éléments sont de sérieux espoir pour nous dans l'avenir, Guerin était l'adversaire direct du brun suédois Gunnar Andersson ; mieux que quiconque, il paraissait donc apte de formuler sur l'étoile scandinave de l'O.M., un jugement objectif : "On m'avait prévenu. On m'avait affirmé que la nouvelle recrue phocéenne serait pour moi un rude opposant. Je vous avoue que je ne m'en suis pas souvent aperçu. Il ne m'a pas soumis très souvent à une tache harassante. D'un coté, il serait injuste de juger cet homme sur une seule partie, qui surtout est la première.

Ile est certainement à cours de forme et mal adapter à la rudesse du jeu pratiqué en France. Porter un jugement sur lui, d'après cette unique prestation serait, je crois en définitif, trop dur.

Comme nous nous apprêtons à prendre congé de l'aimable Guerin, celui-ci nous confie encore : "Ce qui me fait le plus plaisir dans notre équipe, c'est de constater que sans grand tam-tam, sans bruit, elle se maintient dans le peloton de tête. Et n'oubliez pas que Rennes est une équipe au recrutement essentiellement régional."

Le blé qui lève en Bretagne n'est pas une image vide de sens.

 

A.D.

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CE QU'ILS DISENT

Dans les vestiaires bretons la joie est sur tous les visages sauf peut être sur celui de Pleyer l'entraîneur qui parait soucieux. Sans doute songe-t-il au match de St-Etienne, surtout qu'il vient d'apprendre le succès triomphant des hommes de Huguet.

MANSAT : "Evidemment, nous sommes contents."

Jean COMBOT : " Mes camarades ont fourni une excellente partie, ils se sont battus avec opiniâtreté. J'ai surtout apprécié le jeu d'Ekner qui fut éblouissant, Hadad, Libérati, Salem chez les Marseillais ont été satisfaisant."

GRUMELLON : "La rencontre fut heurtée. Le deux onze ne se sont pas ménagés. Nous avons pris un point, c'est toujours ca !"

GUERIN : "Dès le début nous avons été mis en confiance, nous avions compris que nous pourrions faire un résultat."

" Nous avions faibli sans les cinq dernières minutes mais c'était compréhensible, nous avions assuré le résultat"

Chez les Olympiens les joueurs sont plus soucieux. Une fois encore ils ont manqué le coche.

SALEM : " Ce jeune Lepage était hargneux, mais je crois qu'il a fini par comprendre qu'il ne parviendrait pas à passer de front."

"J'aurais voulu fêter mon voyage du Moyen-Orient, par un joli succès. Tant pis ce sera pour la prochaine fois."

FLAMION : "les complexes sont à la mode. Serions nous atteints de celui de l'infériorité ? Il est tout de même surprenant que nous ne réussissions plus à vaincre au Prado. Après Roubaix, Sète, Rennes la liste est vraiment trop longue !"

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LS BUTS

6' : Roussel dégage avec distance, l aballe , après un parcours de 60m atterit dans les pieds de Grumellon, qui sans la moindre hésitation, part à l'assaut des buts phocéens ; il sème la défense locale surprise et d'un tir bien ajusté bat Libérati.

O.M. 0 - Rennes 1

18' : les "blancs" égalisent.

Andersson avec promptitude sans attendre l'interception de Guerin, adresse une jolie passe à Ekner qui d'un magnifique ras de terre trompe Rouxel en train de plonger. A l'origine de ce but nous trouvons une combinaisons Hadad - Wagner.

O.M. 1 - Rennes 1

62' : Magnifique centre de Flamion : Roussel bloque la balle. Wagner le bouscule avec violence, le keeper breton lâche la balle ; Wagner s'en empare et la loge dans les filets.

M. Fauquemberghe refuse le but pour charge irrégulière.

Marseille dans l'ensemble de la partie à obtenu 7 corners ; Rennes n'en a eu que deux.

L'attaque olympienne a shooté 15 fois ; Rennes 7 fois.

A.D.

 

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