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Résumé Le Provencal

du 15 mars 1954

 

L'O.M. contient le jeu et triomphe

de LENS qui s'incline sur deux tirs de Palluch et Scotti

Bon match de SALEM

Malgré sa récente blessure

La forte pluie du début de l'après-midi d'hier à empêcher à la dernière minute bon nombre de sportifs de se rendre au stade vélodrome. Néanmoins, il faut reconnaître que malgré les circonstances atmosphériques défavorables, la rencontre O.M.-Lens a été suivie par un public assez nombreux puisque finalement on a enregistré 11.000 entrées une recette de 3.224.880 francs.

Les dirigeants olympiens peuvent donc estimer doublement satisfaits car outre cette recette disons inattendue leur équipe a battu Lens par deux buts (Palluch 26e et Scotti 47e) à 0, prenant ainsi deux points précieux pour la suite du championnat.

Le succès des olympiens est largement mérité. Il aurait pu être encore plus net si, en seconde mi-temps, l'attaque des blancs avait opéré sur le même rythme qui au cours des premières 45 minutes.

Part ailleurs, le terrain extrêmement puissant, ne permit pas de belles combinaisons offensives. Les Nordistes, ainsi qu'on si attendait, jouèrent la défense pendant une bonne partie du match. Ce n'est que lorsqu'ils furent menés au score (2 à 0) qu'ils tentèrent timidement de refaire le terrain perdu. L'attaque des "rouges et blancs", privée de son leader habituel, Jacksteel, remplacé par... Louis et avec un de ses ailes va pense (Stopyra) boiteux ne pouvait égaliser. Les Olympiens le comprirent très bien puisqu'il disputèrent le dernier quart d'heure en pleine décontraction. Ainsi cette rencontre, malgré l'enjeu qu'elle comportait pour les Marseillais surtout, a été joué sans grande flamme. Lens, en effet opéra en équipe pratiquement battue dès que Scotti eut inscrit le second et dernier but du match. Les Olympiens, par la suite, ne firent rien ou presque pour aggraver la marque et partant améliorer leur goal-average. C'est dommage.

Palluch ouvre le score...

La première mi-temps fut continuellement en faveur des Olympiens. Pendant les premières 15 minutes, Da Silva doit intervenir plusieurs fois sur les tirs de Palluch (1')e, Mercurio (12') et Rustichelli (13'). Lens concède trois corners successifs en moins de deux minutes, mais sans résultat positif pour les Marseillais.

A la 15me minute, Mesas, sur une passe en retrait de Rustichelli, place un bolide en coin de 35 mètres, que Da Silva pare difficilement. L'O.M. mène le jeu à sa guise mais la défense des Lensois ne craque pas... Mercurio, qui effectue un gros travail, déboule, ouvre sur Scotti. L'inter olympien shoote en force. Le goal nordiste ne peut bloquer et Palluch qui a suivi, surgit et le bat à bout portant. Il y a exactement 26 minutes que la partie est commencée et l'O.M. mène par 1 à 0.

Pendant ce temps, Angel a été deux fois en danger réel. La première sur une passe de Salem détournée en corner. La seconde sur un tir de plein fouet de Van Lent (25') mise en corner également.

...et Scotti ruine les espoirs lensois

A la reprise, une combinaison Scotti- Rustichelli-Ben Barek est arrêté in extremis par Polak. Quelques secondes après la "perle noire" sert Mesas avancé. Le pressant demi olympien redonne à Scotti, qui amortit la balle et place un gauche hors de portée de Da Silva (47m)e. Les Lensois, qui n'ont plus rien à perdre jouent maintenant à cinq avants. Peine perdue car la défense olympienne en grande forme, stoppe tous les essais. Cependant, à la 73me minute Guillement, qui s'est avancé, passe le cuir à Louis. Le Martiniquais shoote en pleine foulée. La balle semble devoir aller au fond des filets olympiens, lorsque Angel dans une belle détente, la cueille au passage. C'est la seule action dangereuse des Lensois. L'O.M. poursuit en dilettante et la fin survint sans que la marque acquise à la 47e minute ne soit modifiée.

Maurice GOIRAND

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Les Olympiens s'adaptèrent mieux que les Lensois au terrain gras

Lens avait-il l'intention de renouveler à Marseille l'exploit qu'il avait réussi jeudi au stade Louis II ? Nous ne le pensons pas, car dès que M. Le Men avait donné le coup d'envoi, les "mineurs" adoptèrent une tactique très prudente. Leurs deux intérieurs se tinrent nettement en retrait, prêt à soutenir leurs camarades de la ligne médiane.

Dans la tribune de la presse, une discussion s'engagea afin de savoir si oui ou non les Nordistes bétonnaient. Dans tous les cas, s'il ne s'agissait pas de détend, l'O.M. avait affaire à du ciment armé !

