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Résumé Le Provencal

du 20 août 1956

  

L'O.M. gagne en deux minutes contre MONACO (2 à 0)

un match rendu pénible par la chaleur

Les Olympiens peinent puis se réveillent brusquement

Et Andersson (25'), puis Ducasse (27') marquent

Alors que le match de lever de rideau opposant les amateurs de l'O.M. aux représentants de Marignane est en train de prendre fin, une rumeur prend corps et se répand telle une traînée de poudre à travers les gradins : Kaelbel et Ben Tifour, en désaccord avec les dirigeants du club de la Principauté ne joueront pas.

Mieux, on vient précipitamment quérir un docteur : Ben Tifour se sent souffrant.

Pourtant, Kaelbel, porteurs du maillot rouge frappé du numéro 2, et un des premiers joueurs à surgir du tunnel avec la file des Monégasques.

Mais, de Ben Tifour, point...

Pas plus que de Bellot.

C'est ainsi que Tony Marek, pour son match "inaugural" a été mis dans l'obligation de remanier "in extremis" une équipe qui se présente finalement comme suit :

Boubekeur ; Kaelbel, Thomas ; Pironi, Zitouni, Chabri ; Stopyra, Rahl, Valoutzek, Keller, Ludo.

Aucun changement à l'O.M.

Et M. Groppi siffle le coup d'envoi.

Malgré l'heure - 17 heures - il fait chaud, le soleil est encore impitoyable, le vent nul.

Il y a 11.374 spectateurs ont assuré au guichet une recette de 2 950 860 francs malgré la concurrence que constitue encore, à cette époque de l'année les attraits des bains de mer.

Où l'on revoit Roger Scotti

La partie s'engage sur un rythme alerte, presque surprenant par ce temps incitant plutôt à s'adonner au "dolce farniente" qu'aux efforts footballistiques.

Dès la seconde minute de cette explication qui est aussi un derby sudiste le rusé renard qu'est Pironi commet une faute à l'encontre du remuant Basque Ducasse.

Exécuteur des hautes oeuvres Roger Scotti s'avance caresse la balle d'un coup de patte...

C'est manqué...

Mais on a vu la botte du Maître...

La carte de visite de Keller

Tout aussitôt, l'ex-Nancéen Keller impressionnant par sa taille, et sa rapidité, se débarrasse de Johansson, se rapproche à grandes foulées, attire Domingo sorti au devant de lui et... shoote à côté.

Quatre minutes plus tard, Stopyra ailier rapide place un de ses sprints dont il a le secret, se met hors de portée de ses adversaires et transmet le "cuir" à Keller.

Le blond Monégasque - qui porte de N.10 mais opère en réalité au poste d'avant-centre - tente sa chance.

Sans succès.

Après un essai à ras de terre de Rahl, on voit encore Keller tromper Johansson et manquer de précision dans la phase terminale d'une action jusqu'à la remarquable.

Sur son banc, Tony Marek traduit son désappointement.

Il y a de quoi : Monaco vient de gâchées trois superbes occasions !

Boubekeur à l'aventure...

À la 13me minute, les Marseillais, qui ont compris le danger faisant des efforts pour desserrer l'étreinte. Boubékeur doit intervenir. Il le fait avec autant de maladresse que seule la chance lui permet d'écarter le péril.

Quatre minutes plus tard, Monaco concède le premier corner de la partie.

C'est Dominique Rustichelli qui le donne, Jean-Jacques Marcel d'un heading "enlève" trop sa balle.

À la 18me minute, Domingo très sûr, bondit hors de sa cage et plaque la balle au sol. Il était temps : Keller était là !

Feu d'artifice :

2 buts pour l'O.M.

Alors que les Olympiens en sont encore au stade de l'organisation et que Monaco a raté trois fois sa chance, comme nous l'avions relaté, Rustichelli en possession de la sphère à proximité du poteau de corner centre vivement.

Andersson, excellemment placé face au but de Boubékeur, pivote promptement, reprend la balle de volée.

Le maître-shoot du canonnier de Mazargues rencontre l'angle intérieur du poteau droit et ricoche dans les buts.

