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Résumé Le Provencal

du 08 décembre 1952

 

Nîmes animée d'une volonté farouche a imposé sa loi

à un O.M. surpris par la vitesse de son rival

Le Onze de Roessler mené à la mi-temps

domina par la suite sans conclure.

(D'un de nos envoyés spéciaux : Alain DELCROIX)

NIMES - Le Derby méridional Nîmes - O.M. a été disputé sous une température hivernale. Il soufflait au stade Jean-Bouin un mistral assez féroce, et ce qui explique sans doute que le stade n'ait pas été comble lorsque M. Bernès donna le coup d'envoi.

La cohorte des supporters olympiens par contre se montait bien à mille membres environ ! Le team phocéen n'a pas l'habitude d'être soutenu en déplacement par un tel concours vocal mais malgré toute sa bonne volonté il n'a pu donner satisfaction à ses partisans.

Les Crocodiles n'ont pas abordé cette rencontre dans des circonstances particulièrement favorables et Pibarot pouvait arborer un front soucieux. Dakowski allait tenir sa place avec une plaie au tibia encore mal fermée. Rouvière emmena l'attaque avec une talonnade, enfin Campo défendre ses dix huit mètres avec la menace d'une nouvelle crise d'appendicite.

Le bilan dans l'ensemble était sombre mais il allait être rapidement effacé par une volonté de vaincre collectif qui a fait merveille sur le terrain.

PLUS VIF DANS L'ATTAQUE DE LA BALLE

Dès que le référée eut mis son sifflet à la bouche nous nous sommes aperçus que les Nîmois avaient la profonde détermination d'effacer le souvenir funeste de l'insuccès à Saint-Étienne (4 à 2).

Plus vif dans l'attaque de la balle, plus entreprenants, ils prirent la direction des opérations et obligèrent les Marseillais à se replier sur leurs bois.

L'ambition de s'imposer provoqua un choc psychologique favorable aux locaux et le tir vainqueur de Constantino dès la 8me minute ne fit que se renforcer !

Salem, sur ce but, avait laissé filer le diabolique Ujlaki. Mais il ne fut pas le seul à commettre des fautes, et toute la défense des "Blancs" parut mal inspirée.

Les interventions des arrières manquèrent de netteté. Gransart ne fit pas preuve de son habituelle vigueur. Johansson eut une mise en train pénible.

En seconde mi-temps le bloc défensif des Phocéens parut plus solide, mieux aggloméré, mais la défaite était consommée. Dans tous les cas, le marquage fut souvent élastique.

DANS UN STYLE DIRECT

Les Nîmois répétons-le, acquirent une nette supériorité dans la dispute de la balle et surtout, ils menèrent le match dans un style direct, dépouillé de fioriture, peut-être pas très spectaculaire mais certainement efficace.

Les subtilités d'Ujlaki, les montées en profondeur de Timmermans, l'activité incessante d'Abderrazak, causèrent plus d'un ennui à Morand.

Pendant la première demi-heure, Rouvière ne sembla pas se ressentir du coup qu'il avait reçu contre Molières en amicale et il fut même à l'origine du second but des Crocodiles.

N'oublions pas que c'est à la suite d'un de ses essais mal bloqués que Morand qu'Abderrazak put réussir le second but !

L'arbitre du attendre quelques minutes pour siffler le départ du second half, Rouvière tardant à rentrer. Boitant bas le puissant joueur gardois fut contraint de s'exiler à l'aile gauche, mais malgré la douleur, il fut un figurant actif et obligea Gransart à poursuivre sa surveillance.

LES AVANTS DE L'O.M. ONT PIETINE

Les avants olympiens se sont plaints de l'état du terrain, qu'ils trouvent trop bosseler. De plus son exiguïté les a surpris, mais il est un fait qu'ils ne peuvent nier, ils ont pratiqué sur un mode étrillé, ils ont piétiné dans un espace réduit au centre permettant ainsi aux défenseurs de Dakoski de se regrouper et de dégager avec aisance.

Ils ont et le tort de ne pas élargir l'éventail. Sils avaient tenté plus souvent de percer par les ailes, ils auraient peut-être réussi à tromper le keeper nîmois.

En première mi-temps, toutefois, Andersson shoota à deux reprises trop haut, et la percée la plus redoutable fut effectuée par Mesas à la 40me minute ; celui-ci fonça en solitaire vers les bois et fut stoppé par un plongeon de Dakowski.

