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Résumé Le Provencal

du 07 janvier 1957

  

L'O.M. et le S.C.O. ANGERS ne peuvent se départager (0-0)

Les deux équipes dominèrent à tour de rôle mais Angers rata plus d'occasions que Marseille

Ce pouvait être un grand match, il ne le fut pas.

À cela, au fond, rien d'extraordinaire, les vingt-deux étaient ficelés par la peur du risque ; le mécanisme aussi, était enrayé par la fatigue consécutive à une longue série de hauts faits.

Nous devions les trouver, hier, quelques semaines après le très brillant match joué en Anjou, envoûtés en quelque sorte par l'importance du résultat. C'est ainsi que périt le jeu. On ne compose rien dans l'inquiétude.

Les mauvais matches, disait Karl Rapan, ne s'expliquent pas ou ils... s'expliquent trop. L'origine de cette production sans éclat - si on juge d'après les comparaisons - est beaucoup plus profonde.

Depuis quarante-cinq jours, Marseillais et Angevin courent après ce ruban qui traîne aux basques des leaders de Saint-Étienne Reims et Lens. Le saisir, c'était établir le lien entre le groupe de tête et cela même qui prétendent être justement que leur sortie de scène n'est pas pour tout de suite.

La psychose du match poursuite a encouragé, satisfait, puis épuisé les deux teams et en particulier l'O.M., équipes ô combien émotive.

Voilà peut-être une explication.

Mais elle ne suffit pas. Il faut convenir qu'il ne se fit rien de bon, plus exactement rien d'efficace aux abords des buts. Au centre du terrain, dans la conception des mouvements, la leçon angevine était sue ; celle de l'O.M. l'était moins. Paradoxe, le match n'en fut pas moins joué vivement, d'une façon souvent trop grouillante même. On s'est plus quelquefois à cultiver une méthode hybride.

Or, il aurait fallu, une fois de plus, en la circonstance, le jugement serein de Roger Scotti et l'impétuosité positiviste et bref de J.J. Marcel.

Le premier, qui souffre depuis 15 jours du mal de l'âge (les muscles adducteurs) et le second, qui poussa l'intervention personnelle jusqu'au solo, n'ont pas été les pièces maîtresses dont Andersson et Curyl ont tant besoin.

On a attendu vainement le "caprice" de cet agrégé de football qu'est Scotti, libérant net, un seul coup de patte, toute son équipe ankylosée par l'indécision, trop statique, comme bâillonnée et ne pouvant plus clamer sa joie comme elle avait fait à Reims, à Paris, à Toulouse et à Angers.

On a attendu jusqu'à la fin.

Le onze marseillais s'était épuisé dans ses montées offensives beaucoup trop longues, Andersson n'avait eu qu'une ou deux occasions de mettre en joue. Au football si positif de ces dernières semaines succédait une façon de jouer qui ne pouvait être payante, surtout en face de cette formation angevine dont le souffle semble renouvelable à discrétion et qui exprime avec un talent non discutable ce qu'elle sait du football de championnat.

Ce draw était-il un demi-échec ?

La discussion s'ouvre. Néanmoins, accabler l'O.M. pour ce faux pas serait aller vite en besogne si l'on peut bien considérer que sa longue série victorieuse ne fut stoppée que dimanche dernier.

Il faudra attendre maintenant des inspirations neuves, une manière de seconde souffle.

Angers, ce merveilleux nouveau-né, aura particulièrement favorisé la réflexion chez les Olympiens... après avoir laissé à Marseille une carte de visite qui vaut toutes les lettres de créance.

Lucien D'APO

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JENSEN et LE GALL manquent des buts faciles, ANDERSSON shoote sur le poteau

L'O.M. surpris par la vitesse et l'ardeur des Angevins

Un temps splendide (température printanière, soleil chaud et vent nul) a incité les Marseillais à venir nombreux, au stade vélodrome, assister à la rencontre O.M. - Angers.

Aussi il y a-t-il prêt de vingt mille personnes quand M. Harzic appelle les deux équipes.

