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Résumé Le Provencal

du 11 février 1957

  

Reims a donné une leçon de football à l'O.M.

Opinion unanime : Spectateurs... et joueurs :

"Le résultat est logique"

Ainsi donc, ce onze olympien dont on pourrait dire que les saute d'humeur ressemble à celle d'un enfant gâté, a laissé une fois encore dans les limbes, la victoire qu'il se devait d'offrir à ses supporters.

Ces derniers étaient venus plus de trente mille pour apporter leur pardon à une équipe qui, voilà huit jours, heurtait si douloureusement leur amour-propre.

Mais on s'expliquera d'autant mieux, aujourd'hui devant ce nouvel échec, combien est impardonnable la coupable déconvenue des Métairies.

Nous en sommes là. Le team marseillais est rendu à une réalité cruelle. La leçon qu'il a reçue hier des consciencieux professionnels de Reims et de celle dont on ne doit pas laisser échapper une miette. On doit avoir plaisir à écouter les cours de si talentueux démonstrateurs. Du moins le croyons-nous.

Aussi bien cet échec s'explique très simplement : supériorité technique, esprit tactique plus prononcé, volonté d'un côté. De l'autre, non pas un renoncement, mais un aveu d'impuissance. Que pouvait, en effet, la ligne d'attaque des marseillais, désarticulée à souhait contre le quintette rémois dont le football distillé, mesuré, mécanisé établissait sans pitié la différence entre les deux formations ?

La seule réplique dont disposer l'équipe locale tenait dans sa volonté, dans la hargne qu'elle aurait pu jeter dans le débat. Le travail forcené des uns et des autres aurait pu détruire en partie le jeu précis des Champenois.

Et pour cela, il aurait fallu que cette tactique - si l'on peut employer ce mot - soit collectif. Ce n'est pas les efforts sincères de Mesas, de Gransart ou de Jensen en début de match, ni la volonté de Scotti et Marcel apportèrent en seconde mi-temps qui pouvaient faire la décision. Tout cela manquait de liaison.

En fait, nos Marseillais savait bien, après un quart d'heure de jeu, qu'ils avaient affaire à plus fort que.

Mais on peut toutefois penser que la formation olympienne n'était pas idéale. En intégrant Tivoli dans la ligne d'attaque, on prenait des risques. Les indications sur la condition physique des militaires de l'O.M., retour d'Algérie avaient été probantes. Tivoli s'est retrouvé hier - pour une entrée - au beau milieu d'un match dont le long était visiblement au-dessus de ses possibilités.

Une erreur ? certes ! Mais a-t-elle changé quelque chose au destin du onze marseillais en phase de cet adversaire ?

Nous le répétons, l'O.M. avait trop peu d'arguments valables dans sa giberne. Celle de Reims était beaucoup mieux garni.

Il ne reste pas moins qu'à travers l'enchantement que procure le jeu progressif des Rémois, on notera une certaine précarité dans la conclusion. Les tirs au but des avants rémois sont rares (huit tirs francs en 90 minutes). La présence de Fontaine, et celle de Vincent, ne semble pas avoir accru la fréquence de tir dans cette ligne d'avants. Remarque toute relative d'ailleurs, compte tenu du rendement général.

Mais cette étonnante précision dans la conduite du ballon, vers les buts ! L'offensive isolée n'existe pas chez les Rémois. Deux ou trois joueurs sont immédiatement autour du coéquipier propriétaire du ballon. Toute personnalité individuelle semble exclue de cette information champenoise.

Le football est un jeu collectif.

À Reims, ce principe à force de loi.

C'est ce que les hommes de Batteux ont démontré hier avec la suprême élégance qui reste leur marque.

Lucien D'APO

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L'O.M. ouvre la marque (Gransart), concède

un penalty et Leblond signe sa défaite (2-1)

Plusieurs milliers de spectateurs étaient déjà en place au coup d'envoi du match de lever de rideau opposant les amateurs de l'O.M. à ceux de Sète.

Aussi, lorsque M. Le Men appela les équipes représentatives de Reims et de Marseille, il avait un peu plus de 31.400 personnes qui permirent (avec plus de 8.700.000 frs) d'élever le double record de la saison, de l'affluence et de la recette.