L'O.M. en seconde mi-temps donna l'impression de pouvoir combler en partie son handicap.

L'impulsion de ses deux demi-ailes (Nocentini et Scotti), il réussit quelques coups de butoir, mais ceux-ci s'émoussèreot, n'étant pas très bien secondés par l'ensemble de la ligne d'attaque.

Comme le soulignait Roessler, on n'a pas retrouvé dans l'O.M. d'hier après midi l'enthousiasme qui lui a permis de submerger Nice.

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LE MATCH AU CHRONOMETRE

Un tir vainqueur de Constantino

et un but (contesté) d'Abderrazak

(De notre correspondant particulier : Jacques PONS)

NIMES - Beau temps, terrain en bon état. Mistral assez violent soufflant dans le sens longitudinale, du terrain. Arbitrage de M. Bermès, assisté de M. Becret et Vautrin. Recette : 2.315.800 francs pour 10.411 entrées payantes.

NIMES : Dakowski, Fornetti, Campo, Firoud, Golinski, Laffont, Ujlaki, Constantino, Rouviere, Abderrazack, Timmermans.

MARSEILLE : Morand, Gransart, Salem, Nocentini, Johansson, Scotti, Rustichelli, Lanfranchi, Andersson, Mercurio, Mesas.

L'O.M. bénéficient de l'aide du vent en première mi-temps. Mais c'est Nîmes qui attaque dès le coup d'envoi.

2me minute : lancé sur l'aile droite, Ujlaki échappe à Salem et centre en retrait à ras de terre sur Rouviere.

Ce dernier tente de dribbler Johansson qui le contre, mais le Nîmois parvient à dévier la balle en direction de Constantino, dont le tir tendu trompe Morand.

Nîmes : 1 - O.M. : 0.

13me minute : Constantino ouvre sur Abderrazak qui est en position d'avant-centre. Morand s'avance enfin vers le Nîmois, qui parvient à shooter.

On croit au but, mais Nocentini surgit en trombe et dévie la balle in extremis.

25me minute : action d'ensemble de l'attaque nîmoise, le ballon va d'Ujlaki à Constantino puis à Rouviere et enfin à Abderrazak dont la reprise de la tête passe de peu à côté.

L'arbitre ne revient pas sur sa décision

39me minute, : action autoritaire de Mesas qui provoque une mauvaise passe en retrait de Golinski a Dakowski et ce dernier doit plonger dans les jambes de Mesas pour écarter le danger.

44me minute : sur touche en faveur de Nîmes, Ujlaki passe à Rouviere qui shoote. Morand ne peut que repousser le ballon et Abderrazak surgissant avec promptitude, marque sans peine. Scotti proteste auprès de l'arbitre, estimant qu'Abderrazak était hors-jeu, mais M. Bermès ne revient pas sur sa décision.

Nîmes : 2 - O.M. : 0.

A Nîmes Rouviere étant blessé, est devenu ailier gauche tandis que Timmermans joue inter et Abderrazak avant-centre.

47me minute vers : sur dégagement de Dakowski, Abderrazak suit le ballon et se présente seul devant Morand mais tire au-dessus.

67me minute : contre-attaque décidée de Lafont qui passe à Abderrazak, mais Morand intervient avec à-propos et dégage au pied.

69me minute : magnifique action concertée de Ujlaki et Abderrazak, terminée par un bolide à ras de terre d'Ujlaki, mais la balle passe de peu à côté.

74me minute : sur centre d'Abderrzak, Ujlaki tire en force et Morand concède un corner.

75me minute : passe d'Abderrazak à Rouviere qui shoote : la balle frappe la main de Gransart. "Penalty" crient les supporters nîmois et M. Bermès ne l'entend pas ainsi.

80me minute : Scotti monte à l'attaque et passe à Andersson qui donne aussitôt à Nocentini, placé en pointe mais c'est la fin.

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CE QU'ILS DISENT

Les Olympiens approuvent

(D'un de nos envoyés spéciaux : Jean PEYRACHE)

L'O.M. était digne dans la défaite.

Andersson, qui avait navigué du centre à l'aile gauche, reconnaissait : "Il n'y avait rien à faire aujourd'hui contre Nîmes il a mérité sa victoire".

L'opinion du célèbre leader d'attaque été partagée par Roger Scotti, mais le capitaine marseillais affirmait avec force.

"Abderrazak était hors-jeu sur le deuxième but, qu'on ne vienne pas me dire que Morand en renvoyant le tir de Rouvière, l'avait requalifié. La faute devait être sifflet à l'origine."

