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Résumé Le Provencal

du 20 janvier 1958

 

Treizième défaite de la saison : L'O.M. BATTU

par ANGERS (2-1)

Nouvelle faillite des avants

... et la défense adverse était moyenne

Un match bien curieux en vérité, au cours duquel Angers donna longtemps l'impression de jouer une rencontre amicale, ne s'énervant qu'au cours des dernières minutes, comme dégoûté par l'incapacité des attaquants olympiens... De l'autre côté, un O.M. totalement inefficace, Fragassi n'ayant que des interceptions à faire... et aucun tir à stopper... Cet O.M. domina d'ailleurs territorialement une grande partie de la première mi-temps et d'une façon outrancière pendant un quart d'heure de la seconde... Mais, on le sait, sans aucun résultat tangible. Donc faillite totale des attaquants olympiens qui se sont avérés incapables de mettre à mal une défense angevine dont les arrières firent de nombreuses fautes.

Marcel, Leonetti

et Jensen...

Rustichelli et Curyl ne purent jamais en profiter, le premier parce qu'il se claqua dès la vingtième minute et le second parce qu'il eut en Kovalski un adversaire particulièrement coriace... et irrégulier.

Étant donné que Gunnar Andersson ne fut que trois fois en position de tir, que Tournier, s'il est un chien de berger efficace, mais pas un buteur, il était beaucoup demandé à Éric Jensen. Celui-ci ne déçut pas cette attente, mais il ne pouvait être au four et au moulin. Ses efforts personnels ne purent assurer le résultat. Si Roger Scotti sauva deux fois sur la ligne et s'il multiplia les interventions judicieuses, c'est tout de même Leonetti qui fut le meilleur au milieu du terrain. Il ne fit guère de faute, fut bon en défense et excellente en attaque, grâce à sa technique. Le meilleur match de Jean-Louis cette saison sans doute.

Tout de même le No1 revient à Jean-Jacques Marcel qui contra à tous coups impitoyablement mais localement l'excellent Bruey. Il est seulement dommage qu'il ait mit quelques balles en touche.

D'ailleurs, bien que Predal ait lâché quelques balles en début de match, la défense ne peut être tenue pour responsable de la défaite. Bedelian fit de bons débuts après un départ craintif... et son offensive de la 62me minute fut un des plus purs exploits du match.

Gransart non plus ne peut être trop critiqué.

Nous avons fait le procès des avants. Jensen en fut le plus dangereux. Tournier valut par une activité inlassable et son entente avec Curyl. Ce dernier livra un duel trop personnel à Kovalski... et personne en profita.

Andersson subit la loi de l'excellent Sbroglia et Rustichelli était trop diminué pouvoir faire oeuvre utile.

Fragassi, Sbroglia, Hnatow,

Bruey et Roulai excellents

Les Angevins possèdent une bonne équipe... Une défense dans Fragassi et Sbroglia sont les animateurs. Kovalski a le tort de jouer trop en marge des règles, mais quel athlète ! Quant à Pasquini, il ne ressortit jamais. Hnatow et Camoin forment une belle paire de demis.

Bruey évita de rencontrer Marcel sur sa route, mais dirigea intelligemment sa ligne, bien aidé par le subtil Roulai, le régulier Legrand et les rapides et intelligentes Bourrigault et Loncle. Mais comme nous l'avons dit plus haut, si cette équipe ne se mit jamais "à plat ventre" sa défense pratiqua un sévère marquage individuel et son attaque marqua dès qu'elle appuya quelque peu ses actions. Ce n'est pas réconfortant pour l'O.M. !

Louis DUPIC

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Trois buts dans les dix dernières minutes...

... mais deux pour ANGERS

C'est Angers qui engage, et d'entrée sur l'action de Bruey, Bourrigault rate la première occasion de la partie. L'O.M. contre-attaque par Curyl et Andersson et le premier d'une longue série de coup franc est sifflé contre le surpuissant Kovalski (2me minute)... Rustichelli perce irrésistiblement, mais il tire... cinq bons mètres au-dessus.

À la 7me minute, Curyl obtient un corner qui, bien tiré par Tournier, voit Rustichelli échouer de justesse de la tête. Une action Tournier - Curyl - Rustichelli obtient un 2me corner. À la 12me minute on note un premier tir de Bruey facilement arrêté par Predal.

Avantage territorial

à l'O.M.

D'ailleurs, l'O.M. manifeste un assez net avantage territorial sur une équipe visiteuse très décontractée, qui ne force guère son talent, ce qui est assez surprenant...

Vers la 15me minute, un centre de Rustichelli prend tout le monde à contre-pied, mais il n'y a personne à la réception ! Après un 3me corner, Tournier tire de peu à côté. Le même Tournier peu après, lance Curyl qui centre. Andersson rate la reprise.