Le temps est beau mais l'on regrette le vent soufflant par intermittence tandis que le soleil lui.

Le blond et Andersson...

La partie débute rapidement et Penverne, dès la première minute, matérialise les ambitions rémoises en shootant un coup franc obtenu pour faute de Mesas sur Fontaine.

La balle sort.

À la 4me minute, la défense locale traduit son besoin de s'organiser par une nouvelle intervention sanctionnée d'un coup franc contre Mesas, au bénéfice de Glovacki.

Les avants locaux comprennent le danger et, coup sur coup, Andersson rate la reprise d'un centre de Curyl, puis botte à côté (5me minute).

Le jeu se stabilisait et on ne note rien de marquant pendant plus de 10 minutes.

À la 17me minute, Leblond, actif en diable, place un centre shoot qui rase le poteau.

Comme jaloux de cette tentative, Andersson imite, sans plus de réussite, l'inter champenois trois minutes plus tard.

Coup franc de Gransart :

but !

Aux minutes 22, 23 et 24, l'O.M. inquiète Reims qui sentant le danger, commet, par Vincent, une faute sur Rustichelli.

Dès 35 mètres, Gransart botte le coup de pied de réparation. Frapper puissamment, la balle s'élève.

Jacquet semble vouloir sauter puis se ravise et se contente de suivre fidèlement des yeux la trajectoire qui passe dans la lucarne.

C'est le but réussi au milieu du vacarme que l'on devine.

O.M. 1- Reims 0.

Faute de Marcel :

Penalty est égalisation

Les "rouges" ne se découragent pas et Glovacki (29me minute), puis Vincent (32me minute) ajustent l'objectif. En pure perte.

À la 35me minute, Marcel un peu rapidement semble-t-il, se débarrasse de Vincent irrégulièrement, juste à l'intérieur de la surface de réparation.

Facilement, Fontaine à raison de Predal sur le penalty qui suit.

O.M. 1 - Reims 1.

La mi-temps survient sur ce score, après un arrêt de Predal sur tir de Vincent et un shoot de Penverne, imprécis.

Leblond trompe tout le monde.

Les deux équipes ont leurs chances intactes lorsque les opérations reprennent.

À la 51me minute, Jensen centre, Andersson, dans sa foulée, décoche un bolide. La foule espère... mais Jacquier se détend et renvoi du poing.

Glovacki répond à cette tentative, mais sans plus de bonheur, son heading passant à côté (52me minute) et Fontaine échoue (59me minute) alors qu'il était seul devant la cage phocéenne.

À la 69me minute, Leblond descend à amples enjambées. On attend un centre, mais le porteur du numéro 10 déclenche, dans sa foulée, un tir que Predal ne peut parer.

Reims 2 -O.M. 1.

Le match et joué et rien ne sera plus marqué : Hidalgo (77me minute) puis (89e minute, à deux reprises) ne parviendra pas à conclure, tout comme Leblond (80me minute) qui ne trouvera que l'extérieur des filets derrière son shoot, et Fontaine (87me minute).

Et si l'O.M. eut pu égaliser sans une sortie courageuse et efficace de Jacquet au devant de Rustichelli (85me minute), le gain de la rencontre revint au team qui le mérita le plus.

Georges LEOST

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Choeur des olympiens : "Les Rémois étaient trop forts pour nous"

La victoire des Rémois et de celles qui ne se discutent pas.

C'est tellement vrai d'ailleurs que les olympiens après le match et par les olympiens nous sous-entendant les joueurs, l'entraîneur et les dirigeants, ont reconnu loyalement que leurs adversaires avaient largement mérité leur succès.

Pour sa part Jean Robin nous a déclaré :

"Ils (les Rémois) ont beaucoup mieux joué que nous sur le plan collectif. Il était donc normal que nous soyons battus".

Scotti de son côté, avouait sans amertume : "On ne risquait pas de gagner aujourd'hui, car ils étaient bien trop forts (sic) pour nous".

Cette défaite était donc somme toute, approuvée par l'ensemble des acteurs malheureux du match. À l'exception d'un seul attaquant qu'est Palluch :

"Je ne discute nullement la victoire de mon ancien club. Je ne cherche également pas à la minimiser.

