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Le lycéen de Périer qui a battu le PSG

OM-PSG 22 Février 1976 : René Charrier et Gérard Migeon blessés, c'est le meilleur gardien junior, élève de terminale, qui préserve le succès

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Un soleil bienvenu baigne Le Lavandou dans une douceur printanière. Au premier étage de la mairie, face à la plage, le dernier bureau à gauche ne présente aucune image liée au football. Du fonctionnel : le plan de la ville, des dossiers, encore des dossiers. Et un presque sexagénaire souriant qui invite La Provence à s'asseoir: Philippe Maillé. Le responsable des permis de construire.

"Ce 26 février 2017, il y a OM-PSG et le corso fleuri de Bormes-les-Mimosas, remarque Philippe Maillé. Le dimanche 22 février 1976 aussi; et le corso se déroulait avec comme bande-son la retransmission à la radio d'OM-PSG au Vélodrome, avec l'enfant du pays qui jouait dans les buts." L'enfant de Bormes-les-Mimosas, c'était lui. Gardien de but des cadets du sud-est, dirigés par Jean Robin, il avait été recruté par l'OM, avec son alter ego, Didier Billet, et il avait signé un contrat d'aspirant en 1974. "J'ai pu ainsi voir de près Paulo Cezar, le joueur le plus extraordinaire qu'il m'ait été donné d'admirer. Plus tard, j'ai connu Josip Skoblar. La classe absolue."

Le bonheur et la blessure

Fin 1975, René Charrier, le gardien international de l'OM, a eu une hépatite, Gérard Migeon est devenu numéro 1, Philippe Maillé a joué avec la réserve en D3. Puis Migeon s'est luxé le coude à Nancy, le 15 février 1976. "Comme les journaux citaient déjà nos noms comme recours, Jules Zvunka a décidé de nous emmener au vert au Plan d'Aups, ce qui nous a un peu stressés", raconte Philippe. "Je n'avais que 17 ans, je suis parti jouer en Gambardella à l'Huveaune et c'est Philippe qui a affronté le PSG", nous glisse Didier Billet, qui nous a mis sur la piste du titulaire du jour.

Et en réserve ? Jacky Lemée, l'arrière droit de l'équipe pro, qui allait gagner la coupe quelques mois plus tard, évoluait dans le but en lever de rideau, tandis que Marseille XIII Recevait Lézignan en baisser de rideau. Au fur et à mesure que l'on approchait de 15h, la tension montait pour Philippe Maillé, qui allait faire ses grands débuts, à 18 ans, devant 16 000 spectateurs, et le PSG.

 

"Ce n'était pas celui d'aujourd'hui, mais il y avait tout de même Pantelic dans le but, et puis Novi, Floch, M'Pelé, Dahleb! Que des internationaux ! Et Just Fontaine sur le banc", souligne Philippe Maillé.

Il n'était d'ailleurs pas le seul jeune Olympien. Les blessures de Boubacar Sarr, Raoul Noguès et Albert Emon avaient entraîné les titularisations de Félix Lendo à l'aile droite et Hervé Florès à gauche. Six matches au compteur pour l'un, un pour l'autre. Les anciens avaient dû se montrer très attentifs.

"Gérard Migeon est venu me proposer ses gants mais j'ai préféré garder les miens, raconte Philippe Maillé. Quelques mois plus tard, en revenant d'un stage en Forêt-Noire, il m'a offert une paire de gants "Sepp Maier", qu'on ne trouvait pas en France. Après, c'est Georges Béréta qui m'a pris à part pour l'échauffement; des frappes sèches, du gauche, sur le carré de pelouse synthétique de la cour d'honneur, au milieu des spectateurs."

Les spectateurs. Autre sujet d'émotion pour le jeune homme de 18 ans. "Je cherchais ma mère des yeux, mais je ne l'ai jamais vue. En revanche, avant le coup d'envoi, j'ai entendu scander mon nom par la foule. Et pour cause, il y avait tout le Lycée Périer dans les tribunes !"

Car Philippe y était alors élève de terminale. Un truc complètement fou. "Mis à part celui d'EPS, mes profs ne s'intéressaient pas au foot, la plupart étaient des femmes, mais le lundi, à chaque heure de cours, j'ai eu droit à des félicitations. J'avoue aussi qu'avec les filles, c'est devenu beaucoup plus facile ! Dans certains magasins, certains cafés, on ne voulait pas que je paye, je pouvais emmener des copines au cinéma! C'était fou. Parce que nous avions gagné aussi."

 

Un succès 2-1, dont le héros avait été l'autre jeune, Hervé Florès, auteur de deux buts superbes. "Le match avait été compliqué pour moi, dit Philippe. Je n'avais presque pas de travail ! Je dois dire que les défenseurs étaient particulièrement attentifs, le marquage très serré, ils se disaient que derrière, il y avait un junior, ils faisaient gaffe."

Souvenir inoubliable, moment magique. "J'aurais aimé garder mon maillot, mais Jules (Zvunka) m'a dit non, il devait servir la semaine suivante. Quel dommage! J'ai longtemps gardé mes chaussures, des Rivat à crampons cuir, fabriqués à Romans. Mais trois ans après, j'ai jeté tout ce qui me liait au football."

Le destin venait de jouer un drôle de tour au jeune Varois en lui offrant le meilleur en ce dimanche d'hiver. La suite allait être très cruelle.

"Tout seul, à l'entraînement, en salle à Mazargues, je me suis rompu le quadriceps, avec arrachements des tendons. L'OM a été sympa, on a prolongé mon contrat stagiaire d'un an pour que je puisse effectuer ma rééducation. En vain. J'ai essayé de rejouer en DH à Draguignan, mais j'avais toujours mal. J'ai vraiment connu des moments difficiles, j'ai broyé du noir. Alors, pour me lancer dans ma nouvelle vie, à 22 ans, j'ai entrepris des études de droit, droit du sol notamment, et j'ai totalement occulté le foot. Depuis 1979, je n'ai plus mis les pieds au Vélodrome."

Devenu responsable des permis de construire au Lavandou, proche de la retraite, Philippe Maillé vient de rajeunir d'un coup à l'évocation de souvenirs qu'il avait volontairement enfouis. Son regard se voile, puis s'éclaire. Peut-être un jour prochain, retournera-t-il au stade...

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Philippe Maille >>>

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