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Résumé Le Provencal

du 02 novembre 1953

 

MATCH NUL (0-0) AU STADE VEL'

ANDERSSON muselé, les Marseillais ont cherché, en vain, le chemin des filets azuréens

Le "béton" niçois a payé, mais JOHANSSON

A évité miraculeusement la défaite de l'O.M.

Dans les toutes dernières minutes de la partie, l'O.M. a failli s'incliner devant Nice, hier après-midi, au Stade Vélodrome devant 15.691 spectateurs pour une recette de 4.210.250 francs. C'est grâce à un exploit sensationnel de Johansson, le meilleur homme sur le terrain d'ailleurs, que l'O.M. doit ce demi-succès. Le Suédois, en effet alors que son équipe était acculée dans ses buts, et Angel à terre, détourna miraculeusement en corner, juste sur sa ligne, un tir sec étendu de l'avant-centre niçois Belaid.

Ceci dit, il faut avouer en toute équité que les olympiens sur l'ensemble du match, ne méritaient nullement de connaître une nouvelle défaite. Pour une fois le sort a été de leur côté.

Cependant, si l'O.M. ne devait pas perdre ce "derby", il aurait été également injuste qu'il l'emporta finalement. Le match nul est donc le reflet exact de la partie, chaque équipe ayant dominé une mi-temps chacune. L'O.M., pour sa part, mit à son actif les premières 45 minutes. Nice s'octroyant, par la suite, la seconde manche.

Le jeu ne fut pas d'une très haute qualité. Nice, bien meilleure que son adversaire au milieu du terrain, peina devant les buts défendus avec un rare brio par Angel.

Quant aux olympiens, ils sont retombés dans leurs erreurs premières en confectionnant à nouveau un petit jeu étrillé fait uniquement de petites passes latérales. L'attaque n'a jamais été réellement en mouvement. A ce rythme, il était normal que l'habile défense niçoise parvienne, sans trop de difficultés, a bouclé l'attaque des "blancs" qui ne voyait que par Andersson, malheureusement marquer de très près.

Le "béton niçois"

L'O.M. gagne le toss et s'adosse au vent. Dès le début du match la "tactique secrète" de Berry et mise à jour. En effet, outre Ben Nacef, il a détaché aux chausses d'Andersson, son demi-aile Cuissard. Pendant tout le match, il en sera ainsi et Andersson, l'impitoyable surveillé par deux joueurs de cette valeur, ne pourra jamais placer son shoot.

Partant pour réaliser le match nul, les Niçois opèrent avec quatre avants, trois demis et trois arrières.

C'est Hairebadian qui est mis le premier à contribution sur un centre shoot de Mesas (10"). Nice, nettement dominé pendant ce premier quart d'heure, se donne parfois de l'air en jouant sur Ujlaki. L'international place deux tirs dangereux (13' et 14') qui trouve Angel à la parade.

L'O.M. continue sa pression. Rustichelli, à la 26e minute, échappe à Gonzalez et tire sèchement vers les buts niçois. Hairebadian bloque à genou.

L'O.M. rate l'occasion d'ouvrir le score.

Le jeu se poursuit à l'avantage des "blancs". Scotti intègre à l'attaque. Soudain il se rabat vers la droite (31') après avoir évité la Nahjoub, et ouvre à ras de terre. Hairebadian sort et rate l'interception. Mais... aucun olympien n'est là pour reprendre cette balle magnifique, vite dégagée par la défense niçoise. L'O.M. a manqué le coche.

Nice est toujours sur sa ligne des 18 mètres. Andersson, au moment de placer son tir, est pris en sandwich. L'arbitre néanmoins, ne siffle rien, au grand désespoir des olympiens et du public.

On s'achemine vers la mi-temps lorsque les Niçois se réveillent. Coup sur coup (43' et 44') Angel intervient dans un style plein d'assurance, sur des boulets de canon d'Ujlaki et de Fontaine.

A la mi-temps : 0 à 0

L'heure des Niçois

Sans abandonner leur prudence tactique de marquage d'Andersson, les Niçois entament la deuxième mi-temps avec le désir ardent de l'emporter.

Cuissard organise son attaque. Il ouvre fréquemment sur ses inters et surtout sur son ailier gauche Nuremberg qui reprend à la 46e minute un centre de Fontaine, à 5 mètres des buts Angel. On croit au but, mais le portier olympien, dans une détente désespérée, met en corner.

Cinq minutes plus tard, Fontaine, seul devant Angel, place un tir au-dessus.

Les attaques des Aiglons sont plus incisives, plus mordante. Heureusement que Salem, en grande forme, Johansson et Scotti, qui s'est replié, parent avec succès aux rushes niçois.

L'O.M. réagit pendant quelques minutes, cinq très exactement, au cours desquelles les défenseurs niçois sont assiégés. Ils s'en tirent bien d'ailleurs, aidés en cela par les olympiens qui s'évertuent avec un rare mérite à vouloir passer par le centre. La leçon de la première mi-temps n'a pas été hélas comprise.