Angers, par Bruey, inquiète Predal qui concède son premier corner, puis Loncle est arrêté irrégulièrement par Gransart.

Sur la contre-attaque, Rustichelli bien lancé par Jensen, tire sur Fragassi. Sur cette action, Dominique, claqué, va se faire soigner. Et entre en boitillant, tandis qu'Andersson trouve par un bon centre de la tête de Curyl qui met de peu au-dessus.

De la 26me à la 28me minute la pression de l'O.M. s'accentuera et Kovalski, par ses irrégularités se fera pénaliser à quatre reprises. Mais tout cela ne donnera rien, malgré un cafouillage indescriptible sur le 4me.

Fragassi, peu après, interceptera un très bon centre de Jensen. À la 36me minute, Scotti sort littéralement la balle de ses filets et une minute plus tard Kovalski encore pénalisé, écope d'un avertissement.

Scotti échoue de justesse

Legrand inquiète Predal par un bon tir, mais à la 40me minute, Roger Scotti à la plus belle occasion de marquer sur un faible renvoi de Pasquini. Il envoie de très peu au-dessus ! Predal arrêté bien un tir de Loncle.

Fragassi l'imite en sauvant dans les pieds de Curyl... Et c'est le repos.

Dès la reprise, Curyl obtient un 4me corner et l'O.M. de la 55e à la 65e minute va mener le débat... mais laisser passer sa chance !

Le grand moment de l'O.M.

Une longue ouverture de Marcel permet à Andersson de faire un très bon centre repoussé par Fragassi. Dans la seconde qui suit, Leonetti l'imite et Curyl d'un retourné acrobatique met de peu à côté.

À la 57me minute, Kovalski concède maladroitement un 5me corner puis un loupé du même arrière permet à Curyl de s'échapper. Il tire au-dessus.

A la 60me, Gunnar Andersson se met en position de tir, mais sa balle est molle et peu dangereuse. Sur le renvoi, Curyl échappe encore à Kovalski, celui-ci le retient par le bras, Curyl se dégage et arrive seul devant le but. L'arbitre siffle coup franc, bafouant la règle logique de l'avantage. Deux minutes plus tard, Bedelian part de ses seize mètres, traverse tout le terrain pour démasquer habilement Curyl. Celui-ci est écroulé à quelques mètres du but... sans sanction.

C'est encore Leonetti qui tire de très peu à côté. Mais Angers se dégagent. Hnatow, puis Bruey inquiète Predal qui concède un 2me corner puis un 3me...

L'O.M. a jeté tous ses feux sans résultat !

Angers mène la danse...

Sur une action de Bruey, c'est encore Roger Scotti qui sort la balle de ses filets. Angers presse le mouvement. Demis et avants appuient leur action... et l'O.M. court dans le vide.

À 72me minute Rovial de la droite tire sur la barre.

Deux fois de suite, Marcel doit contrer Bruey très près des buts. Sbroglia montait à l'attaque, décoche encore un bon tir de loin bien arrêté par Predal...

...et estoque l'O.M.

A la 80me minute, Bourrigault est bien lancé dans le trou par Bruey... Il attire Predal, mais glisse la balle à côté du but. Dans les secondes qui suivent, le même Bourrigault, en position de la balle tente sa chance et marque le premier but du match d'un tir croisé. Bruey dès l'engagement est stoppé une fois de plus par Marcel et à la 40me minute Roviai, très décontracté, dribblera Leonetti, Gransart et Bedelian avant de tromper facilement Predal (2-0).

Angers continuera à mener le bal, mais peu avant le coup de sifflet final, une passe en retrait hasardeuse de Kovalski à son gardien, permettra à Andersson de réduire le score... C'est la fin, l'O.M. a obtenu l'avantage des corners (6-3), mais a bel et bien perdu un match de plus...

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LE GOUT SE PERD

Le stade de la colère est dépassé. Le public du Stade-Vélodrome, qui continuait encore, à espérer, et comme ankylosé à chaque trille final. C'est l'état de mortification qui suite toute grande déception.

Bien sûr, il siffle encore, mais ce ne sont plus des contre-ut, tout juste des vocalises inspirées par les dernières réactions.

Tout cela est bien affligeant. L'O.M. - le grand O.M. - erre maintenant sur le terrain du championnat. Et de si triste manière qu'il ôte au plus passionné jusqu'à l'envie de critiquer pour ne l'autoriser qu'à des rébellions spasmodiques.

Le goût se perd de fustiger de traduire dans ces colonnes la colère de ses pèlerins (ils étaient hier 12.000) trahis par leur dieu.

