OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 10 novembre 1952

 

Match émouvant et spectaculaire à Paris

où l'O.M. attaque à fond et arrache le draw au RACING

Brillantes performance des jeunes Morand et Rustichelli

(De notre correspondant parisien : P.J. CATHALA)

PARIS (de nos bureaux parisiens) - L'O.M. et le Racing ont fait match nul un but à au Parc des Princes devant une très nombreuse assistance et après un match vivant, émouvant, spectaculaire et surtout fertile en situation renversée.

Le public, qui ne demandait qu'à vibrer, et qui était enchanté de voir briller un clair soleil, a eu deux satisfactions.

Il a retrouvé d'abord le vrai Racing, avec son étoile Amalfi, c'est-à-dire l'équipe au jeu élégant, varié, riche en technique. Mais il a aussi revu ce vieil Olympique de Marseille qui retrouvé sa cadence de jadis, cet art d'être souvent dominé pour mieux porter l'estocade soudaine et rapide.

À la vitesse d'exécution, à la puissance de certains shoots, on se croyait revenu au temps des Boyer et des Dewaquez. Aux belles actions adroites et subtiles on retrouvait en face la marque du Racing de jadis.

Autre sujet de satisfaction pour le public : il a eu la révélation de certains jeunes. Les deux plus remarquables ont été le jeune ailier Rustichelli et le gardien Morand.

Si cela ne doit pas leur enfler la tête, je dirais même qu'ils n'ont pas été loin d'être les meilleurs joueurs sur le terrain.

Pourtant, il y avait Andersson, toujours égal à lui-même c'est-à-dire le meilleur avant-centre opérant en France, il y avait aussi Amalfi,, vedette incontestable dont les services et les corners sont bien proches de la perfection. Mais il y avait aussi le jeune Machet, et Foix et Mercurio ; de la graine qui monte et qui monte bien.

La partie

A la 4me minute, sur descente de Dard, Mercurio fait une feinte remarquable, file et ouvre sur Andersson qui tire. Au moment où la balle pénètre en but, Lanfranchi et Andersson se précipitent et y rentrent avec elle.

O.M. : 1 but.

Après une remontée du Racing qui ne dure guère, le trio de pointe olympien repart et c'est d'un rien que Dard rate la reprise... et le but, car la cage etait vide. Après quoi, un tir de Cisowski frôle les poteaux olympiens.

Rustichelli et Mercurio

Le jeu continu, fait d'alternatives diverses, et un soot réellement splendide du jeune Rustichelli est renvoyé par la barre. Dommage. Car la phase avait été très belle. Mercurio, en ce début de match est très brillant, tandis qu'au Racing, Foix est le plus incisif.

Enlevée par Andersson toujours égal à lui-même, la ligne d'avants de l'O.M. réussit d'excellentes choses. Rustichelli puis Dard, tirent au but et Machet à beaucoup de peine à parer.

Le Racing se reprend

Gransart sauve en corner, lequel est tiré trois fois par Amalfi, d'ail- d'ailleurs admirablement à la 3me fois, Morand pare la reprise de volée de Foix. Nouveau corner : la transversale sauve cette fois, et l'O.M. maintenant domine, se donne un peu d'air.

Rustichelli file aussitôt : son centre est repris de plein fouet par Andersson, et la transversale renvoie encore...

L'O.M. en péril

Encore des instants très pénibles pour la défense olympienne, et nouvelle échappée de Dard, cette fois-ci. Il tire posément, trop même, car la balle passe à cinq centimètres de la cage.

Sur erreur de Nocentini, Schaap shoote, mais Morand arrête au prix d'une très belle détente.

Enfin, à la 44me minute, l'inévitable se produit : un rebond sert Cisowski dont le shoot obtient l'égalisation. La mi-temps survient après une furieuse mêlée sur les buts de Morand.

Seconde mi-temps

A la reprise, le Racing reprend sa pression. Une décision précipitée de l'arbitre prive Rustichelli du bénéfice d'un bel effort. Mais "le môme" ne tarde pas à prendre une brillante revanche et Machet somment à grand-peine.

Foix s'échappe et tire sur Morand : politesse rendue, Andersson met une balle très dure sur le ventre de Machet.

Une erreur énorme de Nocentini donne une balle "toute cuite" à Cisowski : Morand arrête miraculeusement, et récidive sur corner. L'O.M. est toujours malmené mais ses contre-attaques, dans le style olympien "retrouvé", restent un danger permanent pour Machet.

