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Résumé Le Provencal

du 31 janvier 1955

 

Etroite victoire (1-0) de l'O.M. sur LYON, cantonné en défense

ANDERSSON, opportuniste, assure la victoire...

... que SALEM sauvegarde sur la fin

Quand les Lyonnais pénètrent sur le terrain leurs quelque 500 supporters les accueillirent avec frénésie : les cris fusent, des trompettes se manifestent, des applaudissements crépitent. Par le micro les 18.262 spectateurs qui ont assuré à la rencontre une recette de 4.648.920 francs - ont appris que Bonvin jouera arrière gauche, que Farmanian sera ailier droit et que Hjalmarsson et Antonio porteront respectivement les numéros 8 et 10. L'entrée des locaux suscite quelques sifflets mais les breux bravos sont beaucoup plus nombreux. Allons le public a bien compris que la malchance était au rendez-vous, il y a huit jours.

Au coup de sifflet de M. Schwinte, c'est l'O.M. qui engage avec Andersson lequel donne ainsi son premier coup de pied "officiel" de français dans la balle. Sur cette action, Lerond, sur le point d'être débordé, transmet à Alberto.

Le jeu se déroule à un rythme vif, la balle voyageant allègrement d'un camp à l'autre, donnant ainsi à Johansson plusieurs occasions de montrer son autorité.

À la quatrième minute, Alberto est aux abois : Vandooren lance Rustichelli dont le centre passe en bolide devant la cage lyonnaise mystifiant tout le monde.

Un peu après, Luzy tire splendidement dans sa foulée et obtient vainement un corner.

L'O.M. fait le forcing.

Pourtant, à la 25e minute, Farmanian trompe la surveillance de Salem et bat Angel de près. Le referee refuse d'ailleurs le point : le Lyonnais s'est débarrassé irrégulièrement du Marocain !

Successivement Luzy botte au-dessus de la transversale sur passe de Le Gall. Gransart rejoint in extremis Fatton. Luzy porte à son action une preste reprise de volée. Angel se couche sur un terrible tir de Hjalmarsson. Luzy tire à côté. Vandooren lobe vainement le mur des "Soyeux". Farmanian tente sa chance et c'est la 39e minute.

Andersson marque...

... Et Salem sauve !

Rustichelli, de l'aile, passe, en deux temps, à Luzy qui centre sur Andersson. Le neo-Français feinte, crochète, tire à ras de terre et malgré une magistrale détente du portier visiteur c'est le but !

O.M. 1 ; Lyon 0.

Avant la mi-temps, Angel sera en péril devant Fatton et Ninel, mais son métier lui permet de limiter les dégâts.

Après la pause, les Olympiens multiplient leurs efforts : Luzy shoote au-dessus ; un heading de Marcel frôle la cage, mais à la 71e minute, Lyon manque de peu légalisation : Angel est battu et la balle n'est renvoyée que d'extrême justesse pour Salem, à genoux sur la ligne de but.

À la 81e minute, Andersson bénéficie d'un coup franc qu'il adresse illico la cage lyonnaise. Alberto est battu mais M. Schwinte refuse le point.

Avant la fin, une action de Vandooren - qui devait amener un but - et stopper par l'arbitre lequel accorde un coup franc indirect... à l'O.M. ; une balle en diagonale de Marcel rase le cadre, Le Gall shoote derrière les buts et Marseille repousse une ultime tentative de Fatton

Georges LEOST

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DEUX VEDETTES
ANDERSSON et...

...l'arbitre

EN TRIOMPHANT de Lyon, aussi étroitement que le voulut l'arbitre, l'O.M. a retrouvé hier une partie de ce crédit qu'il avait si singulièrement amenuisé au cours des trois défaites consécutives.

Ce succès pour rassurant et logique qu'il soit, n'entre pas toutefois dans la catégorie des victoires que l'on applaudit à deux mains.

On s'est plu cependant à respirer le parfum d'espoir que Michel Luzy répandit au cours de cette rencontre, à un poste où sa combativité, sa rapidité et son opportunisme se sont mieux exprimés qu'à l'extrémité de l'attaque. On s'est plu aussi à trouver dans la manière de Jean-Jacques Marcel, la riche certitude d'un capital jeu, donc il est vraiment navrant que Rustichelli n'ait su utiliser les revenus. Dix fois, vingt fois, Marcel chercha son ailier à une place que le plus élémentaire des manuels de football désigne sans erreur, puis il se lassa.

