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Résumé Le Provencal

du 22 décembre 1958

 

L'O.M., volontaire et obstiné, ouvre la marque par FARMANIAN

mais DORSINI égalise pour Toulouse

qui obtient un heureux match nul

Le temps est couvert comme de bien entendu lorsque les équipes marseillaises et toulousaines s'apprêtent à "envahir" la pelouse.

Une pelouse humide, c'est aussi compréhensible après la semaine pluvieuse qui a précédé la rencontre. Toulouse apparaît en blanc et rouge de l'O.M. en bleu. Le temps, lui, est toujours chargé de nuages gris et noirs.

On voit, dès le coup d'envoi donné par Tillon, le même Tillon shooter à ras de terre à côté des buts de Roussel sur service d'Eschman.

Réplique immédiate par Schultz qui met au-dessus, la balle éraflant l'horizontale. Ça promet !

Exploits de ROUSSEL

La remise en jeu à peine effectuée, Eschman sert Farmanian dont le tir est cueilli par Roussel à la manière d'un plongeur de haut vol. Il y a à peine cinq minutes que l'on joue.

Dégagement au pied de Fischbach devant Dorsini, puis nouveau centre shoot de Farmanian cueilli par Roussel.

Toulouse obtient un corner sans le moindre danger pour l'O.M. qui reprend une laborieuse occupation du terrain toulousain.

Une splendide ouverture d'Oliver (16me m.), sur Tillon, permet à ce dernier un sprint et un shoot repoussé de la main par Roussel. Un autre shoot immédiat d'Oliver et aussi repoussé au pied cette fois par le même Roussel, qui plonge encore avec succès sur un essai de Touré et sur un coup de tête du même Touré.

Un corner pour Toulouse (27') tiré par Dorsini, est stoppé au milieu d'un paquet aérien de joueurs par Fischbach et, à la demi-heure, une course échevelée d'Eschman sur la gauche se termine par un centre shoot repris par... un défenseur toulousain qui met en corner.

Roussel, sortit au devant d'Eschman était battu !

Un corner pour Toulouse et un coup franc pour l'O.M. à 20 m. ne donnent rien, puis, sans en avoir l'air, Touré (39') place impressionnant paquet que Roussel se content de repousser en plongeant.

Ont ne peut pas reprocher aux 22 acteurs de ne pas se livrer, mais, chose assez curieuse, on ne semble pas l'imminence d'un but...

...Et au repos Fischbach ni Roussel ne se sont inclinés.

Un zéro à zéro qui, cependant n'avantage pas l'O.M.

FARMANIAN ouvre la marque

C'est sans doute pourquoi le sort voudra, dès la reprise, se racheter, car à la 49e minute Tillon tente sa chance mais rate son tir qui va vers Farmanian ailier droit rabattu, lequel reprend sans tarder et ouvre la marque.

TOULOUSE déchaîné

Toulouse n'a dès lors pas le choix : il lui faut attaquer. Un tir terrible de Brych s'écrase sur l'horizontale (53'), un autre de Cahuzac passe à côté des filets vides la minute d'après, mais Roussel stoppe un tir de Touré servi par Eschman et détourne en corner un autre tir d'Eschman cette fois.

Le mérite de l'O.M. est de répondre à la volonté de vaincre des Toulousains par une volonté au moins égale d'augmenter son avance. Ce qui crée... du désordre dans les lignes arrières !

Un coup franc tiré par Schultz (75') est mis en corner par Fischbach, un centre-shoot de Gransart, repris par Célestin Oliver subit le même sort de la part de Roussel.

DORSINI égalise

La défense olympienne pourtant continue à manquer de la plus élémentaire prudence et ce qu'on craignait arrive à la 74e minute Fouillen sert Dorsini en position d'avant-centre.

Le minuscule lorrain de Toulouse ne s'émeut pas le moins du monde de la sortie de Fischbach à son devant et, calmement, égalise d'un tir à ras de terre.

C'est en quelque sorte le point culminant du match, en ce sens que, plus tard, on ne verra plus les attaquants conserver le contrôle de la situation.

Même dans les ultimes minutes, Schultz, pour Toulouse, ne parvient pas à lober Fischbach et deux tirs de Farmanian font simplement passer le frisson dans le camp toulousain.

L'O.M., pour une fois, méritait de gagner, mais un gardien nommé Roussel l'en a empêché.

C'est le premier enseignement à tirer de cette rencontre qui, somme toute, fut assez agréable à suivre.