Morand excellent

Morand fait une partie splendide et arrête des shoots très durs. Mais il faut dire que ses arrières Salem surtout, font bonne garde et déblaient sans arrêts.

Nocentini qui a la redoutable charge de marquer Amalfi, arrive à s'en tirer. La pression du Racing se relâche et l'O.M. reprend du poil de la bête. Une rapide contre-attaque du trio de pointe et Machet sauve péniblement. Sur échappée d'Andersson, il dévie de justesse sur la barre.

La fatigue jouera-t-elle ?

Beaucoup plus frais, le Racing tente d'avoir l'O.M. à la fatigue, et procède par grands déplacements. Un juge de touche s'en mêle en sifflant contre l'O.M., sous les protestations du public, des hors-jeu imaginaires.

Toutefois, sur jolie attaque de Mercurio et Lanfranchi, Dard voit son tir arrêté par Machet. Là-dessus, Cisowski marque mais en télescopant Morand et le but est justement annulé.

L'O.M. tient

et contre-attaque

L'O.M. parviendra-t-il à tenir ? Lanfranchi a sur le soulier la balle du match et la rate. Rustichelli tire ensuite à côté. Mais le Racing revient et les corners se succèdent en sa faveur : s'en est une avalanche, mais Morand pare toujours.

Le public réclame un penalty qui, à vrai dire eut été trop sévère. Rustichelli descend et Dard tire à côté. La fin est terriblement émouvante, chaque équipe à sa chance, mais rien ne passe.

----------------------------

Dans les vestiaires

ANDERSSON :

"Lamy est une sangsue"

ROESSLER :

"Nos deux inters ont gagné le draw"

ROESSLER. - Je ne regrette pas d'avoir fait jouer Gransart car il fallait qu'il se remette dans le bain quoiqu'il ait perdu 5 kg au cours de sa récente maladie. Toutefois, quand j'ai vu qu'il peinait devant Foix, j'ai conseillé le repli à nos deux inters, qui ont terminé épuisés. Rien que pour cela, nous méritions le match nul.

CABASSU. - Je suis enchanté et du public, vraiment très chic et de la recette, qui approche dix millions et de l'arbitre... et surtout du magnifique cran de nos joueurs.

GRANSARD. - Je ne pouvais pas démarrer, j'avais les jambes en coton, mais je me retrouverai soyez sans crainte.

MORAND. - Je suis très heureux d'avoir pu éviter certains buts. Ce fut dur, mais je te tacherai de faire mieux encore.

RUSTICHELLI (que le public avait baptisé "Le Môme") - Moi aussi je suis très content, j'avais moins le trac que devant Nîmes... et je ferai mieux.

ANDERSSON. - Lamy et une sangsue. C'est pourquoi j'ai joué à l'aile sur la fin.

  ----------------------------

LE JEU et les JOUEURS

MERCURIO en grand progrès

PARIS - Contre le Stade, nous avions vu un Poncet excellent. Aujourd'hui, nous avons vu un Morand au moins aussi bon. En aucun cas, Ibrir n'aurait fait mieux.

Johansson et un très remarquable joueur. Avec sûreté, il neutralisa Cisowski. Salem a toujours les faveurs de la foule parisienne, grâce à son jeu étonnant. Gransart fut le moins brillant des arrières, mais il relève de maladie et a des excuses.

Avec des moyens différents, Nocentini et Scotti furent utiles. Scotti c'est l'organisateur et l'attaquant plus que le défenseur. Nocentini, avec moins de technique, auteur de deux bévues, eut par ailleurs le mérite d'être inlassable et d'avoir eu souvent le meilleur sur Amalfi.

Les deux inters, par contre se ressemblent davantage. Ils sont vraiment dans la lignée des inters olympiens, accrocheurs, sachant shooter et se replier. Mercurio nous a paru en très grand progrès, et Lanfranchi reste le battant qu'il fut il y a deux saisons les beaux jours de Toulouse... après ceux de Cazeres.

Dard reste égal à lui-même, avec ses qualités et ses défauts. Ce n'est pas un fin joueur, mais il est rapide, direct et reste redoutable. Andersson et Rustichelli ont été remarquables par leurs tirs et leurs descentes.

Au Racing, Machet, Schaap, Foix, Mahjoub, ont été les plus en vue dans une équipe qui, ne l'oublions pas, a dominé les trois quarts du temps, mais n'a pas conclu. Amalfi a fait ce qu'on attendait de lui, ouvreur, serveur incomparable, donneur de corners, peut-être unique au monde. Il ne défend pas et ne se replie pas mais il est incomparable pour mettre un homme en valeur.

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.