Cette éternelle question du hors-jeu sera-t-elle un jour tranchait ? Oui, à notre avis, et par un grand trait biffant sa condamnation dans les règles du ballon rond.

Rustichelli qui n'avait pas réédité ses précédentes sorties, se contenta d'un désabusé : "Je n'ai rien à se dire".

Que pouvait ajouter Jean Paul Morand aux explications de ses coéquipiers ? Il fut surpris par le premier but et avec lui tout l'O.M. se trouva décontenancé. Mais c'est surtout le second assez inattendu aussi qui renforça la confiance du clan nîmois et Morand d'avouer :

"Sur le tir de Rouvière, je me suis élancé, mais la balle a frappé le haut de ma poitrine, ce qui m'en a interdit un parfait contrôle. Je ne recherche pas d'excuse mais je crois aussi qu'Abderrazak était hors-jeu."

Résumons une opinion :

"Le Nîmes Olympique, partant à fond, à profiter dès la 2me minute de l'effet de surprise, mais l'O.M. encaissant un second but avant le repos ne put en cette nouvelle occasion invoquer la même excuse, et comme l'attaque marseillaise ne donna jamais l'impression de vouloir battre Dakowski, il n'y a pas lieu de trouver anormale la victoire nîmoise, bien au contraire".

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Comment ils ont joué

SCOTTI ET NOCENTINI

les plus fougueux

NIMES (D'un de nos envoyés spéciaux) - Si, contre Nice, tous les Marseillais se mirent en relief, il n'en a pas été de même devant Nîmes. Les joueurs olympiens n'ont pas fait preuve de leurs hargnes habituelles.

Dans les bois J.P. Morand fut satisfaisant, mais sa responsabilité est engagée sur le second but, où il ne put effectuer un parfait blocage.

Gransart n'était pas dans un de ses meilleurs jours. Il fut très volontaire, mais ses dégagements n'avaient pas leur force habituelle.

Salem eut beaucoup de difficultés à contenir Ujlaki, dans la science footbalistique est terrible.

Nocentini joua avec un coeur ardent ; bien placé en défense, il réalisa des poussées offensives dangereuses.

Johansson eut du mal à retrouver le rythme normal. Abderrazak le mit souvent en difficulté.

Scotti défendit d'une façon moyenne, mais se reprit et sa grande clairvoyance permit à l'O.M., en seconde mi-temps de contre-attaquer. Il monopolisa, à ce moment-là, la balle au centre du terrain.

Rustichelli fut assez efficace ; il ne parvint pas à prendre Campo en défaut. Lanfranchi fut travailleur sans plus.

Andersson chercha la fissure mais ne la trouva pas.

Mercurio essaya de construire en attaquants, mais ses actions n'eurent pas leur coutumière efficience.

Enfin, Mesas, bien qu'actif n'eut pas son rendement habituel.

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Dans les vestiaires

Henri ROESSLER :

"l'O.M. n'a pas assez aéré son jeu"

A Jean Rigal qui venait lui dire combien Scotti lui avait plu et qu'elle avait été sa déception de voir un Gransart si moyen, Henri Roessler répondit en notre présence :

"Comme à Sochaux, l'O.M. a été cueilli à froid par ce but acquis dès la deuxième minute, mais là ne réside pas la cause principale de la défaite, non plus que dans l'état irrégulier du terrain.

"J'avais donné comme consigne principale d'aérer le jeu vers les ailes. Or, Rustichelli et Mesas eurent le tort au contraire, de se rabattre vers le centre, ce qui eut le don de créer devant Dakowski un rideau à la fois d'attaquants et de défenseurs, si opaque, qu'il fut pratiquement impossible de le franchir.

"Le 2me but acquis par Abderrazak, à la 45me minute, accentua notre déconvenue."

Peu loquace, comme à son habitude, l'entraîneur alsacien de l'O.M., d'accord pour reconnaître la belle partie D'Ujlaki et de Firoud dans le camp nîmois,. Il reconnut aussi la légitimité du succès des hommes de son ami Pierre Pibarot, mais il avait ensemble démontré une vérité première : il faut shooter pour espérer vaincre. Or, n'aérant pas assez le jeu vers les ailes, l'O.M. ne pouvait pas se mettre en position de shoot sur l'étroit terrain de la rue Jean Bouin

(Rcueilli par Jean Peyrache).

