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Article Le Provencal

du 28 janvier 1952

 

INCIDENTS AU STADE VEL !

ANDERSON marque un but (88e minute) que l'arbitre refuse

pour un hors jeu imaginaire...

...Le public envahit le terrain et la rencontre

O.M. - Racing ne s'achève pas !

Il ne reste plus que deux minutes à jouer lorsque le public marseillais gronda, sa colère trop longtemps contenue éclata, et il sauta les barrières pour occuper la pelouse du Stade Vélodrome. Acte répréhensible ? D'accord, Antisportif ? Entièrement d'accord. Mais les supporters olympiens n'avaient-ils pas des circonstances atténuantes à faire valoir ? M. Dufossé, l'arbitre, a eu des décisions incompréhensibles qui, on peut le dire, ont faussé le résultat du match.

En effet, lorsque le Racing égalisa son juge de touche lui indiqua "hors jeu", il n'en tint pas compte. Et à la mi-temps, aux remarques des dirigeants phocéens, il rétorqua : " je suis seul maître de mes décisions ! "

Au cours du second half il accorda le second but olympien alors que la grande majorité des spectateurs avait vu de façon indiscutable Mésas se servir de son poing pour mieux aider le cuir à franchir la ligne blanche ! Enfin une troisième faute fit déborder la coupe.

Il refusa le troisième but olympien pour un hors jeu imaginaire alors qu'Andersson avait marqué son but dans des conditions tout à fait normales.

Quelles seront les réactions du Bureau Fédéral ? Il est trop tôt pour les prévoir, mais ce geste vengeur de quelques exaltés n'est ce pas la concrétisation de la rancoeur accumulée depuis des semaines ?

L'O.M. ne veut pas être "tabou" mais les "referees" usent à son égard d'une sévérité souvent trop implacable et trop injuste !

45' d'excellente facture

En dépit d'un sol gluant d'un véritable bourbier, les deux équipes nous ont offert une première mi-temps agréable, menée à un rythme fort alerte et émaillée de phases spectaculaires.

Si le Racing avait des mouvements mieux coordonnés, plus harmonieux que son adversaire, celui-ci s'avérait aussi dangereux dans un style plus direct, plus primaire.

Albert bat Gunnar

Gundmundsson a triomphé de son rival Andersson.

Il a conduit le ballet offensif parisien à pied... de maître, en chef d'orchestre habile dont le répertoire est très étendu.

Dans son duel à distance avec Gunnar, il a triomphé. Au corner comme au tir, il fut un danger constant et il fut de plus à l'origine de tous les rushes des joueurs de la capitale.

Gabet s'est mis en évidence dans la ligne médiane par sa clairvoyance et son omniprésence. Salva, à l'arrière, laissa peu de liberté à Dard et opéra avec un remarquable sans froid.

Jean Lanfranchi a fourni, hier la meilleure prestation de l'année, très actif, il a couru avec intelligente, il s'est avéré un excellent "chien de berger". Andersson a manqué de réussite mais il a fait ce qu'il a pu et s'est montré hargneux en diable : Salem s'est défendu comme un lion, il a suivi Boulet comme son ombre et a redressé maintes fâcheuses situations.

Nul équitable

Le match nul, si les 90 minutes avaient été toutes jouées, aurait été équitable.

Le Racing ayant manifesté une certaine supériorité dans l'organisation de jeu et l'utilisation de la balle, l'OM ayant réussi à se hisser au niveau de son opposant par une ardente combativité, un excellent esprit et un souci incessant d'obtenir un résultat brillant

Auteur : Alain DELCROIX

 

Six buts dont trois contestés

Pour cet O.M. - Racing !

C'est sous un ciel gris et pessimiste qu'a débuté le match O.M. Racing. Un temps inclément et assez frais, n'avait pas empêché une quinzaine de milliers de spectateurs de se presser sur les gradins.

Et quand M. Dufossé, pénétra sur le terrain suivi des joueurs, il put constater que le ground était trempé et nanti de plusieurs flaques boueuses.

L'Olympique se mit rapidement en train et domina. Et à la 14me minute de 35 mètres, Jean Lanfranchi ajusta un excellent shot sur une passe d'Andersson, et après avoir feinté Vasquez. Ce fut le premier but marseillais.

Gundmunsson très libre de ses mouvements, à la 15me et à la 16mz, inquiéta Morand par deux tirs tendus.