Nous sommes en face d'une situation de fait, nous voilà abasourdi. Car décidément ce que cette équipe marseillaise avait encore de mieux, c'était... ce splendide maillot bleu inauguré pour cette nouvelle déconvenue.

Car ne parlons plus du reste.

METHODE DE JEU : morte, inexistence. Ou si vous préférez, enfouie parmi les souvenirs poussiéreux du vieux club marseillais.

CONDITION PHYSIQUE : ...ce qu'il en reste plutôt, c'est-à-dire vraiment peu. La forme, disait Albert Spitzer, ne s'obtient pas dans un laboratoire et par de bonnes paroles. Il y a l'herbe fraîche des stades, des muscles qui doivent continuellement jouer et des maillots pour les tremper.

L'O.M. - vous ne l'avez pas vu à Marseille depuis un mois - fut ainsi à Nice, à Nîmes, à Oran. Plein d'illusions et quelquefois d'audace en première mi-temps, affolé, inquiet, sans structure, sans âme durant la seconde.

Et on continue à nous abreuver de théories et d'explications.

Il y a des histoires trop connues pour être bonne. Mais quand donc changera-t-on de répertoire ?

Lucien D'APO

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M. DOMINGO : "Les MARSEILLAIS

NE CROIENT PLUS A LA VICTOIRE ! "

Dans le camp des Angevins régnait une sorte de surprise générale.

L'entraîneur Blondel, heureux du succès de ses troupes, nous dit : "Vraiment, les Marseillais ne sont pas vernis ! Rustichelli fut le plus dangereux des avants phocéens jusqu'à son claquage ! Nos adversaires n'ont pas démérité !"

Fragassi, très sincèrement, nous confia : "Je suis peiné pour les Marseillais ! Ils ne méritent pas d'être traités aussi durement par leur public !"

Camoin, ancien Scumiste, était placé en face d'un débat cornélien : il ne savait pas s'il devait sourire aux faire la moue : "Il faut les aider ; les Olympiens ne doivent pas descendre, ce serait un coup de sort trop cruel !"

Pasquini nous livra son opinion en ces termes : "Les marseillais n'ont pas le moral ! Ils ne se livrent pas assez. On dirait qu'ils se croient condamnés d'avance..."

Chez les Phocéens, l'ambiance était à la tristesse et on le comprend aisément. Les joueurs se rhabillaient sans mot dire, comme de véritables automates, certains éléments avaient même les yeux rouges. M. Zaraya, sombre, dans un coin, ne soufflait mot.

M. Haon s'exclamait avec une ombre de désespoir : que voulez-vous, ils sont trop fragiles ! Pas moyen qu'ils finissent match au complet !"

L'entraîneur Jean Robin baissa la tête et soupirait : "Il n'y a rien à faire... il n'y a rien à dire. Ce match était à leur portée... mais il a fallu le claquage de Rustichelli !"

J. J. Marcel sous la douche, essayait de faire bon coeur contre mauvaise fortune : "Si ça continue, il faudra rentrer sur un terrain avec des calibres !"

Roger Scotti essayait de se montrer philosophe : "Rien à dire ! Et puis pourquoi répéter toujours la même chose ? Je sais ce que nous valons... malheureusement je ne peux changer d'avis !"

Jean Palluch tentait de remonter le moral de ses camarades : "Si l'arbitre avait sifflé un penalty en notre faveur pour Curyl, nous aurions mené 1 à 0 et cela aurait tout changé ! Enfin je suis rétabli et dès dimanche je pourrais rentrer... Vous verrez nous gagnerons !"

Marcel Domingo était revenu de Barcelone pour encourager ses coéquipiers : "Les olympiens sont trop contractés... ils ne croient plus en la victoire !"

Alain DELCROIX

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BEDELIAN a réussi

son entrée

Pierre Bedelian n'a pas raté son entrée. Après un début non pas mauvais, mais hésitant, au cours duquel il se contenta de diriger la balle vers un partenaire, ne voulant courir aucun risque, il se comporta fort bien par la suite. Ses interventions sur l'homme sur net, ses dégagements la plupart du temps bien dirigés, et il accomplit à la 72e minute, une contre-attaque comme on en voit une de temps en temps, qui fut, avec le but de Roulai, un des plus beaux exploits du match.

Bedelian n'est pas un garçon très bavard, et l'amertume de la défaite ternissait la joie d'avoir fait une bonne performance. Aussi, tout ce que nous avons pu lui tirer sait qu'il lui semblait que le jeu été plus rapide que chez les "purs" mais qu'après tout, ce n'était pas si terrible que ça...

De toute façon pour ses débuts il mérite d'être classé parmi les bons joueurs de la rencontre.

 

 

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