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OPINION

M. VAUTRIN

Arbitre de touche :

"Abderrazak n'était pas hors jeu"

Scotti, capitaine de l'O.M. avait protesté auprès de l'arbitre sur la validité du second but nîmois, nous avons jugé bon de demander l'avis de M. Vautrin juge de touche.

"Le second but de Nîmes était parfaitement valable, car, lorsqu'on Rouvière shoota, c'est-à-dire au départ de la balle, Abderrazak n'était pas hors-jeu !

"Seulement comme le Nîmois est rapide, il se précipita dès qu'il vit que Morand n'avait pas pu bloquer le ballon et marqua aisément".

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Echos de-ci, échos de-la

Une mauvaise habitude

qui se perd

L'olympique de Pibarot a battu celui de Roessler et c'est normal.

À la sortie du stade, un Nîmois et un Marseillais se rencontrent.

Le premier dit : "Nous avons mérité de gagner, reconnaissez-le".

Le second réplique : "Nous avons perdu parce que nos avants n'ont pas assez shooté."

Le supporter des vaincus sait dire maintenant : "Nous avons perdu".

Allons, le public français est sur la bonne voie.

Les marins brésiliens du "Duque de Ceuxas" étaient là aussi.

Depuis près de 5 mois un navire brésilien le "Duque de Ceuxas" est mouillé en rade de Marseille pour réparation.

Bien entendu, parmi les marins se trouvent de nombreux "aficionados" de la balle ronde qui, tout heureux de retrouver leurs compatriotes Constantino dans une équipe française, sont devenus supporters les nîmois.

Quelques-uns d'entre eux avaient effectué hier le déplacement de la capitale gardoise et il était facile de les repérer dans la tribune du Stade de la rue Jean-Bouin puis qu'il portait l'uniforme de la marine nationale du Brésil.

Séduit par le maillot des "crocodiles" dont la diagonale leur rappelait la tenue des équipes de leur pays, ils encouragèrent brillamment les hommes de Pibarot.

Après le match ils regagnèrent triomphalement la ville dans la "Vedette" de Constantino.

Le football "carioca" avait en effet contribué à la victoire nîmoise.

"Va donc, hé ! sacristain"

Vers le milieu de la deuxième mi-temps de ce derby O.M. - Nîmes (ou plus exactement Nîmes - O.M.) un supporter marseillais sortit des profondeurs de sa canadienne une clochette qu'il agita frénétiquement.

L'O.M. mené par 2 buts à 0, se faisait... sonner les cloches.

De peur, sans doute, que le reproche se porte ne porta ses fruits, un autre supporter (de Nîmes celui-là) cria au premier : "Va donc, hé ! sacristain !"

Le sonneur se tut, là aussi Nîmes avait battu Marseille.

L'envoyé du "Provençal"

cacha son accent

La tribune de presse était archicomble et l'équipe du "Provençal" bloquée à l'entrée du stade ne gagna sa place que pour la trouver déjà occupée.

On s'arrangea tant bien que mal plutôt mal que bien pour les retardataires.

L'ordre de l'intempestif coup de clochette du supporter olympien (marseillais) une supportrice olympienne (nîmoise) répliqua par un "Allez Nîmes" qui porta au coin son écho et se tournant vers son plus proche voisin elle expliqua :

"Il ne faut pas se laisser faire par les Marseillais."

Le voisin se garda bien d'ouvrir sa bouche car son accent l'aurait sûrement trahi : c'était un J.P du "Provençal", mais pas un "J.P nîmois"

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FIROUD, FORNETTI, CAMPO, LAFFONT

ABDERRAZAK, UJLAKI, TIMMERANS

furent les Nîmois les plus en vue

NIMES - Lorsqu'une équipe monopolise le ballon et a le plus souvent l'initiative des opérations, comme ce fut le cas hier des Nîmois, il est difficile de citer certains joueurs plus particulièrement que d'autre.

En effet, on peut dire que devant l'O.M., la formation nîmoise a fait le match que l'on attendait d'elle et que dans son ensemble, elle a donné entière satisfaction.

Précisons d'ailleurs que, même en seconde mi-temps lorsque Marseille profitait de la blessure de Rouvière pour essayer de remonter le courant, la défense nîmoise ne fut jamais en grand danger, tellement elle fit preuve d'autorité pour protéger Dakowski.

Ce dernier eut donc, dans l'ensemble, assez peu à faire, mais il donna confiance à toute l'équipe.

