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Boyer, Premier grand buteur

NICE-OM Décembre 1933:dès la 2e année du professionnalisme, la rivalité est très forte entre les grands clubs du sud-est. Pour ses dix ans à Marseille, l'avant-centre international fait un doublé

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Il avait neigé sur Nice, ce qui est plutôt rare, même en décembre 1933. La rivalité qui s'était déjà révélée lors des championnats du sud-est, en amateurs, allait prendre un tour définitif en cette deuxième année de professionnalisme. Au stade Saint-Maurice, on s'était un peu castagné, le public avait jeté des projectiles sur l'arbitre, tenu pour responsable de tous les maux. Bref, de vraies prémices...

"Il est certain que l'arbitre, M.Bouture, (...) se laissa peut-être entraîner malgré lui àfavoriser quelque peu les Marseillais, écrivait Émile Laurence dans Marseille- Matin. L'erreur énorme de l'arbitre fut d'accorder un but à Boyer, alors que ce dernier était parti hors-jeu de l'avis unanime et de refuser un but marqué dans des conditions identiques, quelques minutes après, à Kramer, parti également hors-jeu."

On remarque aussi dans le compte-rendu de ce match que l'un des premiers tirs dangereux des Niçois avait été l'oeuvre de Villaplane, capitaine de l'équipe de France lors de la coupe du monde 1930, mais futur membre de la Gestapo en 1941, devenu lieutenant SS, massacrant femmes en enfants en Dordogne et fusillé en 1944 au Fort de Montrouge.

Pour en revenir au match, le fair-play était de mise dès lors que le correspondant de Marseille-Matin ajoutait : "Sportivement, l'OM méritait la victoire. À Nice, tout le monde était d'accord sur ce Point. Boyer fut une fois de plus le cerveau de l'attaque, mettant à profit la moindre erreur de l'adversaire." Après ce premier but, visiblement hors-jeu, Boyer allait profiter d'une erreur de l'arrière niçois, Tandier, pour mettre un deuxième but plein d'opportunisme avant qu'Alcazar ne marque le troisième en bousculant un peu Bessero, le gardien des Aiglons. D'autres sources avaient d'ailleurs attribué ce but à Boyer.

Âgé de 32 ans, Jean Boyer fêtait alors ses dix ans à l'Om et l'amicale marseillaise des amateurs de football venait de lancer une souscription pour lui offrir un souvenir. Il est vrai que Boyer fut le premier grand buteur de l'OM et son premier international. Arrivé en 1923, sur recommandation de son partenaire Édouard Crut, il allait gagner les trois premières coupes de France de l'OM et un titre de champion de France amateur.

Au moment de ce succès à Nice, il était au coeur de son avant-dernière saison mais l'une de ses plus belles à l'OM, marquant 34 buts en 36 matches officiels (dont 9 au cours du 32 de finale de coupe de France contre Saint-Raphaël).

Originalité de sa carrière, en 1928, suspendu par la Fédération de football, il avait joué 3/4 centre dans l'équipe de rugby de l'OM. Il était, à cette époque-là, le sportif le plus populaire de Marseille et l'un des meilleurs attaquants français.

En 1990, dans l'ouvrage "Les canonniers de l'OM", de Pierre Andreis et Jean-Pierre Bertucelli, le vétérinaire et dirigeant de sociétés hippiques Henri Cabassu, joueur contemporain de Boyer, le décrivait ainsi: "Un colosse, grand, rapide, fort, très bon technicien, qui manquait de fond. Il n'avait qu'un quart d'heure par match, mais ces quinze minutes faisaient la différence."

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