On le comprend ! On dit souvent que ce sont les inters qui font les ailiers, mais à la condition première que ces derniers veuillent bien les aider. Rusti sera-t-il un jour répandre sur la pelouse les prodigieuses qualités qui n'a pas encore su nous livrer ? Restera-t-il timide, apeuré, au point de ce condamné à l'orée d'une carrière qui devrait être remarquable ? Avouons qu'après avoir cru en lui, après avoir entendu sans faiblir, "l'éclatement" de ses moyens et de ses ambitions, l'attente et pour tous devenus pénible. Mais qui donc sera maître l'allumette à ce baril de poudre ?

Ce n'est pas le cas de Gunnar Andersson, qui reste lui, aussi vif, aussi efficace que peut-être 1un centre-avant bon teint. Vandooren lui adresse certes la balle dont il se servit si magistralement. En quelque sorte la manière première que l'artisan transforme en produit manufacturé. Mais c'est bien lui Gunnar, seul, qui laissa tout son monde dans l'extase et composa la plus étourdissant des pirouettes sur cinquante centimètres carrés de terrain. Son shoote nous fit tomber la cigarette des lèvres. Il reste une perfection. Quelque chose d'aussi limpide que sa vérité que les moralités des fables de la Fontaine.

Nous avons gardé le très honorable M. Schwinte, arbitre du match, pour la fin. Un grand referee passé inaperçu sur un terrain. On ne prête pas attention à ses décisions si elles sont marquées de compétences et de justesse esprit. Par contre lorsque l'arbitre est la vedette d'un match, c'est parce que son numéro devient alors un récital de non-sens et d'erreurs. Or le moins que l'on puisse dire, c'est que M. Schwinte a été hier, le plus remarqué des hommes du ground. Il a été "époustouflant". Mais au fait, existe-t-il une Commission de discipline ou un tribunal où l'on juge les mauvais arbitres ? Si oui, M. Schwinte sera à la barre aujourd'hui. Deux ou trois mois de suspension lui pendraient alors au nez comme son siffler à deux sous.

Lucien D'APO

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JOHANSSON MEILLEUR JOUEUR

SUR LE TERRAIN

Il était aisé de prévoir que le match gagné étroitement (1-0) par l'O.M., devant Lyon, ne serait pas une formalité.

Darui, s'il n'a pas pris les rênes du club du Rhône depuis bien longtemps, ne lui en a pas moins laissé son empreinte. Alors qu'il jouait encore un Roubaix, le grand gardien s'était constitué une défense intraitable.

Sur le terrain, le coach lyonnais a disposé ses pions de façon telle qu'il soit définitivement infranchissable. On s'en est aperçu... Et les olympiens aussi, qui se heurtèrent souvent à quatre arrières, voir même à cinq !

Toute la rencontre est la puisque, aussi bien, la défense olympienne tint.

Johansson n1

C'est devenu une tradition : Johansson se trouve chaque dimanche parmi les meilleurs. Hier encore, alors que les deux équipes se cherchaient, lors des échanges initiaux, le Suédois donna le ton, stoppa inlassablement, renvoya, bref, déblaya son camp avec une si souveraine autorité que tout semblait facile. Face à Lyon jouant le béton mais desserrant l'étreinte pour procéder par contre-attaque rapide, il fallait un Johansson pour redresser vers l'avant les balles dégagées par le mur lyonnais.

Dans cette défense marseillaise, Angel commit quelques erreurs vite réparées, mais il affirma aussi les qualités qui ont fait de lui... ce qu'il est ; Gransart s'astreignit cette fois à un marquage moins relatif et que ce soit devant Fatton ou Farmanian, il se plaça de manière à ne pas être pris de vitesse. Quant à Salem, irréprochable, il se paya le luxe de sauver la victoire des siens alors qu'il se trouvait seul sur la ligne, à cinq minutes de la fin...

Marcel accompli son labeur hebdomadaire dans son style impérial, et Mesas... fut Mesas.

