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Résumé La Marseillaise

du 14 avril 1952

 

Andersson (2 buts) et Mercurio

signent la victoire (3-1)

de l'O.M. sur LYON

Le match des dernières illusions - pour Lyon notamment - s'est déroulé devant quelques milliers de spectateurs qui n'ont pas dû se retirer enchantés par le spectacle offert. Il est vrai que les raisons d'ordre extra-sportives ont contribué à ce manque d'ambiance.

Tout d'abord la grève des "traminots" pour l'aboutissement de leurs justes revendications. D'autre par le soleil invitant à la promenade, il était sûrement plus plaisant de se diriger vers la grande bleue plutôt que vers un stade dans lequel allaient évoluer deux formations ne tenant pas la vedette dans le concert national.

Et oui, Nice, Bordeaux ou Lille n'étaient pas au programme. Et ceux - nombreux qui auraient facilement sacrifié leur "sortie" pascale pour ces clubs là, ont préféré diriger leurs pas vers les sites plus enchanteurs.

L'O.M. ET LYON AU COMPLET

Le stade laisse voir sa structure au moment du coup d'envoi car les gradins sont loin de ressembler à une vaste fourmilière. Lyon d'abord, l'O.M. ensuite pénètrent sur la pelouse pour jouer le prologue du drame que l'on sent venir.

Pas de défection de dernière heure. Il est 15 heures. On note au coup d'envoi donné par Lyon :

Lyon : Marin ; Grillon, Bonvin ; Juillard, Rodriguez, Lerond ; Gene, Ninel, Dupraz, Flamion, Rolland.

O.M. : Ibrir ; Gransart, Salem ; Lanfranchi, Johansson, Scotti ; Dard, Mercurio, Andersson, Alarcon, Mesas.

DU "PIETRE" FOOTBALL

L'O.M., bénéficiant de l'avantage du vent, incursionne en camp lyonnais mais n'en est pas dangereux pour autant. On sent les joueurs "craintifs" la peur des responsabilités. Aussi les attaques sont spasmodiques, pas ou peu appuyées, menées isolément.

Lyonnais et Olympiens appréhendent de se livrer sans arrière-pensée. On est plus enclin à "abriter" ses buts que de tenter sa chance. On notera toutefois une excellente feinte d'Andersson sur Rodriguez (3me minute), un service précis d'Alarcon (6me) à Dard, mais les actions n'aboutiront pas. Marin stoppant le tir du premier, Dard par manque de vitesse, ne pouvant utiliser la balle.

ANDERSSON A L'AILE

MESAS AU CENTRE

Les joueurs marseillais procèdent à des permutations, notamment Andersson et Mesas. Le Suédois va se signaler en tirant impeccablement deux corners consécutifs, malheureusement non concrétisées... "Félix" n'est plus la !

Les olympiens mènent la danse. Lyon, par Grillon, Bonvin, Rodriguez dans son style acrobatique, détruit. La qualité du football s'en ressent. Les touches successives succèdent aux touches, les maladresses au... maladresses.

Les tirs ne "partent" pas. Il faudra attendre la 20me minute pour se "réveiller". En effet, la défense de l'O.M., s'attarde à dégager. Dupraz surgit, sert le tir de l'ailier s'écrase sur le montant. Ibrir était battu.

L'O.M. réagit immédiatement mais Dard ne peut que mettre... au-dessus.

DE "L'ANTI-JEU"

Et on retombe dans la mièvrerie. Et encore, on assiste non pas à une production de ce que doit être un match de football -oh ! non - mais bien à ce que l'on pourrait appeler "la négation" du football. De l'antijeu quoi.

Si ce n'était la présence de quatre ou cinq joueurs sur les 22, les deux formations seraient bien "dignes" d'opérer en deuxième division. Et sur leur tenue au cours de cette 1re mi-temps, on peut se demander quel figure elles y feraient !

Un éclair toutefois, grâce à Andersson. Bien servi par Mesas, Mercurio feinte, sert le meilleur buteur du championnat. Son tir très sec à ras de terre, trouve Morin à la parade.

Alarcon, à son tour, mais le jeune gardien lyonnais en difficulté par une tête bien placée qui vaut un corner à son auteur. Et Lanfranchi sauvera dans les pieds de Dupraz.

Score vierge à la mi-temps et c'est justice.

Le repos aura a-t-il été judicieusement utilisé.

Toujours est-il que dès le coups de sifflet l'O.M. bénéficie d'un corner sur shoot de Mesas détourné par Grillon.

ENFIN... ANDERSSON

OUVRE LE SCORE

On assiste à quelques phases de jeu rehaussant sa qualité, notamment à la 48me minute. Andersson et Mercurio, en passes croisées, sèment le désarroi chez les défenseurs lyonnais.

Après deux réactions de la part de Dupraz et de Genet, l'O.M. augmente sa pression. Corner (encore) en sa faveur, tir de Scotti de peu au-dessus. Lyon paraît accusé la fatigue et la... chaleur.

Et c'est ainsi qu'à la 58me minute Mesas, se fait remarquer par son activité - débordante parfois mais productives tout de même - sert Andersson en position d'ailier gauche. Malgré une "ceinture" de Julliard le meilleur joueur sur la pelouse inscrit le premier but de la partie par un shoot sec et précis.

O.M. 1 - Lyon 0.

Ça respire dans les tribunes. Pas très longtemps car sur la phase de la remise en jeu Lyon et bien près d'égaliser.