L'O.M. qui jouent en bleu - le blanc étant le leur couleur du S.S.O. - est en donger dès le coup d'envoi.

Le "loupé" de Jensen

L'allure est excessivement rapide et après l'alerte dont nous venons de parler, Fragassi doit intervenir devant Curyl puis Jensen.

À la sixième minute, Mesas sollicite Andersson qui ne parvient pas à contrôler.

Si l'O.M. met Fragassi à l'ouvrage, le S.C.O. domine au milieu du terrain, les locaux devant se contenter de procéder par contre-attaques.

Le premier quart d'heure passé les Angevins se reprennent et multiplient les actions périlleuses pour Predal ; on note ainsi trois essais de Le Gall.

Les supporters marseillais, dans les tribunes, s'impatientent comme les joueurs sur le ground, lors que, à la 31me minute, sur un coup franc bien donné par Curyl, Jensen, placé en embuscade, voit lui parvenir une balle qui, après avoir lobé la défense de Presch, prend Fragassi à contre-pied.

On croit au but quand l'ailier phocéen rate lamentablement son shoot.

But de Marcel... refusé

Angers puise dans cette phase une nouvelle énergie. Comme pour le démontrer, Tison centre de l'aile droite sur Le Gall, rabattu, mais ce dernier rate, aussi, sa reprise.

On s'achemine vers la mi-temps en espérant que la pause changera quelque chose lorsque à trois minutes de celle-ci, malgré un retour de Pasquini, J.J. Marcel, bat Fragassi de la tête. On applaudit, mais M. Harzic signale une faute sur le gardien angevin est refusé le point.

Passion

Dès le début du second half, l'O.M. domine et en sera ainsi jusqu'au bout. Angers devant cette fois se contentait de raids d'ailleurs parfois très fort dangereux.

Pris de vitesse, à la 53e minute, Kowalski n'aura d'autre ressource que de plaquer Curyl qui se blessera également dans sa chute.

À tort, semble-t-il, la foule voit dans ce geste une action méchante.

Elle crie. Et fort...

La chance d'Andersson

Aux 69me et 70me minutes Predal montre ses talents, mais à la 72me, sur centre de Jensen Andersson décoche un bolide sur le montant.

L'O.M. a perdu une belle chance. Il en perdra une seconde quelques instants plus tard : Leonetti frappe comme un sourd et la foule vibre déjà, quand, dans un réflexe extraordinaire, Fragassi renvoie des poings.

Avant la fin les deux keepers sauveront leur camp sur des tentatives de Curyl et Loncle, et le score en restera là, à 0-0

Georges LEOST

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SBROGLIA, BOURRIGAULT, BIANCHERI, PREDAL et MESAS

parmi les meilleurs

Quels sont les noms des meilleurs acteurs de cette rencontre équilibrée puisque les deux formations se partagèrent la domination encore que les Angevins houspillèrent davantage occasions que les Marseillais ?

À notre sens Sbroglia, Bourrigault et Biancheri au S.C.O., Predal, Mesas Leonetti, à l'O.M. furent les plus en vue.

Sur l'ensemble de la rencontre hormis son hésitation - excusable parce que Rolland était bien seul - devant Loncle, Predal, par la sûreté de ses interventions, contribua à la "réalisation" de ce drame.

Devant lui, Molla, en justifiant nos craintes, démontra, à son corps défendant, qu'il est infiniment plus à l'aise dans la ligne intermédiaire qu'à l'arrière.

Palluch n'eut pas la partie belle devant Le Gall, qu'il connaît, pourtant bien. Sans être bien franchement passé, Palluch n'eut guère d'actions aussi nettes qu'à l'accoutumée.

Marcel a été l'égal de ce qu'il est depuis plusieurs dimanches, il parut sans ressort et s'obstina à garder la balle au cours de contre-attaque qui échouent ainsi neuf fois sur dix.

Johansson, contre Tison, travailla avec des fortunes diverses et Mesas surprit agréablement à plusieurs reprises, par des mouvements plaisants.

