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Résumé Le Provencal

du 12 mars 1962

 

A GRENOBLE, EN 85 MINUTES   MINUTES DE JEU DEVANT UN BON MILLIER DE MARSEILLAIS ULCERES

ANGERS et M. DHUMERELLE éliminent l'OM

Célestin OLIVER, sur penalty, marque

le but de la victoire angevine (20')

Les Marseillais frustrés en deuxième mi-temps

D'un penalty absolument indiscutable

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

GRENOBLE - Le football n'étant qu'un jeu, il nous déplaît souverainement d'avoir à commencer la relation d'une rencontre avec le procès de l'arbitre.

Cependant dans le cas où cette O.M. - Angers, il serait malhonnête de ne pas écrire en toutes lettres que l'arbitre M. Dhumerelle, a eu une influence déterminante sur le résultat de la partie.

En fait, l'O.M. a été éliminé à la fois par Angers et par M. Dhumerelle.

Seul un aveugle ne pouvait voir cette main !

Que reproche-t-on exactement à cet honorable arbitre ?

D'abord d'avoir refusé à l'O.M., a la 60e minute, le bénéfice d'un penalty tellement flagrant qu'il en crevé les yeux.

Voici les faits :

A la suite de d'une excellente montée de Lefevre sur la gauche, Milazzo, plus prompt que Devis, repris de volée le centre de son partenaire en direction de la cage angevine, désertée par so ngardien.

Sur la ligne de buts se trouvaient plusieurs joueur d'Angers. Or, l'un d'eux (nous ne saurons jamais lequel) arrêta la balle de la main.

La faute était d'une telle netteté qu'à moins d'être atteint de cécité complète, on ne pouvait ne pas la voir.

Seul M. Dhumerelle ne s'en aperçu pas, et il s'ensuivit un envahissement du terrain qui vous sera raconté par ailleurs.

Une partie écourtée de 5 minutes

Deuxième faute indiscutable de M. Dhumerelle : ce tincident ou plutôt cette flambée de colère des supporters marseillais dura cinq bonnes minutes durant lesquelles la partie fut interrompue.

Or, l'arbitre siffla la fin sans tenir le moindre compte de cet arrêt de jeu.

Quand on sait qu'Angers ne marqua son but victorieux que grâce à un penalty plus apparent que réel et que la fin du match se joua exclusivement devant le but d'Angers, on mesurera mieux la part importante prise par M. Dhumerelle dans l'élimination de l'équipe marseillaise.

L'O.M. a tenu le rôle d'Angers

Mais que s'est-il exactement passé durant toute la partie ?

Tout à fait le contraire de ce que l'on pouvait prévoir.

Dès le début de la rencontre, on vit l'O.M. jouer comme Angers eut dû le faire normalement, un Angers tenir le rôle de challenger qui semblait revenir de droit à l'O.M.

L'équipe de 2e division menait le jeu à sa guise, attaquait combinait et tirait, tandis que l'équipe de 1re division, nettement replier en défense, ne procédait que par contre-attaques.

Contre-attaques pas tellement dangereuses au demeurant, puisque, en première mi-temps, nous n'avons noté qu'un tir angevin dans l'encadrement des buts, celui de Célestin Oliver, sur penalty.

C'est on l'avouera, bien peu pour u enéquipe de division nationale.

Une première mi-temps décisive

Il semble toutefois que l'O.M. ait perdu la partie durant cette première mi-temps. Sans doute trompé par l'étonnante facilité avec laquelle ils s'imposaient devant les joueurs de 1re division, les Marseillais commirent l'erreur d'opérer comme à la parade.

Leur jeu toujours plaisant, frappé au coin d'une bonne technique, manquait un peu trop de cet allant, de cet engagement qui force la décision.

Devant une équipe jouant au pas, mais calme et parfaitement organisée en défense, l'O.M. procéda à peu près de la même manière, en mieux cependant.

Or comme la chance n'était pas de son côté, en trois occasions principales le but d'Angers fut protégé par les dieux. L'O.M. ne tira aucun profit de sa domination.

Angers, plus heureux - la chance compte aussi en Coupe - ayant ouvert le score sur penalty, la mi-temps vit ainsi l'équipe largement dominée mener à la marque.

Leonetti devient ailier droit

En seconde mi-temps, nouveau coup dur pour l'O.M. : Leonetti souffrant d'une entorse, passait à l'aile droite, tendu que Raphaël Tellechea devenait arrière droit.

