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Résumé Le Provencal

du 27 septembre 1954

 

LYON s'impose facilement devant l'O.M.,

Le onze olympien déçoit et s'incline par 3 à 0

(D'un de nos envoyés spéciaux : Georges LEOST)

LYON (par téléphone) - Si les 25.000 spectateurs du match qui se déroulera en présence de M. Édouard Herriot, député-maire de Lyon, purent bénéficier finalement d'un beau temps, il eurent quelque inquiétude lorsqu'un puis se mit à tomber sur le coup de midi.

Fort heureusement les nuages se dissipèrent et les joueurs ne souffrirent pas trop de l'état terrain, qui provoqua pourtant des glissades.

Les nombreux Marseillais qui avaient effectué le déplacement ne ménagèrent pas leurs applaudissements à l'O.M. et les drapeaux aux couleurs phocéennes s'agitèrent à maintes reprises... Comme les supporters lyonnais faisaient aussi beaucoup de bruit l'ambiance ne fit pas défaut.

La partie

La pluie s'est levée et c'est Ben Barek qui lance vers l'avant.

À la 2me minute, Ninel échoue en corner. Lyon mène le jeu est déjà Marcel doit essayer de mettre de l'ordre dans la maison.

À la 6me minute, sur coup franc, Angel concède un corner à Farmanian. Puis Farmanian et Janssen ont deux occasions de marquer.

A la 11me minute, Le Gall descend mais il est stoppé par Bonvin, Lerond et Duval. Quelques secondes plus tard le goal doit plonger dans les pieds de l'ailier gauche olympien.

Fatton tire sur passe de Hjalmarsson, puis est arrêté par Gransart. Le Franco-Suisse botte peut après derrière les buts.

À la 16me minute, Ben Barek lance Le Gall. Duval bloque en deux temps. Lyon obtient un coup franc ; Hjalmarsson donne à Knayer dont le tir passe à côté.

À la 19me minute, Fatton place un corner dans un paquet de joueurs, Farmanian, démarqué tire au-dessus.

Sur la contre-attaque, le Gall tombe en shootant à côté. Angel doit dégager au pied.

Sur l'excellent travail de Ben Barek, Palluch tente sa chance ; Duval est là.

À la 21me minute, Angel plonge dans les pieds de Fatton. Sur action de Ben Barek, Bonvin, Nunge et Duval descendent littéralement le Marocain. Jensen tire derrière les filets.

À la 35me minute Farmanian passe mais personne n'est à la réception. Deux minutes plus tard Hjalmarsson tire dans les nuages un coup franc.

À la 38me minute, Fatton dans un paquet, tire vers le but. Angel se détend touche la balle de la main droite mais ne peut que la freiner, Jean-Jacques Marcel ayant modifié la trajectoire, Lyon 1, Marseille 0.

Duval stoppe tout.

Dix secondes plus tard, Fatton seul devant Angel rate sa chance. À la 40me minute, Le Gall, Andersson, Palluch et Ben Barek ont successivement le but au bout du pied. Devant Vandooren, Duval stoppe par miracle.

Angel bloque un tir dur de Jensen et c'était la mi-temps.

À la reprise Ninel manque une reprise de volée.

À la 51me minute, Duval sauve devant Scotti sur centre de Le Gall et Angel bloque une reprise de volée de Farmanian.

À la 54me minute Hjalmarsson évite d'une glissade Mesas pour se présenter seul devant Angel... Lyon 2, Marseille 0.

Le Gall marque aussitôt mais l'arbitre refuse pour charge jugée irrégulière.

À 57me minute Farmanian descend et met à côté.

À la 62me minute, la défense olympienne flotte encore. Fatton hérite d'un centre que Salem ne peut renvoyer de la tête. L'ailier gauche shoote ; Angel plonge mais ne peut éviter le but. Lyon 3, Marseille 0.

À la 69me minute, alors que Lyon domine, Ninel manque encore la cage marseillaise et obtient vainement un corner.

À la 73me minute, Gransart dégage de la tête sur corner donné par Fatton qui botte. Quatre minutes plus tard, Ninel rate le but une nouvelle fois. La défense de l'O.M. concède deux corners ; Fatton les botte sans résultat.

Hjalmarsson shoote deux fois et un tir violent de Farmanian échoue sur la poitrine d'Angel.

A six minutes de la fin Vandooren est fauché à la limite de la surface de réparation ; Andersson botte mal le coup franc sur Ben Barek.

Consécutivement Fatton et Jensen ont une balle décisive sur le front. Le Gall se montre menaçant à deux reprises. Ben Barek shoote hors du cadre blanc ! Novak arrêtent Marcel.