En attaque, Rustichelli n'eut pas toujours la chance avec lui. On l'a vu meilleur et aussi plus mauvais. Vandooren ressortit plus qu'à l'ordinaire parce qu'il joua plus rapidement, Andersson réussit un but splendide malgré une sévère prise en charge, Luzy confirma tout le bien que l'on pense de lui et Le Gall oeuvra utilement.

À Lyon, Alberto présenta un échantillon de sa classe, Bonvin et Lerond abattirent un travail de titan, comme Ninel et Knayer, Fatton distribua surtout et Konradi courut beaucoup.

G.L.

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Roger ROLHION : "On a joué

comme il fallait le faire"

À l'issue du match, si les Lyonnais manifestaient leur mécontentement envers l'arbitre M. Schwinte, au point que Lerond, leur capitaine, désirait déposer des réserves motivées, dit-il, par le fait que le match ne dura que 87 minutes - et c'était aussi l'avis de Darui - les Marseillais, matérialistes, remarquaient non sans raison : "Nous avons gagné, n'est-ce pas le principal ?"

Pourtant, eux aussi avaient à se plaint de l'arbitre. Andersson avait battu Alberto sur coup franc et Vandooren allait le faire quand un coup de sifflet impératif l'arrêta net dans son élan.

Roger Vandooren, évidemment, proteste avec véhémence : "J'allais marquer, il n'y avait plus personne pour m'empêcher... et j'étais placé !"

Maurice Gransart juge ainsi, de son côté, l'action de la 81me minute : "Le but de Gunnar était valable. Je l'affirme et ne comprends pas pourquoi il nous a été refusé". Parlant du jeu, le blond arrière constate : "La défense a eu moins de travail que dimanche face à Nîmes. Il est vrai que l'attaque a pu conserver la balle".

Gunnar Johansson confesse, en se rhabillant, plaisamment : "Ils sont mauvais, ces rouquins ; après Skiba, Konrady". Mais il est souriant ses efforts n'ont pas été vains...

Mesas, qui pense qu'aucune comparaison n'est possible entre leur production d'hier et celle de la semaine dernière, estime que l'attaque lyonnaise est plus forte que le quintette offensif nîmois et il précise : "Farmanian avait battu Angel en prenant Salem de vitesse... avec ses mains !"

Luzy n'est pas prolixe : "On a gagné. Alors on est heureux", tandis que Le Gall hoche la tête en rappelant : "Se battre contre quatre arrières, ce n'est pas facile..."

Enfin Roger Rolhion ne cache pas sa satisfaction : "Contre le béton, ce n'est jamais aisé. Mais cette fois, on n'a pas porté la balle. On a joué comme il fallait le faire c'est ainsi que Vandooren à opérer plus directement en servant dans l'espace libre Rustichelli ? Il a effectué une bonne rentrée".

Qu'ajouter à cela.

G.L.

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C'est en se tordant de douleur que Salem a préservé la victoire de l'O.M.

À la 26me minute du second half, recevant une balle dans le bas-ventre, le solide Salem s'écroula, se tordant de douleur. Et s'il reprit sa place après avoir quitté le terrain quelques secondes, il n'était pas encore revenu lui-même quand 14 minutes plus tard un bolide vint dans sa direction, au moment précis où, courbé sur la ligne de but, il luttait contre le mal.

Il n'eut qu'à s'abattre à genoux pour suppléer Angel et sauvegarder la victoire acquise par Andersson !

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Luzy

légère entorse

La 84me minute, alors qu'il disputait le ballon à l'ailier lyonnais Farmanian, Luzy s'écroula, se tenant le genou gauche. Au cours des 6 minutes qui restaient à jouer l'olympien ne fut plus qu'un figurant et ont pu craindre un moment, l'accident assez grave.

Le masseur Giraud nous rassura aux vestiaires : "Il s'agit d'une légère entorse", tandis que Luzy nous précisait sportivement : "Je me suis blessé en tombant Farmanian ne m'a pas touché".

À la 58me minute, après un sauvetage au pied, Angel avait ressenti aussi une douleur au genou gauche. Mais là encore rien de sérieux.

G.L.

 

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