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Résumé Le Provencal

du 02 avril 1962

 

A SAUCLIERES, LES SUPPORTERS MARSEILLAIS COMBLES AU-DELA DE LEURS PLUS CHERES ESPERANCE

L'O.M., maître absolu du jeu en seconde mi-temps

Remporte, à BEZIERS, une étincelante victoire (4-1)

BEZIERS (par téléphone) - En espace de 90', nous avons vu O.M. sous deux visages très différents.

En première mi-temps, sous un ciel de Toussaint, les joueurs marseillais nous offrirent le spectacle d'une d'équipe de Deuxième Division. Une équipe pavée comme l'Enfer, de bonnes intentions, mais jouant de façon aussi désordonnée que son rival. Quoi d'étonnant, dans ces conditions, à ce que la fougue biterroise ait légèrement prévalu : 1-0 pour Béziers à la mi-temps.

En deuxième mi-temps, le soleil ayant enfin percé les nuages, l'O.M. se transforme soudain en équipe de Première Division.

Qu'il était beau c'est O.M. là, faisant courir la balle, assurant toutes ses passes de l'arrière à l'avant, bref donnant dans une lumineuse leçon de football à son infortuné adversaire.

Ce fut alors, sous les yeux ravis de 5 à 600 supporters marseillais, et au son des pétards, un véritable "cavalier seul".

4 buts dont 3 d'excellente facture vinrent concrétiser ce net avantage.

Pourtant, ces 4 buts ne reflètent qu'imparfaitement l'écrasante supériorité marseillaise durant ces 45 dernières minutes. Avec un rien de chance, les Biterrois, fatigués par leur course inutile après la balle et passablement écoeurés, auraient pu connaître un véritable désastre.

Le soleil d'Austerlitz

Quelle différence aussi entre l'entrée et la sortie de l'équipe marseillaise.

Avant le match, M. Zaraya disait à son collègue biterrois, M. Brétaud : "Je signe pour un match nul".

Après la rencontre, dans le vestiaire des Olympiens, qui était celui de l'équipe championne de France de rugby : "je réponds que la Première Division est presque retrouvée" et dans l'allée jouxtant les tribunes de Sauclières les bannières bleues et blanches brandies par des mains frémissantes brillaient au soleil retrouvé, un soleil qui, pour l'O.M. aura été celui d'Austerlitz.

Béziers a tiré et marqué le premier

Venons-en maintenant aux faits.

Les 15 premières minutes furent nettement biterroises.

Sur une pelouse fraîchement labourée par les crampons des rugbymen de Béziers et de Lourdes les "faussaires" locaux comme on le dit ici faisaient la loi.

À noter deux tirs de Lubrano, un de Boukhalfa assez mous, imprécis heureusement.

Cependant, entre la 13me et à la 22me minute, l'O.M. eut 2 assez belles occasions de conclure. C'est d'abord Milazzo qui, à la suite d'une montée avec Pavon, ne put assurer son tir par la faute d'une motte d'herbe, alors que la cage s'ouvrait largement devant lui.

C'est ensuite Tivoli, dont la reprise directe sur centre de Milazzo fut arrêtée par Lemoul.

On commençait toutefois à espérer dans le camp marseillais, quand Tassone laissa partir Christol, Moulon, venu à la rescousse, tomba malencontreusement. L'avant-centre biterrois centra en retrait. Albert put s'emparer de la balle et d'un violent "pointu" de 22 mètres environ ne laissa aucune chance à Moreira.

Béziers : 1. O.M. : 0.

Là-dessus, Christol marqua un deuxième but justement refusé pour hors-jeu et Boukhafa, sous un angle réduit, tira fortement sur le poteau !

Un but de Milazzo refusé pour hors-jeu

L'O.M. assez vexé, semble-t-il, repartit alors à l'attaque. Un tir de Tellechea passe de peu au-dessus de la transversale, et à la 33e minute, Milazzo reprenant de très près une balle renvoyée tant bien que mal par Lemoul, à la suite d'un tir de Dogliani, égalisa.