Marseille bénéficie de deux corners puis Fatton d'un, et c'est la fin sur le succès lyonnais.

Ainsi se termine une partie justement remportée par les locaux plus rapides, mieux inspirés, plus décidés. À tel point que Marseille méconnaissable, peut s'estimer heureux de s'en tirer à si bon compte.

Le sélectionneur Alex Trépot définit d'ailleurs le rendement des marseillais, quand il ne confia :

"L'O.M. a déçu !"

Ce sera notre conclusion

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On avait du mal à reconnaître le team

qui caracolait en tête du Championnat

(D'un de nos envoyés spéciaux : Alain DELCROIX)

LYON - C'est au stade de Gerland que les ambitions marseillaises ont connu un frein. Les "Gones" ont rappelé les blancs aux tristes réalités. Et si certains olympiens faisaient preuve d'un optimisme outrancier, aujourd'hui ils ont obligé de reconnaître qu'ils ont vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Trois buts à zéro ! Le score est net, mais mérité.

Certains joueurs trouvent sincères des excuses à leur défaite en expliquant que l'arbitre leur a volé un penalty, a faussé le jeu par des décisions prises à contresens, enfin que les Lyonnais n'eurent pas toujours des interventions très régulières.

Mais même en admettant que toutes ces remarques possèdent un fond de vérité, on doit reconnaître que les olympiens ont fourni leur plus médiocre prestation depuis le début de la saison.

Déjà à la sixième minute Angel avait été en très grande difficulté. Mais ce n'etait là qu'un signe avant-coureur et, par la suite, il devait s'incliner à trois reprises. Mais soulignons que le score aurait pu être plus important.

Pourquoi ?

Les raisons en sont très simples ; équipes de Rolhion a été très effacée en attaque ; et en défense elle s'est avérée d'une lenteur désespérante, lourde, empruntée, et elle a dû laisser le monopole de la balle aux Lyonnais.

Les Lyonnais en verve

Ces derniers très rapides, très entreprenants, cravachèrent de bout en bout et étouffèrent littéralement leur adversaire.

On attendait beaucoup du carré magique des blancs ; il fut annihilé par celui d'Heisserer.

Hjalmarsson conduisit tambour battant les offensives rhodaniennes. Il échappa souvent à Mesas, exécuta des percées extrêmement dangereuses dans un style remarquable et fut un des conducteurs du succès Lyonnais.

Jensen plus lent, parvint néanmoins à gêner considérablement Marcel et à le contraindre à un rôle uniquement défensif.

Farmanian rapide et décidé, donna de bons centres.

Quant au Franco-Suisse Fatton, auteur d'un but, il se réveilla véritablement en deuxième mi-temps et se montra un puncheur efficace.

Bonvin meilleur défenseur

En défense en ne perdit pas du temps à fignoler, et un homme comme Bonvin émergea. Il garda Le Gall et déblaya avec autorité ses dix-huit mètres. Nous ne serions pas étonnés de le voir retenu pour l'équipe de France B.

Lerond qui revient bien en forme, a tenu Andersson avec aisance. Il opéra sans fatiguer et avec beaucoup d'intelligence.

Nunge fut très actif et se montra un demi-aile offensif de bonne qualité.

Lyon nous a donné l'impression d'une formation très rapide, bien soudée et capable de soutenir un rythme de combat très vif.

Marseille terne

L'olympique fut décevant au possible. L'attaque opéra avec seulement des francs-tireurs sans la moindre homogénéité. Les ailiers demeurèrent trop dans l'espace et des intérieurs ne se replièrent pas suffisamment vers leurs bois.

La défense manqua de souplesse effectua des marquages approximatifs et perdit souvent son sang-froid. La plupart des éléments furent hier très au-dessous de leur valeur. Angel exécuta quelques excellentes parades au début de la rencontre et, malgré le score, il n'a pas fourni une mauvaise partie. Gransart fit preuve de beaucoup de combativité et s'il n'eut pas des interventions toujours très orthodoxes, il sauva certaines situations délicates.

En résumé l'accident de Rustichelli et de Johansson semblent se faire sentir cruellement dans le onze marseillais.

Mal inspiré, celui-ci, apparu fatigué. Il a besoin de retrouver fraîcheur et dynamisme qui ne veut pas que la mésaventure lyonnaise se renouvelle prochainement.

Marseille hier était dans un très mauvais jour. Espérant qu'il ne s'agit que d'une crise malencontreuse. Dans tous les cas on avait du mal à reconnaître la formation qu'il a caracolé en tête du championnat depuis le début de la saison.

