OM1899.com

_________________________________________________________

 

434 supporters, plus faible affluence

de l'histoire du club au Vélodrome

OM-FORBACH Record de la plus faible affluence de l'histoire du club au Vélodrome. Quatre ans plus tard, tout le monde se vantera d'y avoir été

---------------------------------------

 

Forbach. Honnêtement, qui est capable de situer cette petite ville de Moselle, frontalière de l'Allemagne, sur une carte ? Elle est pourtant entrée dans l'histoire du foot français et surtout dans celle de l'OM, le 23 avril 1965. "Le club doit une fière chandelle à l'OM. C'est grâce à ce match-là qu'on se souvient encore du nom de Forbach", nous disait même Henri Gricar, ancien joueur de Forbach, en 2005, à l'occasion des quarante ans de ce triste événement. Lequel ? Le record de la plus faible affluence jamais enregistrée au Vélodrome pour un match officiel de l'OM. Depuis lors, même les matches à huis clos ont attiré plus de monde. Encore que...

Ils étaient 434, mais par un prompt renfort, se trouvèrent 40, 50, 100 000 en arrivant au port... Pour paraphraser Corneille, l'OM étant parfois une tragédie, voilà l'histoire d'OM - Forbach.

Un match ordinaire, entre le 13e et le 15e de D2 auquel il allait devenir de bon ton d'avoir assisté quatre ans plus tard, quand l'OM gagnait la coupe. "Une rencontre entre deux équipes mal classées et qui, de ce fait, ne peut passionner les sportifs. Belle occasion de recenser les véritables supporters de l'OM, les indéfectibles, ceux qui méritent la médaille d'or du club." Ces deux phrases sont extraites du très court papier de présentation du Provençal du vendredi 23 avril 1965 ; papier non signé, ce qui indique le peu d'importance qu'on lui accordait. Le photographe André Touboul qui avait fait des photos sombres dans un stade extrêmement mal éclairé, ne se souvenait pas lui non plus avoir couvert ce match-là.

Disparaître comme le Pont Transbordeur

Une rencontre jouée un vendredi soir, à 19h30, avec un OM - La Plaine en lever de rideau à 17h30. L'OM avait demandé à avancer ce match pour permettre à certains, encore amateurs, de rejouer le dimanche après-midi avec la réserve, mal classée en division d'honneur, afin d'y sauver sa place ; au cas où le club disparaissait, il fallait éviter de repartir en PH !

 

Car l'OM était au bord de la disparition pure et simple. Le vice-président de la ligue du sud-est rappelait même que "le Pont Transbordeur a bien sombré lui aussi et nous aurons bientôt le tunnel sous le Vieux Port ; il faut vivre avec son temps." On évoquait tout à la fois la création d'un autre club professionnel à Marseille et la reprise de l'OM, de ses dettes et de ses misères par d'autres dirigeants, qu'un "Comité des treize" cherchait à rassembler.

Une victoire 3-0 et un bon match

De 1959 à 1964, l'OM a fait le yo-yo entre D1 et D2, à une époque où un club pro ne pouvait descendre plus bas. Seul l'abandon du professionnalisme obligeait une équipe à quitter la D2. "Dès l'avant-saison, Mario Zatelli avait prévenu le docteur Luciani : 'Je n'ai pas d'équipe', expliquait Jean-Paul Escale. Mais notre président s'était laissé griser parce qu'on avait battu Saint-Étienne en amical. De fait, on allait souffrir pendant des mois."

"Cette saison, c'était le noir complet, ajoutait avec humour Joseph, l'avant-centre camerounais de l'OM. Des tribunes, on entendait tout ce qui se disait sur le terrain. Quelle tristesse !Nous avions perdu non ?"

Eh bien, non justement ! L'OM avait gagné 3-0 et accompli l'un de ses meilleurs matches de la saison. Joseph s'était mué en passeur pour Bordone et André Tassone avait marqué, "ponctuant une montée par une frappe de 25 mètres qui terminaitau fond des filets", pouvait-on lire dans les journaux du 24 avril 1965.

"J'ai donc marqué un but contre Forbach !" s'exclamait l'intéressé, quarante ans après, alors que nous l'avions convié, avec son ami Henri Lopez, à nous raconter cette soirée particulière, les deux hommes, avec Joseph, Sejnéra et Escale, faisant partie, un an plus tard, de l'équipe olympienne qui remontait en D1 au stade de l'Huveaune.

 

 

 

"Nous devions avoir rendez-vous vers 11 h 30 au Robinson marseillais ou dans un autre resto près de l'Huveaune, se souvenaient les deux anciens défenseurs de l'OM. Après, on a dû jouer aux cartes en attendant l'heure. Ni sieste, ni massage. Aux vestiaires, on clouait les crampons en cuir ; parfois, quand tu enlevais la chaussure, la chaussette venait avec. Après le match, on emportait ses affaires pour les laver, sauf le maillot, qu'on ne gardait pas. Il y avait un ou deux jeux. Comme les chaussures. En début de saison, on nous donnait un bon pour aller en prendre une paire chez 'Scotti sports' ou "Costantini sports'.

Des mouettes en quarts de virage

Trente ans plus tard, en 1995, dans Le Provençal, Patrick Fancello, avait retrouvé un authentique spectateur, non payant car il était alors journaliste au Provençal, avant de devenir président de l'Assemblée Nationale : Philippe Séguin. "Je vous assure que j'étais à OM - Forbach. Il me semble que c'était l'avant-dernier match de la saison au Vélodrome. D'ailleurs, j'allais encore régulièrement à l'Huveaune l'année d'après, quand l'OM est remonté en D1, après le match décisif contre Bastia."

Ce que l'on ignore souvent, c'est que l'OM a connu encore pire, quelques semaines plus tard, en mai 1965 : 315 spectateurs. Mais c'était à Béziers. Les 434 du Vélodrome, c'est inimaginable quand on voit le stade aujourd'hui. Et nous garderons cette terrible image racontée par Henri Lopez en 2005 : "Comme nous dominions, de mon poste reculé, je pouvais parfois regarder les tribunes. J'ai vu des mouettes dans le quart de virage sud ! Ça, c'est resté gravé !"

Des mouettes qui, en 1969, devaient être un million à prétendre avoir picoré dans les tribunes du Vélodrome...

Mario Albano

 --------------------------------

Lien vers la rencontre >>>

 

 

.

.

.

.

Retour
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.