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De La Peña : que de regrets !

BORDEAUX-OM Octobre 1999 : "Little Buddha" ouvre le score, mais les Girondins gagnent après la blessure de Gallas. Quatre jours plus tard, une fracture de la cheville aura raison de l'Espagnol.

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Little Buddha. Si Keanu Reeves n'avait pas incarné ce rôle en 1993 au cinéma, Ivan De La Peña Lopez aurait peut-être été affublé d'un autre surnom quand Johann Cruyff l'a lancé dans l'équipe de Barcelone en 1995, mais la presse aurait trouvé un autre symbole, parce que ce petit bonhomme au crâne luisant, arrivant à 20 ans de la Masia, le centre de formation du Barça, et s'imposant au milieu des Ronaldo, Guardiola, Stoitchkov, Figo, Couto, Prosinecki, Figo, était un phénomène du foot européen.

Et puis, Van Gaal l'a écarté là où Robson l'avait conforté ; il est parti à la Lazio, il a ramé. Et on l'a cru déjà has been à 24 ans.

"Moi, je croyais toujours en lui, en son potentiel technique, son volume de jeu, rappelle Rolland Courbis. Avec Luccin, Dalmat, Pirès et lui, je voulais bâtir un milieu à forte identité technique, comme Nice l'a fait cette année avec Seri, Cyprien, Belhanda. J'avais peut-être raison plus tôt que les autres. À l'époque, je voyais très peu de joueurs à la qualité de passe du niveau de De La Peña."

Précurseur de Xavi ou Iniesta

De La Peña, enfant de la Masia, a dû arriver trop tôt lui aussi ; il annonçait les Xavi, Iniesta, Messi de la génération suivante. Toujours est-il qu'à l'été 1999, l'OM le recrute. Un pari.

"Je n'avais pas le sentiment de prendre un gros risque, précise Rolland Courbis. Sur un an, il avait un coût élevé, mais en juin, c'était à nous de décider si on le gardait ou pas au terme de son prêt. Nous avions besoin de hausser notre niveau pour disputer à la fois le championnat, la Ligue des champions et les deux coupes nationales."

De La Peña est donc arrivé. Une star ? "Il n'en avait pas le comportement, dit l'ancien entraîneur olympien. Outre ses qualités de joueur, c'était un garçon extrêmement sympathique, tel que me l'avait recommandé Alen Boksic, qui avait été son partenaire à la Lazio."

 

Une superbe demi-volée

Après quelques semaines de tâtonnement, parce qu'il était à court de compétition, Courbis l'avait peu à peu lancé en cours de jeu, notamment contre Manchester United, puis titularisé contre Metz, Lyon et au Parc, pour une victoire sur le PSG. À Bordeaux, il allait enfin atteindre le niveau espéré.

Au bout de vingt minutes, servi par une remise de la tête de Bakayoko, lui-même alerté par Pires, De La Peña marquait d'une demi-volée magistrale de 15 mètres. Il avait "fait parler la classe", comme l'écrivait Gérard Poncié dans "La Provence. "Beaucoup de joueurs auraient repris de volée les yeux fermés ; ça entre ou ça part dans les tribunes. Le N.10 olympien a laissé rebondir le ballon pour mieux cadrer."

Malheureusement, un tacle appuyé de Lilian Laslandes allait blesser William Gallas, qui devait finir en boitant. Et l'avant-centre bordelais marquait deux buts. "Comme au mois de janvier précédent où Benarbia avait blessé Luccin, qui n'avait pas osé sortir, avait serré les dents et on avait encaissé trois buts en dix minutes venus de son côté, peste encore Courbis. Et là, Laslandes a mis le deuxième but à deux minutes de la fin." Un match qui laissait des regrets. "Des regrets, en 1999 j'en ai eu beaucoup : le titre qui nous échappe dans certaines conditions lors du dernier match de la saison précédente, et puis cette défaite-là à Bordeaux où aujourd'hui l'OM n'a plus gagné depuis quarante ans et où ce serait bien d'y mettre fin cette année", ajoute l'ancien coach de l'OM.

 

 

Fracture de la cheville à Graz

Pour Ivan de La Peña, les regrets sont arrivés quelques jours plus tard en Autriche... "Je ne me souvenais pas que c'était quatre jours après Bordeaux, mais c'est bien la preuve qu'il arrivait vraiment en forme et à Graz, il a été victime d'une fracture la cheville. Il n'a jamais pu retrouver son niveau chez nous. C'est vraiment dommage."

Effectivement, blessé fin octobre, "Petit Boudha" n'a rejoué qu'en février, participant au naufrage des matches retour et au sauvetage in extremis à Sedan. Il est reparti, à Barcelone, à Rome et ce n'est finalement qu'à l'Espanyol, dans un club plus modeste qu'il a enfin donné sa pleine mesure. En 2004, il marquait même les deux buts de la victoire de l'Espanyol au Camp Nou face au Barça, décrochant en 2004 et 2005 ses cinq seules sélections en équipe d'Espagne. "Il me semblait qu'il avait déjà été international quand nous l'avions pris", dit encore Rolland Courbis.

Mais non, Ivan de La Peña n'avait que 24 ans à son arrivée à Marseille, et un bel avenir. C'était un beau coup et on peut vraiment regretter que les circonstances d'une saison compliquée, pour lui comme pour l'OM, ne nous aient pas permis de l'admirer à son sommet.

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

 

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