Trois minutes plus tard, Andersson expédie un bolide sur Vignal ; celui-ci exécute une véritable acrobatie pour stopper le cuir.

Une minute s'écoule, Quenolle en position d'ailier gauche, trompe son opposant donne à Gundmunsson qui transmet à Marcel au poste d'avant centre : celui-ci ne perd pas une seconde et shoote à ras de terre dans le coin gauche. C'est l'égalisation. Le but est hors jeu, je juge de touche a levé le bras, mais l'arbitre n'en tient pas compte.

En 2me mi-temps, dès la reprise les pingouins semblent vouloir prendre la direction des opérations et à la 62me minute, ils obtiennent un corner.

Quenolle le botte habilement et Gundmusson reprend la balle et la "brosse", Gransard, sur la ligne de but, manque la réception et c'est le second point du R.C.P.

A la 67me minute, Quenolle seul devant Morand loupe une occasion unique.

Deux minutes plus tard, Vasquez concède un corner. Dard le tire dans le meilleur style, il en résulte un terrible cafouillage devant la cage parisienne ; plusieurs têtes se tendent et Mésas égalise en s'aidant semble t-il, de la main.

Vignal laisse percer à ce moment là son mauvais caractère, il vient menacer l'arbitre, puis fait mine de vouloir quitter le terrain.

Finalement, abandonnant son attitude matamoresque, il regagne sa ligne de but.

A la 73me minute, nouveau corner pour le Racing, Gundmusson est chargé de son exécution, Moreel très souple, saute avec promptitude et bat Morand qui parait surpris par la rapidité de cette phase de jeu.

Andersson s'exile à l'aile gauche pour avoir davantage de champ d'action.

A la 85me minute, Salem s'échappe tout seul, il donne le cuir à Andersson qui envoie la balle dans... les nuages !

Enfin à la 87me minute, éclate un très grave incident, Mesas sert Andersson qui feinte le défenseur du Racing, Arnaudeau puis trompe Vignal venu à sa rencontre. La balle roule dans la cage vide.

L'arbitre accorde le but, puis il se ravise et le refuse.

Il s'ensuit un extraordinaire brouhaha dans le public, plusieurs centaines de spectateurs envahissent le terrain, la police intervient à son tour pour protéger les joueurs et l'arbitre, M. Dufosse, qui reçoit sur la tête... un coup de parapluie.

C'est une symphonie (footballistique) inachevée.

A. D.

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ROESSLER, avec rancoeur :

"ON NOUS VOLE TOUS LES DIMANCHES

Dans les vestiaires, dès que les joueurs eurent regagné en bon ordre leurs salles respectives, l'effervescence était à son comble et les avis contraires fusaient de toutes parts.

Henri Roessler, les yeux rougis fulminaient : "C'est un vol ! Et tous les dimanches cela recommence. C'est tout de même un peu trop fort !"

M. Pellegrini surenchérissait : "Il y a un abcès à crever ! cela semble fait ! "

M. Deshaies, président du Racing, rétorquait alors aux dirigeants marseillais : "Ce n'est pas de notre faute si l'arbitre nous a refusé un but valable ! Mais avouez que cet accident n'est pas très joli !"

M. Gratian riposta avec alors avec vigueur : "Il fallait que ça arrive un jour ou l'autre ! Nous placerons ainsi la Fédération devant ses responsabilités !"

Marcel Galey très calmement donnait son avis : "Votre troisième but était valable, mais le second a été marqué avec la main !"

Salva, le capitaine du Racing acquiesçait : "Ce Mesas a dû déjà jouer au basket ! C'est malheureux que ça se termine de cette façon !"

Roger Scotti avouait pour sa part : "S'il y a un délégué juste il devra reconnaître que l'arbitre n'y comprend rien !"

Alarcon, lui avait peur de perdre le match par forfait : "Retournons sur le terrain !" proposait-t-il. Enfin, Ibrir constatait : "C'est idiot ! L'arbitre a refusé le plus beau but de la partie"

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Nota : le résultat officiel fut 0-0 et match perdu par Marseille.

Le score, à la 88ème minute, était alors de 3-2, pour le RC Paris, Jean Lanfranchi (13') et Barthélémy Mesas (69') étant les buteurs Marseillais et Georges Moreel (35' et 73') et Albert Gudmundsson (60') pour les Parisiens.

 

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