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"Bouba" à la dernière minute

NANTES-OM 22 octobre 1975. Privé de Yazalde et Bereta, l'OM défend avec courage et trois jeunes arrivés à l'été : Fernandez, Martinez et Boubacar avant que ce dernier ne donne la victoire

 

C'est la saison de l'après-Brésil. Paulo Cezar et Jairzinho repartis, Fernand Meric a acheté Hector Yazalde et il a entouré ses cadres expérimentés (Bereta, Trésor, Zvunka, Buigues, Bracci...) de jeunes prometteurs : Jean Fernandez, Jean-Marc Martinez, Boubacar Sarr. Après un bon début de saison, les choses se sont gâtées avec l'élimination en coupe de l'UEFA devant Carl Zeiss Iena et l'OM subit même quatre défaites en cinq matches au mois d'octobre, puis une autre début novembre. Pourtant, sans Bereta, puis sans Yazalde, blessés, l'équipe va aligner trois succès d'affilée, devant Lyon, Strasbourg et, entre les deux, Nantes. Avec un but de Boubacar Sarr à chaque match.

Celui qu'on appelait encore Saar Boubacar, avec la double faute dans son patronyme, consistant à inverser son nom et son prénom, et en orthographiant mal ce dernier, réussissait une belle adaptation. "Je venais de Toulon et je débutais en D1 à 24 ans, comme Fernandez à 21 et Martinez, qui jouait un cran plus haut au milieu, à 19 ans", explique le Sénégalais qui se souvient très bien de cette victoire à Nantes où Martinez, justement, ne disputait que son deuxième match parmi l'élite. "Nantes, à l'époque, c'était l'une des meilleures équipes françaises de la décennie, avec Michel, Bossis, Rio, Bertrand-Demanes. Et dans leur vieux stade Marcel-Saupin, il y avait beaucoup d'ambiance. En l'absence de Yazalde, je devais jouer avant-centre, entre Emon et Zlataric."

 

 

Détermination, énergie

Les Canaris ont donc dominé, mais l'OM a gagné et André De Rocca, dans Le Provençal, résumait clairement la situation : "Il ne s'agit pas d'écrire que Trésor et ses amis ont fait "joujou" avec des Nantais (s'ils avaient gagné, personne n'aurait protesté), mais ils ont 90 minutes durant joué un match plein avec une rare détermination, un sérieux et une énergie dignes d'éloge".

D'emblée, les hommes de José Arribas (qui ignorait qu'il deviendrait entraîneur éphémère de l'OM un an plus tard) avaient mis Gérard Migeon à contribution, avec leurs ailiers, le jeune Loïc Amisse à gauche et l'international polonais Robert Gadocha à droite, parfaits pourvoyeurs de l'avant-centre Éric Pécout. "Depuis que nous jouons contre l'OM, les Marseillais nous ont bien volé 8 ou 10 points de cette façon ! Autrement dit en enlevant des matches qu'ils ne méritaient pas de gagner...", devait dire l'entraîneur nantais au terme de la soirée. "Au football, à ce niveau, il ne suffit pas de bien jouer, comme onnous l'accorde, mais ne pas rater les occasions qu'on parvient à se créer. En un mot, il faut les mettre au fond", contre-balançait Henri Michel, le capitaine nantais.

"Disons que nous avons fait un match très solide, synthétise aujourd'hui Boubacar Sarr. Et puis, j'ai marqué quand il le fallait." "Notre succès est celui d'une équipe, nous ne serions pas arrivés à obtenir ce résultat si tout le monde ne l'avait pas ardemment désiré. Nous avons été dominés par Nantes, mais nous n'avons jamais cédé à la panique, nous avons toujours su conserver notre calme et jamais cessé de nous appliquer à bien jouer", résumait Jules Zvunka en cette soirée de novembre 1975.

 

 

"Bouba" le spécialiste

"Je crois que je marque en contre, rappelle Sarr. Un tir croisé, je revois le grand Bertrand-Demanes se détendre en vain." En fin de rencontre, le destin a basculé sur deux corners. le premier a vu Éric Pécout adresser une reprise de volée qui s'est écrasée sur la transversale de Gérard Migeon ; sur l'autre, tiré par Albert Emon, Boubacar Sarr a placé sa volée hors de portée du gardien nantais.

"Un but marqué à la 88e ou 89e minute, sourit le sympathique "Bouba". C'était ma spécialité. Un mois plus tard, nous avons gagné 3-2 à Bastia et j'ai aussi signé le but de la victoire à deux minutes de la fin. Mais ça n'était pas un hasard. Jules Zvunka nous préparait physiquement si bien que dans le dernier quart d'heure, je sentais que j'avais plus d'énergie que mes adversaires directs. D'ailleurs, huit mois plus tard, c'est ainsi que nous avons gagné la coupe de France en ayant épuisé Lyon et que j'ai encore marqué en fin de match."

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Boubacar Sarr >>>

 

 

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