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10 buts : le calvaire d'Armand Liberati

OM-SAINT ETIENNE : Septembre 1951 : les dirigeants ont forcé le gardien à jouer sous novocaïne. Quand l'effet se dissipe, avec un seul bras valide, il encaisse un carton

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Le club stéphanois se remettait de problèmes financiers qui avaient failli le faire disparaître à l'été 1950 et conduit Pierre Guichard à adopter une politique de formation menée par Jean Snella. L'OM était, comme souvent, en crise. Le président Dancausse se retirait, le comité directeur accusait la presse d'être la cause de tous ses maux et l'effectif était en manque de gardien de but.

James Poncet est alors réfractaire, le contrat liant les joueurs jusqu'à 35 ans poussant souvent certains d'entre eux à réclamer une augmentation estivale. C'est donc le jeune Morand qui a commencé la saison. Mais il est amateur et s'il joue plus de cinq matches, il devra passer professionnel.

Champion de France, avant l'accident de voiture

Alors, le 16 septembre, pour la 5e journée, les dirigeants se retournent vers Armand Liberati, opéré du ménisque au printemps, puis victime d'un accident de voiture le 31 juillet et d'une fracture de l'acromion.

Liberati est un excellent gardien. Arrivé d'Algérie en 1946, le Corse s'est vite imposé. Il est champion de France en 1948, international B à plusieurs reprises et s'il se blesse souvent en jouant les casse-cou, il rate fort peu de matches. Mais là, sa blessure est sérieuse. On le pousse pourtant à jouer, avec une piqûre de novocaïne à l'épaule.

 

Au début, tout va bien. L'OM, malgré l'absence de Roger Scotti, blessé, mène rapidement 2-0, avec un doublé d'Andersson, dont une reprise de volée magnifique. Pierre Bini, l'attaquant stéphanois, père du futur sélectionneur de l'équipe de France féminine, Bruno, réduit deux fois l'écart, mais l'OM mène 3-2 à la pause. À ce moment-là, l'injection ne fait plus d'effet et Armand Liberati ne peut plus se servir de son bras droit.

Son calvaire et celui de l'OM va commencer. "Armand Liberati n'était pas en état de jouer", affirme avec justesse Alain Delcroix dans Le Provençal. Saint-Étienne va marquer huit buts en deuxième période, notamment par Kees Rijvers, futur entraîneur du PSV Eindhoven. Liberati encaisse deux coups francs où il ne peut esquisser le moindre geste. 10-3 ! C'est la défaite la plus cuisante de l'histoire de l'OM au Vélodrome.

Inapte au football, puis horticulteur

Et tandis que l'actualité va tourner autour du poste de président où un hôtelier, Marcel Bianco, ne sera finalement pas porté, entraînant le retour de Dancausse, Armand Liberati devient le bouc émissaire de l'humiliation. Il a été convoqué et jugé inapte à la pratique du football par ses dirigeants qui achètent Ibrir à Toulouse.

 

 

Liberati rejouera un match en 1953, avant d'être de nouveau remplacé par Poncet, sifflé par le public qui lui préférait Armand. Lequel ira à Grenoble, puis à Aix-en-Provence, avant de se retirer et de monter une entreprise d'horticulture, s'éloignant définitivement d'un milieu du football qu'il ne prisait plus guère.

Notre confrère et ami Alain Pécheral l'avait interrogé à la fin des années 90 pour le livre du centenaire du club, et avait rencontré un homme amer, disant avoir retiré "plus d'inconvénients que d'avantages de la carrière de footballeur". "À Blida, en Algérie, en plus du football, j'étais employé de banque, alors que là, quand le football s'est arrêté, je n'avais plus rien."

Armand Liberati est décédé en janvier 2016 et sa mémoire mérite d'être saluée, car ce fut sans doute l'un des meilleurs gardiens de l'histoire du club et qu'il a été souillé par cette rouste désastreuse, conséquence d'une impéritie à la tête du club.

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Armand Liberati >>>

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