Du moins le crut-on jusqu'au moment où l'arbitre refusa ce but pour hors-jeu de l'avant-centre marseillais.

Protestations... Bruits divers dans le clan des supporters olympiens, mais l'arbitre, qui, semble-t-il avait raison en l'occurrence, ne revint pas sur sa décision !

A cinq minutes de la mi-temps, nouvelle alerte dans le camp de l'O.M. sur un centre de l'excellent demi Saez. Albert reprit de la tête et rabattit la balle sur le poteau marseillais.

Et voilà pour cette première mi-temps qui ne laissait nullement supposer ce qu'il allait suivre.

Dogliani, Griffith, Tivoli... c'est le k.o.

Dès là reprise, les choses ne traînèrent pas.

À la 49me minute, un long service de Milazzo trouva Dogliani. Le jeune marseillais avec le sang-froid d'un vétéran, esquiva la charge de Facerias, et très tranquillement logea la balle dans la cage biterroise.

O.M. 1 - Béziers 1.

Embrassades, sauts de joie, pétards dans les tribunes... et dix minutes plus tard, le même Dogliani bousculé par un adversaire obtenait un coup franc pour son équipe.

Tivoli le tir directement, Griffitch dévie la balle au passage et c'est un nouveau but pour Marseille.

O.M. 2 - Béziers 1.

Le k.o. n'allait pas tarder.

Dès la remise en jeu ou presque, Tivoli servi au centre tira en force de 18 bons mètres. Lemoul plongea, mais n'arrêta pas la balle.

O.M. 3 - Béziers 1.

À Lefevre et brillante conclusion

La suite n'est plus qu'une énumération d'occasions marseillaises. Tandis qu'en face Béziers fait ce qu'il peut, comme il peut, le moins mal qu'il peut.

Parmi ces multiples tentatives marseillaises, toutes marquées au coin du meilleur football relevons-en seulement deux.

Une reprise de Milazzo à la suite d'un corner joué en deux temps par Lefevre et Pavon et un redoutable tir de Tivoli que Lemoul ne put que repousser.

Enfin à 4 minutes de la fin, Tellechea en position d'ailier gauche réussit à centrer juste devant le meilleur pied de Lefevre. Reprise direct et excellent but : le quatrième de cette brillante série pour l'O.M.

Il serait presque inutile d'ajouter que le terrain fut envahi, mais de la façon la plus sympathique qui soit, quand M. Barde siffla la fin.

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En vedette à Sauclières

TIVOLI sur le terrain

Otto GLORIA sur la touche

BEZIERS - Victoire largement méritée et sympathique, car ce fut celle du football sur le ballon, et de l'organisation tactique sur l'anarchie.

L'O.M. en 45 minutes étincelantes, a surpris agréablement ses plus chauds supporters.

Avant la rencontre, on de savait quel crédit accorder à cette équipe toute nouvelle, fortement rajeunie et privée de ses solides et expérimentés footballeurs que sont : Knayer, Sansonetti, Alauzun et Bruneton.

Et bien ! une fois de plus, l'audace et la jeunesse ont payé au-delà de toute espérance.

Tivoli par la grande porte

Après des débuts assez laborieux, Tassone, Bordere et surtout Dogliani ont amplement justifié la confiance mise en eux.

Répétons-le, l'O.M. possède dans son équipe amateur une véritable mine d'or.

Cependant, la jeunesse n'explique pas tout. La réussite est venue essentiellement de l'heureux mariage entre cette dynamique jeunesse et l'expérience des joueurs professionnels.

À ce sujet, il nous est agréable de souligner l'excellente partie de Tivoli. Ce joueur, encore relativement jeune, et qui ne manquait que de compétition, et enfin entré dans l'équipe première par la grande porte.

Il fut indiscutablement le meilleur joueur sur le terrain en deuxième mi-temps.

Semblant avoir trouvé son second souffle, il se signala par l'extrême précision de ses services, sa "vista" et la qualité de son tir.

Milazzo et Tellechea dont l'éloge n'est plus à faire, furent égaux à eux-mêmes, ce qui ne surprendra personne.