Fornetti et Campo

Irréprochables

Fornetti (qui eut le plus souvent Andersson comme adversaire) et Campo (qui neutralisa complètement Rustichelli) furent irréprochable, tandis que Golinski compléta bien le trio défensif.

Firoud réalisa hier son meilleur match de la saison et il donna le ton à son équipe, mais Lafont en progrès constant, fut presque son égal.

Malgré le handicap d'une entorse dont il souffrait depuis la 10ème minute de jeu, Ujlaki fut lui-même et donna beaucoup de ce souci à Salem : c'est d'ailleurs sur l'une de ces actions que Nîmes ouvrit le score.

Constantino et Timmermans ne cherchèrent pas à briller, mais ils travaillèrent pour l'équipe.

Rouviere fut à l'origine des deux buts nîmois, mais sa talonnade contractaient à Molières l'handicapa lourdement, et, en seconde mi-temps, il ne fut plus qu'un courageux figurant.

Abderrazak, enfin, donna beaucoup de souci à Johansson et il ne mérita bien hier d'être appelé le "sorcier noir".

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Pierre Pibarot :

SI ROUVIERE AVAT PU TENIR JUSQU'AU BOUT

NOTRE SUCCES AURAIT ETE PLUS NET

Après tous les ennuis qu'il avait connu durant les trois jours qui précédèrent le derby Nîmes - O.M., Pierre Pibarot appréciait particulièrement la victoire de ses hommes à l'issue du match.

C'est donc un homme heureux et décontracté que nous avons trouvé dans le vestiaire nîmois :

"J'avais demandé à mes hommes d'attaquer le ballon avec décision, nous déclara-t-il. Vous avez pu constater qu'ils ont écouté puisque l'O.M., n'eut pratiquement jamais l'initiative."

"Par ailleurs Golinski et Fornetti qui eurent tour à tour la tâche de neutraliser Andersson ont appliqué avec succès les consignes que je leur avais données."

Puis comme nous demandions au coche des "Crocodiles" s'il ne regrettait pas d'avoir fait jouer Rouvière il nous précisa :

"Bien que la piqûre que nous avions fait à Marcel ne lui est pas permis de tenir qu'une mi-temps je pense que nous avons bien fait de l'utiliser.

"En effet, il a participé à la réalisation des deux buts nîmois et ceci est important puisque ces deux buts ont assuré notre succès.

"Je crois néanmoins qu'avec Rouvière en possession de tous ses moyens notre victoire aurait été encore plus nette".

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Joie dans le camp gardois

NIMES - La joie régnait cela se conçoit sans peine, dans le camp nîmois.

Seul Marcel Rouvière se lamentait : "Quelle salle année pour moi, j'ai l'impression que ma jambe droite et en bois".

Le puissant avant-centre qui s'exila à l'aile gauche dès le début de la deuxième mi-temps, ne pouvait goûter totalement aux joies de la victoire.

Campo, le ressuscité, se plaignait de l'estomac : "J'ai toujours la sensation d'imminents vomissements, j'ai tenu à jouer, mais ça été dur".

Quant à Firoud the que Jean Rigal a remarqué, il se contentait de dire : "Ca revient bien".

Il ne fallait évidemment pas s'attendre à voir l'expérimenté Kader extérioriser sa joie sans retenue car il sait combien la forme est capricieuse et la gloire éphémère.

L'opinion d'Abderrazak n'était pas exempte de reproches qui se faisait personnellement pour avoir raté un but après le repos, mais il affirmait : "Je n'étais pas hors-jeu sur le 2me.

Nîmes vainquit à la manière d'un groupement d'artisans du football et Pierre Pibarot, entraîneur des "Crocodiles" eut le mot de la fin en faisant judicieusement remarquer :

"Si après le repos, Rouvière avait pu continuer à tenir son rôle aussi efficacement qu'au cours des 45 premières minutes, notre victoire se fut nettement chiffrée..."

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Quand Marius va en terre

"étrangère"

Les supporters marseillais n'ont pas pour habitude de se déplacer en masse.

Il faut avouer que la saison dernière l'O.M. ne leur a pas donné souvent l'occasion d'extérioriser leur enthousiasme.

Le match O.M. -Nîmes (édition 1952) a été l'occasion pour les partisans du fanion blanc de prouver leur attachement à leurs couleurs favorites.

Et dès hier matin les concitoyens de Marius par centaines ont envahi l'avenu Feuchères la place Montcalm, le boulevard Victor Hugo et la place des célèbres Arènes.

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Le Provencal

du 07décembre 1952

 

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