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Le Président HERRIOT est arrivé une minute avant le premier but lyonnais

Juste une minute avant que Lyon obtienne son premier but une traction avant noire à pénétrer à l'intérieur du stade et s'est avancée le long du parterre de chaises.

Les applaudissements nourris éclatèrent alors.

Renseignements pris cette voiture avenue de M. Édouard Herriot vers de Lyon président d'honneur de l'Assemblée Nationale qui avait tenu à rehausser de sa présence cette épreuve footbalistique.

Il demeura dans sa voiture jusqu'au coup de sifflet final.

C'est la première fois que le maire se déplace au stade municipal pour un match de football, s'est déclaré un spectateur.

Nous avons voulu savoir pour quelle raison il avait dérogé à ses habitudes et on nous a expliqué que M. Herriot avait voulu se rendre compte par lui-même de l'envoûtement suscité par le ballon rond dans la cité rhodanienne.

En effet, depuis quelque temps on lui réclame avec insistance la couverture du stade municipal.

 

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CE QU'ILS DISENT

En rentrant dans les vestiaires lyonnais, nous rencontrâmes Lerond particulièrement bavard. Sous la douche, le capitaine des locaux nous confia :

- Nous avons une bonne équipe de Coupe mais elle n'est pas encore au point. Personnellement, j'ai été déçu par le comportement des Marseillais que je croyais beaucoup plus fort en me rapportant à ce que j'ai pu lire et entendre.

Au sujet d'Andersson, Lerond explique :

- On m'a dit de le marquer ; je ne me suis contenté de le faire et il n'y a pas battu Duvale ".

Autre chose intéressante : Lerond estime que l'O.M. a été handicapé par l'absence de Johansson.

- Nous aurions souffert davantage avec la présence du Suédois que je peux juger puisque je joue à la même place que lui. Je tiens d'ailleurs Johansson comme un des meilleurs demi-centres. S'il avait été là, Marcel eut constitué par ses talents de demi offensive, un gros danger. C'est un handicap que de se priver de Jean-Jacques Marcel demi-aile.

Dans le camp marseillais, hier, Angel résumait ainsi la situation :

- On c'est trop découverts. On a joué l'offensive et, sur de contre-attaque, on a été battu est pris à contre-pied ".

Le Gall fataliste, constate :

- On peut bien gagner pour des agneaux mais, tout de même...

"Lyon a, certes, une bonne équipe, mais je suis tombé sur Bonvin qui m'a souvent secoué. Je me demande pourquoi mon but n'a pas été compté. J'avais sans doute chargé mon adversaire dans le dos mais pas méchamment et je ne comprends pas la décision de l'arbitre."

À Andersson, indiscutable, le mot de la fin :

- Des fois c'est dur, des fois c'est facile !

Effectivement. Hier c'était dur ! - G.L.

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M. Alex THEPOT : "Marseille avait mieux joué contre le Racing"

Dans la tribune officielle se trouver M. Alex Trépot, l'un des membres du triumvirat de sélection chargé de superviser le match Marseille-Lyon en vue du match international France-Allemagne.

À la fin de la rencontre, nous nous sommes approchés de lui afin de connaître son opinion sur les joueurs tels que Bonvin, Lerond, Scotti, Marcel et Ben Barek.

Il sourit et me répondit :

- Je ne dois pas accorder d'interview ?

Estime-t-on à Paris que M. Rigal fut trop bavard lors de sa venue à Marseille pour le match Marseille-Strasbourg ?

Comme nous assistions, il finit par déclarer :

-Je m'attendais à mieux de la part des Marseillais et je dois avouer que j'avais vu cette équipe jouer plus bruyamment contre le Racing à Paris.

M. Trépan a-t-il fait une riche moisson au stade Gerland ? Nous ne le pensons vraiment pas.

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LE PRONOSTIC ETAIT FAUX

Alors que notre traction prenait le chemin de la place Bellecour, hier, en fin de matinée, nous eûmes la surprise de rencontrer une 4CV immatriculée dans les Bouches-du-Rhône et qui déambulait dans les rues de la cité des Soyeux. Rien d'anormal jusqu'à là, bien que les supporters venus par la route aient été assez peu nombreux, mais, fait particulier, le véhicule arborait une pancarte fort visible portant l'inscription fort visible portant l'inscription laconique et significative suivant : "O.M. 3, LYON 0."

Nous n'avons pas revu cette voiture à la sortie du stade quelques heures plus tard, et l'histoire ne dit pas si l'auteur de ce pronostique, prit soin d'intervertir les chiffres. Gageons qu'il effaça pudiquement son "3-0" pour reprendre incognito la route de Marseille et espérant aussi faire mieux la prochaine fois.

G.L.

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