Jean PEYRACHE

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L'ATTAQUE DE L'O.M. TIRA BIEN

...mais ROUSSEL joua un match

de classe internationale

Autant la récente victoire de l'O.M. sur Limoges avait été décevante autant le match nul contre Toulouse peut être considéré comme encourageant.

Nous avons eu enfin, impression que cette équipe marseillaise jouant comme elle le fit aujourd'hui en première mi-temps, avait une chance de remonter son handicap au classement.

Une chance bien maigre certes, mais réelle.

Nette amélioration

de l'attaque de l'O.M.

Pour la première fois de la saison, sur la pelouse du stade vélodrome, l'attaque de l'O.M. a réussi à fournir un jeu lié et à tirer un peu plus souvent que sa rivale.

Pour une fois, le gardien d'en face, en l'occurrence l'excellent Roussel , s'est trouvé dans de multiples situations extrêmement périlleuses.

Car si Fisbach a été, lui aussi, mis à contribution, ce ne fut généralement que sur des contre-attaques.

Des contre-attaques, il est vrai des plus dangereuses, puisqu'à leur tête se trouvait le redoutable Schultz.

Mais l'O.M. exerça, presque de bout en bout, une pression constante, qui se traduisit par un nombre de tirs appuyés, dépassant nettement la moyenne habituelle de son attaque.

Dans le domaine offensif donc nous avons noté une très nette amélioration ; et sans doute cette amélioration aurait-elle valu une victoire éclatante aux Marseillais, si Roussel n'avait pas précisément joué un match de classe internationale.

TOULOUSE : une rude machine

de championnat

Le gardien toulousain, pas toujours très bien protégé par sa puissante, mais peu mobile défense, se mit constamment en valeur, par sa détente, sa souplesse, son coup d'oeil... et un sens du placement jamais mis en défaut.

Son exploit : une déviation en corner sur un tir fulgurant de Célestin Oliver, à la 69me minute.

Roussel fut cependant battu, par un "gauche" à bout portant de Farmanian : et l'on pensait que l'O.M. allait l'emporter quand Dorsini.

Et ce ne fut pas le moindre mérite de cette rude machine à championnat qu'est le Toulouse F.C. de n'avoir jamais désespéré.

De bout en bout, les Schultz, Cahuzac, Bruat, Wendino et Muller s'accrochèrent au terrain et à la balle avec une belle opiniâtreté.

Rien de génial, mais du très bon travail artisanal ; et l'on comprend pourquoi cette équipe est invaincue de plus d'un mois et vient d'obtenir son 3me match nul consécutif en déplacement.

Dans de telle condition, et encore que l'O.M. ait perdu un point précieux, on ne serait la condamner sur ce demi-échec.

À l'exception de sa première mi-temps à Nîmes elle n'avait jamais aussi bien joué.

Tillon et Touré en particulier ont fait une très bonne partie.

À ce sujet, on ne peut que regretter qu'il n'ait pas sauté aux yeux des responsables de l'O.M. qu'une attaque avec Touré à l'inter-droit et Eschman au poste d'ailier gauche eut été beaucoup plus logique.

Farmanian, auteur d'un but tout en finesse, fit une rentrée très honorable ; et le jeune Guix n'a pas déçu.

Accordons également une bonne note à Marcel, Alauzun, Gransart et Célestin Oliver.

Nous suivrons avec sympathie les efforts de cette courageuse équipe pour se tirer d'affaire...

...même s'ils devaient être vains.

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IL FAUT-IL CROIRE

AU PERE NOEL

Pour la première fois de la saison, les onze joueurs de l'O.M. ont quitté le stade vélodrome sous les applaudissements du public.

D'un public qui avait retrouvé son équipe ; et qui était heureux de le manifester spontanément.

Il est des demi-échecs qui valent des victoires. C'est bien le cas de cet O.M.-Toulouse F.C. qui fut certainement la meilleure rencontre vue à Marseille depuis le mois d'août dernier.

Pour la première fois, aussi, l'attaque n'a pas été la plus mauvaise division de l'équipe.

Le "mur" toulousain a été percé...

On attendait Bruat, Wendling, Cahuzac... et compagnie qui forment ordinairement, un des plus solides blocs défensifs existant en France.

Dimanche dernier encore, l'attaque de Sochaux, victorieuse de Reims et du Racing, en déplacement, avait butté sur ce véritable mur.

Or, on vit Tillon livrer un duel souvent victorieux à Bruat ; Touré ratisse la balle, dribbler et tirer au nez et à la barbe de Wendling ; Eschman et même Farmanian s'infiltrer... tandis que Célestin Oliver fournissait en position de retrait, un labeur peu spectaculaire mais écrasant.