Terrain gras avantage pour l'O.M.

Il tombait une pluie obstinée sur la pelouse du stade vélodrome et celle-ci fut rapidement glissante.

On aurait pu croire que cette modification "topographique" nuirait davantage aux Méridionaux qu'aux Artésiens ; il n'en fut rien.

Et le onze de Roessler se comporta sur le terrain gras avec plus d'aisance que celui de Marek.

Est-ce là un phénomène surprenant ? Pas tellement ; il indiquait seulement que la technique d'ensemble des "blancs" était supérieure à celles des Lensois.

Roger Scotti, transformé en "chef d'orchestre" organisait le jeu, bien secondé par ses deux demis elle Mesas et Nocentini, très en souffle, tandis que Mercurio et Palluch partaient en pointe.

Ajoutons que le carré magique local paraissait beaucoup mieux au point que son vis-à-vis qui souffrait de la tenue médiocre de Wickes et de Guillement. Le jeu à ras de terre finit par payer, mais si Lens avait concédé une foule de corners pendant le premier half, Da Silva n'avait encaissé qu'un seul but !

C'était un trop maigre avantage et les assauts prodigués par les "blancs" étaient à la merci d'une vigoureuse contre-attaque.

Elle faillit d'ailleurs être concluant à la 46me minute, sur un départ de Van Lent qui, par malheur, botta dans sa foulée sur Angel !

Réveil nordique

Le plus étonnant de l'histoire c'est que le réveil nordique se produisit lorsque le R.C. Lens eut un handicap de deux buts.

Il faut préciser immédiatement qu'il coïncida avec une baisse de régime des Marseillais.

Ces derniers pendant une heure, avait pratiqué un football de bonne qualité, leurs passes étaient excellemment assurées, leurs départs massifs, leurs combinaisons clairvoyantes, mais, par la suite, ils ne trouvèrent pas leur "second souffle".

Ils payèrent les efforts déployés ces jours-ci contre les coriaces Alsaciens !

Mais, en dépit des blessures de Johansson et de Salem qui traînaient la jambe, les dégâts purent être facilement limités.

Les avants de Marek se révélèrent d'une désarmante stérilité.

Louis fut le seul à tenter sa chance, mais il shoota de loin et ses essais étaient par trop imprécis pour être concluant.

Manque de réalisme

Devant une formation courageuse, mais aux moyens limités, l'O.M. a semble-t-il, raté l'occasion d'offrir à ses supporters un véritable feu d'artifice.

Pourquoi ? Oh ! la raison est très simple à trouver, il n'est nul besoin de calculs savants.

L'attaque une fois de plus, a manqué de réalisme, elle s'est complue et dans un jeu, trop étriqué, un petit football improductif qui ne pouvait que faciliter les interventions décidées les défenseurs de Da Silva.

L'olympique aurait pu donner davantage de travail au préposé au tableau d'affichage mais il fallut, pour cela, plus d'ouverture sur les ailes, des déviations et des croisements. Hélas le défaut d'hier date depuis plusieurs saisons !

Alain DELCROIX

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5 SPECTATEURS

CRITIQUES

LES LENSOIS EN CHOEUR :

"L'O.M. A MERITE SA VICTOIRE"

La voix du public est souvent la voix de la sagesse, dit-on.

Il est bon de temps un autre de l'écouter. L'homme les gradins ne juge pas toujours comme le critique professionnel. Laissons donc pour aujourd'hui à ceux qui ont pour habitude de nous lire le soin d'écrire à leur tour "l'éditorial" du match.

Pour cette mission, cinq spectateurs ont été pris au hasard parmi les habitués du Stade. Voici ce qu'ils disent :

M. François RAYOLA, navigateur à la Compagnie Mixte :

"Avec Andersson, l'O.M. auraient gagné plus largement encore. Dommage que Rustichelli, qui est un excellent joueur, se soit montré légèrement craintif devant les rudes défenseurs Lensois. J'ai surtout admiré la belle partie de Scotti, Salem et Mercurio."

M. DELOY Marius employaient à la Mairie de Marseille :

"Je n'arrive pas à comprendre comment l'O.M. peut se trouver en queue de peloton.

"Sur le match d'aujourd'hui, je pense que les marseillais valent beaucoup d'équipe de D. N. Angel m'a beaucoup plu. Quant à Ben Barek, il a prouvé, malgré son âge, qu'il restait un artiste de la balle ronde."

M. BERGER, brigadier de police :

"J'ai trouvé l'O.M. métamorphosé, surtout sur un terrain aussi lourd. Les Lensois, qui d'ordinaire pratiquent sur des pelouses grasses, m'ont déçu. Les meilleurs à mon avis : Scotti, Salem, Palluch et Gransart. Ah ! si Andersson avait été là..."

