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Résumé Le Provencal

du 08 janvier 1951

 

AU STADE VEL' 36.000 SPECTATEURS DANS UNE AMBIANCE ELECTRIQUE CONSTATENT

L'O.M. tire un feu d'artifice de vingt minutes

puis fléchit et accorde

le match nul à LILLE

(Le match commenté par Alain DELCROIX)

Comme chacun le prévoyait le choc O.M.-Lille a drainé vers le stade la foule des grands jours et bien avant que M. Boes ne donna le coup d'envoi les gradins étaient littéralement noirs de monde. Mieux, les retardataires, tous ceux qui n'avaient pas trouvé une place purent pénétrer sur la pelouse et s'installer derrière un cordon de C.R.S. et d'agents pour assister au match.

Cet O.M.-Lille 1951 a-t-il été une très grande rencontre ? Répondre par l'affirmative serait faire preuve d'un optimisme inconsidéré, mais il nous a offert des phases palpitantes, passionnées et durant les 90 minutes de la partie, nous avons vu aux prises deux équipes solides puissantes, à la technique bien supérieure à la moyenne et qui comptent sans aucun doute parmi les plus brillantes formations de France.

Feu d'artifice olympien

Pendant vingt minutes, les hommes de Roessler ont donné l'impression de vouloir mener ce duel tambour battant et d'avoir l'intention de knock-outer leurs dangereux adversaires en un laps de temps très réduit. Scotti et Flamion conduisaient le bal, les olympiens avaient le monopole de la balle, les nordistes étaient battus en rapidité d'intervention, enfin Andersson, bien lancé dans le trou se débarrassait avec aisance de son cerbère Van der Hart et réussissait dans le territoire lillois, des percées audacieuses et extrêmement dangereuses.

Le premier but de Scotti, quelque peu heureux semblait sonner le glas des espérances nordistes. Et lorsque Flamion fut bousculé dans les dix huit mètres lillois par Vuye, alors que la balle au pied, il filait avec autorité vers les bois, la majorité des spectateurs ne donnaient pas cher des chances des visiteurs.

Il est vrai que Jansen avait failli égaliser sur une mésentente de la défense de l'O.M. à la 10e minute !

Van Der Hart

"boucle" Andersson

Le feu d'artifice des phocéens dura une demi-heure mais il n'y eut pas de bouquet et ce fut le roux Batave Van der Hart qui l'éteignit.

Surpris au début de la partie par les crochets déconcertants d'Andersson, Van der Hart ne s'affola pas. Au contraire, il entreprit de surveiller attentivement le fameux "Safie" et de ne lui laisser prendre aucune initiative.

Andersson "bouclé" mis en veilleuse l'attaque des "blancs" perdit beaucoup de sa flamme, surtout que l'aile droite Nocentini - Flamion ne se révélait pas très entreprenants.

D'ailleurs la ligne offensive marseillaise durant toute la partie, n'eut que deux hommes en évidence, Andersson qui combattit sans relâche, même lorsqu'il eut Van der Hart accroché à ses basques et Ekner qui dribbla, couvrit du terrain, tel un stayer l'aile droite fut très efficace quant à Sboralski, excellent de la tête il ne réussit pas une percée déterminante.

Les Lillois plus en souffle

Pendant la demi-heure olympienne, les locaux pratiquèrent un jeu d'excellente qualité, fait de passes fluides à ras de terre mais par la suite nous ne revîmes jamais cette aisance, cette facilité, les boys de Roessler moins en souffle que leurs opposants plus "costauds" parurent légèrement fatigués.

Plus athlétiques et surtout formant un bloc plus homogène, les Nordistes exercèrent en deuxième mi-temps une pression presque constante et qui se matérialisa en premier lieu par les raids de l'aile droite Strappe, Jansen. Ces deux hommes se complètent à merveille et forment une paire extrêmement vive, alerte, intelligente, ils ont attaqué en parfaite communion d'idée, Salem et Johansson ont eu de la peine à suivre ces deux diables Flandriens !

Hadad et Scotti en exergue

Andersson et Ekner en attaque, Hadad et Scotti en défense furent les éléments les plus remarquables du onze local.

Hadad en particulier, clairvoyant, tranquille dans ses interventions, servit de son mieux ses avants et mit dans l'ombre Baratte qui n'a plus sa détente.

 

 

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Record de recette battu

La recette du match Lille-O.M. a été de 7.193.260 fr. ce qui bat le record établi il y a deux ans pour le même match et qui était de 6.538.551 francs.

Cette recette est également la meilleur de la saison pour le championnat de France en ce qui concerne les entrées payantes : 35.043 spectateurs seulement sont passés aux guichets contre 40.264 en 1949.

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Jean Rigal

séduit par le jeu de Haddad

Parmi l'immense foule des sportifs venus assister à l'"event" de ce dimanche de football, il y avait une personnalité qui s'était déplacée spécialement pour représenter le Comité de sélection.

M. Jean Rigal , l'un des membres du "triumvirat"

Bien entendu, lorsque nous l'avons aperçu dans les vestiaires lillois nous nous sommes empressés de lui demander ses impressions sur ce match et surtout quels étaient les noms qu'il avait couché sur son carnet de notes.