O.M. : 1 - Monaco : 0

Inutile de préciser que la foule applaudit à tout rompre ; elle est tout à coup libérée.

On remet en jeu et le vacarme c'est à peine éteint qu'Andersson subitement mis en appétit, décoche un tir terrible qui rencontre la barre.

La balle revient en jeu juste devant l'opportuniste Ducasse, placé en embuscade à deux pas et qui s'est jeté en avant.

Le néo-phocéen ne laisse aucune chance au keeper visiteur

O.M. : 2 - Monaco : 0

La physionomie de la rencontre change du tout au tout : Monaco accusé le coup. Marseille croire en son succès.

À la 28me minute, Mercurio adresse un tir vers Boubekeur qui ne peut que détourner en corner.

Puis Marcel déclenche un bolide. Le goal stoppe en deux temps.

Valorizek malchanceux.

À la 35me minute, Andersson reprend de volée - sur une belle action de Ducasse - mais l'objectif est manqué.

Plus dangereux est encore (à la 38me minute) la balle de Valorizek, balle qui, sur coup franc heurte la barre.

Avant la pause, Ducasse manque de peu d'aggraver le score sur une nouvelle sortie hasardeuse de Boubekeur et Keller rate encore le cadre de Domingo.

...et Rustichelli aussi

Dès la reprise Domingo doit réparer en plongeant une erreur de Mesas.

Mais l'O.M. répond à cette tentative par une descente qui provoque une belle pagaie à quelques mètres de Boubekeur que la chance visite toujours.

À 60me minute, Ducasse alerte Andersson dont la reprise de volé manque de netteté.

Cette fois, l'immense goal des "rouges" bloque. Remise en jeu la balle roule vient sûr Keller. Mais Domingo veille, bondit et arrête.

À la 68me minute au terme d'un bel effort, Rustichelli a le but à sa portée de shoot. Il rate son lobe, essaye pour tromper le tentaculaire gardien au maillot jaune.

Une belle occasion pourtant.

Deux minutes plus tard, Valorizek voit un coup franc rester nul et puis, c'est au tour de Boubekeur (72') de mettre en corner à la suite d'une combinaison Rustichelli - Andersson.

Encore Keller...

À la 74me minute, Stopyra étant descendu et ayant shooté à ras de terre et dans le coin, on croit au but.

C'est sans compter avec un le coup d'oeil du sobre et vigilant Domingo : une détente en pleine extension et le "cuir" finit sa course entre les doigts bien écartés du sûr Arlésien.

Dix minutes plus tard (84') Domingo stoppe un essai de Ludo, adressé après que la balle soit revenue en jeu, renvoyée par la barre sur essai de Keller.

Ducasse sprint, passe à Andersson, dont la reprise de volée ne donne rien de positif.

Bahl tire à côté un coup franc alors que tout les olympien - sauf Andersson - sont devant Domingo et c'est la fin.

L'O.M. en deux minutes a gagné.

Georges LEOST

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Les MARSEILLAIS ont su se ressaisir

pour vaincre les MONEGASQUES

affaiblis et trop maladroits

C'est avec un réel soulagement que les 22 acteurs accueillirent le coup de sifflet final de l'arbitre.

Dame, après avoir couru pendant 90 minutes sous une température approchant les 35 degrés, ils avaient parfaitement le droit d'être satisfaits en regagnant les vestiaires.

Tous, d'ailleurs ruisselaient de sueur et se plaignaient amèrement de messire Phébus.

Domingo, en particulier, nous disait, sous la douche réparatrice :

"Il faisait trop chaud. J'ai été véritablement asphyxié pendant le premier quart d'heure. J'avais la nuque douloureuse car j'étais exposé en plein soleil. C'est pour cela que je n'ai eu aucun réflexe sur le coup franc de Valorisek.

"Néanmoins, je suis heureux de mon premier succès et j'espère qu'il sera suivi de beaucoup d'autres !"

SCOTTI : "On ne devrait pas jouer au mois d'août !"

De son côté, Roger Scotti approuvait totalement son gardien de but :

"Il fait beaucoup trop chaud à cette époque de l'année pour opérer correctement.

