OM1899.com

_________________________________________________________

 

Cabanas a fait son numero

BREST-OM 24 mars 1990. Le bouillant Paraguayen met des coups à tout le monde, marque deux buts et, après le match, accuse l'OM d'avoir essayé de le corrompre au téléphone

 

Roberto Cabanas est mort en janvier 2017 d'une crise cardiaque à Asuncion et le Paraguayen a donc emporté ses secrets dans sa tombe. En ce début de printemps (au calendrier mais pas dans les faits, car on se gelait copieusement à Brest), l'attaquant du Brest-Armorique avait défrayé la chronique en prétendant que l'OM avait tenté de le corrompre dans les jours qui précédaient le match. C'est François Yvinec, le président breton, qui avait tout balancé après la rencontre : "J'ai une révélation à faire, Cabanas a été appelé la veille du match par un intermédiaire bien connu dans le monde du football, qui lui a proposé une grosse somme d'argent s'il simulait une blessure au bout d'un quart d'heure et sortait du terrain. À Cali, le club colombien d'où il venait, ce genre de pratiques étaient assez courantes". Il faut rappeler que le président de Brest avait déjà fait un grand numéro trois ans avant, allant chercher le buteur paraguayen en Colombie, racontant qu'il avait été enlevé, menacé de mort et qu'il s'était présenté en héros à son retour à Brest en ayant arraché Cabanas aux cartels de la cocaïne. Yvinec ne s'est pas enrichi avec le foot, il a perdu ses entreprises, fini ruiné, victime sans nul doute d'une certaine mégalomanie. Cabanas, pour sa part, n'a jamais été clair non plus, prétendant que, finalement, ce n'était pas lui qui avait reçu le coup de fil mais sa femme de ménage portugaise.

 

Une bataille de "chiffonniers"

Sur le terrain aussi, il avait alterné entre le bien et le mal. Par exemple, en allant systématiquement mettre des coups à Amoros, notamment un tacle par-derrière, lui valant, en retour, un beau crochet du droit de Manu, hors de la vue de l'arbitre, au sujet de qui nous avions écrit dans Le Provençal : "M. Lartigot a été égal à lui-même, c'est-à-dire mauvais". Après le match, Jean Tigana, ulcéré, allait d'ailleurs demander à être entendu par la commission de discipline en compagnie de l'arbitre. Il est vrai que Cabanas avait séché aussi Alain Roche dans le rond central, impunément et que pas mal d'Olympiens avaient, volontiers, répondu du tac au tac.

Le commentaire de Bernard Tapie devait d'ailleurs être assez clair : "Cela ne sert à rien de contester l'arbitre, puisque malheureusement on ne peut pas en changer en cours de partie. Quand on est demi-finaliste de la coupe d'Europe, on n'a pas à se transformer en chiffonniers, sous prétexte qu'il y a des chiffonniers en face". Peut-être, en effet, que les Olympiens avaient laissé un peu d'énergie dans la bataille de Brest, sous la pluie et dans le froid, à une période de la saison où les matches s'enchaînaient (Sofia, c'était juste avant, Benfica, juste après).

 

 

Boulette et lucarne

Tout avait pourtant bien commencé par un but de Bruno Germain. Mais, pour l'une de ses premières titularisations dans les buts, après la blessure de Gaëtan Huard, Jean Castaneda avait malheureusement laissé filer dans ses buts une reprise à rebonds de Cabanas, synonyme d'égalisation, avant que le Paraguayen, brillant joueur, ne donne l'avantage à Brest sur un coup franc pleine lucarne ("J'ai frappé fort en faisant confiance à Dieu. Il est sympa avec moi", avait-il dit après la rencontre).

L'OM allait passer toute la seconde période à dominer, avec Mozer en position d'avant-centre, mais tous les efforts de Chris Waddle, les occasions de JPP, Enzo Francescoli, Abdou Diallo, Franck Sauzée ou Carlos Mozer allaient se révéler vaines. L'OM n'en perdrait plus beaucoup jusqu'à la fin de la saison, savourant un deuxième titre de champion consécutif, tandis que Cabanas allait se perdre à Lyon où il ne retrouverait plus jamais sa verve brestoise. Il n'avait peut-être plus de femme de ménage portugaise...

Mario Albano

-------------------------------

Lien vers la rencontre >>>

Fiche Chris Waddle >>>

 

 

.

.

.

.

Retour
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.