" tout d'abord, nous a-t-il confié , avec un sourire légèrement ironique, ce qui m'ennuie le plus c'est de constater que la majorité des joueurs les plus brillants étaient des étrangers.

A Marseille, l'homme qui m'a le plus impressionné, c'est sans conteste Hadad ; sobre, clairvoyant, il a joué de façon excellente. A Lille, l'avant le plus vigoureux, le plus vif fut Strappe dont les combinaisons avec Jansen furent des morceaux de réelle valeur."

"Que pensez vous de Scotti ?" demandons nous à M. Rigal ; sa réponse est précise et franche ;

"Scotti est un footballeur à la technique parfaite , mais je lui reproche de manquer de nervosité. Il est trop lymphatique et arrive un dixième de seconde trop tard sur la balle".

Quand nous avons appris à Hadad qu'il avait satisfait l'un des sélectionneurs de notre équipe de France, il a eu un haussement d'épaule sceptique ; "c'est toujours des bons points mais pour ce qui est du prix, je peux toujours attendre !"

LA LIGNE MEDIANE DU L.O.S.C. A DOMINE SA RIVALE

Nous pouvions supposer que la ligne médiane olympienne a la valeur intrinsèque supérieure à celle de sa rivale, prendrait l'avantage sur elle et aurait ainsi la faculté de ravitailler à son aise, ses "canonniers". Il n'en à rien été ; 1) parce que Van der Hart a juguler Baratte ; 2) par ce que Dubreucq a tenu en respect Ekner et est parvenu à donner des balles à son attaque ; 3) enfin, parce que Johansson a eu un labeur écrasant face a Jansen et sue Sommerlinck a pu orienter certains assauts de ses avants. Falmion ne constituant pas pour lui une tache sévère.

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Le fait du match

par Raymond GIMEL

Pour quelle raison la production de l'O.M. devant Lille suivit-elle, dans son déroulement une courbe descendante ?

Pour quelle raison, après un départ étincelant, une partie médiocre ?

Au moment des explications qui peuvent être fournies il en est une - discutable - qu'avançaient après la rencontre, plusieurs joueurs de l'O.M.

"Nous méritons un pénalty à la vingt-quatrième minute, M. Boes, en abstenant de siffler, a faussé le résultat et nous a coupé les jambes !"

A la vingt quatrième minute, en effet, après un échange avec Andersson, Flamion parvint jusqu'au point de penalty lorsqu'il est fauché par Vuye.

La faute de l'arrière lillois était certes indiscutable.

Mais, au départ de l'action, Flamion avait contrôlé la balle de la main.

M. Boes a-t-il recouru à une mesure de compensation ?

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Ce fut un match chaud

déclare ANDERSSON

Dans les vestiaires lillois, les visages sérieux après cette rude bataille, ils n'ont encore eu le temps de se détendre. Cheuva, lui, arbore une mine réjouie et voci ce qu'il nous à dit :

-"Nous sommes heureux d'avoir arraché un point à Marseille que nous savons que dans l'ambiance électrique du Stade Vélodrome, il est difficile de s'imposer. Nous espérons avoir montré le vrai visage de Lille. Notre équipe a été supérieure en technique. L'O.M. s'est avéré plus riche en individualités tout de même notre jeu était plus homogène."

DRUBREUCQ : "le but que Scotti nous a marqué n'était peut être pas tellement valable. Le Marseillais n'a pas attendu le coup de sifflet de M. Boes . Nous n'avons pas eu le temps d faire le mur."

VAND ER HART : :"J'avoue qu'en 1rè mi-temps j'ai été surpris par le fameux crochet d'Andersson, il m'a trompé plusieurs fois . par la suite , je crois avoir réussi à prendre sa mesure."

SOMMERLINCK : "Ekner, Scotti, Hadad, ont été les marseillais les plus en relief quand à Flamion après un départ en trompe, a paru se décourager."

FLAMION : "Vraiment on se demande ce qu'il faut faire pour qu'un arbitre vous inflige un penalty. Pour ma part j'ai été proprement descendu et je méritais que l'on sanctionne le coupable. Si on nous avait accordé ce penalty cela pouvez changer la façon les choses :"

HADDAD : "Nous aurions du gagner en 1re mi-temps. Mais j'estime que nous avons baissé de pied au cours du second half. En ce qui me concerne je suis beaucoup plus à l'aile comme demi-centre que comme demi-aile."

SALEM : "Sans exagération ce match était réellement à notre portée. Nous pouvions le gagner facilement, cela ne c'est pas passé. Tant pis !"

RODRIGUEZ : "Mon opinion ? le match a été serré et je suis heureux qu'il n'en reste un de moins à disputer pour arriver à la fin !"

SCOTTI : " En deuxième mi-temps, j'ai eu peur. Mais ma pensée profonde est la suivante : Nous aurions pu gagner au cours du 1er half et perdre par la suite, c'est peut être un tantinet normand mais c'est mon opinion sans fard !"

ANDERSON : "Ce fut un match très chaud ; Lille possède vraiment une belle équipe. Mais j'ai de plus en plus de conviction qu'il est difficiles de jouer au football en France."

A.D.

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Debout: Johansson, Scotti, Liberati, Salem, Hadad, Rodriguez

Accroupis: Nocentini, Flamion, Andersson, Ekner, Sboralski

(photo : collection personnelle Mohamed Hadad )

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