Cependant je dois dire aussi que si NOUS NOUS ETIONS MIEUX ENTENDUS, nous n'aurions peut-être pas été battus.

Et par entente, j'entends si nous nous étions mieux rapprochés.

Mais le mot de la fin ira quand même à notre olympien dont nous tairons le nom car il porte d'une part de responsabilité dans sa déclaration assez inattendue :

"Ce n'est pas en shootant deux fois aux buts pendant 90 minutes que nous pouvions espérer infliger une défaite au Rémois".

Ses réelles mais à qui la faute ?

Dans les vestiaires rémois on ne de rencontrer que des visages radieux. Ce succès venant après le revers essuyé en coupe le dimanche précédent, avait rendu le sourire aux joueurs et à l'entraîneur Batteux. Très détendu le coach champenois fit la critique de la partie :

"Je pense que le résultat est tout à fait normal. Nous aurions pu d'ailleurs marquer un but de plus. Notre domination en seconde mi-temps fut nette. Les Marseillais ont été souvent débordés quoi qu'il en soit, j'ai retrouvé mon équipe et je n'arrive pas à comprendre encore notre stupide élimination face à El-Biar

 

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Comment ils ont joué

JONQUET, LEBLOND, PALLUCH, JENSEN parmi les meilleurs acteurs

A tout seigneur tout honneur.

Parce que Reims l'a emporté en faisant le meilleur jeu, nous commencerons cette revue de détail par les visiteurs.

S'il est difficile de dissocier les composants d'une véritable formation que Batteux a réussi à doter d'un esprit d'équipe qui fait la valeur de l'ensemble, deux hommes ressortirent de ce lot brillant : Jonquet et Leblond.

Le premier, plus impérial que jamais, stoppa avec une admirable aisance les assauts des avants marseillais et relança des offensives avec précision, réparant les erreurs commises autour de lui.

Leblond s'attela à un labeur titanesque qu'il accomplit souvent avec bonheur. Il eut un passage à vide au début du second half, mais fut un danger permanent pour ses adversaires autant qu'un précieux auxiliaire pour les siens.

Hormis ces deux hommes, Jacquet "responsable" du but olympien, se montra opportuniste à deux ou trois reprises.

Siatka, dans l'ensemble, se rendit plus utile que Zimny. Penverne et Cicci assurèrent avec succès une constante liaison entre l'avant et l'arrière.

Dans le quintette offensif Fontaine ne parvint à se placer qu'à deux reprises. Glovacki travailla efficacement mais par intermittence ; Hidalgo se battit avec volonté, plus que Vincent, assez peu à l'aise en tout cas.

À l'O.M., Jensen confirma l'excellente impression des dimanches passés. Palluch et à un degré moindre Mesas et aussi Gransart furent les meilleurs une phalange au Marcel et Scotti s'acquittèrent de leur tâche sans ressortir outre mesure.

Andersson ne pouvait compter que sur Jensen (déjà fort occupé). C'était trop peu.

Il faillit pourtant faire oublier la carence surprenante de Curyl, Rustichelli et Tivoli qui ne permirent pas à l'O.M. d'user de la seule arme valable devant Reims : la contre-attaque.

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DOMINGO AURAIT PU GARDER

LES BUTS DE L'O.M. A SETE !

Depuis la blessure qu'il a contracté devant Nice, Marcel Domingo ne garde plus les buts de l'O.M. en raison de la fissure qu'il a contractée au poignet, et non une fêlure comme nous le croyions à tort d'ailleurs.

Hier après midi donc, les 31.000 spectateurs du Stade Vélodrome ont pu constater que le souple gardien Arlésien a assisté de la touche au match OM-Reims.

C'est tout à fait normal, mais ce qui l'est moins sans doute, c'est que l'on murmure que Domingo aurait pu effectuer sa rentrée contre Perpignan et à plus forte raison devant Reims, hier.

Les médecins, en effet, auraient dit qu'il pouvait jouer sans risques aux Métairies, à condition d'avoir un bandage spécial à son poignet.

A-t-on ignoré, en haut lieu, l'avis de la Faculté ?

C'est possible.

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