Ce feu de paille terminé, les hommes de Berry vont poursuivre leurs offensives jusqu'au coup de sifflet final. Nuremberg, très dangereux maintenant, échappe souvent à Gransart, notamment à la 73e minute, il se rabat et tire violemment en diagonale, cherchant visiblement l'angle des buts. Son shoot passe à ras du poteau extérieur. L'O.M. concède successivement deux corners ; au cours de l'un d'eux, Angel est télescopé sans gravité par Nuremberg. Plus de peur que de mal. Le match nulle flotte dans l'air, lorsque soudain, Belaid "hérite" d'une balle précise d'Ujlaki et tire en force vers Angel, battu. Johansson, ainsi que nous le disions plus haut, intervient miraculeusement et évite la défaite à l'O.M. Peu après, l'arbitre siffle la fin sur le score nul : 0 à 0.

Maurice GOIRAND

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Comment ils ont joué

Gunnar JOHANSSON

fut le meilleur joueur

Le match fut acharné, âpre, mais il ne nous fournit pas un spectacle de très grande qualité. Un homme imposa sur le terrain : Gunnar Johansson, mais essayons de passer au "crible" chaque protagoniste. Angel, dans l'ensemble fut très sûr et à la 81' minute, il n'hésita pas à bondir sur Nuremberg, alors que ce dernier recevant un centre de Fontaine, s'apprêtait à le fusiller.

Gransart effectua des montées dangereuses, mais il ne parut pas dans sa forme optimale.

Salem, pareil un diablotin sortant de sa boîte, ennuya Ujlaki par ses ciseaux, son dynamisme et puis, quel coeur à l'ouvrage !

Scotti n'opéra pas sur un rythme constant il eut parfois des éclairs.

Johansson, calme, précis, mit Belaid dans sa poche, sauva son camp de la défaite en renvoyant une balle d'Ujlaki sur la ligne à la 89me minute. Le meilleur joueur sur le terrain.

Mesas s'efforça de clarifier son jeu, mais ce fut aux dépens de son rendement.

Rustichelli réalisa des rushes extrêmement rapides en première mi-temps, puis baissa nettement à la reprise.

Belver fut appliqué, actif, mais il pratiqua trop en retrait et parfois sur un mode un peu lent.

Andersson fut combatif, mais il ne parvint pas à se débarrasser de ces deux gardes du corps. Il n'eut jamais le champ libre.

Mercurio fut à l'origine de nombreuses offensives ; et s'efforça de lancer ses partenaires.

Georges Dard craignait pour son genou et c'est sans doute ce qui explique sa prestation très moyenne.

Hairabedian avait confiance en lui. Il exécuta des parades remarquables. Martinez ne fut pas très en relief. Gonzales fut en difficulté pendant quarante-cinq minutes. Cuissard, joueur intelligent, remplit une mission obscure, mais efficace. Il veilla "au grain" avec sûreté.

Ben Nacef avait reçu une consigne ; il la suivit à la lettre et tint en lesse Andersson.

Mahjoub sacrifia trop à l'offensive, mais il n'est pas dépourvu de talent.

Nous n'avons pas vu Ujlaki sous un jour très heureux, mais quelle merveilleuse technique !

Antonio couvrit beaucoup de terrain, pourtant nous avons attendu en vain une étincelle de sa part.

Belaid tenta de se dégager de l'emprise de Johansson. Il fut voué à l'échec.

Fontaine s'avéra un joueur très rapide, qui sait mener une attaque en profondeur. Il s'entendit très bien avec son compère Nuremberg, dont le shoot est puissant.

Et si on devait choisir les plus méritants de ce match nous citerons : Johansson, Salem, Mercurio, Angel, d'un côté, Ben Nacef, Cuissard, Hairabedian, Fontaine, de l'autre...

Alain DELCROIX

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ROESSLER : " il aurait été dommage de perdre à la dernière minute"

L'ENTRAINEUR Roessler, en nous accueillant aux vestiaires, se contenta d'une phrase laconique : "Il aurait été vraiment dommage que nous perdions ce match !"

Johansson commentait brièvement son sauvetage : "J'ai cru que j'étais battu sur ce shoot ! Nous aurions du gagné aisément !

Angel nous disait alors après avec une pointe d'humour : nous méritions au moins un tout petit but !

Mercurio tentait d'expliquer la stérilité de l'attaque : "On se cherchait, mais on ne se trouvait pas !

Et Dard en faisait tout autant : "On garde trop la balle, on ne joue pas assez large !" Les Niçois étaient pleinement satisfaits de ramener un point.

M. Arnaud l'un des dirigeants, nous confia sa joie en ces termes : "Le résultat est très équilibré ! Les deux équipes ont été valeureuses !"

L'entraîneur, Georges Berry avec un sympathique soupçon d'accent britannique nous résuma son opinion : "C'est toujours bon de prendre un point en déplacement ! Il manque à l'O.M. un bon inter pour faire jouer ce diable Andersson !"

Bélaid adressaient un jugement flatteur sur l'O.M. : " C'est une bonne équipe, quoi qu'on en dise !

Enfin, Ben Nacef nous parla de son duel avec Gunnar : dans la lutte corps à corps il n'est pas terrible et c'est pourquoi il faut toujours coller à lui pour l'empêcher de prendre du champ !"

On examina donc très objectivement la situation dans chaque camp.

A.D.

 

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