Pourtant, même dans cette formation boiteuse privée d'un joueur précieux par son travail au centre du terrain, l'O.M. n'en poursuivait pas moins sa stérile domination.

Il est vrai que, cette fois, le repli massif des AngevinS expliquait assez facilement la supériorité marseillaise dans l'occupation du terrain.

Une seconde mi-temps crispante

Nous vécûmes alors, dans notre tribune de presse, 45 minutes crispantes.

L'O.M. faisait feu de tout bois, Leonetti, le blessé, tiré violemment sur le poteau gauche. Milazzo obtenait le penalty dont ilest question plus haut, Sansonetti marquer un but refusé pour des raisons mystérieuses... Et finalement le jeu était brutalement interrompu avant qu'il n'ait atteint les 90 minutes réglementaires.

Il ne restait plus, ensuite, qu'à aller consoler les vaincus et écouter, dans leurs vestiaires, les explications des vainqueurs.

L'O.M. disparaît en beauté

C'est dire que l'O.M. a disparu de la Coupe en beauté, et Angers s'est qualifié pour les demi-finales sans le moindre panache, sans jamais justifier son placement en première division, et avec l'aide involontaire mais agissante de M. Dhumerelle.

Peut-on reprocher à l'O.M. d'avoir voulu peut-être trop bien jouer, d'avoir sacrifié le jeu dit de "Coupe" à un système qui pouvait parfois paraître un peu tarabiscoté ? Nous n'en avons pas le courage.

D'autant plus qu'entre cet échec et une brillante victoire, la différence fut tellement mince qu'il nous paraît préférable de félicité, dans son ensemble, l'équipe marseillaise.

Elle a perdu la bataille de la coupe, mais la guerre de championnat continue.

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MOULON, ALAUZUN, LEONETTI, TELLECHEA

et MILAZZO on bien mérité de la Coupe

GRENOBLE - Sur un terrain que le soleil de ce dimanche, venant après une semaine de pluie, avait en partie seulement séché, les deux équipes jouèrent d'une façon très académique d'abord. La première mi-temps fut plutôt amicale dans son esprit et dans son déroulement. Du beau jeu de part et d'autre, mais sans grande passion.

Les incidents des deux penalties ayant échauffé les esprits, la fin de la rencontre, jouée devant le but angevin, vit l'énergie primer la science.

Alors que l'O.M. sentant la victoire le fuir, attaquer - parfois en masse - les défenseurs angevins de contentaient de dégager au petit bonheur la chance.

La défense d'Angers à l'honneur

Cependant, bien que son gardien Devis ait paru parfois exreux même, c'est cette défense d'Angers qui a assuré le succès de son équipe.

Le Gall, Schlosta, Venturi et Hnatow ne quitta jamais ses 18 mètres, formèrent une barrière solide autant que décidée.

Célestin Oliver qui ne rappela - hélas - qu'il restait maître dans l'art de tirer les penalties, occupa le centre du terrain ou il sut se rendre précieux grâce à ses longs coups de pied.

En attaque, seul Stievenardt justifia sa réputation

Loncle, en petite forme, fut assez effacé. Vidal, travailleur et brouillon, et Lamartine à peu près inexistant, Bourrigault abattit une besogne énorme et, à ce titre, il mérite une mention.

Pour l'O.M., entrant dans le détail

Moreira, le gardien olympien eut très peu à faire. Quelques sorties sur corner ; un arrêt sur un tir de Stievenardt au début de la deuxième mi-temps et deux anticipations. Le penalty, bien sûr, était inarrêtable.

Leonetti : Il fit une bonne première mi-temps comme arrière et sut se rendre extrêmement utile en seconde mi-temps comme ailier droit. Son tir sur le poteau fut une des meilleures choses de la rencontre.

Alauzun : La part faite du penalty qu'il concéda en voulant sauver une situation qui paraissait désespérée, il se montra certainement le meilleur technicien sur le terrain. On lui reprochera toutefois quelques arrêts inutilement brutaux.

Moulon : Il fut précieux par sa craint grande vitesse. Il joua en couverture et sut se montrer excellent de bout en bout.

Knayer : Il fut remarqué et remarquable par sa solidité à toute épreuve. Il fit parfois double emploi avec Moulon. L'attaque d'Angers étant réduite à trois ou quatre joueurs, il ne sut pas toujours qu'elle place il devait exactement occuper. Il fit toutefois une bonne partie.

Bruneton : Le blond demi-aile olympien a fait certes, comme toujours, une partie de qualité mais on ne l'avait vu souvent meilleur offensive en restant figé sur sa ligne.

