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La grippe asiatique avait frappé l'OM

OM-NIMES Le 20 octobre 1957, la pandémie partie de Chine fera 100 000 morts en France. Le club a cinq joueurs malades mais le championnat ne sera jamais interrompu

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Depuis l'apparition du nouveau coronavirus, on a souvent entendu évoquer la grippe espagnole, gravissime pandémie apparue après la première guerre mondiale et qui aurait fait entre 25 et 50 millions de morts, les moyens de communication de l'époque n'ayant pas permis une fourchette plus resserrée. Mais un peu plus près de nous, il y a eu aussi la grippe asiatique, qui a causé 100 000 décès en France à l'automne-hiver 1957-58.

Quand on consulte les journaux régionaux d'époque, on s'étonne de voir à quel point la vie a continué normalement, sauf pour ceux qui étaient touchés évidemment. Apparu en Chine en 1956, le virus H2N2 s'est d'abord répandu en Asie avant de toucher l'Europe et l'Amérique (70 000 morts aux États-Unis, près de 3 millions dans le monde). Et pendant ce temps-là, on débattait pour savoir si Monsieur Bettini pouvait devenir un bon président pour l'OM, s'il fallait recruter pour rajeunir une équipe vieillissante, si l'OM allait se maintenir en première division ou pas. Avec le recul, ça fait sourire ou frémir.

On demande aux jeunes d'éviter les rassemblements

Certes, en 1957, les antibiotiques n'étant pas efficaces, alors qu'un vaccin est en cours d'élaboration, on recommande le repos, l'absorption de liquide et on demande aux jeunes d'éviter tous les rassemblements. Mais les personnes les plus vulnérables sont les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes (la plupart, heureusement, ont enfanté de bébés en bonne santé, nous pouvons personnellement en témoigner).

 

Mais en dépit de ces recommandations qui n'étaient pas relayées par la télé, balbutiante, le sport vit sa vie de son côté et les stades, sans être pleins, accueillent des spectateurs. Quand le championnat ne l'occupe pas, l'OM ajoute même un match amical contre le Torpédo de Moscou, occasion de mesurer que la bêtise n'a pas attendu le XXIe siècle pour se manifester : des spectateurs passeront leur temps à insulter Maurice Gransart qui ira en découdre avec certains à la pause.

Mais la première fois que l'on fait état de la santé des joueurs, c'est le 13 octobre, quand l'OM se rend à Angers et que l'on peut lire dans Le Provençal que Roger Scotti "a passé l'avant-dernière-nuit dans le Phocéen (le train de nuit Marseille-Paris) à ingurgiter cachets sur infusions. Hier matin, dans le brouillard parisien, le capitaine olympien n'était pas ce qu'on appelle un homme vaillant". On se préoccupait alors de savoir, en son absence, si le jeune Bruneton allait être titularisé. La santé, la pandémie ? Mais de quoi parlez-vous ?

Scotti, Andersson, Domingo, Rustichelli et Curyl au lit

Le 14, à la Une du Provençal, on lit quand même, sur deux colonnes : "Grippe asiatique : les fermetures d'école se multiplient. Toutes mesures sont prises pour pallier la pénurie de certains remèdes." Mais bon, la performance du Stade de Reims qui est allé gagner à Lens avec sept remplaçants, son équipe étant décimée par la grippe, est tout aussi valorisée.

 

Quelques jours plus tard, avant OM-Nîmes, c'est surtout la présence de l'entraineur de l'équipe de France, Pierre Pibarot, au Vélodrome, qui suscite l'intérêt. Mais moins que les rumeurs d'échange entre Kominek, l'avant-centre de Strasbourg et Gunnar Andersson.

Le 17 octobre, "La grippe asiatique s'attaque aux joueurs de l'OM ; Domingo, Rustichelli et Curyl alités". Après Jean Molla et Mimi Mésas, touchés la semaine précédente, mais remis, "la grippe a frappé une nouvelle fois à la porte de la place Félix-Barret" (lieu du siège de l'OM à l'époque). Et, effectivement, contre Nîmes, les joueurs cités seront absents, tout comme Andersson et Scotti, fiévreux eux aussi.

Mais c'est beaucoup plus la défaite de l'OM (1-3 face aux Crocodiles), sa position précaire au classement, ses problèmes de dirigeants, qui donnent des sueurs froides. La grippe ? Moins grave que la guerre... Alors, plus de 10 000 personnes se sont rendues au Vélodrome.

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

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