Le premier joua avec bonheur les stratèges et le second travailla de bout en bout avec sang-froid et précision.

Lefevre paraissant avoir retrouvé la joie de jouer, se mit au diapason de ses partenaires de l'attaque et il n'est pas jusqu'à Pavon qui n'ait justifié son choix.

Quant à Moulon et à Leonetti, ils tinrent leur place dans leur autorité coutumière.

Moreira ne commit pas la moindre faute, le tir d'Albert étant pour le moins très difficile à arrêter.

La part d'Otto Gloria

Mais il est un autre point sur lequel convient d'insister : Il tient sans doute à la présence d'Otto Gloria sur le petit banc de la touche.

Il n'a échappé à personne que l'O.M. avait en seconde mi-temps grâce au décrochage de Milazzo joue de façon plus large et plus méthodique.

Alors qu'en première mi-temps les Olympiens se ruaient à l'attaque à la Biterroise, c'est-à-dire sans grand discernement, par la suite, ils adoptèrent une position plus élastique et qui favorisa grandement la circulation du ballon.

Or, c'est en faisant courir la balle que les Olympiens prirent nettement le dessus sur les Biterrois qui, eux, courraient avec le ballon.

Cette tactique rationnelle, qui est la base du triomphe olympien, a été imposée par Otto Gloria pendant le repos.

Rendons donc au souriant entraîneur de l'O.M. la part qui semble lui revenir.

Saez, Bomdel et Fioritti

En ce qui concerne l'équipe biterroise on s'étendra moins sur son compte. La manière olympienne en deuxième mi-temps fit ressortir ce qu'il y avait de primaire dans le jeu des joueurs de Béziers.

La furia, la volonté, l'attaque de la balle, c'est bien joli, mais ca ne vaut pas le véritable football !

Saez, Bomdel et Fioritti furent sans doute les meilleurs joueurs de cette équipe courageuse, mais assez faible en technique et en tactique.

Arbitrage impartial et autoritaire de M. Barde.

M.F.

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M. ZARAYA : J'ai eu raison de faire confiance au jeunes

BEZIERS - On ne chantait pas dans les vestiaires de l'O.M. après la rencontre, mais c'était tout comme.

M. Zaraya, un peu surpris tout de même, nous a accueilli par cette question.

"N'est-ce pas que j'ai eu raison de faire confiance aux jeunes ?"

Otto Gloria, sans son petit chapeau, paraissait avoir fait une cure de jeunesse :

"C'est ça le football, disait-il à son entourage. Faire courir la balle et non pas courir avec. Nous avons beaux être dans un vestiaire de rugby, c'est au football que nous devons jouer."

Et d'ajouter : "Je suis très heureux pour Tivoli ; il fallait lui faire confiance. J'espère que ce match va le mettre tout à fait d'aplomb."

Héros de la fête, Tivoli expliquait à Tellechea que l'équipe avait mieux joué en seconde mi-temps, parce qu'elle s'était préoccupée d'occuper le milieu du terrain.

Là-dessus, on appris deux bonnes nouvelles : Bordeaux avait été battu chez lui, et surtout Troyes tenu en échec par Cherbourg.

"Voilà des points qui content double", s'est écrié alors le jeune et timide Dogliani, qui ne s'attendait sans doute pas à être à pareille fête.

Nuic : "L'O.M. nous a donné une leçon de football"

Dans les vestiaires biterrois, on ne paressait pas abattu outre mesure. La défaite finit par devenir une habitude pour ses sympathiques garçons.

Floritti nous a déclaré : "C'est Griffith qui a marqué le deuxième but de l'O.M. en déviant le tir de Tivoli. Je crois que Lemoui aurait pu l'arrêter sans ça."

Nuic, pour sa part, déclaré à qui voulait l'entendre : "L'O.M. nous a donné une bonne leçon de football. Son équipe a été supérieure à la nôtre, techniquement et tactiquement". Et là dessus, il s'est empressé d'aller féliciter Otto Gloria, en lui disant : "Bonne chance et en 1re Division la saison prochaine !"

M.F.

 

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