ANDERSSON PLUS A L'AISE

A... L'AILE

Les actions de l'O.M. sont plus particulièrement orientées vers l'aile gauche ou Andersson évolue avec plus d'aisance et de faciliter.

Il décroche un tir... du tonnerre dans l'extérieur des filets. L'O.M. obtient son septième corner. C'est au tour de Dard. Le 2me but "chauffe". C'est Mercurio qui va le réaliser à la 66me minute. Servi par Alarcon, le petit intérieur se libère de son adversaire direct par un demi tour, décoche à sentir, Morin, surpris, est battu.

O.M. 2 - Lyon 0.

TETE D'ANDERSSON ET BUT

Cette absence de l'arrière Lyonnais va se révéler désastreuse pour son club. En effet, Dard libéré de toute emprise, ajuste un centre. Andersson réceptionne de la tête et marque le 3me but marseillais, marge suffisante pour assurer -enfin- un succès olympien.

O.M. 3 - Lyon 0.

Il le fallait, car cinq minutes plus tard, sur un tir placé mais peu Violent, Juillard des 20 mètres, bat Ibrir dont le "plongeon" manquait de... souplesse et de netteté.

Lyon ne réagira plus que faiblement. Plusieurs joueurs disparaissent totalement notamment Flamion, terne jusqu'à la ; Rodriguez, exilé à l'aile.

C'est encore Andersson qui sera l'auteur du dernier exploit de la rencontre. À 7 minutes de la fin, il expédiera un de ses shoots dont il a le secret, contraignant Morin a un arrêt splendide.

ANDERSSON de loin

JOHANSSON PUIS ALARCON,

MERCURIO, MESAS

Il est particulièrement difficile de louanger l'équipe marseillaise après sa victoire sur Lyon. Certes les "vaut" deux points, mais le spectacle offert était de qualité très faible. Tout juste si l'on peut citer 15 minutes et sept ou huit phases. C'est bien peu pour un club d'un tel renom.

Il faut sortir Andersson qui, non content de faire étalage de sa très grande classe, sait lutter et se comporte en vrai "gentleman". Un grand coup de chapeau à ce grand "monsieur du football".

Après lui on peut accorder une mention à Johansson, dont le placement et la précision permet une assise plus stable de la défense.

Alarcon s'efforça -parfois avec bonheur- de construire et de percer. Supérieur par son jeu de tête. On peut citer également Lanfranchi pour son travail obscur et soutenu, Mercurio, malgré quelque passage "à vide".

Mesas dérouta Rodriguez par sa "manière". Il fut peut-être à l'origine de la désagrégation et la défense lyonnaise et participa grandement au succès marseillais.

Dard n'est plus le fougueux ailier que nous avons connu, et les réflexes sont émoussés. Il a lutté et c'est déjà bien.

Gransart, Salem et Scotti - économie ou manque de condition - s'ils ne ressortirent pas ne commirent pas d'erreur grossière. Quant à Ibrir, il eut deux "sorties" bien inspirée, et parut manquer de détente sur le shoot qui fit but.

A. AULAGNIER

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FLAMION : " Nous n'avons pas su exploiter les occasions"

SCOTTI : "L'essentiel c'est d'avoir gagné"

L'orage grondait hier après-midi, dans les vestiaires Lyonnais, après la défaite que les "Gones" venaient de subir. La plupart des joueurs, en effet, s'accusaient mutuellement, non pas d'être à l'origine de celle-ci, mais plutôt d'avoir gâché lamentablement les quelques occasions qui s'étaient offertes à eux au cours de cette partie.

M. Maret, l'un des dirigeants du Lyon-Olympique, s'évertuait à rétablir le calme, Genet, l'ailier gauche de l'équipe, disait amèrement : "Je ne veux pas servir de bouc émissaire et je ne suis pas le seul à avoir raté des occasions".

Heisserer, l'entraîneur de l'équipe se refusait à tout commentaire et cela se comprenait aisément. Seul, Flamion, l'ex-Olympien, nous confiait d'un air désabusé et las : "Il n'y a pas grand-chose à dire sur ce match. Nous avons perdu par notre faute, car nous n'avons pas su exploiter, au cours de la première mi-temps, notre nette domination. Tant pis, mais cette fois nous ne pourrons pas dire, comme d'habitude : nous ferons mieux la prochaine fois".

Chez les Olympiens, le calme régnait. Certes, on était satisfait du résultat, mais ce n'était pas allégresse. Roessler, d'ailleurs, nous avouer : "Je me demande ce qu'il serait advenu, si le shoot de Rolland, en première mi-temps, avait pénétré dans nos filets, au lieu de frapper la verticale ? Ne cherchons pas à approfondir et contentons-nous d'avoir pris quand même deux points.

Scotti, légèrement fatigué, se rhabiller lentement. À notre question traditionnelle, il nous répondait : "Oui, ce match a été très dur. L'essentiel c'est que nous ayons gagné, il n'y a que cela si compte".

Évidemment, on comprend très bien que l'essentiel pour l'O.M. et de gagner des points pour voir disparaître et le spectre de la 2me Division et le spectre du barrage. À propos du barrage, M. Dancausse était assez mécontent du but réussi par Lyon.

"C'est dommage que Lyon nous ait marqué un but aussi stupide. Sans cela notre goal average s'en serait trouvé améliorer et peut-être..."

Cependant, Andersson, le remarquable buteur de l'équipe, en réponse aux paroles du président d'honneur de l'O.M., lançait joyeusement : "Il y a encore d'autres matches à jouer et d'ici la fin du championnat..."

M.G.

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du 14 avril 1952

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