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On en rêvait, Sonny l'a fait

OM-LYON 26 Avril 1994 : quelques jours après avoir appris que le club serait relégué en fin de saison, à la suite de l'affaire VA-OM, trois coups de patte de Stojkovic et Anderson offrent un beau succès

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Sale saison, sale semaine... L'affaire VA-OM a pourri tout l'exercice 1993-94. Pas de coupes d'Europe, ni super-coupe, ni intercontinentale, ventes rapides de Marcel Desailly et Alen Boksic à l'automne, nervosité ambiante, avec envahissement du terrain contre Metz, suspension du Vélodrome, difficultés des recrues (Paulo Futre, Daniel Dutuel...), blessures de Rudi Völler et supériorité du PSG en championnat face à cet OM aux multiples handicaps.

Trois rayons de soleil dans cette obscurité : l'émergence du formidable Alain Boghossian, la renaissance de Dragan "Pixie" Stojkovic et l'explosion de "Sonny" Anderson, arrivé en novembre pour compenser le départ de Boksic à la Lazio Rome. L'OM avait découvert cet attaquant brésilien lors d'un match amical d'avant-saison contre le Servette de Genève où il avait fait des misères à la défense marseillaise.

Les finances de l'OM n'auraient pas dû lui permettre la venue du Brésilien et d'ailleurs Guy Roux avait fait retarder son homologation pour l'empêcher de jouer contre Auxerre, mais finalement, pour maintenir un intérêt à la D1, "Sonny" (surnom qui lui avait été donné en Suisse, au Servette) avait pu signer et connaître la réussite dès ses débuts olympiens à Martigues.

Six mois pour se révéler

"J'ai joué moins longtemps à Marseille qu'à Monaco ou à Lyon, mais tout s'est passé grâce à l'OM, parce que les six mois à Marseille m'ont fait connaître, rappelle Sonny Anderson. J'ai eu la chance de marquer 16 buts, en partie grâce au public et au club."

 

 

 

La dernière semaine d'avril 1994 a donc été symbolique de cette saison-là. Avec, tout d'abord, le 22, l'annonce officielle par la Ligue de la relégation de l'OM en Deuxième division. Un coup de bambou pour Marseille. Et, quatre jours plus tard, une magnifique réaction sur le terrain face à l'OL de Jean Tigana, qui avait gagné à l'aller à Gerland, avec son trio Olmeta-Amoros-Pelé.

"Les garçons ont bien réagi, comme ils l'ont fait tout au long de la saison, après chaque coup de bâton", commentait Marc Bourrier, l'entraîneur olympien, qui avait eu, lui, la désagréable surprise d'arriver au siège du club, au cours de l'été précédent, pour signer son contrat, avec, sur ses talons, le juge Bernard Beffy, venu procéder à une perquisition dans le cadre de "l'affaire".

Le génie de Stojkovic

Cette victoire sur Lyon était avant tout le fruit des talents conjugués de Stojkovic et Anderson. Dès la septième minute, une passe géniale du Yougoslave pour le Brésilien ouvrait la voie. "Je revois cette passe géniale de 'Pixie' Stojkovic, raconte "Sonny". Je suis à la limite du hors-jeu, je contrôle de la poitrine, puis j'efface Pascal Olmeta, qui plonge pour essayer de m'accrocher." Un but spectaculaire, magnifique, dans un Vélodrome lumineux. "On ne peut que s'étonner de l'attitude du sélectionneur brésilien, Carlos Alberto Parreira, à son endroit. On a du mal à croire que, derrière Romario et Bebeto, il n'y ait pas une place pour Anderson dans la liste des 22 Brésiliens pour la coupe du monde aux États-Unis", écrivait justement Alain Pécheral dans "Le Provençal". Lequel ajoutait au sujet de Stojkovic : "Depuis quarante ans, nous ne pensons pas avoir vu autant de qualités réunies chez un joueur".

 

Cinquième doublé à l'OM

"Pixie" allait d'ailleurs marquer le deuxième but marseillais, à la reprise, en prenant lui aussi en défaut une défense lyonnaise figée. Enfin, dans les ultimes minutes, Dutuel puis Angloma étant accrochés dans la surface de réparation, Sonny Anderson devait transformer le penalty du 3-0, signant ainsi son cinquième doublé avec l'OM.

"C'est contre Monaco que j'ai marqué mon plus beau but à Marseille et peut-être en France, et j'avais déjà fait un doublé, se souvient encore l'avant-centre brésilien. Mais contre Lyon, c'était spécial. Le contexte était très particulier, délicat, parce que dans la semaine, nous avions appris la relégation de l'OM en D2. Donc, je savais que le club ne pouvait pas me garder et ça me causait beaucoup de tristesse."

Ce devait être le dernier coup d'éclat de Sonny à l'OM, le dernier de l'équipe cette saison-là aussi, avant son élimination en quarts de finale de la coupe de France et une deuxième place qui assurait tout de même la qualification pour la coupe de l'UEFA la saison d'après.

La plupart des Olympiens majeurs allaient d'ailleurs quitter Marseille en fin de saison : Boghossian pour Naples, Deschamps à la Juve, Angloma au Torino, Dutuel et Prunier à Bordeaux, Völler à Leverkusen, Stojkovic à Nagoya, Boli aux Glasgow Rangers, Rui Barros à Porto, Di Meco à Monaco, Thomas à Rennes ; il resterait Barthez, Casoni, Durand pour raviver la flamme en D2...

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Sonny Anderson >>>

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