Dommage qu'il se soit rendu coupable d'un geste... trop visible.

Jensen manqua un but facile, travailla par intermittence mais sans réussir parce que ses centres ne purent être utilisés.

Leonetti émergea surtout en fin de rencontre, lorsque la fatigue pesait. Il accomplit de belles choses.

Andersson fut une fois de sa en position de tir : son essai heurta le poteau !

Scotti ne put se dépenser comme il eut fallu. Handicapé et fatigué, son comportement n'eut pas le retentissement qui est souvent le sien.

Curyl, enfin, connu des moments difficiles devant le solide Kowalski. Sans s'imposer, il lui rendit la tâche difficile.

À Angers, Fragassi fut précieux. Mais il avait en Sbroglia (surtout) et Bourrigault des aides de valeur, tandis qu'à l'avant Biancheri, beaucoup trop seul, ouvra vainement, sans doute, mais en affichant les qualités qui en font un authentique espoir.

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Une rencontre qui n'a pas fait trembler...

...les filets !

Ce match O.M. - Angers, terminé sur un score nul et vierge a laissé des regrets dans un corps et dans l'autre.

Si Walter Presch, l'entraîneur d'Angers se félicitait d'un nouveau point pris à l'extérieur, Henri Biancheri, le plus Marseillais des Angevin (Camoin et Guidoni, les nouvelles recrues étaient spectateurs) affirmait avec force, approuvé en cela par ses co-équipiers, que le match du S.C.O. Angers était le plus mauvais (ou plus exactement le moins bon) d'une série de dix rencontres sans défaite.

On s'habitue si bien à la victoire ou, à la rigueur à la demi-victoire que l'on arrive, même au sein d'un club nouveau promu en Division Nationale, à trouver anormal de ne point battre l'O.M. au Stade-Vélodrome de Marseille !

Il est difficile de situer le haut fait d'un match terminé sur le score désolant de zéro à zéro.

Que serait-il advenu si, à la 32e minute, sur un coup franc shooté de la droite et légèrement en diagonale par Curyl Jensen, en position d'avant-centre, avait réussi une transformation à la portée d'un joueur de sa trempe et qu'il manqua pour avoir voulu attenter en deux temps ?

Si à la 72e minute, Andersson n'avait pas trouvé un montant (celui situé à la droite de Fragassi, qui avait plongé en vain et était donc battu) et si pour son bonheur et pour le malheur du S.C.O. Angers il avait secoué les filets, l'O.M. aurait-il trouvé la le "Sésame" d'une victoire probante ?

Mais, dans le camp opposé Predal ne fut-il pas heureux(75e minute) de voir Léonetti éloigner définitivement un ballon qu'il avait repoussé sans pouvoir la bloquer, sur un tir de le Gall consécutif à un "service maison" de Biancheri ?

Et auparavant (51e minute) le même Predal ne fut-il pas heureux de reprendre une balle qu'il avait lâchée sur un tir de Biancheri ?

Un seul but fut marqué par Marcel, de la tête, mais M. Harzic avait sifflé hors-jeu !

Cela aurait pu constituer, le véritable haut fait du match d'un match qui était trop rapproché de la première manche disputée entre les mêmes adversaires, le 16 décembre dernier au stade Bessonneau, et terminé aussi sans vainqueur ni vaincu.

Il aurait peut-être fallu que Biancheri se trouve sous le maillot bleu (qui, hier, était celui de l'O.M.) pour qu'une action se relève payante.

Les hauts fait du destin Marseille - Angers ne laisseront pas un souvenir vivace parce qu'il ne fut une néfaste ni pour Predal ni pour Fragassi.

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M. Zaraya a été mécontent de la décision de M. Harzic

L'animateur du team olympien, M. Zaraya, est d'ordinaire souriant. Hier après-midi, pourtant, son sourire l'avait abandonné.

C'est d'un ton amer d'ailleurs qu'ils nous ont donna la raison :

"A mon sens, le but de d'Andersson était parfaitement valable et je ne comprends pas pourquoi M. Harzic l'a annulé ?"