Bref, ça tournait rond... et ça tirait.

Ca tirait même si bien et si fort (Tillon, Touré, Eschman, Oliver...) que Roussel fut, sans discussion possible, l'homme du match.

La tête et la détente

On a souvent tendance à surestimer la performance d'un gardien largement sollicité.

La chance et les circonstances tiennent parfois lieu de classe.

Rien de tel dans le cas de Roussel, hier après-midi.

Le "Montpelliérain fut à la fois un "goal volant" et un "goal classique".

Nous avons gardé le souvenir très net d'une des phases les plus spectaculaires de la rencontre.

Elle se situe au milieu de la seconde mi-temps.

Eschman reçut la balle de la gauche, la contrôla et tira, presque immédiatement, sous un angle assez ouvert.

Pendant ce temps Roussel, suivant la trajectoire du centre avait réussi à se placer, ce qui lui permit de dévier le ballon en corner auprès d'un sensationnel vol plané.

La tête et les jambes ou, plus exactement, la tête et la détente.

Une grande espérance...

Roussel a donc volé, au propre et au figuré, l'Oscar de la rencontre à l'attaque marseillaise.

Mais cette dernière a fait naître hier après-midi de grande espérance.

Si elle peut jouer encore d'aussi belle façon, tous les espoirs peuvent encore être permis.

Dans une épreuve de longue haleine comme championnat de football, la valeur des équipes à plus importance que le calendrier.

L'O.M. vient de nous prouver qu'ils avaient la possibilité de marquer des buts et des points. Le reste est bien secondaire.

On s'est aperçu, également, que quand l'ensemble d'une équipe joue bien, les places occupées par les joueurs ont assez peu d'importance.

C'est ainsi que Touré a été un des meilleurs joueurs du match alors que le poste d'ailier gauche la lui va comme l'eau à un chat...

...Et, en sortant du stade-vélodrome, l'un des plus fidèles supporters de l'O.M. nous a posé une question qui, pour être d'actualité, n'en résume pas moins la situation :

"Faut-il croire au Père Noël ?"

Maurice FABREGUETTE

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Pierre CAHUZAC : "Est-ce que l'O.M joue toujours ainsi ?"

C'est sur le terrain même du Stade-Vélodrome que l'entraîneur toulousain René Pleimelding, au visage de corsaire, nous disait sa satisfaction d'avoir assisté à un vrai, a un grand match.

"Pour moi, le résultat est assez logique, car nous avons eu des occasions très nettes, mais l'O.M. a tiré au but beaucoup plus que nous. Roussel a fait un très grand match ! Il eut été dommage que l'une des deux équipes perde après une aussi belle rencontre !"

Cahuzac, dans le couloir, avait demandé à Jean-Jacques Marcel si l'O.M. joue toujours aussi bien. "Au moins aujourd'hui, nous nous sommes "régalés" (sic) le public a dû être satisfait ! " Schultz, lui, ne l'était pas d'avoir raté ses deux tirs devant Fischbach.

Roussel, héros de la rencontre, expliquait qu'il avait été pris à contre-pied par le tir de Farmanian et qu'il l'attendait plus violent que placé, "J'ai effleuré la balle !". "Tu auras dix étoiles " lui dit Muller.

Le vestiaire marseillais s'ornait, si l'on peut dire, de visages absolument désolés, et reconnaissons il y avait de quoi !

Jean-Jacques Marcel était de loin le plus abattu.

"D'accord aujourd'hui nous avons bien joué, mais nous avons perdu un point. Nous préférerions avoir gagné en mal jouant !" Nous lui assurions être d'un avis tout à fait opposé, ce qui n'eut pas l'air de le consoler : "Seul le résultat compte, hélas !..."

Gransart et Farmanian estimaient que ce match avait sans doute eu le mérite de reconquérir le public marseillais.

M. Paul Martinelli disait à Touré qu'il avait eu tort d'avoir peur de jouer à l'aile gauche.

"Tu vois, ça n'était pas une punition que l'on infligeait, puis-tu t'en est très bien tiré ! "

M. Zaraya, que l'on n'avait pas vu sur le banc du bord de la touche, enrageait après Roussel !...

"Avec un gardien moyen dans la cage de Toulouse nous gagnions avec deux buts d'écart !"

C'est bien d'accord, M. Zaraya mais un gardien de but c'est fait pour ça !

Louis DUPIC

 

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