M. GEVAUDAN Albert, boucher :

"Etant donné le temps, j'estime que le match a été satisfaisant. Mercurio m'a fait une profonde impression en première mi-temps. Rustichelli, tout en se montrant en réel progrès, n'a pas fait oublier Andersson. Mais quelle partie extraordinaire de Salem. Vraiment, il m'a donné l'impression d'être en caoutchouc."

M. CHOUDER Maurice, employé à la S.N.C.F. :

"L'O.M. a dominé le plus souvent. Cependant, le terrain gras a avantagé quelque peu les Marseillais, plus lourd dans l'ensemble que les Lensois. Scotti, Palluch, Mercurio et Salem ont été les meilleurs, mais j'estime que toute l'équipe mérite d'être félicitée."

D'une manière générale, le public a donc regretté l'absence d'Andersson qui reste son enfant chéri.

On était heureux, certes, dans les vestiaires olympiens, hier après-midi, mais ce n'était pas du délire. Donc, l'entraîneur Roessler faisait justement remarquer à ses poulains qu'ils avaient ratés une magnifique occasion d'améliorer leur goal-average :

"Si vous aviez joué plus large, vous pouviez marquer deux buts de plus. Enfin, ne soyons pas plus royalistes que le roi. L'essentiel c'était la victoire et vous l'avez obtenue."

Mercurio nous avouait :

"J'ai cru que j'avais m'évanouir tant j'étais fatigué dans le dernier quart d'heure."

Effectivement, l'ailier olympien les traits tirés paraissait fatigué. On le serait à moins, surtout après les efforts qu'il avait fournis.

Chez les Lensois, les critique de Marek à l'adresse des joueurs étaient nombreuses. Cependant, reconnaissons objectivement que la petite troupe nordiste ne cherchait aucune excuse et tous sans exception proclamaient que l'O.M. méritait largement sa victoire. En signe de conclusion, Louis nous déclarait :

"Aujourd'hui, nous ne pouvions rien contre Marseille. La meilleure équipe a gagné. Inclinons-nous sportivement.

M.G.

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Comment ils ont joué

SALEM, SCOTTI, PALLUCH et MERCURIO furent les plus brillants du team olympien

Angel ne fut pas trop à l'ouvrage, mais il fit preuve de décision à la 72me , en plongeants dans les pieds de Stopyra, avancé seul à l'assaut de ses bois.

Gransart intervint avec puissance sur Van Lent, mais certains de ses dégagements furent inquiétants.

Salem, domina Stopyra et abattit une rude besogne.

Mesas, toujours très actifs, fut à l'origine du second but olympien.

Johansson n'était pas dans une condition physique exceptionnelle pourtant il n'octroya pas beaucoup de liberté à Louis.

Nocentini soutint avec opiniâtreté les offensives phocéennes en première mi-temps, en suite son rôle fut plus obscur.

Palluch a réalisé un excellent match. Auteur d'un but, il fut l'avant des "blancs" ayant le punch le plus incisif.

Ben Barek fut courageux mais ne s'adapta pas bien au terrain trop glissant.

Rustichelli dominé par Polak, fut parfois timide.

Scotti, fournit un labeur très productif en première mi-temps. L'un des meilleurs éléments de son team.

Mercurio eut une première heure très dangereuse.

Coté lensois Da Silva ne pouvait rien contre les deux buts, il ne fut pas extraordinaire.

Marresch déblaya en force son camp menacé.

Wickes fut extrêmement terne, Polaw, sobre, intelligent, se plaça toujours bien et élucida plus d'une phase embrouillée. Guillement fut volontaire au cours du second half.

Stopyra se montra rapide, mais quelle répugnance à shooter !

Desgranges effectua quelques bons départs, mais ce n'est pas un constructeur.

Louis continue à posséder une brillante touche de balle de toute évidence le poste d'avant centre ne lui convient pas, il est plus à son aise en policeman.

Théo ne s'est pas signalé par son brio, il fut étouffé par Mesas mais c'était son premier match chez les "pros".

Enfin Van Lent fut le seul avant lensois à tenter sa chance et trois tirs sont à noter, à son actif, en première mi-temps, par la suite il fut plus effacé.

A.D.

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Johansson

A eu des ennuis

Gunnar Johansson à la fin de la partie, fut souvent à genoux, on aurait pu croire qu'il cherchait à lacer son soulier, à un moment donné, il dut même courir avec un pied nu !

Aux vestiaires, nous eûmes l'explication de ces ennuis... pédestres.

Le talon de la chaussure du Policeman était déchiré de bas en haut.

 

 

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