Nous n'avons pu lui donner le point de vue du referee mais, selon nous, il n'a pas accordé à Andersson le bénéfice de son tir victorieux en raison de sa position (hors-jeu).

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KOWALSKI SIFFLE A SA SORTIE

DU STADE VELODROME

Le puissant défenseur angevin Kowalski a été plutôt dur avec Curyl.

Oh ! certes, il n'a rien commis de grave rencontre du petit ailier gauche olympien, mais quelques-unes de ses interventions ont été dénuées de d'élégance.

Le public l'a conspué tout au long de la partie.

Et, à sa sorti des vestiaires, il fut de nouveau hué par les "fidèles" de l'arène du boulevard Michelet.

Mais, par un curieux contraste, ces mêmes mordus l'applaudirent à tout rompre l'apparition du marseillais Biancheri, au bras de sa charmante épouse.

On peut même dire que cette apparition mit fin aux sifflés adressés à son coéquipier Kowalski.

Ce dernier pourra donc le remercier de son opportune sortie.

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SCOTTI : " CERTAINS D'ENTRE NOUS

ONT BESOIN DE REPOS..."

L'atmosphère était plutôt lourde hier après-midi dans les vestiaires olympiens.

Bien entendu, le demi-échec enregistré devant Angers était à la base de la légère tension entre les retours du match.

Les uns, en effet, accusaient les autres d'être tombés dans le traquenard de l'adversaire, en conservant trop longtemps la balle.

Parmi les premiers figuraient l'entraîneur Jean Robin. "Je ne comprends pas, disait-il à ses poulains, pourquoi vous vous êtes obstinés à garder la balle alors qu'il était si facile de la faire courir ?"

"En pratiquant de cette manière vous avez favorisé, involontairement sans doute, le regroupement de l'excellente défense angevine, mais vous l'avez tout de même favorisé".

Scotti, dans son coin aussi placide que si rien ne s'était passé, frappait fortement ses souliers sur le plancher, afin de leur enlever la boue qui avait adhéré aux crampons.

Dès qu'il eut terminé son opération, nous allâmes lui demander son opinion.

On va voir qu'elle diffère sensiblement de celle de son coach :

"A mon avis, nous déclara-t-il, rien ne nous réussit actuellement car plusieurs d'entre nous sont FATIGUES.

Je sais que les réserves ne sont pas nombreuses. Cependant il vaut mieux laisser sur la touche un joueur vidé de ses accus que le forcer à opérer."

Pour qui parla le flegmatique Roger ?

Nous l'ignorons naturellement.

D'ailleurs, Scotti était tellement convaincu que cette thèse est la bonne, qu'il s'exclama, lorsque le président Aillaud lui eut dit à brûle pourpoint :

- Pour quelles raisons avez-vous autant de fois glisser sur le terrain ?

- Parce que beaucoup d'entre nous sont las...

Maurice GOIRAND

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Jean ROBIN, la Coupe et ...Fontainebleau

En trois rencontres l'O.M. n'a pas marqué le moindre but. Le fait était devenu habituel.

Sans être sombre (il ne l'est jamais), Jean Robin, entraîneur marseillais faisait remarquer que la faute première incombait à tous ceux qui avaient voulu faire leur petit solo et ils étaient en majorité dans l'équipe marseillaise.

"Avec un peu de cohésion nous aurions pu remporter la victoire, reprochait-t-il à ses hommes. Je regrette que ma recommandation, très stricte sur ce point n'ait pas été observée."

Comme on lui faisait remarquer que, ce prochain dimanche, le Championnat allait laisser place à la Coupe avec, pour ses hommes un adversaire à leur main, Jean Robin qui pensait aux trois derniers "à zéro" enregistrés par son attaque rétorqua :

"Je souhaite que nous n'ayons pas à enregistrer de nouveau... adieux de Fontainebleau !"

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(Photo : collection Cyril Yvon)

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