"Monaco m'a légèrement déçu. Certes, au début nous avons souffert, mais dès que Valorysek fut pris en charge par Mesas, la mécanique averse cessa de tourner rond."

Quant à l'entraîneur Jean Robin, il se contenta de nous déclarer, mi-rieur mi-sérieux :

"Nous ne partions pas favoris. Cela ne nous a pas empêché de gagner.

"Monaco manque de réalisateurs c'est sûr, mais pratique portant un football agréable.

MAREK : " La chance n'a pas été de notre côté"

Dans les vestiaires monégasques les joueurs étaient loin d'être abattus.

Après avoir fait la critique du match à ses poulains, Tony Marek, nouveau cause de la Principauté, nous affirma : "Eu égard à l'équipe que j'ai dû aligner au dernier moment, je pense qu'elle s'est bien défendue.

"D'autre part, j'estime que si nos deux tirs sur la barre avaient trouvé le chemin des filets, le résultat aurait été peut-être tout autre.

"Quoi qu'il en soit, l'équipe marseillaise à pratiquer un jeu plus lié que le nôtre.

"La défense m'a impressionné, l'attaque, par contre, m'a semblé inférieure à la réputation. Heureusement qu'elle possédait Andersson et en Ducasse deux éléments clairvoyants..."

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Andersson et Ducasse ont impressionné

favorablement Tony Marek

"Votre pronostic est pessimiste. Je ne suis pas d'accord avec. Vous verrez tout à l'heure."

C'est par ces mots que Jean Robin nous accueillit quelques instants avant le match... avec le sourire de l'homme sûr de l'issue de la bataille.

Les événements ont finalement donné raison au coach marseillais puisque l'O.M. est en tête du Championnat de France.

Sa victoire, par un score de deux à 2 à 0 est nette. Elle ne souffre d'aucune critique puisqu'il faut bien tenir compte et de la nécessité d'observer une période de rodage en ce début de compétition officielle et de la chaleur.

Cependant, il est bon de souligner que l'A.S. Monaco n'aligna pas l'équipe annoncée.

Les modifications apportées à son corps défendant, par Tony Marek, ont constitué en fait autant de handicaps.

Il est hors de doute, en effet que Bellot eut mieux fait que Poroni sous le maillot 4. Par ailleurs Chabri, lancé dans le bain aussi rapidement que nécessairement n'a pas oublié Ludo, lequel porte une tunique 11 qui n'était pas sur le ground, celui d'un ailier gauche de fait.

Dans un autre ordre d'idées bien que les Phocéens, dans l'ensemble, n'aient pas mal joué, ils ont vingt minutes durant, cherché la bonne carburation.

Pendant ce laps te temps, Keller gaspilla littéralement trois cadeaux.

C'est beaucoup.

La défense des "blancs" flottait alors, les rouges opérant avec plus de vivacité, débitant un football plus lié.

Deux coups de rein - c'est un mérite pour l'O.M. que d'avoir pu les donner dans ces conditions - renversèrent la vapeur.

Et puis, sans émotion, le match se déroulera de la 27me à la 90me minute.

Un match qui a permis à Scotti, Marcel et à la défense de l'O.M. ainsi que Zitouni, de se signaler.

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BEN TIFOUR :

"J'étais blessé"

Ben Tifour on le sait, ne s'est finalement pas alignés dans le onze monégasque tout comme son coéquipier Bellot.

À ce propos on chuchotait au Stade Vélodrome que ces deux excellents éléments avaient refusé de jouer parce qu'ils se trouvaient en désaccord avec leurs dirigeants.

Nous n'avons pas vu Bellot.

Par contre, Ben Tifour, avec lequel nous avons bavardé après le match nous a dit :

"Si je n'ai pas joué, c'est que j'étais blessé. Je n'ai pas voulu en effet courir le risque d'un accident beaucoup plus grave en me présentant sur la pelouse du Stade Vélodrome.

"Voilà la vérité".

Nous, on veut bien, mais néanmoins l'accent du rapide ailier gauche ne nous a pas tellement convaincu

 

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