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Résumé Le Provencal

du 04 février 1962

 

SUR UN TERRAIN GELE, PUIS EMBOURBE

Trois buts de MILAZZO concrétisent la supériorité

Tactique et technique de l'O.M. sur BELFORT

(De notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

MULHOUSE - Disons-le tout de suite, si le succès de l'O.M. sur Belfort, bien qu'il n'ait pas été sanctionné par un score fleuve, fut aussi incontestable et incontesté que méritoire.

Sur les 6.000 spectateurs présents, plus de la moitié étaient venus de Belfort avec des banderoles, des pancartes proclamant hautement leur qualité de supporters, la plus artistiquement conçue représentants le "lion" légendaire en train de dévorer la non moins légendaire sardine.

Ainsi donc, l'O.M. a remporté un honnête succès sur terrain adverse, opérant tactiquement de façon intelligente et profitant techniquement de conditions de jeu abominable.

À vrai dire, de Lyon, en montant vers l'Alsace, nous avions trouvé des paysages couverts de neige. Celle-ci se mit à fondre vers la mi-journée de dimanche, sous l'influence d'un pâle soleil et d'un vent qui ne venait pas du Nord.

Les adversaires ouvrirent les hostilités sur une pelouse gelée par endroits est en plein dégel par ailleurs, qui glissait autant qu'une patinoire.

Les premières tentatives de démarrage et de dribbles furent sanctionnés de part et d'autre par autant de chute.

Au fur et à mesure, le dégel s'accentuait. De glissant, le terrain arbileux bleu devint visqueux. Une épaisse et gluante collait au ballon et aux chaussures des vingt-deux acteurs.

Autant les trajectoires de la balle avaient été rendues rapides pendant la première demi-heure, autant elles furent freinées par la suite. Les antagonistes durent donc faire face à deux problèmes techniques bien différents, et il est normal que les professionnels se soient mieux accommodés des circonstances que les amateurs.

Au point de vue tactique, le nouvel entraîneur Otto Gloria plaça quatre hommes en défense : Leonetti, Moulon, Alauzun et Tellechea ; trois hommes au milieu de terrain Kominek, Bruneton et Lefevre ; enfin les trois autres : Sansonetti, Milazzo et Aygoui en pointe.

Cela permit au jeu d'être beaucoup plus aéré à Clermont-Ferrand.

Les amateurs furent incités à se livrer devant la pression moyenne qu'ils subissaient et les buts de l'O.M. furent marqués d'une façon, certes remarquable, par Milazzo, mais en terrain découvert.

Il est tellement courant de voir l'équipe présumée supérieure, dominer aveuglement qu'il est plutôt réconfortant de l'avoir vue opérer d'une façon plus rationnelle.

Si la tache lui fut facilitée par la qualité des services qu'il reçut, cela n'enlève rien au mérite de Milazzo qui fut incontestablement l'homme du jour. Anticipant intelligemment, se plaçant de même, conservant son équilibre et le contrôle de la balle dans des conditions difficiles, il se comporta alternativement en relayeur et en finisseur efficace.

Mais il faudra se garder de tirer d'une telle rencontre des enseignements définitifs : Belfort, pour énergique qu'il soit, n'est qu'une modeste équipe de C.F.A. et Nantes sera un tout autre adversaire dès dimanche prochain.

En fait, personne de détonna dans un ensemble marseillais qui nous parut animé d'un excellent moral est décidé à défendre ses chances au maximum.

Moreira eut quelques parades décisives devant une équipe de Belfort beaucoup plus hardis en attaque que précédemment. La défense forma un bloc très solide et se tira au mieux de situations difficiles, ne dégageant jamais au hasard et conservant la balle au maximum.

Bien sûr, l'exhibition de Milazzo rejettera quelque peu dans l'ombre celle de ses camarades de l'attaque qui eurent du mérite à conserver une relative précision dans leurs mouvements.

Kominek se mit à boiter au bout de 5 minutes, ce qui ne l'empêcha pas de données deux balles parfaites à Milazzo. Lefevre fut précieux en retrait tandis que Aygoui, embourbé, ne parvenait que rarement à faire partir son gauche.

Enfin, il est dommage pour cette formule offensive que Sansonetti soit moins à l'aise à l'aile droite qu'au centre.

Les "Bifortains" se comportèrent vaillamment. Ils tombent avec les honneurs de la guerre. Leur équipe comprend quelques bons éléments comme l'élégant arrière central Spony, le rapide et dangereux ailier gauche Gester, les demis Dollet et Demuth. Ils furent pratiquement privés, en seconde mi-temps de leur avant-centre Philip Kingelschmitt qui avait passé la première à surveiller Kominek, on se demande bien pourquoi.

Contrairement aux dirigeants qui prétendent qu'il s'agissait-là de leurs meilleurs éléments, nous pensons que ce grand garçon comme ses deux frères de Denis et Jean-Marie, paît le tribut de ses qualités athlétiques : beaux athlètes de football et bon technicien, les frères Kingelschmitt possèdent les défauts de leurs qualités : ils sont raides et lents ce qui est bien dommage pour Belfort

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LES FAITS MARQUANTS

MULHOUSE - Tout d'abord la très honorable recette de 18.580 nouveaux francs pour 6.524 spectateurs.

2' : Moreira fait, aidé par le terrain gelé, un plongeant de sept à huit mètres pour souffler la balle à l'ailier droit de Belfort.

10' : Sur une passe rectiligne de Kominek, Milazzo marque un but refusé pour hors-jeu.

Milazzo ouvre le score

19' : Un loupé de Demuth laisse la balle à Milazzo qui ouvre sur Lefevre. Celui-ci se débarrasse d'Egloff et centre sur Milazzo qui contrôle de la poitrine et marque de quelques mètres.

24' : Sur passe de Milazzo, bon centre de Lefevre au-dessus de la barre.

25' : Passe de Milazzo à Sansonetti qui déborde, mais tire sur le gardien Klog qui dévie en corner.

32' : Alauzun sauve de la tête sur une déviation, toujours de la tête de l'intérieur gauche Denis Klingelschmitt qui avait surpris Moreira.

2e but de Milazzo

35' : Kominek adresse une balle dans l'axe du terrain pour Milazzo qui prend tout le monde de vitesse et marque d'un tir croisé à ras de terre qui surprend Klog.

36' : Très dur coup franc de Dollet, dévié adroitement et acrobatiquement en corner par Moreira.

Penalty pour Belfort

44' : Denis s'affale dans les bois et malgré les protestations marseillaises, l'arbitre accorde un penalty à Belfort, qui est bien transformée par Demuth.

À la mi-temps : 2 à 1 pour l'O.M.

53' : Echappée sur la gauche, de l'ailier Nadjikoff qui place un tir plongeant qui rebondit sur la transversale.

56' : Centre-tir de Milazzo sur le montant gauche.

L'O.M. obtiendra ensuite une série d'une dizaine de corners.

La fatigue se fait sentir car le terrain est devenu pratiquement injouable.

75' : Attaque générale de l'O.M., Aygoui tire du gauche, la balle ricoche sur l'intérieur du montant et Klog est assez heureux pour la récupérer.

Milazzo signe son hat-trick

85' : Kominek donne encore une bonne balle dans l'axe du terrain. Milazzo déborde et place un tir victorieux.

90' : M. Branca arbitre siffle la fin qui vient au bon moment, les esprits semblant s'échauffer à la suite de la blessure de Moulon.

 

 

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Merci à MM. Jean-Claude Jelsch et Philippe Klingelschmitt pour leur aide à la réalisation de cette feuille de match

 

 

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