Tellechea : Il abattit une besogne tellement ingrate, tellement considérable qu'on excusera volontiers quelques mauvaises passes assez inhabituelles de sa part. Le rôle qui tient à l'O.M. nous paraît trop lourd pour un seul joueur.

Sansonetti : Il fut meilleur avant centre qui ailier droit. Toutefois à quelques centimètres près, il aurait pu être l'auteur ou le préparateur de deux ou trois buts. Il reste le seul véritable athlète footballeur de cette attaque.

Milazzo : Comme distributeur et orienteur de jeu il fut remarquable. Avec un rien de chance, il aurait pu marquer deux buts.

Alors qu'on connaît les faits que peut-on lui reprocher ?

Aygoui : A côté d'action de classe, il se montra quelquefois assez mou dans l'attaque de la balle. Sa partie a été moyenne, sans plus.

Lefebvre : Nous l'avons trouvé très bon en tant que préparateur. Il fut d'ailleurs à l'origine des deux meilleures tentatives de l'O.M. en deuxième mi-temps. En tant que finisseur, il manqua, au moins en une occasion importante, d'un quart de seconde de vitesse.

M.F

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Le Choeur des Olympiens :

"On nous a volés comme dans un bois"

(D'un de nos envoyés spéciaux : André HATCHONDO)

GRENOBLE - C'est sûr : les Marseillais n'ont que des ambitions légitimes, et ils se seraient facilement consolés si la victoire angevine ne souffrait aucune discussion. Perdre en quart de finale de Coupe dans des conditions normales n'a, en effet, rien de déshonorant. Surtout lorsqu'on a l'esprit obnubilé par une cause plus noble, un devoir sacré : accéder à la Division Nationale.

Et bien, non, les Olympiens étaient inconsolables après cet échec immérité.

M. Zaraya avait bien raison d'avoir recours, cette fois-ci, à son expression favorite : "C'est un scandale, je n'ai jamais vu chose pareille !"

Le coeur des Marseillais, révoltés et déçus par tant d'injustice, répétait avec des trémolos dans la voix : "On nous a volé comme dans un bois !"

M. Zaraya, bien qu'il considérât cette opération comme peine perdue, amena Tellechea par le bras vers la cabine réservée à M. Dhuremelle que gardaient plusieurs agents de police. Il s'agissait de faire des réserves en bonne et due forme sur cette partie amputée de plusieurs minutes, marquée par la faiblesse - hélas, plus grave que la malhonnêteté en l'occurrence - de l'arbitrage.

Alauzun tempéré : "Je vous jure que le penalty n'y était pas ! Bourigault a glissait tout seul et comme je le suivais comme son ombre, j'ai trébuché sur sa faute !"

Milazzo remarquait : "J'ai jubilé quand j'ai fichu ce paquet vers les buts délaissés par Devis. J'ai nettement vu la faute de main de l'Angevin..."

M. Bicais acquiesçait

Le plus surprenant ? Ce fut l'instant où l'entraîneur Otto Gloria pénétra dans les vestiaires. Il riait aux éclats et ce rire contrastait étrangement avec la gravité de ses poulains et la gravité de la situation.

En un français très correct - ses progrès sont étonnants - Otto Gloria hilare, affirmait :

"Zamais z'ai vou un arbitre aussi ridicoulo. Et pourtant z'en ai vou dans ma vie ! Le principal est qué les petits ont bien zoué."

Et Otto Gloria distribua à chaque joueur une tape amicale qui était bien plus éloquente qu'un long discourt.

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Une minute de western tragi-comique avec un petit soldat d'opérette

GRENOBLE (par téléphone) - Il flottait une odeur de poudre qui fleurait bon le Carnaval. Les artificiers, coiffés de leur calot blanc et bleu ciel, enchantèrent Otto Gloria. Dame ! Au Brésil, on connaît la musique et le tintamarre et les pétards font parti du décorum...

Toutes les fusées n'avaient pas été utilisées par les supporters quand l'arbitre, aux joues poupines, siffla le début de la rencontre, dans un brouhaha indescriptible.

