OM1899.com

_________________________________________________________

 

Le Joker est un as

OM- Monaco : 29 janvier 1994. Après l'ouverture du score de Djorkaeff, Anderson, arrivé deux mois plus tôt, donne le succès sur un but d'anthologie

 

Il n'est jamais trop tard pour rendre encore un hommage à notre ami André De Rocca, disparu le 13 janvier dernier. Et pas superflu de souligner qu'on ne joue pas n'importe comment avec les mots. Si, dans le journalisme, le calembour gratuit est à proscrire, lui savait jongler avec des expressions. Ainsi, ce soir de janvier 1994, où il titre son "jeu et joueurs" : "Le joker est un as". Vingt-huit ans après, ça fait toujours mouche. Car Sony Anderson était bien arrivé comme joker en novembre à Marseille et ce match au sommet, avant la suite de sa carrière à Monaco, Barcelone, Lyon ou Villarreal, a prouvé qu'il était bien un as.

"On savait Anderson capable de marquer de la tête. On le savait capable de marquer sur coup franc, de marquer du gauche, du droit, on le savait impérial sur les penalties. On ne savait pas s'il avait une belle frappe de balle. Maintenant, on le sait et Ettori aussi, écrivait Dédé. Son but en seconde période, contrôle orienté, demi-tour, puis tir puissant et placé de 25 mètres, fut un modèle du genre. On nous avait annoncé la venue d'Anderson comme joker. Maintenant, on en est certain : ce joker-là est un as".

Un but "supersonnyque"

Et comme ça ne fait pas de mal de dire du bien des amis, on peut y adjoindre ce titre du lendemain, signé Alain Pécheral : "Un but supersonnyque", rappelant que depuis son arrivée, Anderson a été impliqué dans neuf des quinze buts inscrits par l'OM lors de ses six victoires au cours des sept derniers matches, récoltant 13 points sur 14 et mettant encore la pression sur le PSG, leader et futur champion.

 

À travers ce match gagné à l'énergie, on sentait toutefois que la fin de règne approchait après cinq titres consécutifs. Miné par toutes les conséquences de l'affaire VA-OM (les départs de Boksic et Desailly en cours de saison après ceux de Pelé et Sauzée à l'été, enquête, auditions de joueurs, bannissement de la coupe d'Europe, de la coupe intercontinentale, retrait du titre...), énervé par les sifflets permanents des publics adverses considérant tous les Marseillais comme des tricheurs, l'OM arrachait ses points, en dépit d'Anderson ou de la révélation Boghossian.

Comme le soulignait avec justesse Alain Pécheral dans Le Provençal du 15 janvier, l'équipe olympienne venait de récolter 50 cartons jaunes et 6 rouges en 25 matches : du jamais vu. "L'engagement total, fruit de l'expérience, c'est bien, mais il faut tout de même savoir de temps en temps mettre la pédale douce."

Il est vrai qu'après ce OM-Monaco très virulent, voire pourri par instants, marqué par l'expulsion de Jocelyn Angloma pour un tacle sur Ikpeba, une bagarre Prunier-Klinsmann, Basile Boli allait être suspendu pour plusieurs matches pour une grosse faute sur Jürgen Klinsmann en dehors de l'action. La nervosité était aussi très présente en dehors du terrain, les supporters menaçant Canal Plus d'entraver la retransmission en représailles pour leur faible contingent de billets à Paris, et un cameraman recevant un projectile le blessant à la tête.

 

 

Doublé d'Anderson

On dira que c'est le Mistral, très puissant, qui avait fait tourner les têtes. "Le vent nous a gênés, mais il y avait aussi un problème tactique. Nous étions mal disposés pour effectuer notre pressing", devait d'ailleurs expliquer Didier Deschamps, parlant "d'un match d'hommes", et reconnaissant : "La première période a été difficile pour nous, nous aurions pu y concéder plus d'un but".

"Il faut bien avouer que le but de Youri Djorkaeff après 25 minutes avait paru inéluctable, tant les coups de boutoir monégasques se faisaient de plus en plus nets", écrivait d'ailleurs Patrick Fancello dans Le Provençal. Un joli but, au demeurant, d'une frappe sous la barre, auquel allait répondre rapidement un penalty signé Anderson, à la suite d'une faute sur Jean-Philippe Durand. Jusqu'à ce que le joker soit un as, avec un but magnifique, "le plus beau de ma carrière à Marseille", nous disait-il encore avec émotion sur la pelouse du Vélodrome, à l'été 2019. "Anderson n'a pas fini de nous régaler, prophétisait l'entraîneur olympien Marc Bourrier. Ce but réussi en étant marqué d'aussi près, c'est fantastique". Dommage qu'il ne soit resté que quelques mois...

Mario Albano

-------------------------------

Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Sonny Andersson >>>

 

 

.

.

.

.

Retour
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.