Contrairement à ce que nous pensions, le penalty accordé à Angers ne déclencha que les protestations timides d'Alauzun et quelques petits coups de gueule sans importance. Et si l'on philosophait sur le bizarre comportement de l'adversité, armant le pied de Célestin Oliver, justicier de service, attaché à la perte de son ancien club dans des circonstances plutôt pénibles - ô affreux spectre du penalty - on ne s'y méprenait pas. Alauzun s'était lancé à la poursuite de Bourigault avec l'attention (qui vaut l'action) de faucher son adversaire. Que finalement arrière et intérieur s'entrelaçaient les jambes pour synchroniser une cabriole spectaculaire ne changeait rien au fait : le penalty, mesure toujours sévère voire excessive, a été instauré pour compenser une grave faute commise à proximité de la cage, et c'était là le cas indiscutable.

Personne donc ne reproche à M. Dhuremelle sa sentence. Mais "l'homme en noir" après avoir était gentiment interpellé par M. Zaraya pendant le repos "Je vous demande d'être impartial" lui dit-il en substance, paraissait visiblement dépassé par les événements.

Les attaquants de l'O.M., qui remirent cent fois sur le métier leur ouvrage, avaient-ils voir enfin leurs efforts couronnés ?

A la 64e minute - la fatidique minute de cette rencontre - ils ont cru que l'heure de la justice immanente avait sonné.

Pour la énième fois, les avants marseillais envahissaient le camp qui avait été la curieusement sauvé à plusieurs reprises. Cette fois-ci encore, Devis, le goal un peu fou d'Angers, cueillait les pâquerettes, à quelques mètres de ses buts. La cage était pratiquement vide quand Lefevre adressa un très bon centre à Milazzo. Quand le ballon tomba au pied de "Fanfan" les Angevins comblaient la carence de leur goal en faisant un rempart de leurs corps devant les filets. Milazzo décoche à bout portant un tir terrible. Loncle instinctivement, se plia pour se détendre contre ce bolide qui jaillit du pied adverse. Or, tout le monde sait que l'instinct, dans une situation aussi périlleuse, impose au bras le rôle de bouclier...

Vous devinez la suite. M. Dhuremelle restant de marbre, Tellechea et ses camarades protestèrent énergiquement. Cette étincelle allait métamorphoser la poudre bien, gardée en réserve pour la fête, en munitions de petite guerre. L'explosion propulsa dans tous les azimuts des supporters marseillais qui enjambèrent facilement l'enceinte grillagée du stade, au grand dam des policiers de service débordés par cette furia toute latine.

M. Dhuremelle, petit soldat d'opérette et de western tragi-comique entama un sprint échevelé vers Olympiens et Angevins qui firent barrière autour de lui pour le protéger de la bête vociférante.

La police bien sûre, eût le dernier mot. M. Dhuremelle reprit la direction des opérations. Visiblement, le coeur, les jambes et l'esprit n'y étaient plus.

Faible avant cet incident, l'arbitre fut par la suite, catastrophique.

Petit soldat deviendra grand, à une condition : qu'il retourne à ses chères études...

A.H.

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Célestin Oliver : " l'O.M. a peut être confondus furia et énervement"

Célestin Oliver a-t-il la nostalgie de Marseille ? Il s'en défend. Cet homme, natif du soleil éclatant d'Oranie, apprécie la douceur angevine :

"Voyez-vous, les supporters à Angers sont incapables de réagir comme ceux de Marseille. Cette passion pour être extrêmement sympathique et belle, n'en est pas moins gênante. Je me demande dans quelle mesure elle n'a pas trahi les plans des joueurs de l'O.M.

"Ils étaient décidés, nous nous en sommes rendus compte, à mettre la dose de courage pour faire pencher la balance en leur faveur. Ils ont, par moments, fort bien joué. Mais je le répète, les supporters, au lieu de les pousser, en les encourageant, les ont énervés. Et on gâche beaucoup de choses en s'énervant..."

A.H.

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Y avait-il penalty contre l'O.M. ?

Max Alauzun nous dit "NON"

mais son père nous a répété "OUI"

GRENOBLE - À la mi-temps dans les couloirs du Stade-Vélodrome, nous avons rencontré M. Alauzun père venu en droite ligne de Montpellier.

Cet homme charmant nous a dit :

"L'O.M. n'a vraiment pas de chance. Mais il me semble que le penalty sifflé contre mon fils il est vraiment."

Après le match, dans les vestiaires nous avons interrogé le sympathique Max qui nous a répondu :

"J'arrivais à grandes enjambées de la gauche pour empêcher Bourigault de marquer le but, quand il se coucha sur moi, me faisant basculer. Il se jeta alors au sol. J'affirme ne lui avoir fait aucun croc en jambe et de l'avoir chargé violemment"

M.F.

 

 

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